Tammy Falkner

C’est mon Pete, et il a toujours eu ce dont j’avais envie. Il écarte mes lèvres inférieures, et glisse un doigt en moi. Autrefois, Pete avait peur de m’aimer, mais désormais, il joue avec mon corps comme s’il lui appartenait, et c’est le cas. Si je n’ai pas envie de ce dont il désire, il arrêtera, et je le sais. Avoir ça bien en tête lui a pris du temps, mais il a compris. Il est tout ce dont j’ai besoin.

Là où il n’y a pas de lumière, les sentiments ne peuvent pas grandir.

Jolie ? Elle est belle, putain ! Jolie, ça ne décrit pas un dixième de sa merveilleuse beauté. Elle est spirituelle et elle est intelligente et elle est ... Elle n’est pas à moi.

Il y a un portier, un homme âgé, et il me sourit, saluant chacun d'entre nous quand nous rentrons dans le bâtiment.
« Ah, M. Madison », dit-il. Il sait qui est mon père. Il ne lui serre pas la main, mais il prend la mienne quand je la lui tends. Je ne suis pas mieux que cet homme, et je veux qu'il le sache. « Mlle Madison », dit-il en me souriant. « Mon nom est Henry. »
« M. Henry », dis-je en lui serrant la main.
« Henry fera l’affaire. » Il lève les yeux vers le visage méprisant de mon père.
« Ne te lie pas d’amitié avec le personnel », m’avertit mon père.
Le visage d’Henry se ferme.
Je lui fais un clin d'œil. « Je n’oserais jamais me lier d’amitié avec Henry », dis-je. « Il est beaucoup trop bien pour des gens comme nous. »
Les sourcils de papa se froncent. « Qu'est-ce que ça signifie ? »
« La gentillesse l’emporte sur l'argent, papa », dis-je. Je l’ai appris à la dure. Et même si j’ai des difficultés à lire, je me sens tellement plus intelligente que mon père en cet instant. Je tape dans la main d’Henry, et il me sourit.

Je retourne mon poignet et indique son tatouage sur mon poignet intérieur. C'est un endroit que j’avais gardé libre pour quelque chose de spécial. Elle se penche vers le tatouage et tout son souffle se précipite hors de son corps. Je peux le sentir sur ma main quand elle expire.
« C'est mon tatouage, » dit-elle.
Elle prend ma main dans la sienne et la soulève vers son visage. « Es-tu en colère ? » demandé-je.
Elle me regarde brièvement, puis repose les yeux sur mon tatouage. Elle le scrute sous tous les angles. Sa main tremble alors qu’elle tient fermement la mienne. « Tu l’as changé. »
« J’ai pensé que tu avais besoin d'une sortie de secours. »

Le temps ne s'arrête pas, Daniel, dit-elle. C'est toi qui t'es arrêté.
Je sais. Mais j'ignore comment revenir en arrière.

Tu n'es pas cassé, Daniel. Tu es simplement en train de guérir. Et lorsque tu seras guéri, tes liens vont automatiquement rechercher à se reconnecter avec quelqu'un

"N'es-tu pas censée jurer sur ta propre vie ?
Ma vie ne signifie rien si tu n'en fais pas partie."

Mason et moi avons parlé pendant toute la durée de la fête. Il est drôle, charmant et intelligent, et si j’étais une personne différente, j’adorerais apprendre à mieux le connaître. Mais je ne suis pas une autre personne. Je suis moi. Et je suis elles. Et tant que je suis aussi elles, je ne peux pas être quelque chose de plus pour qui que ce soit d’autre. Je n’ai pas envie de les laisser tomber. J’ai trop besoin d’elles.

Elle préfère me qualifier de « traumatisée ». Mais je préfère folle, parce que c’est ainsi que je me sens la plupart du temps.
Je crois que la fête était une manière de tester ma santé mentale, de voir si je pouvais m’adapter à des vrais gens et à des situations réelles. Elle utilisait son fils comme une excuse pour m’exposer à de vrais gens et à des situations réelles.

