AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Stéphane Malandrin (48)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Je suis le fils de Beethoven

*** Rentrée littéraire 2020 #4 ***



Et si Beethoven avait eu un fils ? Et s’il l’avait eu d’une aventure avec la bonne des Brunszvick qui accueillirent le musicien ( pour de vrai ) dans leur château hongrois de Martonvasar en mai-juin 1880 ? Et si son âme était aussi torturée que son auguste père qu’il n’aurait jamais connu ? A partir de ce postulat de départ, Stéphane Malandrin s’amuse à imaginer un roman complètement fou qui déborde allègrement des bornes du roman classique en s’aventurant sur le chemins du conte jusqu’à celui du réalisme magique à la Borgès avec notamment une ballade dans la psyché et la mémoire du fils de Beethoven ( représentés sous la forme d’un monde imaginaire gardé par un gardien des clefs.)



L’auteur est un styliste et sa prose, souvent inventive et virtuose, est menée sur un rythme prestissimo qui entraîne le lecteur derrière lui dans une sarabande échevelée qui revisite la biographie réelle de Beethoven tout en en inventant une à ce fils fictif, jusqu’à imaginer un formidable ancêtre unijambiste roux qui se fait couper la barbe par le tsar Pierre le Grand !

Même si on sent la maîtrise de l’auteur dans la construction goulue qu’il donne à son roman, celui-ci est tellement débordant que cela peut avoir tendance à épuiser le lecteur qui doit courir derrière l'intrigue échevelée comme un dératé. A mi-parcours, j’ai ressenti le besoin de faire une pause devant tant de densité.



Pause d’autant plus nécessaire qu’elle m’a permis d'en mieux apprécier une fin superbe et terriblement émouvante. La lecture de la lettre ( toujours fictive ) écrite par Beethoven à ce fils qu’il n’a jamais connu permet de remettre tout le roman en perspective, lui apportant enfin douceur et apaisement. Indéniablement un auteur à suivre pour son univers original et son style plein de fougue.



Commenter  J’apprécie          10211
Le mangeur de livres

Dévoré !  Avalé! Ingurgité ! 



Je viens, en quelques heures,  de faire un sort au Mangeur de livres, le premier roman  de Stéphane Malandrin,  et je m'en pourlèche encore les badigoinces pour parler comme Adar, son narrateur!



Les fins cinéphiles,  à cheval , comme votre servante, sur deux frontières, la française et la belge, connaissent sûrement Stéphane et son frangin Guillaume, car les "frères Malandrin" sont le pendant franco- belge des frères Taviani, en plus débridé et décomplexé,  et les rivaux directs, en plus jeunes et plus fantaisistes,  de ces autres cinéastes siamois, belges à part entière  que sont les frères Dardenne! Guillaume et Stephane, eux , ont fait la route inverse: ils ont planté leur wigwam fraternel dans la capitale belge qui a su très vite reconnaître leur talent. Ils y sont restés. Ce sont les plus belges des réalisateurs français!





Des frères Malandrin, donc, j'adore les films, toujours pleins d'idées, de fantaisie, d'humour un peu foutraque  et de ce grain de surréalisme qui doit s'attraper comme un virus dès qu'on séjourne un peu longtemps à  Bruxelles, cette capitale de la Gueuze et de la guindaille qui, au contraire de Paris, a le bon goût de ne pas se prendre au sérieux et la générosité  d'essaimer   ses esprits frondeurs sur notre France Inter ...sans exiger de contre-partie!





Mais c'est une chose d'écrire des scénarios et c'en est une autre de se lancer dans l'écriture d'un roman!



Stéphane Malandrin a sauté le pas avec allégresse. ..et brio!



Rien de convenu, rien de rebattu dans cette joyeuse déclaration d'amour aux livres!  Ni dans le fond ni dans la forme!



François Rabelais,  pour son Gargantua et son Pantagruel,  avait joyeusement pillé les Grandes Chroniques médiévales, ces sagas populaires de géants dont les aventures de haute graisse parodiaient,  sur le mode grotesque, les romans de chevalerie. 

Le pas très catholique curé de Meudon,  qui signait prudemment Alcofribas Nasier, anagramme transparent de son nom,  avait  transformé ces grandes brutes de géants en humanistes voraces et surqualifiés -  une astuce qui  permettait à ce papivore enragé, ce  sorbonicide convaincu, toutes les audaces critiques!



