Stéphane RUSINEK est psychologue et enseigne la matière aux étudiants.
Il leur apprend comment on gère ses patients d'une main de maître; face à leurs émotions débordantes, une seule règle : la sienne. C'est le psy qui doit mener la danse.
Particulièrement ce jour, parce qu'il fait très chaud et que c'est le dernier jour de boulot avant les vacances.
Sauf que la patiente de 17 heures a décidé de bouleverser les codes du psy.
Vous l'avez compris, l'auteur - qui s'était jusque-là cantonné aux ouvrages scientiques - a décidé dans ce roman de nous ouvir la porte de son Cabinet.
Caché sous le bureau, le lecteur assiste à la séance de 17 heures et au récit de cette mystérieuse femme rousse et élégante, qui a voulu un rendez-vous en urgence.
LA PATIENTE DE 17 HEURES se lit à un double niveau.
A l'évidence, on est intrigué par cette patiente inattendue et le suspense s'installe; on veut savoir quel peut bien être le problème de cette femme qui semble si parfaite.
Mais le délice consiste aussi et surtout à assister à la déconfiture du psy. D'abord désinvolte au point d'envoyer des textos à sa fille en cachette pendant que la patiente s'exprime, bien décidé à ne pas se prendre la tête à quelques heures des vacances, sûr de soi et de ses méthodes - je gère, je sais faire - il va rapidement comprendre que la patiente de 17 heures va l'obliger à se remettre en cause.
J'ai aimé le ton léger, décalé. J'ai surtout apprécié l'auto-dérision dont fait preuve l'auteur vis à vis de sa profession, son recul et cette capacité à ne pas se prendre au sérieux. Cette manière d'alterner un chapitre où il professe ses leçons à ses étudiants, pour être incapable dans le chapitre suivant de les appliquer face à la patiente de 17 heures, est très bien vue.
Mais derrière l'humour se cache aussi l'impuissance à laquelle chaque professionnel dont la vocation est d'aider l'autre est forcément confronté, et les moyens de l'assumer. Cette remise en question, cette peur de passer à côté de quelque chose, de n'avoir pas fait assez.
Au départ, la fin m'a semblé très frustrante, avec un petit goût amer de "tout ça pour ça". En définitive, avec le recul, elle me semble délicieusement ironique. "Tel est pris qui croyait prendre", voilà le message de la patiente de 17 heures...
Merci à BABELIO pour m'avoir permis cette lecture de le cadre de Masse Critique, ainsi qu'aux Editions Thierry MARCHAISSE.
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