Tammy Falkner

L’argent n’a jamais eu d’importance au bord du lac. La seule chose importante était l’amusement, et je m’amusais beaucoup trop.

Je m'avance vers lui afin que nos genoux se touchent. Je ne le touche nulle part ailleurs, mais j'ai besoin d'une connexion avec lui.

Il me connait seulement depuis quelques jours. "Pourquoi ai-je tant d'importance à tes yeux ? Qu'est-ce qui me rend différentes ?" J'admets que je meurs d'envie de le savoir.

Cette fille va me détruire. Je sais déjà que ce sera le cas. Et j'y saute tout de même à pieds joints.

— Est-ce que tu as été surprise ?
— Eh bien, oui, répond-elle. Je n’avais jamais eu besoin de lever la tête pour te regarder dans les yeux.
Je la balance un peu dans mes bras.
— Est-ce que tu souhaiterais que je puisse marcher ? Que je n’ai pas été blessé ?
Elle me regarde attentivement.
— Je ne l’ai jamais souhaité pour moi.
Je ne suis pas sûr d’aimer cette réponse.
— Je l’ai souhaité pour toi une fois ou deux, dit-elle doucement. Seulement parce que je vois comment on te traite dans les restaurants et les lieux publics. La façon dont tu dois travailler trois fois plus pour faire les choses.
Elle me caresse les cheveux.
— Mais je ne l’ai jamais souhaité pour moi. Pas une seule fois. Je t’aime exactement comme tu es.
Elle se lève de mes genoux.
— Maintenant viens danser avec moi.

Dans la vie, ce ne sont pas les moments de plaisir que l'ont peut expérimenter seul qui comptent. Ce sont ce que l'ont peut partager avec quelqu'un.

Les étés ne sont jamais pas trop angoissants. Ils sont toujours pleins d´amourettes. Les filles en vacances essayent de se trouver un autochtone. Les autochtones cherchent des filles en vacances. C’est comme ça que ça marche.

Je ne sais pas pourquoi je ressens le besoin de demander des nouvelles de la troisième colocataire. Elle ne dort même pas toujours ici. Elle est plus vieille que nous, vingt-et-un ans, et nous en avons dix-neuf. Lorsqu’elle est là, elle est comme la mère dont on n’a jamais voulu, nous forçant à nettoyer après nous et à abaisser la lunette des toilettes. Mais elle paye son loyer, et ça me suffit. Je ne peux pas me permettre de payer cet endroit tout seul, même si je cumule les petits jobs.

Nous sommes les meilleurs amis du monde, et il n´y a pas de jalousie entre nous. Notre relation est libre et simple, et nous ne sommes pas territoriaux quant à nos relations avec les autres. C’est ce qui est génial entre nous. Parfois, la solitude me submerge et je me laisse aller au besoin d’avoir quelqu’un près de moi. Ça ne dérange pas Jackie. Je suis un homme et je déteste être seul. Parfois je ne peux plus supporter le calme.

"Je te promets de t'aimer plus que tout, de la meilleure façon. Je te promets de te laisser lire des histoires à noter enfant, pendant que lui apprends la musique. Je te promets de te faire confiance et 'être digne de la tienne."

« Va les aider pour le dîner, » aboie mon père. Il dévisage Pete.
« Oui, père », dis-je. Je prends les branches que Pete a dans les bras et lui souris. « A plus tard, » murmuré-je.
« Ne pars pas, » murmure-t-il à son tour. « Qui va protéger mes noisettes ? »
« Les princesses ne font pas ce genre de choses. » lui dis-je en souriant, avant de m’éloigner. C’est dur, mais je ne regarde même pas par-dessus mon épaule.

Je voulais lui montrer à quel point je l’aimais en me tenant à l’écart. Je ne pouvais pas être moi-même. Je ne la laissais pas être elle-même non plus. J’ai essayé de rendre les choses douces, et lentes, et apaisantes. Mais ce n’était pas ce dont elle avait besoin. Elle avait besoin que je l’aime complètement afin qu’elle puisse m’aimer réellement à son tour. »

« Je ne pense pas que les victimes de viol puissent réellement s’en remettre, » dis-je. « Mais l’erreur que certains hommes font, c’est de penser que ce sont des victimes. Leurs expériences ont été entachées, lorsque quelque chose qui est censé être beau se transforme en quelque chose de vraiment tragique, mais des choses horribles comme celles-ci arrivent tous les jours. Est-ce que cela lui nuira toute sa vie ? Ouais, sans doute. Mais est-ce que cela doit l’influencer dans tout ce qu’elle sera et entreprendra ? Absolument pas. »

Ses yeux bleus sont si profonds et si vrais que je ne doute absolument pas de sa sincérité. « Je ne pourrais pas être plus heureux, » dit-il. Et je le crois. Je l’ai toujours cru, même lorsque ce n’était pas son cas.