À l'instar de son modèle assumé dont il parodie avec bonheur les énumérations boulimiques,  Stéphane Malandrin  se dote lui aussi d'un héros plein de démesure: Adar,   grand baffreur, grand bagarreur,  grand roteur, grand péteur, grand ch.... - le lecteur quelque peu scato trouvera dans le livre  une explication cocasse et inattendue au désastre  de Lisbonne qui allait tant secouer Voltaire, quelques siècles plus tard-  et grand.. ..tout court, si j'ose dire, car le gigantisme bientôt le gagne,  Adar,   frère de Faustino - il y a un frère, et ce n'est pas pour nous étonner!- Adar , le Mangeur de livres.



Bref, Adar fait les quatre cents coups avec son frère  dans une Lisbonne médiévale truculente , pleine de vie, de boue, de ripailles.. .et de bibliothèques où des codex en peau de veau mort-né,  couvert d'enluminures et  clos de fermoirs précieux , s'alignent dans les hauts rayonnages des couvents, sous la garde vigilante des moines et d'un clergé séculier prompt à dégainer géhenne et bûcher contre tout ce qui sort un peu du rang...



Je ne vous raconterai rien des circonstances qui firent de ce mauvais garçon toujours affamé un grand  dévoreur de codex devant l'Eternel, ni de ses déboires avec Icelui..



Histoire de vous laisser  librement emporter par un verbe rythmé ,  bondissant à sauts et à gambades, de vous laisser goûter la saveur mellifluente des mots, de vous livrer sans frein à l'imagination brueguelienne, aux fantasmes  boschiques d'un narrateur  impertinent, vorace, immoral. ..et tellement  joyeux!



Avec la générosité qu'il a mise dans son écriture, très simplement, en vrai pote, Stéphane Malandrin , dans la postface, nous donne les clés et les sources de son érudition joyeuse, jamais pontifiante, jamais lourdingue.. Encore des livres à dévorer, pour avoir comme lui, comme Adar, le "sçavoir"gourmand et ludique et la science allègre ... et infuse!



Un vrai coup de coeur,  un vrai bonheur de lecture!

Ce premier roman est un coup de maître !
Commenter  J’apprécie          7213
Le mangeur de livres

Ce n’est pas un citoyen ordinaire, cet ogre narrateur , qui se présente comme détenteur d’une sorte de connaissance universelle. Et de justifier cette situation par son péché mortel, son addiction :



« Je sais tout cela parce que je suis mangeur de livres : je les consomme comme du bon pain, j’en fais des tartines et des mouillettes, j’en fais des rondelles de saucisse, des tripailles, des pâtés, je suis passé maître de l’art d’accommoder les livres, je suis le ventre couronné, le ventre fait roi, le digestif sacré, j’en ai des recettes à gogo, dans mes poches dans mes valises, dans mes tiroirs , je les mets dansa bouche, je les mastique, je les avale, je les digère, je les déguste, je les rote, je les défèque…… »



Le ton est donné, et l’on se reconnaitrait presque dans la dimension allégorique de la citation.



Pour justifier tout cela, ce mangeur fou nous conte son histoire. Une histoire d’orphelin adopté par une femme qui donna naissance à un garçon le même jour que l’infortunée mère de notre héros. il s’en suit une jeunesse de gamins des rues, troublant de leurs exactions la vie rangée de leur quartier. Jusqu’au jour où un meurtre originel lui fera découvrir le goût du velin…



Et c’est parti pour un conte fantastique qui décline la métaphore à l’envi. Avec une richesse sémantique remarquable et malgré tout un scénario qui se tient. C’est Voltaire qui se prendrait pour Rabelais en plagiant Perrault (Désolée pour les anachronismes).



C’est court mais assez dense pour mériter une relecture pour apprécier les différents niveaux de lecture.



Original, déjanté et intelligent.


Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          653
Je suis le fils de Beethoven

Stéphane Malandrin est un conteur.



Quand il s'empare d'un sujet, même complexe, même grave, comme celui d'un fils écrasé par le génie de son père, comme celui d'un homme que sa mémoire empêche de vivre au présent, comme celui d'un créateur aux prises avec ses créatures, comme celui d'un musicien qui se se déteste d' être un interprète et non un compositeur, quand il  rencontre un de ces sujets-là,  d'abord, avec gourmandise, Stéphane Malandrin n'en choisit pas un, il les prend tous, il les tisse ensemble avec la délectation d'un lissier à son métier, et  plutôt que l'ennuyeuse route toute droite, il choisit,  comme le petit Chaperon rouge,   les petits chemins de traverse, les sentiers qui  sentent la noisette et où ça grouille de papillons...  



