Citations de Sylvestre Huet (233)
Les rédacteurs savent pertinemment que les classes moyennes des pays riches et émergents – l’essentiel de ces 10 % - ne risquent guère de s’engager dans une sobriété volontaire sévère si elles sont toujours sous les yeux le spectacle des consommations sans limites des grandes fortunes.
comment promouvoir la sobriété comme moyen majeur d’une politique climatique et ne rien dire de l’industrie publicitaire ? Cette manipulation géante des esprits émerge après la Seconde Guerre mondiale, lorsque les grandes entreprises américaines se demandent comment donner suite aux commandes militaires pour booster la croissance de leurs activités et profits. C’est là qu’elles ont développé la forme actuelle de la publicité que l’on peut qualifier d’arme de destruction massive de l’autonomie matérielle et de pensée des couches populaires. Cette publicité de masse a colonisé l’imaginaires de populations. Elle vise à créer une frustration permanente de consommation et à vider les bourses des ménages encore plus vite qu’elles ne se remplissent. C’est ainsi que des consommateurs se croyant avertis font la queue à cinq heures du matin pour acheter le dernier téléphones portables, alors qu’ils en ont un dans la poche acheté un an plus tôt. Or, le mot advertising n’est jamais mentionné dans le « Résumé pour décideurs » qui pourtant affirme la nécessité de « changements socioculturels et de comportements pour agir sur la demande ». En revanche, on le trouve dans le « Résumé technique » et dans le rapport complet qui pointe l’effet néfaste de la publicité et de la volonté d’imiter la consommation des plus riches. Les experts ne peuvent que s’arrêter là, il ne leur revient pas de faire une quelconque recommandation sur ce qui pourrait permettre d’éradiquer la publicité comme les grandes fortunes.
Toutefois, si l’on y trouve des éléments de critiques du système social dominant, voire l’affirmation très nette qu’inégalités et politiques climatiques ne riment pas, on n’y trouve rien sur les mécanismes de richesse, et donc rien non plus sur la manière de les éradiquer. Une petite recherche lexicographique confirme cette « impasse » du rapport : le mot capitalism (en anglais) y est très peu fréquent avec 19 occurrences, et toutes sont des titres d’études ou de livres et non dans le corps du texte.
« Il est nécessaire de réduire les inégalités », peut-on lire dans le rapport complet.
L’indien Anil Agarwal l’avait perçu en 1991, lorsqu’il proclamait le « droit » de chaque être humain à la même émission de gaz à effet de serre.
observons que le seul Prix de la Banque de Suède en l’honneur d’Alfred Nobel donné à un économiste pour des travaux sur le climat a été attribué à William Nordhaus en 2018. Certes, William Nordhaus fut l’un des premiers économistes à s’intéresser au changement climatique, dès 1975. Mais c’était pour conseiller de ne rien faire… avant les années 2020 ! Aujourd’hui encore, il considère qu’un réchauffement de 3°C serait « optimal » au sens où le rapports coûts/bénéfices des politiques climatiques serait optimal pour ce niveau de réchauffement en termes de PIB. Il suffit de le rapport du Groupe 2 pour considérer que c’est là pure folie.
Il faut d’ailleurs noter que les outils les plus utilisés par les économistes (PIB, comptabilité nationale…), et souvent au premier rang des objectifs des responsables politiques, sont très peu adaptés à la problématique du changement climatique.
Tous les êtres humains n’ont pas la même réponse à la question : « Dans quelle société voulons-nous vivre ? Cette diversité d’opinions traverse les communautés scientifiques. Les fortes inégalités sociales ne relèvent pas seulement du constat, elles sont pour certains économistes indispensables au fonctionnement de la société – c’est au cœur de l’ultralibéralisme aujourd’hui dominant – tandis que d’autres les considérèrent comme des tares à réduire ou à éradiquer. Des économistes défendent le marché capitaliste comme instrument principale de la conduite des sociétés, parfois en véritables extrémistes si l’on songe à ceux de l’Université de Chicago. Leurs émules actuels s’élèvent contre l’intervention de l’État, toujours qualifiée d’inefficace et liberticide, tandis que d’autres soutiennent la nécessité de régulations étatiques fortes et de planifications collectives pour affronter le changement climatique. Ces oppositions d’idées et d’opinions sont à l’œuvre jusque dans les discussions du Groupe 3 lorsque les économistes se demandent comment obtenir la privation volontaire de l’énergie fossile afin d’éviter un dérapage climatique. Tout mécanisme de marché orient nécessairement les acteurs économiques vers ces sources, lorsqu’elles sont les moins chères et les plus disponibles. Or le courant dominant en économie, comme la plupart des forces politiques au pouvoir, croient aux vertus du marché capitaliste et ne se rallient qu’à contrecœur à l’outil des taxes, honnissant toute planification et intervention étatique.