Ma montre est comme moi. Elle est cassée à l’intérieur. Et tout comme moi elle ne se remettra pas à fonctionner.

« Ce n’est qu’une montre. Je n’arrive pas à comprendre ce qui ne va pas et cela me rend dingue. »
« Parfois, tout comme les hommes, les montres abandonnent tout simplement, Faith, et il n’y a rien à faire. »

« Quelque chose est cassé, mais je ne suis pas certain que tu puisses le réparer, Faithie, » dit-il. Ça fait un peut ringard lorsqu’il ajoute un « ie » à la fin de mon prénom, mais j´adore. « Parfois les choses tout simplement s’échappent à notre contrôle.

Je me retourne et reste saisi. Mes poumons refusent de faire leur travail, et je me tiens là, sans respirer, sans bouger, essayant de ne pas ressentir quoi que ce soit. Mais elle est là. Emily est debout sur le trottoir et me regarde.
Elle se balance d’un pied sur l’autre, nerveuse comme jamais. La neige tombe sur ses cheveux, et elle ne porte pas de manteau. Pourtant elle peut se payer un manteau. Sa famille est milliardaire. Elle n’a plus les cheveux noirs avec une mèche bleue qu'elle avait quand je l'ai rencontrée, aujourd’hui ses cheveux sont blonds foncés et tombent jusqu’au milieu de son dos, et elle les a poussés derrière ses oreilles. Elle ne porte pas le genre de vêtements qu’on porte ici. Elle est entièrement habillée en Madison Avenue.
Mais la meilleure chose c’est que ... elle est à moi.
Matt lui dit quelque chose, mais elle ne lui parle pas. Elle ne coupe pas le contact visuel avec moi, et j’ai l’impression qu’il y a un lien invisible entre nous deux.
Je regarde Matt pour lui dire que je vais partir avec elle. Il sourit. Je suppose que nous n’aurons pas à nous soucier du manque d’utilisation de ta queue, après tout.
On se voit plus tard.
J’en doute, dit-il. Mais il arbore toujours ce sourire niais. J’aimerais aller l’embrasser, mais je suppose que la première tournée est pour toi.
Et la dernière tournée aussi. Et toutes les autres tournées entre ces deux-là.

Mes yeux se posent sur un bloc de croquis qui se trouve contre la lampe sur la table de chevet de Logan. Je pose les mains sur mes genoux et ferme les yeux quelques secondes, en les rouvrant je sursaute quand je vois qu'il a dessiné une femme nue. Elle est dessinée au crayon et il a hachuré toutes les parties de son corps nu. Mais ce qui attire immédiatement mon attention, c’est qu'il y a une bande de couleur sur le corps dessiné. Sur le côté de sa chevelure, il y a du bleu.
Oh, merde. C'est moi.
Je m’assois sur le bord du lit et ramasse le dessin. C'est moi. Clairement et simplement moi. Mes bras se trouvent le long de mes côtes et mes poings sont fermés. Il y a une expression de défi sur mon visage. Je n'ai jamais vu un artiste capturer un tel regard. Mais il a réussi. Il y a une serviette sur le sol à côté de mon orteil et mon pied semble animé, comme si je venais de donner un coup de pied.
Il a dessiné des ombres autour de mes seins et mes mamelons sont dressés, comme si on venait de les embrasser. Mon estomac se noue et je me force à reprendre mon souffle. Il y a un petit triangle de poils au sommet de mes cuisses. Je ferme les yeux. C’est presque identique à l’original. C'est moi. Il m'a dessinée. De mémoire. En bas se trouvent quelques mots griffonnés. Ils sont écrits en majuscules et les lettres sont très espacées:

J' A I R E G A R D É.

Comme l'album photo. Les pages se tournent, mais on peut y revenir à tout moment, même lorsque la dernière page a été lue. Tout ce que tu as à faire, c’est d'ouvrir le livre et de choisir une page à relire. »