Quitte à différer le plus longtemps possible l'arrivée du loup.



Si vous n'acceptez pas cette royale fantaisie, cette divine gourmandise qui va de pair avec celle des mots, celle des parenthèses, celles  des " listes"  chères à  Rabelais et au vieux Mátyus de ce récit , si vous ne vous sentez pas l'estomac  pour cette boulimie baroque, cette faim encyclopédique des domaines inexplorés -de celui des hongroyeurs à celui de l'oeuvre de Ludwig van- , si un labyrinthe,  pour vous, c'est un défi à trouver la sortie au plus vite et pas comme chez Borgès (ou chez Malandrin),    un art de se perdre pour voir l'envers des choses, alors retournez vite à des lectures plus disciplinées, plus rigoureuses et moins folles.



Ne lisez pas Je suis le fils de Beethoven.



Pour moi, j'attendais cette profusion, cette générosité exigeante- j'ai adoré le mangeur de livres, son premier roman-. Je me doutais  qu'il fallait être dans des dispositions particulières d'éveil, d'appétence, de lâcher prise pour apprécier ce deuxième livre. ..j'ai donc attendu un peu avant de me hisser à la hauteur du cadeau.



Je suis le fils de Beethoven est un cadeau!



Après l'emboîtement compliqué d'une filiation qui remonte à un unijambiste au visage bleu et à la barbe tousse, soldat du tsar Pierre le Grand, on entre dans le vif du sujet: la naissance d'Italo Zadouroff, fruit des amours ancillaires et néanmoins passionnées de Roszá Zadouroff, servante au château de Martonvásar, et  du célèbre compositeur autrichien -d'ascendance belge, note avec malice  Stéphane Malandrin qui a fait de la Belgique sa patrie d'adoption.



 Pauvre Italo, deuxième du nom, bâtard obscur et sans talent, né de père inconnu trop connu, bientôt orphelin de mère et rempli d'un désir de vengeance qui le gonfle comme une outre, lui qui n 'est pourtant qu'un vaste trou où s'engouffrent les souvenirs qui lui dévorent l'esprit et le corps, l'habitant d'une mort vorace, lui dérobant jusqu'à la réalité du monde...



Cocasse, imaginatif, mais aussi profond et bouleversant,  oui, Je suis le fils de Beethoven est un cadeau.



Une surprise aussi, comme cette " mort du père " si longtemps imaginée, jouée, projetée, cette "mort -du -pere- délivrance- du- fils"  que n'eût pas désapprouvée, plus tard, un autre viennois appelé Sigmund, et qui devient un des moments les plus tendres, les plus touchants du récit.  Un instant de grâce comme seule la musique peut en donner...



Si vous avez aimé le Mangeur de Livres, vous retrouverez la faconde de l'auteur, cette jubilation à raconter...et le fameux Codex lisboète dans une nouvelle péripétie de sa dévoration. Mais ce deuxième livre, plus complexe, moins gratuitement ludique, dit aussi beaucoup de choses à l'oreille du lecteur captivé mais attentif....



Sur les fils et les pères.

Sur la musique qui console et qui fait vivre.

Sur les minces cloisons entre réel et fiction.

Sur la mémoire qui ronge et tue le vivant.

Sur le champ des possibles, celui des souvenirs non vécus qui sont la manne de toutes les créations, musicales, poétiques et romanesques..



Une belle et forte lecture.



Commenter  J’apprécie          6114
Le mangeur de livres

« Je suis mangeur de livres ; je les consomme comme du bon pain, j’en fais des tartines et des mouillettes, j’en fais des rondelles de saucisse, des tripailles, des pâtés, je suis passé maître dans l’art d’accommoder les livres. »



Il était une fois deux gamins d’une dizaine d’années, Adar et Faustino, nés en même temps, grandis ensemble, « deux démons montés sur ressorts », plus unis que les doigts de la main, qui multiplient les bêtises en tous genres et font tourner leur monde en bourrique. Nous sommes à Lisbonne, à la fin du XVe siècle, l’imprimerie n’existe pas encore, les livres, très précieux, très rares et très chers - avec leurs enluminures délicates, leurs ferronneries complexes, les joyaux enchâssés dans leurs reliures de cuir - sont l’apanage des gens d’Eglise et de la haute société.