En Inde et au Pakistan, une canicule précoce, avec des températures atteignant les 50°C au mois de mai 2022, met en jeu les limites physiques des personnes et rend presque impossible le travail agricole. Le gouvernement indien en est réduit à conseiller à ses populations de « rester à l’ombre » au lieu de travailler. Quant à notre « douce France », on y voit, dans le Maine-et-Loire, au cœur de notre grenier à céréales, des agriculteurs arroser leur blé, un geste sans précédent, afin de sauver leurs futures récoltes.
participer comme auteur principal à la rédaction des rapports, c’est diminuer son temps de recherche pour plusieurs mois, voire plusieurs années pour les co-présidents des groupes. Une décision lourde, prise collectivement et acceptée par les dirigeants des institutions scientifiques qui emploient les chercheurs. Les citoyens peuvent se réjouir de constater que l’esprit de service public l’emporte sur les volontés de carrière pour la plupart des chercheurs engagés dans ce travail, ingrat, patient, minutieux, chronophage, de relecture de milliers de pages, puis d’écriture collective suivant des règles extrêmement rigoureuses. […] Pour toutes ces raisons, il est possible d’accorder une très grande confiance à l’expertise du Groupe 1.
Lire le rapport du Groupe 1 du Giec, c’est la garantie d’avoir accès à la meilleure synthèse critique possible de l’état des sciences du climat.
pourquoi, alors que tous les pays de la planète ont signé en 1992 la convention Climat de l’ONU, la trajectoire des émissions de gaz à effet a-t-elle suivi l’hypothèse la plus élevée parmi celles envisagées à l’époque ? [la réponse, plus loin est : le capitalisme]
L’argent nécessaire existe-t-il ? Oui. Vu la taille du système financier mondial, il existe suffisamment de capitaux et de liquidités pour combler les déficits d’investissements mondiaux. Mais des obstacles s’opposent à la réorientation des capitaux vers l’action climatique, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du secteur financier, et dans les vents contraires macro-économiques auxquels sont confrontées les régions en développement.
Mais le Giec peut constater que les politiques actuelles sont incapables d’atteindre l’objectif fixé par les gouvernements en 2009 à la COP de Copenhague, de ne pas dépasser les 2°C de réchauffement, et encore moins celui de se rapprocher des 1,5°C, décidé à Paris en 2015.
Une planification urbaine avec davantage d’espaces verts permet la réduction de la pollution atmosphérique et des gains de santé publique.
Un écart majeur entre les revenus les plus élevés et les plus bas s’est produit en parallèle au sein de tous les pays. Depuis 1980, les 1 % d’individus les plus riches du monde ont capté deux fois plus de croissance que les 50 % d’individus les plus pauvres.
L’augmentation des revenus des classes moyennes de pays émergents, principalement en Asie (Chine, Inde, Indonésie, Vietnam), et la stagnation des revenus de ces classes dans les économies développées, ont réduit les différences de revenus entre ces pays.
[Stratégie] fondée sur les « petits gestes du quotidiens » individuels - dite parfois du Colibri en référence à la légende du petit oiseau qui apporte sa minuscule contribution pour éteindre un incendie de forêt.
Les changements de comportements individuels sont insuffisants pour atténuer la menace climatique à moins qu’ils ne soient intégrés dans un changement structurel et culturel.
Parmi les options d’actions : alimentation (changement de régime, réduction du gaspillage), contrôle thermique des bâtiments (moins de chauffage et de climatisation), énergies renouvelables intégrées aux bâtiments, véhicules électriques légers, marche, vélo, partage de moyens de transport, renoncement à des vols d’avions longue, infrastructures de transport urbains bas-carbone, utilisation d’objets à longue durée de vie et réparables, réduction des consommations de prestige social. Ces options sont compatibles avec l’amélioration du bien-être de base pour tous.