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Citations de Stephen Graham Jones (52)


S’inoculer toutes les saloperies (...) C’est un jour idéal pour mourir.
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Pour protéger ton petit, tu donnes des grands coups de sabots. C'est ce que ta mère a fait pour toi, là-haut dans les montagnes, lors de ton premier hiver...mais les sabots ne suffisent pas toujours. S'il le faut, tu peux mordre et déchirer avec tes dents. Et tu peux courir plus lentement que tu en es capable...
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Lewis nods, even more caught, his hands cupped over his mouth, his breath hot on his palms.
Is he really about to tell her ? Does the hot girl from work get to know what his wife doesn't ?
But she knew how to finish that elk on the floor, didn't she ? That has to mean something. And Lewis hates himself for saying it, thinking it, but there it is - she's Indian.
More important she's asking.
"It was the winter before I got married", he says. "Six, no, five days before Thanksgiving, yeah ? It was the saturday before Thanksgiving. We were hunting."
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Avec un peu de bonne volonté, si on y met vraiment du nôtre, nous pouvons avoir l'air plus mauvais qu'un péché. Nous sommes de taille à engendrer 30 siècles de légendes.
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Seule l'armée de terre accepte les fous furieux comme nous. Nous sommes des soldats du rang. Nous sommes de la chaire à canon.
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Debout dans le salon voûté de la nouvelle maison en location qu’il partage avec Peta, Lewis examine le spot fixé au-dessus de la cheminée, il le met au défi de s’allumer maintenant qu’il le regarde.
Pour le moment, le spot se contente d’émettre une faible lueur de manière totalement aléatoire. Peut-être à cause de quelque obscure et improbable combinaison entre les interrupteurs de la maison, ou peut-être parce que le fer à repasser est branché dans la cuisine alors que la pendule, à l’étage, est – ou n’est pas – branchée ? Surtout, ne lui parlez pas de toutes les connexions possibles entre la porte du garage et le congélateur, ou les projecteurs dans l’allée.
C’est un mystère, voilà tout. Mais – plus important – c’est un mystère qu’il va résoudre pour faire plaisir à Peta, le temps qu’elle aille à l’épicerie et revienne pour le dîner. Dehors, Harley, le malamute de Lewis, aboie sans discontinuer, d’un ton pitoyable, car il est attaché à la corde à linge, mais sa voix commence à s’enrouer. Lewis sait qu’il va bientôt s’arrêter. S’il lui ôtait son collier maintenant, ce serait le chien qui dresse le maître, et non pas le contraire. Même si Harley n’a plus l’âge d’être dressé. Lewis non plus, d’ailleurs. Franchement, il se dit qu’il mériterait une grosse récompense pour avoir vécu jusqu’à trente-six ans sans jamais s’être arrêté dans un drive pour commander un burger et des frites, en échappant au diabète, à l’hypertension et à la leucémie. Et il mériterait d’autres récompenses pour avoir évité tous les accidents de voiture, la prison et l’alcoolisme qui figuraient sur son carnet de bal culturel. Mais peut-être que sa récompense pour avoir échappé à tout ça – sans oublier la meth – c’est d’être marié depuis dix ans maintenant avec Peta, que rien n’oblige à supporter les pièces de moto qui trempent dans l’évier, les taches de chili Wolf Brand qu’il laisse toujours entre la table basse et le canapé et les cochonneries tribales qu’il essaie toujours d’installer en douce sur les murs de leur nouvelle maison.
Comme il le fait depuis des années, il imagine la une du Glacier Reporter, là-bas chez lui : UNE ANCIENNE STAR DU BASKET NE PEUT MÊME PAS ACCROCHER SA COUVERTURE DE FIN D’ÉTUDES DANS SA PROPRE MAISON. Et qu’importe si ce n’est pas parce que Peta a fixé une limite, mais parce qu’il s’est servi de cette couverture pour envelopper et rapporter un lave-vaisselle gratuit, il y a deux ou trois ans, et que le lave-vaisselle a basculé à l’arrière du pick-up, dans l’ultime virage, déversant un magma grumeleux et puant directement dans la baie d’Hudson.