Espièglerie, insolence, chapardages… nos deux chenapans particulièrement délurés feront un jour la bêtise de trop : ayant coupé par pure malice trois paires de moustaches qui ne leur avaient strictement rien demandé, les voilà tombés entre les mains d’un curé gigantesque, brutal et passablement furieux, détenteur d’un vieux codex moisi aux pages empoisonnées qui ouvrira au jeune Adar – bien malgré lui – les portes d’un avenir inattendu et d’une destinée singulière : celle d’un mangeur de livres, d’un prédateur à jamais affamé, d’un dévoreur de papier au monstrueux appétit…



Avec ce roman, dédié malicieusement aux bibliothécaires (dont je suis) et aux libraires, Stéphane Malandrin nous offre un festin de livres et de mots, un univers d’ogres et de gloutons, de ripaille et de démesure où l’on rote, pète, pisse, gueule et se goinfre sans vergogne ni délicatesse. Il y a du Brueghel, du Jérôme Bosch et du Rabelais dans cette fresque picaresque, bruyante, colorée et d’une belle invention, dont je me suis régalée : un récit plein de verve et de verdeur, de truculence et de fantaisie, avec une écriture vigoureuse, une pointe de fantastique et beaucoup de drôlerie, qui est un hommage décalé, amoureux (vorace ?) aux livres et à leur monde. Un excellent premier roman qui littéralement se dévore et dont je n’ai fait qu’une bouchée. A consommer sans modération !



[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]

Commenter  J’apprécie          573
Le mangeur de livres

Dans la lignée du San Perdido de David Zuckerman dont on a récemment parlé Le mangeur de livres, le premier roman de Stéphane Malandrin montre également une facette de la littérature française loin des auto fictions et des appartements bourgeois du 16ème.



Stéphane Malandrin, connu dans le milieu du cinéma pour avoir co réalisé avec son frère Guillaume les long-métrages belges Où est la main de l’homme sans-tête (2009),et Je suis mort mais j’ai des amis(2015), nommé au César du meilleur film étranger nous plonge dans la destinée d'un type incroyable,Adar Cardoso qui vit à ­Lisbonne à la fin du XVe siècle.



Le narrateur, Adar Cardoso, est né en 1476, d’une Juive persécutée fuyant l’Espagne vers le Portugal. À Lisbonne elle devient l’amie d’une Portugaise qui accouche le même jour qu’elle, mais décède en couches. Adar est recueilli par Rosa qui l’élèvera avec son fils Faustino.



Comme son surnom "le ­mangeur de livres", l'indiquait "cet orphelin consommait des livres- des codex comme on les appelait à l'époque- comme de la nourriture, il mangeait les livres,, de la ­première à la dernière page, avec un appétit insatiable avec une addiction assez incroyable; les bibliothèques étant devenues un étonnant garde-manger



Un personnage ­énigmatique et ­fascinant, dont Stéphane Malandrin nous raconte les ­rocambolesques et philosophiques aventures d’un jeune juif converti au catholicisme dans le Lisbonne du XVe siècle. Orphelin, le jeune Adar est recueilli par une certaine Rosa da Silva et se lie d’une intense amitié avec son fils, Faustino.



Champs lexical fleuri, rythme endiablé Malandrin va du coté du roman rabelaisien, un peu à la manière d'un Jean Teulé, avec la démesure que cela implique .



Une chose est sure avec ce roman particulièrement roboratif et assez hors normes et forcément pantagruélique, Stéphane Malandrin a de quoi réchauffer nos longues soirées d'hiver.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          422
Le mangeur de livres

ET bien nous voilà revenu d'un univers bien étrange qui d'emblée m'a projetée sur les bancs du lycée avec Rabelais et ses blancs en neige ! Que de bons souvenirs !

J'ai bien apprécié ces deux chenapans ! Ils m'ont bien fait rire , ripailler aussi, comme une légère indigestion malgré tout. Suis pas une grosse mangeuse, si ce n'est de livres et c'est bien pour cela que j'ai dévoré littéralement ce bouquin. Il nous emporte au moyen-âge, à Lisbonne. J'aime bien ces romans qui de par le vocabulaire vous expédie dans la machine à remonter le temps.

L'univers du livre forcément, m'a suffi à me combler de joie. Même si j'ai eu pitié de tous ces codex dévorés, quel gâchis !

C'est énergique, riche en vocabulaire d'un autre temps, burlesque et distrayant.

