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Critiques de Théophile Gautier (514)
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Charles Baudelaire

Théophile Gautier est un des plus fidèles combattants du romantisme. Pas un des généraux théoriciens comme Lamartine ou Hugo, mais dans l'infanterie, sur le terrain. Il a combattu, presque physiquement, pour la bataille d'Hernani. Et il reste un romantique même lorsque le courant est devenu anachronique, passé de mode pourrait-on dire. Surtout, il est fidèle à ses amitiés, et reconnaît humblement le génie des autres.

Baudelaire n'est encore reconnu en 1868 que d'un petit nombre de lecteurs, la poésie n'est pas ce qui est le plus lu en France, et Gautier explique que celle de Baudelaire est exigeante, qu'il faut des références littéraires pour la comprendre. De plus, le procès des Fleurs du mal lui a fait une mauvaise publicité dirait-on en terme moderne, dans la mesure où une réputation sulfureuse est attachée à sa personne et à ses œuvres - Gautier va jusqu'à dire que Baudelaire est comparé à un diable, et que, lui, Gautier, en lisant et en relisant Baudelaire, n'est pas mort empoisonné de lire des passages indécents.

Gautier veut donc rendre hommage à Baudelaire et à son œuvre, la faire connaître davantage alors que celui-ci est décédé - un peu comme le fera Verlaine avec son recueil sur les poètes maudits. Son texte est donc plusieurs choses à la fois. D'abord, une biographie du poète. Il le décrit comme un visionnaire, comme un élégant, il parle de sa vie et ses aventures intimes - de façon très discrète, de sa maladie qui est le contraint à la paralysie et l'empêche de parler. Mais toujours en le mettant dans son contexte, au milieu des autres écrivains. Gautier décrit donc une vie de bohème, des petits appartements pauvres mais décorés de bibelots extravagants reflétant le dandysme, son goût pour les parfums, son amour des chats. Il évoque le club des Hachichins, tout en précisant que Baudelaire n'avait pas besoin de drogue pour créer.

Et il place Baudelaire au-milieu des écrivains de son temps - tout en le plaçant à part : il cite Aloysius Bertrand, encore moins lu à cette époque, Bazac, Stendhal, Poe, la grande source d'inspiration et le modèle de Baudelaire, Hugo...

Il y a peu d'allusion à Hugo dans le texte de Gautier sur Baudelaire. Mais Gautier est un de ses fidèles, depuis le début - j'emploie le mot à dessein dans un sens presque religieux. Ce texte date de 1868 : le romantisme n'est plus le courant dominant, Hugo est hors de France depuis plus de quinze ans, ses œuvres ne sont officiellement pas autorisées, mais Gautier pense toujours à lui et il lui rend hommage. Oh, l'allusion est certes discrète, mais elle est évocatrice, avec une périphrase puissante : le "saint Jean poétique qui rêve dans la Patmos de Guernesey" - l'auteur de l'Apocalypse, exilé sur une île, personnage auquel Hugo lui-même s'identifie dans les Châtiments.

Ce texte est donc aussi une critique littéraire, une étude de la versification et de l'écriture de Baudelaire. Gautier décrypte la langue de Baudelaire, ses formes poétiques, pour expliquer ce qui en fait la force et la beauté ; il va jusqu'aux détails techniques de mêtrique des vers. J'ai ainsi apprécié son analyse des "sonnets libertins" : un sonnet qui ne respecte pas les règles classiques n'est ainsi pas un véritable sonnet. Il parle de certains poèmes en particulier des Fleurs du mal pour démontrer leurs qualités. Mais il fait aussi l'éloge de la modernité de Baudelaire avec son utilisation géniale et révolutionnaire de la prose.

C'est ensuite un éloge d'Edgar Poe, qui permet de faire l'éloge de Baudelaire, lui qui l'introduit en France et le traduit. Gautier rapproche les deux écrivains et les compare. Il le compare aussi aux peintres, Delacroix notamment.