Et qu’importe qu’il n’ait jamais été véritablement une star du basket, durant la première partie de sa vie.
Personne d’autre ne lit ce journal mental de toute façon. Quel sera le gros titre de demain ?
L’INDIEN QUI EST MONTÉ TROP HAUT. Lire page 12.
Ce qui signifie : si ce spot au plafond ne descend pas jusqu’à lui, il va devoir monter.
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La manchette consacrée à Richard Boss Ribs dirait : UN INDIEN TUÉ LORS D’UNE DISPUTE DEVANT UN BAR.
C’est une façon de voir les choses.
Ricky s’était fait engager dans une équipe de forage dans le Dakota du Nord. Comme il était le seul Indien, on l’avait surnommé Chef. Et comme il était nouveau, et juste de passage, sans doute, c’était toujours lui qu’on envoyait guider la chaîne. Et chaque fois qu’il revenait avec tous ses doigts, il faisait le tour de la plateforme pouces dressés pour montrer qu’il avait de la chance, et que rien de tout ça ne pourrait jamais l’atteindre?
Ricky Boss Ribs.
Il avait fichu le camp de la réserve dès que son petit frère Cheeto avait fait une overdose dans le salon de quelqu’un, où la télé, avait-on expliqué à Ricky, diffusait les images de cette caméra de surveillance qui reste braquée sur le parking du supermarché IGA en permanence. C’était justement ce détail que Ricky ne cessait de ressasser : seuls les très vieux parmi les anciens regardaient cette chaîne. Cela leur rappelait combien la vie sur la réserve était ennuyeuse ; c’était de la merde, c’était rien. Son petit frère ne regardait même pas la télé normale, il n’arrivait pas à rester assis devant l’écran ; au mieux, il aurait lu des BD.
Au lieu de traîner ses bottes lors de la veillée funèbre et de faire tache sur la parcelle de terre familiale derrière East Glacier – tout le monde se garait sur le chemin de l’exploitation forestière, si bien qu’ils devraient rouler jusqu’aux tombes pour revenir -, Ricky avait filé dans le Dakota du Nord. Son plan, c’était d’aller à Minneapolis – il connaissait des types là-bas -, mais à mi-chemin, il était tombé sur cette équipe de forage pétrolier qui embauchait, et ils lui avaient dit qu’ils aimaient bien les Indiens, en raison de leur résistance naturelle au froid. Comprenez : ils ne se volatilisaient pas en hiver.
Ricky, assis dans la caravane orange semblable à une niche de chien pour cet entretien, avait acquiescé. Les Blackfeet ne craignaient pas le froid, en effet ; et non, il ne les planterait pas au beau milieu de la semaine. Il s’était gardé de préciser que vous ne deveniez pas résistant au froid à force de porter une veste pourrie ; vous cessiez de vous plaindre au bout d’un moment, voilà tout, car ça ne vous aidait pas à vous réchauffer. De même, il ne leur avait pas dit que, dès sa première paie en poche, il reprendrait la direction de Minneapolis. Salut.
Le contremaître qui l’avait interrogé était un type costaud, au visage buriné, plus ou moins blond, dont la barbe ressemblait à une éponge à récurer. Quand il avait tendu la main au-dessus de la table pour serrer celle de Ricky, en le regardant droit dans les yeux, le monde moderne avait disparu pendant un long moment : tous les deux se trouvaient soudain sous une toile de tente, le contremaître portait une veste de soldat de cavalerie, et Rick convoitait déjà les boutons en cuivre, il ne pensait pas du tout au document posé sur la table entre eux, et sur lequel il venait de tracer une croix.
Cela lui arrivait de plus en plus souvent ces derniers mois. Depuis que la chasse avait mal tourné l’hiver dernier, jusqu’à maintenant, en passant par cet entretien, sans parler de la mort de Cheeto sur ce canapé.