Commenter  J’apprécie          332
Le mangeur de livres

Tournons-nous vers le Portugal et vers le quinzième siècle. Suivons le narrateur, Adar. Avec son frère Faustino, ce gamin court les rues pour trouver à manger. Attrapés par un inquiétant curé et enfermés dans une crypte, les jeunes chapardeurs affamés croient leur dernière heure venue. « C'est après ce qui précède qu'arriva ce qui suit. » (p. 73) Adar engloutit un codex et le voilà désormais incapable de résister aux ouvrages faits en vélin. Sa voracité entraîne une transformation surprenante, tant physique que spirituelle. « À défaut de le lire je le mangeais, et [...] il m'enchanta si bien que je suis devenu le livre et que le livre est devenu moi, et que je m'avalerai après m'être écrit car je dois me manger moi-même pour être complet. » (p. 95) Le monstre passe en procès devant un tribunal ecclésiastique, mais ce n'est pas là que s'arrête le destin fabuleux d'un livre maudit ni celui du gamin qui l'a dévoré.



Rabelaisien, grotesque et merveilleux, ce roman s'aligne sans peine sur les plus grands classiques du réalisme magique, mais flirte aussi avec l'absurde inquiétant de Kafka. Par bien des aspects, le roman met l'eau à la bouche. Parmi les grands lecteurs, nombreux sont ceux qui s'autoproclament bibliophages, mais le personnage de Stéphane Malandrin est hors compétition. « Je suis mangeur de livres ; je les consomme comme du bon pain, j'en fais des tartines et des mouillettes, j'en fais des rondelles de saucisse, des tripailles, des pâtés, je suis passé maître dans l'art d'accommoder les livres. » (p. 7 & 8) Pour son premier roman pour adultes, Stéphane Malandrin fait fort : son style est précis, efficace et marquant. Ai-je dévoré ce livre ? Oh oui ! Et je parie que vous ferez de même !
Commenter  J’apprécie          270
Le mangeur de livres

Stéphane Malandrin convoque les mânes de Rabelais, Eco et Süskind pour nous présenter un héros-monstre tout droit sorti d’un tableau de Jérôme Bosch. Le lecteur ne reculera pas devant un assaut de mots étranges et chatoyants qui alimentent (c’est le mot) un texte vitaminé, coloré, érudit. Un premier roman original plutôt réussi. À table !
Commenter  J’apprécie          260
Le mangeur de livres

Voici donc l’histoire d’Arad et Faustino, nés le même jour et qui s’aiment comme deux frères, on ne peut les séparer, ni au coucher, ni au manger. Ils passent leur temps comme deux garnements à faire des bêtises et à essayer de voler de la nourriture. Pris sur le fait par le curé d’une église de pauvres, emprisonnés et affamés, Arad se met à manger un livre pour survivre. Mais ce livre est empoisonné et Arad va se métamorphoser en une sorte de géant mangeur de livres.



« Je sais tout cela car je suis mangeur de livres ; je les consomme comme du bon pain, j’en fais des tartines et des mouillettes, j’en fais des rondelles de saucisse, des tripailles, des pâtés, je suis passé maître dans l’art d’accommoder les livres, je suis le ventre couronné, le ventre fait roi, le digestif sacré, j’en ai des recettes à gogo, dans mes poches, dans mes valises, dans mes tiroirs, je les mets dans ma bouche, je les mastique, je les avale, je les digère, je les déguste, je les rote, je les défèque. »



Un roman des plus originaux puisqu’il nous raconte les aventures de deux gavroches dont l’un est pilleur d’églises, pendant que l’autre dévore, au sens strict du mot, les livres des bibliothèques. Nous sommes à Lisbonne à la fin du XVe siècle.



Ce premier roman en étonnera plus d’un, Stéphane Malandrin réussit avec un style rabelaisien à nous entraîner dans ce récit joyeux et truculent, sorte de fable sur la « nourriture » que peut procurer un livre, mais attention à l’indigestion et je dois reconnaître que j’ai eu du mal à digérer ce roman peut-être est-ce dû aux nombreuses énumérations qui rendent le texte un peu lourd.



