Les quelques nuages s’étaient tintés d’abord en rose, puis en orange fluo. Leurs reflets dans la rivière donnaient l’impression que l’eau était la proie des flammes.
C’est tellement agréable de vivre ainsi, en parfaite autarcie, loin de toute contrainte sociale. J’ai tellement peur d’arriver à Carmacks après huit jours et d’allumer mon portable pour risquer de recevoir de mauvaises nouvelles.
Tu sais, Jane, c’est la première fois qu’une femme que je désire se retrouve sous le même toit que moi. J’aimerais t’avouer, que je n’ai jamais eu de relations suivies depuis ma rupture avec Tina Wild. Mais je ne vais rien te révéler, par crainte que tu sois jalouse d’elle ! C’est ma mère qui a mis un terme à mon flirt de jeunesse. Et ça, je ne lui ai jamais pardonné ! Maintenant, elle ne pourra pas nous faire de mal. »
Néanmoins, lorsque ses doigts parvinrent à la hauteur du visage de la jeune femme, il prit conscience du regard glacial qu’elle lui jetait et son plaisir cessa instantanément. Un regard qui lui rappelait les jugements d’une personne familière. Il lui banda aussitôt les yeux avec le foulard, pour esquiver cette vision affreuse, puis recula pour l’observer sous un plus grand angle. La scène l’excita à nouveau. Il descendit sa braguette, saisit son sexe dur et un instant plus tard, après quelques massages, il jouit timidement.
Il avait fait la une des journaux ces derniers mois et on le surnommait Head Chopper . Dans un sens, le fait qu’on parlât de lui le flattait, mais dans un autre, il avait l’impression qu’on ne le comprenait pas toujours…
Déjà cinq jours qu’ils vivaient en autarcie, avec comme seul bruit celui des animaux et de l’eau. Ils n’avaient croisé personne jusque-là. Cette ambiance sereine laissait place à la rêverie et à une échappatoire momentanée des pressions sociales. Ce n’était pas uniquement l’occasion d’apprendre à se connaître soi-même, mais aussi celle de revoir ses priorités existentielles fixées jusqu’alors.
J’essaie de me maîtriser, mais le seul fait de repenser à mes actes m’excite, bien que j’aie de moins en moins de plaisir à jouir. Pourquoi ?
Ce que je préfère, et je n’ai pas honte de l’écrire, c’est de savoir que je peux décider de donner la mort quand je le désire.