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3.98/5 (sur 54 notes)

Nationalité : Bulgarie
Né(e) à : Sofia , le 19/09/1960
Biographie :

Romancière et dramaturge bulgare

Née à Sofia en 1960, Théodora Dimova est la fille de l'écrivain bulgare Dimitar Dimov. Elle a fait des études de littérature anglaise avant de se tourner vers le théâtre. Elle est l’auteur de plusieurs pièces jouées en Bulgarie, en Macédoine…

En 2002, elle a obtenu pour Elin, une aide financière du festival de théâtre balkanique, pièce primée à Sofia en 2003. Elle a participé aux ateliers internationaux d’art dramatique à Varna, à Budapest et à Ohrid (Macédoine), ainsi qu’à ceux du Royal Court Theatre Residency Program de Londres.

En 2001, Theodora Dimova publie, à Sofia, un premier roman, Éminé, puis en 2005, paraît son second roman, Mères qui lui vaut sa consécration littéraire (prix du concours Razvitié).

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Source : biblio monde
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A l'occasion du festival Week-end à l'Est, Théodora Dimova s'est entretenue avec les Editions des Syrtes au sujet de son dernier roman, Les Dévastés. Ce roman choral entremêle les voix de trois femmes dont les vies ont été bouleversées par l'arrivée des communistes au pouvoir en Bulgarie en 1944 et les purges qui ont suivi. Traduction du bulgare: Marie Vrinat Prise de vue et montage: François Deweer


Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Le mois le plus froid, la nuit la plus noire, le vent le plus glacial. Raïna va et vient, comme une chauve-souris entre les pièces, comme si elle ne voyait pas les murs, en s'y cognant. Elle erre dans l'appartement en cette nuit de février, amaigrie, assombrie, exsangue, l'ombre de la femme qu'elle était encore seulement quelques mois auparavant, elle ne trouve pas sa place, s'approche d'un objet puis s'en écarte, comme s'il la brûlait.
(incipit)
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La réalité commença lentement à se déformer et à surpasser ses craintes les plus profondes. Seulement un mois plus tard, ses peurs commencèrent à ressembler à d'inoffensives visions au regard de ce qui se produisait. Le régime ukrainien dont Raïna avait entendu parler à la fin du mois d'août, mais sans mémoriser les détails, franchit le Danube et se dirigea vers l'intérieur du pays. Non seulement les autorités bulgares ne lui opposèrent aucune résistance, mais elles lui firent un triomphe à certains endroits, selon le présentateur de radio qui maitrisait le tremblement de sa voix.
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Si tu n'avais pas d'enfants et une famille, tu serais une poétesse, Ekaterina, une grande poétesse, me disait-il souvent. L'élément sauvage et païen en toi jaillirait sous les formes verbales les plus merveilleuses, maîtrisée, ta féminité transmettrait par des rimes et le rythme de tes vers, la profondeur du sens étonnerait par des nuances et des détails inattendus. Tu créerais une musique, Ekaterina, une musique faite de mots tout comme, en ce moment, tu crées une harmonie et une musique à partir de cette demeure, Ekaterina, à partir de chaque instant où nous sommes ensemble. Tu es une magicienne, Ekaterina, tu transformes la vie ordinaire en poésie et en éternité, c'est pourquoi tu aurais dû être une poétesse, Ekaterina.

Moi je riais, évidemment, en entendant ses mots, mais en quoi les enfants m'empêchent-ils, Mina, d'être une grande poétesse, lui rétorquais-je pour plaisanter, si je pouvais créer des vers sublimes, rien ne pourrait m'arrêter.

Tu as du talent, Ekaterina, me disait votre père, tu ne dois pas le laisser sans bouffées d'air, tu ne dois pas l'étouffer sous le lourd fardeau de la maternité et des soins que tu nous prodigues, tu dois garder du temps pour toi, uniquement pour toi, et écrire, chaque jour tu dois écrire quelques pages dans ton journal intime, décrire l'essentiel, tes impressions, tes idées, tes sensations, tes rêves. Promets-moi, Ekaterina, que tu ne perdras pas ton talent à cause de nous.

C'est ainsi que me parlait votre père.
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Les générations qui ont grandi dans la Bulgarie communiste étaient manipulées dès l'enfance pour faire l'éloge du « Parti ». Ce qui faisait l'objet de la censure la plus stricte, c'était la mémoire du passé. La loi fondamentale de tout régime totalitaire est : « Qui maîtrise le passé maîtrise aussi l'avenir. Qui maîtrise le présent maîtrise aussi le passé. » La mémoire manipulée a marqué de son empreinte notre présent. Ce qui sera tragique, c’est si elle marque de son empreinte l’avenir également. Alors, l'avenir est condamné à être aussi glacial que ce jour de février.

