Stéphanie Exbrayat

"Profite de l'instant ", lui intime sa petite voix. "Car la vie n'est faite que de ça, que d'instants collés les uns aux autres. Des chapelets de moment qui, mis bout à bout, finissent par former une journée, un mois, une année, puis une vie".

"Parce que c'est ça le vrai courage, Colette, faire son propre choix quand on te dit qu'il n'y a pas de choix à faire. Et s'il le faut, dire non. Refuser d'accepter ce que tu dois accepter."

"La culpabilité, Colette, c'est un mal pernicieux qui peut tous nous ronger de l'intérieur, aussi sûrement qu'une maladie. Toi seule peut la combattre. Tu as mis une barrière entre toi et le bonheur, ou du moins, la possibilité d'y accéder. Toi seule peut lever cette barrière."

"J'ai été très étonnée des descriptions qu'on faisait de lui à droite et à gauche. Je me souvenais d'un garçon grand et souriant alors que tout le monde s'accordait à dire qu'il était taciturne, affreux et même terrifiant...
_Hélas, les aléas de la vie font qu'il est parfois facile de perdre son sourire..."

"La naïveté du docteur lui donne envie de le serrer dans ses bras. Elle est admirative de sa capacité à embellir les tréfonds de l'âme humaine."

"[...] Un jour passé sans lire est un jour perdu."

Je ne donne pas des cours juste pour gagner de l'argent. J'aime obtenir des résultats. Voir un élève en perdition redresser la barre, je trouve cela extrêmement satisfaisant. J'ai la chance d'avoir toujours été bonne à l'école et d'apprendre facilement.
Je l'interrompts.
- Je ne sais pas si c'est de la chance, je crois plutôt que c'est le résultat de votre travail...
- C'est une façon de voir les choses, mais ce n'est pas la mienne. Selon moi, avoir le goût du travail, une curiosité tenace qui vous pousse à apprendre toujours plus, c'est ça la vraie chance.
Je ne trouve rien à lui répondre.
- Et puis, poursuit-elle, à quoi on sert sur Terre si ce n'est pas pour transmettre ?

"Toi, tu avais besoin de savoir exactement ce qu'il s'était passé. Peut-être que la mère de Guy, elle, n'en a pas besoin. Nous avons tous des façons différentes d'affronter le décès d'un proche."

"Profite de l'instant", lui intime sa petite voix, car la vie n'est faite que de ça, que d'instants collés les uns aux autres. Des chapelets de moments qui mis bout à bout finissent par former une journée, un moi, une année puis une vie.

"Il y a des événements dans la vie d'une femme qui peuvent la changer profondément."

"Les gens bons sont hermétiques à la noirceur de ce monde."

Aide-toi et le ciel t'aidera.

Elle a été profondément et durablement traumatisée, poursuivit-elle. Elle se punissait en se scarifiant et elle a tenté plusieurs fois de se suicider. Nous ne pensions pas nous en sortir, mais nous avons eu beaucoup de chance. On nous a conseillé un pédopsychiatre. Le Dr Bellanger. C’est un grand médecin. Il a réussi non pas à la guérir, je crois qu’on ne guérit jamais de ces choses-là, mais à lui apprendre à se construire malgré ce viol. Je sais tout ce que vous avez déjà tenté pour Gabin. Les psychologues, les orthophonistes… et même un neurologue. Je sais que tout ça n’a rien donné. Mais peut-être devriez-vous rencontrer cet homme. On ne sait jamais. Il pourrait peut-être aider Gabin.

Elle était une promesse de bonheur.

Allongé à côté de moi, Xavier ronfle comme un cochon. Hélicoptère d'assaut à l'inspiration, bouilloire sifflante à l'expiration.

Elle sait qu’elle va devoir y passer. Alors elle monte. En silence elle se déshabille dans le noir, se vêt pour la nuit, et elle s’étend sur le matelas. Il remonte sa chemise de nuit. Sa grosse paluche rêche et calleuse malaxe un de ses seins. Il écarte ses cuisses d’un geste brutal et s’allonge sur elle de tout son poids. Son corps l’écrase. Le souffle de son haleine postprandiale fouette son visage. Elle a envie de le griffer, de lui donner des coups, de lui arracher les cheveux. Au lieu de ça, elle reste raide est défigurée par le dégoût. Comme d’habitude. Son sexe dur et pressé pénètre férocement en elle. Elle a mal. Il donne quelques coups de reins. Le sommier crie. Elle, ne peut pas. Le visage tourné sur le côté, la mâchoire crispée, elle mort son poing jusqu’au sang. Il pousse un grognement, puis un deuxième et enfin un dernier, plus long, plus profond. La tension dans son corps se relâche. Il retombe lourdement sur le côté. Le bourdonnement de son flux et reflux respiratoire s’installe dans la pièce, régulier et puissant, enflant jusqu’à faire vibrer les barreaux du lit.
Colette a envie de hurler.

Sam est mort et l'azur s'est vidé. Les oiseaux ne chantent plus. Les fleurs n'ont plus d'odeur. Plus rien n'a de goût. La beauté de ce monde est sortie de mon champ de vision. Je suis dans un caisson étanche. Je n'entends plus. Je ne vois plus rien. Tout a disparu. Sam a tout emporté avec lui.

Il était si petit encore. Si fragile. Il retint une vertigineuse envie de le prendre dans les bras et de l'embrasser. il désirait si ardemment qu'il redevienne un garçon comme les autres, qu'il aurait donné ou fait n'importe quoi pour voir ce jour-là arriver. Une bouffée de tristesse écrasa sa poitrine, mais il ne fallait pas se laisser gagner par la mélancolie.

J'enfile un bandeau marron pour éviter que mes cheveux soient pleins d'argile et commence à asperger mon visage d'eau quand la sonnerie de la porte d'entrée retentit de nouveau. Mais c'est pas vrai ! Qu'est-ce que c'est encore ? En relevant la tête face au miroir, je me fais peur. On dirait Fiona, la femme de Shrek. Le mélange eau et argile dégouline, c'est une horreur. Je retourne vers la porte sans prendre le temps de m'essuyer les mains.
- Qui est-ce ? je crie, énervée, sans même regarder par le judas.
- C'est moi... Enfin, c'est à nouveau l'ami de votre voisine. J'ai oublié mon téléphone chez elle. Pouvez-vous me repasser les clés ? Je vais juste le récupérer et je vous les rends.
- Oh, mais vous alors ! Je vous ai dit que je ne suis pas visible.
- Je ferme les yeux, promis !
- Vous êtes pénible, hein !
- Oui, je sais... On me le dit souvent...
Malgré moi j'ai envie de sourire. J'attrape les clés, et entrouvre la porte juste assez pour passer mon bras et lui tendre le trousseau.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? demande Bradley.
- Quoi ?
- La boue verdâtre.
- Ah... c'est... rien. C'est de l'argile.
- Ah bon. Si vous le dites.

Dans son boulot, il en voyait des horreurs : les crimes, les violences, les suicides, les overdoses… Il avait les reins solides. Mais dès qu’il s’agissait de son fils, Rodolphe se trouvait en équilibre précaire. Son petit bonhomme, c’était sa raison de vivre. Lorsqu’il était né, un amour immense l’avait submergé, amour décuplé par la mort de Nathalie, qui avait exacerbé à l’extrême son besoin de le protéger. Hélas, ses muscles n’y suffisaient pas. Il fallait composer avec les institutions, les relations avec ses petits camarades, le regard des autres, le moule dans lequel Gabin devait absolument entrer. Face à tout cela, Rodolphe se sentait souvent seul et démuni.