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– Je ne sais même pas pourquoi je viens ici », lâche Gabe en frôlant son père pour sortir par la porte à laquelle il s’était pendu une fois, après avoir bu trop de bières.
Mais ce n’est pas à cause de lui si elle est tordue. Celui qui a fait l’encadrement ne devait pas avoir d’équerre. Ou alors, c’est la faute du gars qui a coulé les fondations. Ou de celui qui a inventé l’idée de « portes ».
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Franchement, il se dit qu’il mériterait une grosse récompense pour avoir vécu jusqu’à trente-six ans sans jamais s’être arrêté dans un drive pour commander un burger et des frites, en échappant au diabète, à l’hypertension et à la leucémie. Et il mériterait d’autres récompenses pour avoir évité tous les accidents de voiture, la prison et l’alcoolisme qui figuraient sur son carnet de bal culturel.
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Darren m’avait raconté qu’il avait trois ans de moins lors de sa première métamorphose, qui avait ensuite déclenché celle de Libby. Ma mère, elle, n’avait pas bronché. Elle s’était levée sans geste brusque, avait fermé la porte de la cuisine afin de leur couper toute retraite, puis elle les avait tenus en respect au bout d’un balai jusqu’au retour de Grandpa.
Trois ans de moins… Darren et Libby avaient donc une dizaine d’années.
Ça tardait à arriver, semblait-il.
Pour peu que ça arrive un jour.
Même si Libby n’en parlait pas, je savais qu’elle misait plutôt sur « jamais ». Elle ne souhaitait pas pour moi la vie que Darren et elle menaient : ne jamais rester plus de quelques mois, pousser les voitures dans leurs ultimes retranchements, puis les abandonner au profit d’une autre. Elle voulait que j’en réchappe sans ce goût pour la viande crue. Que moi je profite d’une vie normale, en ville.
Mais nous sommes des garous.
Toutes les nuits, au crépuscule, l’un d’entre nous sort brûler les déchets, car nous savons tous ce qu’il adviendra de cette poubelle si elle reste dans la cuisine et que quelqu’un se change en loup dans la nuit. La transformation brûle jusqu’à la dernière calorie de l’organisme, ne laissant qu’une faim dévorante, si bien que le premier instinct du loup – la seule obsession, d’ailleurs, qui le ronge lors des premières métamorphoses -, c’est de se nourrir.
Ce n’est pas un choix, c’est un réflexe de survie. On engloutirait tout ce qui passe à notre portée, les voisins endormis sur l’aire de repos comme la poubelle de la cuisine, pour peu qu’on vive dans une caravane louée pour quatre mois.
Ça a beau paraître idiot, c’est la vérité.
Quand le loup ouvre les yeux pour la première fois, l’odeur de la poubelle semble si alléchante, si parfaite. Et si proche.
C’est là que le bât blesse.
On y trouve toutes sortes de choses impossibles à digérer, aussi cruelle soit la faim.
Imaginez-vous, au réveil, avec le couvercle découpé d’une boîte de conserve dans les boyaux. Darren prétend que ça revient à avaler une lame de scie circulaire en vitesse lente. Tout ça à cause de la fragilité de l’humain au petit matin. Même un lien de fermeture de sac congélation en métal risquerait de vous perforer l’estomac.
Le loup, lui, ne fait pas la différence. Il ne pense qu’à bâfrer, tout de suite.
Hélas, l’aube finit toujours par poindre. Ils sont si nombreux, les loups-garous à en avoir payé le prix, m’avait un jour raconté Libby. Tant de morts, poignardés de l’intérieur par les dents brisées d’une fourchette. La vésicule ou le pancréas transpercé par un os de bœuf jeté intact. Elle aurait même entendu parler, disait-elle, d’un loup mort d’avoir dévoré un chien domestique équipé d’une broche chirurgicale dans le bassin. La tige métallique, qui avait glissé sans peine dans le gosier du loup en même temps que les os croquants de l’animal, s’était muée, au matin, en une lance fatale à l’être humain.