Gautier écrit donc à la fois une critique et une analyse littéraires, une description des milieux artistiques romantiques, la biographie d'un génie avec des touches biographiques puisqu'il parle de lui en même temps, un hommage à tous les artistes talentueux du XIX ème siècle... Et, surtout, c'est l’œuvre d'un ami qui évoque ses amis, l’œuvre d'un artiste lui-même mais qui ne se juge pas digne d'être placé au même rang que les autres, qui ne s'estime pas assez, et ceci est très émouvant.



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Charles Baudelaire

Ce court livre est une notice de Théophile Gautier qui après quelques avatars sera la préface des Oeuvres complètes de Baudelaire publiée à partir de 1868. Elle débute par le souvenir de la rencontre, en 1849 à l’hôtel Pimodan, alors que Baudelaire était encore inconnu du grand public mais que « déjà son nom commençait à se répandre parmi les poètes et les artistes avec un frémissement d’attente ». Un portrait de Baudelaire, son habit, son aspect, son regard, « tel il nous apparut à cette première rencontre, dont le souvenir nous est aussi présent que si elle avait eu lieu hier, et nous pourrions, de mémoire, en dessiner le tableau ». Et c’est ce que fait Théophile Gautier, il évoque ceux et celles qui étaient présents ce soir-là, le maître des lieux, les muses, les artistes. « Elles sont passées, ces heures charmantes de loisir », nostalgie des groupes dispersés par « les nécessités de la vie ».

Puis Baudelaire vient apporter quelques jours plus tard à Théophile Gautier un livre de vers, et c’est le début de l’amitié entre les deux poètes que dix ans séparent : Baudelaire voulut toujours garder l’attitude d’un disciple, sans jamais se départir de sa déférence, de son exquise politesse. Car Gautier souhaite contrer la réputation d’ « âme satanique éprise du mal et de la dépravation », lui qui a toujours eu la corruption en horreur. Il n’a de cesse d’insister sur l’individualité de Baudelaire, sa pensée compliquée, intense, subtile, bien loin du maniérisme qu’on a pu lui prêter, un homme convaincu que la perversité originelle était toujours présente, mais qui haïssait le mal, qui avait un « dégoût hautain pour les turpitudes de l’esprit et les laideurs ». Quand il aborde la critique de l’oeuvre, et surtout les Fleurs du Mal, Gautier écrit de superbes pages sur le goût de ce qu’il appelle l’artificiel, les odeurs et parfums, l’élégance bizarre, les couleurs, l’Orient, les chats, le rythme des vers. Il rend par sa propre poésie la poésie de son ami, son esthétique, sa philosophie, son travail. Mais « Baudelaire parlait beaucoup de ses idées, très peu de ses sentiments et jamais de ses actions » et jamais Gautier ne fut assez intime pour savoir si l’amour idéal tant évoqué était le souvenir d’une femme réelle passionnément et religieusement aimée. Il en conclut donc que le plus sûr est d’y voir une « postulation de l’âme ».

Cette notice est un hommage, une critique admirative, une volonté de rendre la personnalité réelle de Baudelaire loin de sa mauvaise réputation de l’époque, alors que les Fleurs du Mal avaient été condamnées pour « outrage à la morale publique » en 1857. C’est aussi pour nous une évocation très vivante et pleine de respect par un ami proche, pour lequel Baudelaire a toujours gardé quelques uns de ses mystères
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Charles Baudelaire

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« On peut dire de lui que c’était un dandy égaré dans la bohème, mais y gardant son rang et ses manières et ce culte de soi-même qui caractérise l’homme imbu des principes de Brummell. »



Une amitié…

À la fin des années 1849, les deux poètes Charles Baudelaire et Théophile Gautier se rencontre pour la première fois lors d’une fête à l’hôtel Pimodon. Baudelaire, admiratif, veut conserver l’attitude d’un disciple. Il lui dédicace son recueil des Fleurs du Mal paru en1857 :

« Au poète impeccable

Au parfait magicien ès lettres françaises

A mon très-cher et très-vénéré

Maître et ami

Théophile Gautier

Avec les sentiments

De la plus profonde humilité

Je dédie

Ces fleurs maladives »

Par ailleurs, il publie un long article consacré à Gautier, dans L’Artiste du 13 mars 1859 repris sous le titre « Théophile Gautier par Charles Baudelaire ».



