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Citations de Svetlana Alexievitch (925)


Un jour, deux de nos soldats sont entrés dans un doukan ils ont abattu toute la famille du doukanier, pris tout ce qu'ils ont trouvé . Il y a eu une enquête. Au début ils refusaient d'avouer ...mais je me rappelle que quand notre compagnie a été fouillée et qu'on cherchait l'argent volé, nous nous sentions humiliés : comment on nous fouillait pour quelques malheureux Afghans descendus? Vous parlez d'une perte! ...C'était comme si la famille exterminée n'avait jamais existé... Nous accomplissions notre devoir international, tout était classé...C'est seulement aujourd'hui après la révision des idées toutes faites, que j'ai commencé à réfléchir. Et dire que je n'ai jamais pu lire Moumou ¤ de Tourgueniev sans pleurer!

¤ Une des nouvelles des récits d'un chasseur évoquant le sort pitoyable d'un serf et de son petit chien.
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Vous avez tord de vous fier aux gens. À la vérité des hommes... L'histoire c'est la vie des idées. Elle n'est pas écrite par les gens mais par l'époque. La vérité des hommes est un clou auquel tout le monde accroche son chapeau.
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Avant la guerre et après, ils n'avaient pas de passeport intérieur. On n'en délivrait pas aux gens des campagnes, ils n'avaient pas le droit de s'installer dans les villes. Ils étaient des esclaves. Des prisonniers. Ils étaient revenus de la guerre couverts de décorations, ils avaient conquis la moitié de l'Europe, mais ils n'avaient pas de papiers, ils ne pouvaient pas quitter leur village.
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J'ai beaucoup réfléchi. Je cherchais le sens... Tchernobyl est une catastrophe de la mentalité russe. Vous n'y avez jamais pensé ? Bien sûr que je suis d'accord lorsque l'on dit que ce n'est pas le réacteur qui a explosé, mais tout l'ancien système de valeurs. Quelque chose, pourtant, me manque dans cette explication...
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Notre vie tourne autour… autour de Tchernobyl. Où était Untel à ce moment-là ? A quelle distance du réacteur vivait-il ? Qu'a-t-il vu ? Qui est mort ? Qui est parti ? Pour où ?
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On ne peut pas vivre tout le temps dans la peur. C’est impossible. Un peu de temps passe et la vie ordinaire reprend le dessus.
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Il n'y a rien de plus horrible que l'homme.
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J’ai entamé une gageure depuis quelques temps : essayer – je dis bien essayer - de comprendre l’âme russe et ce qui constituent les ressorts du peuple russe.
C’est dans cet état d’esprit que j’ai entrepris la lecture de « la fin de l’homme rouge ».

Ce n’est pas un roman, c’est plutôt un recueil d’interview, de chroniques qui nous font percer l’histoire russe à travers les témoignages de nombreuses personnes, hommes ou femmes, aux origines diverses, mais majoritairement russes. Certains ont vécus l’époque stalinienne, d’autres non.
L’usage de cette forme narrative est quelque peu déroutante au début, mais elle permet de reprendre son souffle et ses esprits après chaque témoignage : c’est dur, brut, violent et quelque fois aux limites du supportable.
On assiste à la chute du communisme et de ses idéaux. L’amour de la patrie a été trahi pour certains. Pour d’autres a soufflé le vent de la liberté. Mais de façon éphémère.
Que reste-t-il après cette révolution sans coup de feu ? L’argent roi, les jeans, chewing-gum et Mc Do.
C’est aussi la chute d’un empire. L’URSS. La perte des pays satellites qui rentrent en conflit et chassent les Russes. Ainsi sont abordés, sous un angle nouveau pour moi-autre que géopolitique, les conflits Azerbaïdjan-Arménie, Géorgie-Abkhazie.
Si on doit rechercher un dénominateur commun à toute cette suite d’évènements et de chroniques rapportées, je mentionnerais le goût du sacrifice. Le sacrifice pouvant prendre plusieurs causes : la Russie, la patrie URSS, le communisme, le socialisme, le leader, le chef, le petit père du peuple : “Mener d’une main de fer l’humanité vers le bonheur”
Le poids de l’éducation reçue est considérable : le peuple est éduqué, “Fiers de nos livres”.

Mais aussi et surtout le sacrifice de soi : le recueil cite un grand nombre de cas de suicides, ceci à tous âges et à toutes époques.
La mort est omniprésente, elle est connue de tous et toutes. Des enfants surtout.
C’est peut-être le prix du romantisme.

C’est un peuple nourri de souffrance.
“Je n’en finis pas d’explorer les cercles de la souffrance” Svetlana Alexievitch
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Un livre d’une grande puissance, un livre nécessaire rempli de témoignages sur le meilleur et surtout le pire de l’homme. Une tragédie qui est malheureusement toujours d’actualité. Un livre poignant à mettre entre toutes les mains malgré la violence de certains propos.
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De ne pas apprendre à tuer n'est inscrit dans aucune constitution.
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La vie en Russie doit être féroce et sordide, du coup, l'âme s'élève, elle prend conscience qu'elle n'est pas de ce monde... Plus il y a de saleté et de sang, et plus elle a d'espace...

(p. 464)
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Le 7 mai 2012, on a montré à la télévision le cortège triomphal de Poutine se rendant au Kremlin pour son investiture en traversant une ville complètement déserte. Personne, et pas une seule voiture. La purification par le vide. Des milliers de policiers, de militaires et de membres des forces spéciales montaient la garde aux sorties de métro et devant les entrées d'immeubles. Une capitale nettoyée des Moscovites et de ses éternels bouchons. Une ville morte.
C'est que ce n'est pas le vrai tsar, celui-là !