Avec un regard appuyé et l’air solennel, Libby avait insisté sur le mot « lance », afin de s’assurer que je lui accordais l’attention adéquate.
C’était le cas. Dans un sens.
Je sortais systématiquement les poubelles. Parce que je savais ma transformation imminente. Parce qu’une nuit je tomberais à quatre pattes dans le long couloir qui menait à ma chambre, que je reniflerais la table basse, puis me concentrerais sur une fragrance bien plus riche émanant de la cuisine – je n’en doutais pas un seul instant. Quand bien même Libby prenait toujours soin de ne pas y laisser traîner de laine d’acier ou de bidon de javel. Quand bien même nous gardions sur le comptoir un pot de poivre noir à saupoudrer sur les déchets qui s’accumulaient au fil de la journée.
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Le lundi suivant, Libby m’a ramené à l’école, devant laquelle elle a attendu, campée sur le trottoir, que je franchisse les portes principales.
Ce manège a duré deux jours.
Quand nous sommes rentrés de l’école et du travail, le mardi, Grandpa gisait en travers du seuil, ses yeux voilés grand ouverts, tandis que des mouches et des guêpes entraient et sortaient de sa bouche.
« Non, ne… » a voulu m’ordonner Libby, en essayant d’agripper mon T-shirt, de me retenir à l’intérieur de la El Camino.
Mais j’étais trop rapide. Les joues déjà tellement brûlantes, j’ai traversé à fond de train l’étendue de caliche.
Et puis je me suis arrêté net, avant de reculer d’un pas.
Grandpa n’était pas seulement à moitié sorti de la cuisine : il était aussi à mi-chemin entre l’homme et le loup.
La moitié supérieure de son corps, celle qui avait réussi à franchir le seuil, restait inchangée. Mais ses jambes, encore sur le linoléum de la cuisine, étaient couvertes de poils clairsemés et pliées selon un angle inhabituel que renforçaient les lignes de muscles étranges. Les pieds, deux fois plus longs que la normale, se terminaient pas un talon étiré qui formait désormais la pointe d’une patte arrière de chien. La cuisse saillait vers l’avant.
Il n’avait toujours dit que la vérité.
Je n’arrivais pas à détourner le regard.
« Il devait se diriger vers les bois », a alors fait remarquer Libby en se tournant dans la direction indiquée.
Je l’ai imitée.
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Mon grand-père était un loup-garou.
En tout cas, c’est ce qu’il me disait, et il cherchait sans cesse à entraîner ma tante Libby et mon oncle Darren dans ses histoires, à les pousser à acquiescer quand il racontait qu’une vingtaine d’années plus tôt, il grimpait sur un moulin à vent pour lacérer la pluie de ses griffes. Qu’il courait ventre à terre à la poursuite du train venu de Booneville et le prenait de vitesse. Qu’il courait ventre à terre à la poursuite du train venu de Booneville et le prenait de vitesse. Qu’il battait la campagne, les yeux luisants d’excitation, un poulet vivant entre les crocs, poursuivi par tous les villageois de l’Arkansas. La lune était toujours pleine, et elle l’éclairait à contre-jour comme un projecteur.
Dans ces moments-là, je voyais bien l’air dégoûté de Libby.
Les lèvres fines de Darren s’étiraient en un sourire forcé, surtout quand Grandpa s’élançait d’un pas chancelant dans le salon où il feignait de rabattre des moutons contre une clôture. Tous les loups-garous ont un faible pour les moutons, disait-il, et il se mettait à incarner les deux rôles, tantôt grondant comme un loup, les épaules voûtées, tantôt bêlant de terreur, les yeux écarquillés.
Libby prenait d’ordinaire la fuite avant que Grandpa ne se jette sur le troupeau dans un concert de bêlements affolés, la bouche aussi béante et affamée que la gueule d’un loup, ses dents jaunes et émoussées éclaboussées par la lueur des flammes dans la cheminée.
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