Commenter  J’apprécie          260
Je suis le fils de Beethoven

D'ascendance russe et hongroise, Italo Zadouroff est un vieil homme qui veut que le monde reconnaisse enfin son lien avec Ludwig van Beethoven. « Beethoven a existé, voyez-vous, et moi aussi j'ai existé, sauf que moi, perdu dans le grand labyrinthe de mes souvenirs, personne ne me connaît et maintenant que les voix laissent sortir la grande explication des faits historiques, tout le monde va me connaître ; alors que lui, tout le monde le connaît, et maintenant qu'on me lit, chacun va le méconnaître ; c'est ainsi que se vident et se remplissent les lavabos : Beethoven est mort, moi je suis vivant, dans le secret de nos tombes se trouve la vérité que je m'apprête à dévoiler. » (p. 48) Ainsi, le compositeur de génie aurait vécu des amours contrariées avec une servante du château de Martonvásár. L'enfant né de cette courte relation, Italo, grandit sans son père, ce qui laisse forcément des traces. « La haine me coulait si bien dans les veines que j'ai passé toute ma vie à m'en défaire. » (p. 87) Les années passant, Italo devient un virtuose du piano, mais il est tout à fait incapable de composer. Après une vie entière à tenter, symboliquement et littéralement, à tuer le père, il livre son histoire dans ses mémoires, plus ou moins empêché par son trop fidèle valet.



L'Histoire a retenu de Beethoven qu'il est mort seul et sans descendance, alors que faire des élucubrations d'Italo Zadouroff, deuxième du nom ? Eh bien, les prendre ce qu'elles sont, de merveilleuses créations de l'imagination. À moins qu'elles soient tout à fait véridiques ? Qui peut savoir... Le fils fait face à un père trop imposant, écrasant, et sa vie entière est une démonstration de sa propre existence, un cri lancé à la multitude pour être enfin entendu. « S'il n'a pas manqué d'ambition, il a manqué de génie pour faire descendre le sublime dans une forme nouvelle et c'est la confusion dans les idées qui a fini par dominer chez lui. » (p. 237) Avec ce deuxième roman, Stéphane Malandrin explore à nouveau la puissance créatrice de l'esprit et les méandres infinis du réalisme magique, pour mon plus grand plaisir. Et bonus non négligeable, on retrouve Lisbonne et l'étrange codex à la source des malheurs du héros du Mangeur de livres, dont je ne peux que vous conseiller la lecture !
Commenter  J’apprécie          190
Le mangeur de livres

Un titre comme ce dernier Le mangeur de livre ne pouvait qu'attirer toute mon attention, une époque : le moyen-âge que j'affectionne beaucoup également ... alors j'ai souhaité le lire. Certes je l'ai lu jusqu'au bout bien que j'ai eu envie d'abandonner assez rapidement. Je suis navrée pour tous ceux qui l'ont dévoré à ce que je viens de lire à propos des chroniques ci dessus.. pour ma part il m'a laissée sur ma faim ! Je n'ai pu prendre part avec autant de délice au festin pantagruélique ... Voilà il y a du style, c'est certain, beaucoup de fantaisie ...

Un livre qui est déjà oublié .. un peu à regret je l'avoue ..
Commenter  J’apprécie          174
Je suis le fils de Beethoven

Ludwig Van Beethoven est mort sans laisser de descendance. C'est ce que la tradition et l'histoire nous enseignent.

Le récit d'Italo Zadouroff deuxième du nom raconte le contraire...



Fable littéraire d'une originalité agréable et exubérante, divertissante, écrite comme la sonate opus 27 (au clair de lune) "sonata quasi una fantasia" soit "comme une improvisation", j'ai bien apprécié cette découverte accompagnée par la musique de Beethoven.



C'est libre, osé et virtuose, une réussite !

Stéphane Malandrin a un vrai talent de conteur.



Récit onirique, inventif, l'auteur est "débordant" de créativité.

Il a imaginé un fils à Beethoven, et va ainsi nous entraîner dans son histoire, ses mémoires.



Foisonnant d'indications musicales et poétiques, de considérations philosophiques, métaphysiques, mêlant Histoire et histoires racontées, le récit retrace les souvenirs, la solitude, les blessures, ponctué d'émotions, d'humour, d'ironie, de magie, d'allusions en "clins d'œil".



L'auteur nous entraîne dans une bal(l)ade entre réalisme et fiction, se jouant des nuances puis tout en crescendo, il réinvente un côté de l'histoire de ce génie de la musique qu'est Beethoven.

La fin, en point d'orgue, est très touchante.



J'avais repéré ce livre (au vu du titre éveillant ma curiosité) chez ma libraire. Les critiques babeliotes m'ont convaincue !

Commenter  J’apprécie          150
Le mangeur de livres

Un titre ne pouvant qu’interpeler les amateurs de lecture, de livres!! Et si manger ces derniers nous procurait un plaisir encore plus grand que celui de les lire? Et s’il était vraiment possible de savourer un livre en passant du sens figuré au sens propre??

La quatrième de couverture après le titre a accentué ma curiosité et mon envie de me mettre à table!!!

