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Citations de Susan Abulhawa (54)


En mai 1948, les Britanniques partirent. Les réfugiés juifs qui déferlaient sur la Palestine proclamèrent l'État juif et changèrent le nom du pays pour l'appeler Israël. Ein Hod, toutefois, était proche de trois villages qui formaient un triangle non conquis à l'intérieur du nouvel État, si bien que ses habitants connurent le même sort que les quelques vingt mille palestiniens qui s'accrochaient toujours à leur maison. Ils repoussèrent les assauts et appelèrent à la trêve. Tout ce qu'ils voulaient, c'était continuer à vivre sur leur terre comme ils l'avaient toujours fait. Car ils avaient supporté de nombreux maîtres - Romains, Byzantins, (...), Mamelouks, Ottomans, Britanniques - et le nationalisme n'avait pas de raison d'être. L'attachement à Dieu, à la terre et à la famille était enraciné en eux, et c'était ce qu'ils défendaient et cherchaient à conserver.
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En ces temps anciens, avant que l'histoire ne déferle sur les collines pour faire voler en éclats présent et avenir, avant que le vent n'attrape le pays par un coin et le secoue pour le dépouiller de son nom et de son caractère, avant la naissance d'Amal, il y avait un petit village situé à l'est de Haïfa, qui vivait discrètement de la récolte de figues et d'olives, de frontières ouvertes et de soleil.
S'il faisait encore sombre, seuls les bébés dormaient encore quand les habitants d'Ein Hod* se préparèrent à réciter la salât, la première des cinq prières quotidiennes. La lune était accrochée bas dans le ciel, (...), modeste croissant, timide promesse, n'osant pas se montrer dans sa plénitude. Pendant le wudou, les ablutions rituelles avant le salât, des centaines de voix murmuraient la shahada dans le brouillard matinal, proclamant leur foi en Allah, le Dieu unique, et le respect pou son prophète Mohammed. Aujourd'hui, les villageois priaient avec une ferveur particulière car la récolte des olives allait commencer. Pour cet événement important, mieux valait grimper les collines pierreuses la conscience tranquille.

(1941, ancien village palestinien*)
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La vie avait creusé en elle des trous et des tunnels,
et laissée un immense silence hérissé de dents et de griffes
qui la déchiraient de l'intérieur.
P 149.
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Moins de quinze centimètres séparaient David et Youssef, et dans cet espace se tassèrent une vingtaine d'années, une guerre, deux religions, un holocauste, une nakba, deux mères, deux pères, une cicatrice et un secret qui, tel un papillon, battait lentement des ailes.
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Notre chagrin s'enracine tellement dans le deuil que la mort est pour nous un parent et, si nous préférons l'accueillir le moins souvent possible, elle n'en appartient pas moins à la famille. Notre colère est une fureur que les Occidentaux ne peuvent pas comprendre. Notre tristesse pourrait tirer des larmes à une pierre. Et notre façon d'aimer ne fait pas exception, Amal.
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Susan Abulhawa
Nous étions enfermés a Gaza.
La misère était partout
dans les rues, elle se putréfiait sous le soleil...
p 393
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Une semaine après le massacre de Sabra et de Chatila, le magazine Newsweek décida que le fait le plus important des sept jours écoulés était la mort de la princesse Grâce de Monaco.
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Pourtant, n'importe quel réfugié du camps aurait pu raconter la même histoire, celle de gens que l'on avait dépossédés, dépouillés de tout ce qui faisait d'eux des être humains, puis jetés comme des ordures dans des camps dont même les rats n'auraient pas voulu. Privés de droits, de maison, de nation, tandis que le monde nous tournait le dos, ou acclamait les usurpateurs qui exultaient en proclamant la création d'un nouvel État auquel ils avaient donné le nom d'Israël.
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J'ai beaucoup écrit sur ma déception de découvrir -de première main, en quelque sorte- le degré de cruauté dont nous sommes capables... Je découvre également la très grande force et l'aptitude fondamentale qu'ont certains humains à vouloir rester humains dans les situations les plus désastreuses... Je crois que le mot qui convient est le mot dignité.