Le 20 février 1868, après la mort de Baudelaire, Gautier écrit à son tour un article nécrologique pour le Moniteur Universel intitulé « Charles Baudelaire ».

Un texte magnifique sur son ami : « Au fond de la poésie la plus sombre souvent s’ouvre une fenêtre par où l’on voit, au lieu des cheminées noires et des toits fumeux, la mer bleue de l’Inde, ou quelque rivage d’or que parcourt légèrement une svelte figure de Malabaraise demi-nue, portant une amphore sur la tête. »

Cette Malabaraise décrite par Gautier est Jeanne Duval, mulâtresse aux charmes vénéneux, source de plaisir et de souffrance, l’image de la sensualité féminine dont le corps éveillera les sens de Baudelaire : « Le serpent qui danse » ; « Sed non satiata », et le mènera au spleen dans « Le démon » ou lorsqu’elle prendra les traits d’un être maléfique « Le vampire ».



Avec d’autres membres de l’élite intellectuelle de Paris, Gautier et Baudelaire faisait partie du Club des Haschischins consommateurs de drogues, dont le Haschich et le cannabis. Selon Gautier : « il est difficile de croire que l’auteur des « Fleurs du mal », malgré ses penchants sataniques, ait rendu de fréquentes visites aux paradis artificiels. »



Sur Baudelaire et l’art :

« On pense bien que Baudelaire était pour l’autonomie absolue de l’art et qu’il n’admettait pas que la poésie eût d’autre but qu’elle-même et d’autre mission à remplir que d’exciter dans l’âme du lecteur la sensation du beau, dans le sens absolu du terme… Ces principes peuvent étonner quand on lit certaines pièces de Baudelaire où l’horreur semble cherchée comme à plaisir ; mais qu’on ne s’y trompe pas, cette horreur est toujours transfigurée par le caractère et l’effet, par un rayon à la Rembrandt, ou un trait de grandesse à la Velasquez qui trahit la race sous la difformité sordide. »



La plume de Gautier fait briller toutes les facettes de la poésie de Baudelaire dont les vers et le style l’enchantent : « Baudelaire y mêle des fils de soie et d’or à des fils de chanvre rudes et forts, comme en ces étoffes d’Orient à la fois splendides et grossières où les plus délicats ornements courent avec de charmants caprices sur un poil de chameau bourru ou sur une toile âpre au toucher comme la voile d’une barque ». Il est admiratif du superbe poème « Les petites vieilles » qui étonna Victor Hugo lui-même : « Le poète, se promenant dans les rues de Paris, voit passer des petites vieilles à l’allure humble et triste, et il les suit comme on ferait de jolies femmes ».



Une conclusion de Gautier sur son ami : « Baudelaire a pour nous cet avantage ; il peut être mauvais, mais il n’est jamais commun. Ses fautes sont originales comme ses qualités, et, là même où il déplaît, il l’a voulu ainsi d’après une esthétique particulière et un raisonnement longtemps débattu ». La fin de Baudelaire, encore jeune à 46 ans, est décrite par Théophile Gautier comme une épitaphe :

« À quoi bon insister sur les détails de cette triste fin ? Il n’est pas de bonne manière de mourir, mais il est douloureux, pour les survivants, de voir s’en aller si tôt une intelligence remarquable qui pouvait longtemps encore porter des fruits, et de perdre sur le chemin de plus en plus désert de la vie un compagnon de sa jeunesse. »



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Charles Baudelaire

Th. Gautier nous propose un véritable voyage dans le siècle baudelairien, il nous présente les œuvres du poète – bien évidemment – mais également ses influences – Edgar Allan Poe – ses amours si discrètes, l ‘époque du Club des Hashischins auquel il appartenait aussi, où je découvre un Baudelaire moins enclin que je ne l’imaginais à la consommation de drogues douces. C’est en ami que Th. Gautier nous fais revivre les dernières semaines de Baudelaire, paralysé, ramené de Bruxelles à Paris par sa famille, ne pouvant plus écrire, l’esprit et l’intelligence toujours en alerte et prêts à créer.