Je ne raconterai pas l’histoire ni le parcours de l’auteur de ce premier roman. D’autres critiques l’ont fait beaucoup mieux que je n’aurais pu le faire. Simplement une impression!!

Un début très prenant, un style inattendu, très parlant, très imagé qui nous plonge immédiatement au XVeme siècle avec 2 chenapans, capables de tout pour manger!

Le cœur du sujet arrive vite, que risque t-on à avaler un codex???

Au fil des pages, l’effet de surprise passé, j’ai commencé à trouver le texte très trop barré! Trop « perché ». L’indigestion est arrivée. Mais je comprends qu’en fonction des appétits de chacun, l’effet ne soit pas le même.

Alors à vous de voir!!
Commenter  J’apprécie          130
Je suis le fils de Beethoven

Depuis « Le mangeur de livres » le lecteur ne peut ignorer la capacité d’invention de Stéphane Malandrin .Avec son deuxième opus « Je suis le fils de Beethoven » il en a amplement confirmation : d’un noble russe au teint bleu (c’est plus classe que le sang) et à la barbe rousse aux fruit des amours ancillaires du grand Ludwig en passant par un tanneur hongrois « hurleur de listes » nous avons notre content de personnages flamboyants et de péripéties improbables. Mais ce n’est pas tout ! L’auteur déroule derrière cette cavalcade effrénée des thèmes profonds : le rapport au père, la musique, la mémoire , l’angoisse de la stérilité créative . Et par-dessus tout l’amour des mots et de la littérature (on croise au fil du texte Montaigne, Rabelais et le génial Borgès ) . Un second roman plus fort , plus abouti .
Commenter  J’apprécie          120
Le mangeur de livres

Adar et Faustino sont les deux terreurs de la Lisbonne d'antan : toujours là pour faire les quatre cents coups, les deux enfants n'hésitent pas à semer la zizanie sur leur passage. Un jour, un étrange curé les prend au piège et les enferme dans une crypte pour leur "apprendre à lire". Tout naturellement, afin de se sustenter, les deux compères décident de manger les lèvres et les oreilles de l'homme d'Église, mais au dernier moment se ravisent : le curé porte sur lui un codex à l'air bien plus appétissant. Adar n'en fait qu'une bouchée, mais problème : le codex était ensorcelé et le transforme en une bête féroce...



Vous l'aurez compris en lisant ce résumé, Le mangeur de livres est une histoire sans queue ni tête. Rien n'a de sens dans ce bouquin, mais c'est volontaire de la part de l'auteur : il faut juste débrancher son cerveau deux secondes et profiter. Malheureusement, ça n'a pas marché avec moi. L'humour maladroit ne m'a pas fait rire (), et des passages entiers sont incompréhensibles (). Je sais, encore une fois, que c'est voulu, mais quand un livre raconte une histoire, j'aime la comprendre et l'explorer de part en part !



Mais après tout, ce livre est court (moins de 200 pages), donc cet enfer gastronomique est vite passé si on s'y force un tant soit peu. On sent également que Stéphane Malandrin a écrit ce livre avec ses tripes, et y a mis tout son cœur : c'est la cause de mes deux étoiles. Toutefois, cela ne suffira pas à me convaincre de replonger dans la Lisbonne du XVème siècle : je laisserai Adar et Faustino profiter de leurs victuailles tranquilles !...
Commenter  J’apprécie          90
Le mangeur de livres

Ce livre est bien écrit, érudit et informé.

Le récit est enlevé, les personnages trashs, font peur, sont durs, dans un environnement tout aussi hostile et difficile.

Et tout ça m'a été bien fait ressenti.

Mais, ce livre n'apporte rien de bien neuf. Gargantua, Le Parfum, La Conjuration des imbéciles, vous mélangez tout ça et vous obtenez peut-être ce Mangeur de livres.

Bref, pas du tout un mauvais livre, mais pas indispensable du tout, pas fondamental.
Commenter  J’apprécie          93
Le mangeur de livres