(p. 416)
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Sous le socialisme, on me promettait qu'il y avait assez de places au soleil pour tout le monde. Maintenant, on nous dit autre chose - qu'il faut vivre selon les lois de Darwin et que ce sera l'abondance. L'abondance pour les forts. Seulement moi, je fais partie des faibles. Je ne suis pas une lutteuse...

(p. 413-414)
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On se faisait surtout tuer au début et à la fin du service. Les premiers mois parce qu'on était trop curieux, les derniers parce qu'on était moins vigilant : on devenait abruti, la nuit on se demandait où on était, qui on était, pourquoi on était là, si ce n'était pas un rêve.
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Nicolaï Verkhovtsev... Membre du Parti depuis 1924... Exécuté en 1941, alors que les Allemands approchaient de la ville. Le NKVD exécutait tous les prisonniers qu'il n'avait pas eu le temps d'évacuer. Ils avaient relâché les canailles, les criminels de droit commun, mais tous les politiques devaient être liquidés en tant que traîtres. Quand les Allemands sont entrés dans la ville et qu'ils ont ouvert les portes des prisons, ils ont trouvé des montagnes de cadavres. Avant de les enterrer, ils ont fait venir les habitants pour leur montrer ce que c'était que le régime soviétique.

(p. 262)
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En prison, j'ai retrouvé un vieux camarade, Nicolaï Verkhovtsev, il était au Parti depuis 1924. (...) Quelqu'un avait lu à voix haute un article de la Pravda disant qu'au bureau du Comité central, on s'était penché sur la question de la fécondation des juments. Et lui, pour plaisanter, il avait dit qu'ils ne devaient vraiment pas avoir grand-chose à faire, au Comité central, pour s'occuper de la fécondation des juments ! Il avait été arrêté la nuit même. On lui avait fermé une porte sur la main, il avait eu les doigts cassés net, comme des crayons. On lui avait mis un masque à gaz sur la figure pendant des jours entiers.

(p. 258-259)
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Depuis Staline jusqu'à Brejnev, tous les dirigeants qui se sont trouvés à la tête du pays avaient fait la guerre. Ils avaient vécu sous la Terreur. Leur psychologie s'était construite dans un contexte de violence. De peur perpétuelle. Et ils ne pouvaient pas non plus oublier l'année 1941... La retraite déshonorante de l'armée soviétique jusqu'à Moscou. Les soldats qu'on envoyait se battre en leur disant de se procurer une arme pendant la bataille. On ne comptait pas les hommes, mais on comptait les munitions. Il est normal... il est logique que des gens qui avaient cela gravé dans leur mémoire aient cru dur comme fer que, pour vaincre l'ennemi, il fallait fabriquer des tanks et des avions. Plus il y en avait, mieux c'était. Il y avait une telle accumulation d'armes dans le monde que l'URSS et l'Amérique auraient pu s'anéantir un bon millier de fois. Mais on continuait à en fabriquer. Et voilà qu'une nouvelle génération est arrivée. L'équipe de Gorbatchev, c'étaient tous des enfants de l'après-guerre... Eux, ils avaient la joie de la paix gravée dans leur conscience... Le maréchal Joukov au défilé de la Victoire sur son cheval blanc... C'était une autre génération... Et un autre monde. Les premiers se méfiaient de l'Occident, ils voyaient en lui un ennemi, et les seconds voulaient vivre comme les Occidentaux. Bien sûr que Gorbatchev faisait peur aux "anciens" ! Quand il parlait de bâtir un monde sans armes atomiques, on pouvait dire adieu à la doctrine de l'après-guerre, celle de "l'équilibre de la terreur"... Et quand il déclarait : "Dans une guerre atomique, il ne peut pas y avoir de vainqueur !", cela voulait dire qu'on allait réduire l'industrie de la défense et les effectifs de l'armée. Nos magnifiques usines militaires allaient se mettre à fabriquer des casseroles et des presse-purées... C'était bien ça, non ?

(p. 189-190)
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Par sa mentalité, dans son inconscient, notre pays est un pays de tsars. C'est dans nos gènes. On veut tous un tsar. Ivan IV (en Europe, on l'appelle le "Terrible"), qui a plongé les villes russes dans un bain de sang et a perdu la guerre contre la Livonie, on l'évoque avec effroi et admiration. Comme Pierre le Grand, comme Staline. Mais Alexandre II le Libérateur, celui a aboli le servage, qui a donné la liberté à la Russie, il s'est fait assassiner... Un Václav Havel, ça peut marcher chez les Tchèques, mais nous, nous n'avons pas besoin d'un Sakharov. Ce qu'il nous faut, c'est un tsar, un père ! Qu'on appelle ça un secrétaire général ou un président, peu importe, pour nous, c'est un tsar.

(p. 182)
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Staline avait bâti un État qu'il était impossible de saper à la base, il était à l'épreuve de tout. Mais en haut, il était vulnérable, sans défense. Personne n'avait pensé qu'on commencerait à le détruire par le sommet, que les plus hauts dirigeants du pays s'engageraient sur la voie de la trahison. Ces dégénérés ! Que le secrétaire général serait le révolutionnaire en chef embusqué au Kremlin. Il était facile de détruire cet État par le haut. La discipline de fer du Parti et sa hiérarchie ont joué contre lui. C'est un cas unique dans l'histoire... Comme si César lui-même avait déclenché la destruction de l'Empire romain...

(p. 178-179)
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On a bâti le socialisme et maintenant, à la radio, on dit que le socialisme, c'est fini. Et nous... Ben, nous, on est toujours là...

(p. 133)
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