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J'étais là avec les femmes de ma vie.
J'étais au milieu des couleurs.
Dans les violets, les magentas,
Les corail d'un soleil las.
dans le bleu entre le soleil et la mer.
p 414
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Un arbre n'est la propriété de personne, poursuivit-il. Il peut t'appartenir à titre temporaire, comme tu peux lui appartenir Nous venons de la terre, nous lui donnons notre amour et notre travail et, en retour, elle nous nourrit. Quand nous mourons, nous retournons à la terre.D'une certaine manière, c'est elle qui nous possède.
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Nous étions enfermés a Gaza. Sur un million et demi
de personnes, seules cinq ou six parvenaient chaque jour à
entrer en Égypte, ou à en revenir.
p 393
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Pourquoi la dignité et l'honneur s'accrochent-ils à la pierre et au sol ? Génération après génération, les hommes éventrent la terre, construisent des monuments en fouillant ses entrailles pour marquer leur époque, pour façonneur leur rêve, à savoir se croire importants dans un univers à l'immensité fabuleuse, pour arracher du sens à un parfait hasard, pour atteindre à l'immortalité en s'emparant d'une terre immortelle, en la foulant, en la creusant.
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Plus tard ce soir-là, alors que Nazmiyé se préparait à se coucher, elle dit à sa fille :
_ Je suis trop fatiguée pour le moment, mais demain nous parlerons de certains détails privés du mariage, dans leur aspect pratique. Je te raconterai tout ce que j'ai appris avec ton père.
_ Yemma, non ! la suplia Alwan, outrée.
_ Tu changeras d'avis quand tu seras dans les bras d'Abdelkader et que tu te diras : bon sang, mais qu'est-ce que je dois faire maintenant ?
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Yahya dénombra ainsi quarante générations qui leur étaient à présents volées. Quarante générations de naissances, funérailles, mariages, danses, prières et genoux écorchés. Quarante générations de péché et de charité, de préparations de repas, de corvées et de loisirs, d'amitiés, d'inimitiés et de pactes, de pluie et d'actes d'amour. Quarante générations aux souvenirs, secrets et scandales gravés dans la mémoire. Toutes englouties par la notion du droit d'un autre peuple à s’installer dans l'espace ainsi libéré et à le proclamer sien – avec tout ce qui restait de son architecture, de ses vergers, de ses puits, de ses fleurs et de son charme et qui deviendrait la patrimoine d'étrangers juifs arrivés d'Europe, de Russie, des États-Unis et d'autres coins de la planète.
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Une semaine après le massacre de Sabra et de Chatila, le magazine Newsweek décida que le fait le plus important des sept jours écoulés était la mort de la princesse Grâce de Monaco
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"De tout ce qui a disparu, les œufs kinder sont ce qui me manquent le plus. Quand les murs se sont refermés sur Gaza, et que les conversations des adultes sont devenues plus passionnées et plus tristes, j'ai mesuré la sévérité de notre siège au nombre décroissant de ces fragiles œufs en chocolat, enveloppés dans une fine feuille d’aluminium colorée, et à l'intérieur desquels incubaient de magnifiques jouets surprises. Quand finalement ils ont disparu sur les rayonnages rouillés des boutiques, qui ont renvoyé l'image de leur nudité, j'ai compris que les oeufs Kinder avaient apporté de la couleur en ce monde. En leur absence, nos vies ont pris une teinte sépia métallique, avant de virer au noir et blanc, tel que nous apparaissait le monde dans les vieux films égyptiens, à l'époque où ma téta Nazmiyé était la fille la plus rebelle de Beit Daras."
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Nous sommes condamnés à une éternelle vie de réfugiés, de soumission et de baraquement.
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L'espoir n est pas un sujet de conversation.
Ce n'est pas une théorie.
C'est un talent.
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« Nous préférons mourir debout plutôt que de vivre à genoux et laisser Israël tester ses armes sur l’ombre de nous-mêmes. »
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