Parmi les sorties de début d'année, cette plongée dans l'univers rabelaisien du 15e siècle est une bonne surprise. Deux gamins crève-la-faim, Faustino et un Juif marrane, Adar, presque frères car nés à la même heure, courent les rues de Lisbonne prêts à tous les mauvais coups et à l'affût de restes de festins. Un curé costaud les tire d'un mauvais pas alors qu'ils ont coupé les moustaches de trois pêcheurs endormis sous le soleil : "... la foule s'ouvrit comme la mer Rouge et notre sauveur rayonna en la personne d'un géant de sept pieds de haut, le père Cristòvão, qui nous prit dans chacune de ses pognes et quitta le marché sans un mot, laissant derrière lui le silence des furieux qui semblaient vouloir dire, la sueur dans le dos, «pauvres gosses, il va les tuer»." C'est le début des ennuis, le père les séquestre avant de les obliger à lire un étrange codex – les raisons seront dévoilées plus loin –, que Faustino finira par tailler en morceaux alors qu'il a frappé à mort leur geôlier. Adar, visage contre le sol, fiévreux et affamé, croit avaler de beaux papillons blancs, ce sont les morceaux du livre déchiqueté par son frère : "Vrai Dieu combien ces vélins en lambeaux étaient bons à manger pour nous qui mourions de faim !".



Le récit prend alors une tournure extraordinaire. Les propriétés du livre enchanté, écrit par un moine nommé Haberlus, métamorphosent Adar en un insatiable dévoreur de livres. Il devient une espèce de géant ruminant qui ingère les livres et en intègre le contenu : "... les mots me coulent littéralement des narines, de la bouche et des yeux. Elle [la pâte des livres] fait à mes pieds une épaisse flaque visqueuse dans laquelle, par extase mystique et excès mental, je vois flotter les phrases, si bien qu'assis le cul dans ma bave j'aspire par là ce qui reste de littérature." Ce Pantagruel aux allures bovines, accompagné de son pilleur de trésors d'églises Faustino, vont mettre Lisbonne en ébullition.



C'est le premier roman du franco-Bruxellois Stéphane Malandrin connu pour des livres pour la jeunesse et ses activités de scénariste avec son frère Guillaume. Vocabulaire fleuri, narration distinguée malgré les gauloiseries et rustauderies moyenâgeuses, énumérations gargantuesques sans lourdeur, une réussite. Malandrin le dit, il a voulu avant tout célébrer l'amour des livres.



Au bout du récit, l'auteur gratifie le lecteur de quelques pages précises qui permettent de télécharger gratuitement la plupart des sources érudites qui l'ont inspiré pour ce récit hors normes. Il y répertorie avec à propos un article (1988) de Michel Hansen sur le «Gargantua» de Rabelais : "Dans l'univers humaniste, l'érudition joue exactement le même rôle que la nourriture dans le monde grotesque : elle en est à la fois le thème essentiel et le moteur. La bibliothèque comme nous le savons bien, à la fois parce que nous l'expérimentons et parce que Borges et Eco nous l'ont dit, est tout en même temps un univers cohérent, un objet de convoitises et un imaginaire. Rabelais, un peu à la manière de Borges auquel fait penser l'aspect ludique et provocateur de ce travail, se serait proposé de donner forme à un merveilleux érudit qui relève plus de l'imagination que du savoir. Il s'agit là de la mise en fiction de la soif de savoir qui caractérise les élites de l'époque [...]."
Lien : https://christianwery.blogsp..
Commenter  J’apprécie          91
Le mangeur de livres

Dans la Lisbonne médiévale, un conte rabelaisien, une bouffonnerie qui détonne dans cette rentrée litteraire.

Absolument délectable tant par l?histoire que par le style, je vous recommande ce livre atypique qui ne fait pas assez parlé de lui selon moi.

Mêlant réalisme médiéval et délire fantastique, je me suis régalée jusqu?à la bibliographie de fin où l?auteur liste les ouvrages qu?il a consulté pour l?écriture de son roman en nous les présentant comme une recette de cuisine. A découvrir.
Commenter  J’apprécie          90
Le mangeur de livres

Une histoire intéressante et passionnante. Cela se passe au 15ème siècle, deux jeunes garçons font face à la pauvreté. Ils aiment faire des bêtises, jusqu'au jour où ils sont attrapés par un homme qui les enferment. A partir de là apparaît "Le Mangeur de livres".

Ce livre est très bien écrit, et c'est un pur régal à lire !
Commenter  J’apprécie          81




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Stéphane Malandrin (173)Voir plus

Quiz Voir plus

Qui est l'auteur de l'Opuscule Polyglotte dans le Mangeur de Livres ?

Comment s'appelle l'auteur du livre empoisonné dans le Mangeur de Livres, cet "Opuscule Polyglotte " à la si funeste réputation ?

Socron
Aristuce
Platarte
Haberlus

1 questions
1 lecteurs ont répondu
Thème : Le mangeur de livres de Stéphane MalandrinCréer un quiz sur cet auteur

{* *}