Elle était adorable quand elle était toute pomponnée. Et si je le lui disais en face, il est probable qu’elle s’en irait pour ne jamais revenir. Elle tirait beaucoup de fierté de ses techniques d’évasion, et j’avais appris il y a bien longtemps que son maquillage était un camouflage. Elle se sentait plus en sécurité derrière les couches de mascara et d’eyeliner.

Cette fille avait une prestance plus forte qu’aucune autre femme que j’avais connue. Elle avait probablement le même âge que moi, soit seize ans, mais elle avait l’air d’avoir vu et vécu tant de choses. J’ignore pourquoi j’eus cette impression, mais elle était évidente.

Certaines personnes suivaient un traitement si lourd qu’elles ne pouvaient plus parler. Et d’autres ne pouvaient pas s’arrêter de parler.

On m’avait toujours dit que je ressemblais à ma mère. Elle était grande et mince, avec des cheveux noirs de jais. Mon père, lui, était blond, et il ressemblait beaucoup au stéréotype du beau gosse sur la plage. Il aurait très bien pu avoir une planche de surf sous le bras à la place d’un porte-document et un collier de coquillages au lieu d’un stéthoscope. Je ne lui ressemblais pas du tout, mais ma mère disait que j’agissais comme lui.

Elle était sophistiquée, parfaite, et portait des rubans roses dans les cheveux. Elle ne sortait jamais de chez elle sans une paire de talons aiguilles hyper féminins et un collier de perles autour du cou. Pour être honnête, elle m’intimidait plus que de raison.

Je me retrouvai devant la porte de ma propre maison, le front appuyé contre le bois froid, à respirer profondément tout en comptant jusqu’à dix. C’était une technique pour se calmer que m’avait apprise ma mère il y a bien longtemps, et je l’utilisais toujours quand j’étais stressé. Je me concentrais sur chaque inhalation jusqu’à ce que mes poumons soient pleins, puis je m’imaginais en train d’expulser tous les mauvais pressentiments hors de mon corps.

Trouvez votre propre place avec eux, mais n’essayez pas de prendre la mienne. Si vous essayez de marcher dans mes chaussures, ces chaussures ne vous iront pas et vous finirez par tituber et tomber. Vous devez être vous-même, et je vous fais confiance, parce que Katie vous a choisi et que j’ai confiance en Katie. Et j’espère que vous et Katie serez un couple heureux, parce que le bonheur de mes enfants dépendra grandement du vôtre.

J’étais très heureuse en mariage. J’avais tout. J’avais trois enfants fabuleux, et un mari qui m’aimait. Nous avions un foyer heureux dans un bel endroit. On gagnait assez d’argent pour subvenir aux besoins de notre famille. On s’aimait, on vivait et on riait. Je ricane. Puis tout a été fini. Comme un merveilleux bain moussant chaud qui deviendrait soudain glacé. L’eau coulait froide, puis elle ne coula plus du tout. Il ne restait que mes enfants et moi, et nous essayions de survivre. On essayait juste de survivre.

Les matins calmes et la douce brise m’ont manqué. En ville, l’agitation atteint des sommets. Les gens courent dans tous les sens, les klaxons résonnent et les gens crient, même tôt le matin. Ici, le seul cri est celui de la canne à pêche qui file. Ou le canard qui plonge avec entêtement sa tête dans l’eau, dansant comme un bouchon de liège et produisant de petites ondulations qui se déploient autour de lui.

C’est une habitude que j’ai gardée de quand ils étaient petits. Je m’arrête encore à chaque porte assez longtemps pour regarder leurs dos monter et descendre, ou pour voir la couverture monter et descendre, soulevée par leur respiration. Les mouvements réguliers de la respiration d’un enfant peuvent soigner l’esprit troublé d’une mère, tel un baume de l’âme.