La génération de ma grand-mère, qui avait la mémoire de la vérité, a depuis longtemps quitté ce monde. Notre génération se trouve à la frontière sur laquelle nous pouvons transmettre la mémoire de la vérité à ceux qui vivront après nous. Pour qu'ils ne vivent pas dans le monde humiliant du mensonge.
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Le bureau était le refuge de votre père, là, il se sentait en paix, il y écrivait ses conférences et ses discours, méditait, tenait son journal intime. Une fois par an, il sortait les livres et les débarrassait de leur poussière avant de les remettre avec précaution en place. Il accomplissait ce rituel avec concentration, sans se presser, sans se lasser, ouvrant parfois un livre qu'il lisait un long moment. Il savait où se trouvait chaque titre, il les avait rangés selon sa propre logique. Il s'était forgé de ses mains un escabeau pliant en bois qui lui permettait d'atteindre l'étagère le plus haute. Comme il était fier de cet escabeau, votre cher papa.
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Ensuite, ils t'ont laissé seul dans le bureau. Tu es resté ainsi toute la nuit, les mains attachées dans le dos, accrochées au tabouret. Mais ce n était pas un tabouret ordinaire. Ses pieds de devant étaient plus courts de dix centimètres que ceux de derrière, de manière à ce qu’au bout de quelques heures la tension dans les genoux et la position inconfortable du corps, les mains attachées en arrière, commencent à faire naître des douleurs indescriptibles, Nikola. Et lorsque tu te levais, le poids du tabouret pesait sur tes poignets. C'était un nouveau moyen de torture digne du Moyen Âge élaboré localement pour maintenir les victimes en éveil, Nikola, continuellement en éveil. Cela sî est répété sept nuits d'affilée. Tous les soirs, on te faisait venir dans le bureau du juge d'instruction et on t'attachait au tabouret. Pendant la journée, on te ramenait dans la cellule où, de toute façon, il était impossible de dormir parce qu'ils faisaient en sorte que les couloirs soient toujours bruyants. Le huitième jour, tu as écrit ta deposition.
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Un jour, Mina a apporté chez nous un tableau qu'il avait acheté à un marchand ambulant : sur les marches devant une maison, un garçon au short usé et à la chemise élimée est endormi, près de lui, un chien errant au pelage râpé baisse la gueule, on dirait qu'il le lèche ou qu'il veille sur lui, tandis que le garçon sourit dans son sommeil. C'est émouvant, lui ai-je dit, de voir cet enfant endormi sur le paillasson.

Oui, mais c’est autre chose qui est émouvant, a rétorqué votre père, ce qui est émouvant, c'est qu'il n’est pas seul ! Car il se trouvera toujours quelqu'un, Ekaterina, pour prodiguer des caresses à l'enfant abandonné, même si ce n’est qu'un cabot errant qu'on chasse à coups de pied, car on n’est jamais complètement abandonné, Ekaterina, même dans les moments les plus durs, on n’est jamais complètement seul.
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Je reste debout, immobile, les yeux fixés sur l'obscurité sourde, comme si je subissais ma propre exécution. Je prête serment devant Dieu et devant toi : je tiendrai le coup. J'éduquerai nos enfants dans la dignité et la vérité. Ils seront fiers de toi, ils entretiendront ta mémoire. C'est seulement ainsi que ta mort ne demeurera pas vaine.
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Le communisme tue les couleurs du monde, tout ce qu'il a d'attrayant, son parfum, sa beauté. La marque la plus funeste et la plus puante du communisme, aux yeux de votre père, était le manque d'esprit, et cette absence d'esprit, précisément, ainsi que la laideur qui va de pair, vont pénétrer partout, être partout. L'architecture, les monuments, les portraits, les jardinets, la littérature, le style des meubles, les objets du quotidien, tout sera dépourvu d'esprit, tout sera envahi d'une laideur pénétrante, noyée dans une seule et même couleur : une couleur tuée, de papier d'emballage, idéologique. Comme du sel dessalé, ou une foi sans joie, ou du sucre sans goût sucré, ou un amour non partagé, disait votre père aux gens.
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Ce qui me stupéfie le plus chez les gens, c’est leur sens de la stabilité, comme si c’était une qualité particulière, l’autosatisfaction fomentée par les habitudes, les goûts, les réactions. Le temps aussi, pour moi, n’est pas linéaire, mais fait de trous, de ravaudages, de cratères. Un peu comme le temps au moment des bombardements. On entend d’abord la bombe s’approcher, siffler, de plus en plus fort, à tout moment la bombe va tomber et exploser, mais tu ne sais pas exactement – et ce n’est qu’une dizaine de secondes – ni si elle va tomber sur toi ou à côté. Ensuite, on entend l’explosion et tu comprends que tu es encore intact, cette fois encore, tu n’as pas été touché. Une dizaine de secondes qui te séparent de la mort. Ensuite, tu replonges dans la vie et le temps recouvre sa durée habituelle. Voilà, c’est ce que je voulais dire en parlant de trou, ravaudage, cratère.
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