Citations de Sylvie Ohayon (82)
L'effet miroir m'a fait prendre conscience de la profondeur du trou dans lequel j'étais en train de m'abîmer.
Mais j’ai mis quinze ans à comprendre que le plus dur, dans la vie, est de rester soi-même face aux autres qui sont si nombreux, parce qu’il faut apprendre à savoir qui on est pour soutenir sans flancher le regard des autres.
Il n'y a pas de sot métier mais il y a quand même des boulots de connasse
Mon vêtement restait mon dernier rempart contre mon infortune, la dernière surface d'expression d'une certaine forme de dignité.
Et me voilà, prise dans le bain de mes larmes, révélateur photographique qui annonce la couleur de ma nouvelle vie. Ce sera en gris foncé.
Il m'a raconté tous les détails, et j'ai compris que ce n'était pas un père. On ne narre pas ses exploits sexuels à son enfant. Sauf si on n'a pas de cervelle. Sauf si on est un bon Français.
Ne sous-estimez jamais le pouvoir d’un livre. Quelque part dans les rayonnages d’une bibliothèque, sachez qu’un livre est là, bien droit, qui vous attend. Un livre qui changera votre vie dans un sens ou dans l’autre parce qu’il changera votre vision du monde, ou bien parce qu’il vous donnera le sentiment d’avoir été écrit pour vous.
Rien ne me comble jamais vraiment, parce que j'ai manqué de tout et que ça reste en moi.
Moi j'étais déjà vieille avant d'avoir eu des seins. J'étais pressée de voir la fin, d'avoir l'épilogue parce que je savais que j'y parviendrais.
Le mystère pour Micheline, c'est juste une glace au coeur meringué, rien d'autre. (p25)
Mon histoire avec ma mère avait mal commencé et pourtant l'on s'aimait, c'était comme ça et je ne parvenais pas à lui en vouloir. On a du mal à en vouloir à sa mère parce qu'on vient d'elle et l'on se détesterait de ne plus l'aimer, de plus s'aimer un peu en somme, vous suivez ?
Il faut que je vous parle de mes souvenirs aussi. Il faut que je vous raconte comment tout cela est arrivé et pourquoi c’est bien aussi d’avoir connu des drames. Ça relève le goût de la vie, comme le poivre fait s’épanouir les saveurs d’un plat alors que le poivre, en soi, c’est dégueulasse et que ça fait pleurer.
Les histoires d'amour finissent mal en général, mais la bonne nouvelle, c'est qu'un amour qui meurt laisse la place à la chance. Celle de tout refaire. En mieux.
J'aimais trop les mots pour me résoudre à l'appeler "papa". Tout aurait été plus simple si j'avais cédé. Mais je ne cédais pas et ma mère ne vint jamais à mon secours, même quand il me faisait très mal, même quand il y avait du sang dans ma bouche, elle restait muette. Et c'est bien ce qui m'a le plus blessée dans cette histoire. Les plus grandes trahisons sont des amours qui ont mal tourné.
Elle est à la féminité ce que la brique rouge est au Anglais ; un polluant visuel, un passage obligé.
Après ça, et depuis, j'ai compris que le racisme est une marque de faiblesse, il est le rempart de ceux qui ont peur de l'autre. Et vu que, grosso modo, les autres sont essentiellement le miroir de nous-mêmes, que l'on est un peu tous foutus pareil (mises de côté les couleurs et les odeurs), le racisme est la preuve qu'on a peur de soi-même, et vous me direz ce que vous voudrez, mais c'est pas très bon signe tout ça.
La vraie force c'est de savoir montrer ses faiblesses.
Un besoin de tendresse est perçu comme une faiblesse par les gens dont la vie est un combat permanent.
J’entre, hume le parfum des croissants au beurre, l’odeur de pain frais, je ferme les yeux, puis je commande un éclair au café, celui que j’ai désiré comme on veut les mains du Christ pour caresser ses seins…
Je suis là, lasse, seule entre les murs immenses d’un appartement trop grand et mon enfance manque, la pauvreté de mon enfance qui était mienne me fait défaut parfois et je pense à la folie de ce monde de cons lorsque chez Chanel, je vois un bracelet en plastique à neuf cent vingt euros. J’ai voulu être de la fête, et maintenant que j’ai vu, je comprends que la vraie misère c’est de vivre à l’envers de la raison, de continuer à jouir de bêtises qui vous laissent le sentiment de n’être rien quand vous avez terminé de posséder les choses et des relations inutiles.