J'ai passé un très beau moment en lisant les lignes de Théophile Gautier. Il a ravivé encore une fois mon envie de relire Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Les petits poèmes en prose, mais aussi ses traduction d’Edgar Poe.
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Cléopâtre

Selon moi une des plus belles oeuvres mettant en scène la mythique reine d'Egypte, servie par le talent magistral de Théophile Gautier. A lire absolument !
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Constantinople

Journal de voyage publié en livraison par épisodes dans une revue vers 1860, cette pièce rare vaut d'être admirée in situ pour la richesse de sa gravure. Inutile donc de chercher l'authenticité, ni des correspondances ou des oppositions avec l'Istanbul contemporain : Orhan Pamuk est là pour ces visées. Goûtons au contraire le caractère très français d'une visite impromptue, archaïque et pourtant d'une modernité d'allure qui n'aurait rien à envier à des "usages du monde" plus récents. Quant à la langue, son apparat comme l'humour dont elle accompagne subtilement ces errances justifieraient s'il était besoin la réputation du XIXème siècle comme celui d'une apogée des lettres françaises. Théophile Gautier, trop longtemps victime de préjugés scolaires type Lagarde et Michard, est le dédicataire des Fleurs du Mal, poèmes phares de la modernité. On comprend aisément pourquoi.
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Contes de vampires

Un petit recueil de nouvelles qui ravira les amoureux des histoires de vampires. Trois nouvelles courtes, mais intenses, qui plongent le lecteur dans des ambiances sombres, stressantes et inquiétantes.



La première se déroule au XIXème siècle, Aubrey, un jeune homme de bonne famille, décide d'aller à la découverte du monde. Jeune et non expérimenté, il va suivre un homme intrigant et envoûtant qu'il a rencontré lors d'une soirée mondaine, Lord Ruthven. À deux, ils vont aller de pays en pays. Toutefois, Aubrey va doucement se rendre compte que son compagnon de voyage a des mœurs bien étranges.

La seconde raconte l'histoire incroyable d'un... prêtre qui va se laisser séduire par la belle Clarimonde, la façon dont celle-ci va l'entraîner dans un monde de débauche, dans une double vie incroyable, mais aussi dangereuse. Quelle est la vraie nature de Clarimonde ?

Dans la dernière nouvelle, c'est une jeune famille que l'on suit. Hantés par un être qui en veut à leur nouveau-né, ils sont complètement démunis face à cette menace qui aspire la vie de leur enfant. Comment vont-ils sauver leur bébé ?



Dans chaque cas, le mythe du vampire est abordé. Ces nouvelles l'évoquent à leur façon, mais dans chacune on reconnait les codes, les traces, les indices de la présence d'un de ces prédateurs. Parfois humain, cadavre ou fantôme, ils sont tous assurément une menace et cherchent à détruire des vies.



En conclusion, les écritures sont belles, les auteurs savent distiller une ambiance sombre et envoûtante. Les histoires sont prenantes et intéressantes. À découvrir pour les amoureux du genre.
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Contes et récits fantastiques

Le fantastique chez Théophile Gautier se mêle à l'amour et à l'art. Un tableau devient vivant, la Pompéi antique renaît de ses cendres, des âmes amoureuses s'échangent leurs corps, un oeil porte malheur. Ces récits, richement ornés de descriptions chatoyantes, nous emmènent loin dans le temps - une nuit chez Cléopâtre ou chez Nyssia, l'épouse inviolable et sublime du roi Candaule - et dans le mystère : Clarimonde la morte revit-elle chaque nuit ailleurs que dans l'esprit d'un pauvre prêtre esseulé? Le pied de la momie acheté chez un antiquaire appartient-il vraiment à cette reine de jadis? Paul d'Aspremont a-t-il vraiment le mauvais oeil? Le lecteur se laisse troubler et séduire, tant l'écriture romantique cherche à donner à voir les limites incertaines entre la passion folle et la vie artistique.
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Contes et récits fantastiques

Le livre "contes et recits fantastiques" est un recueuil de plusieurs histoires de l'auteur Gautier; ces histoires dont "Onuphrius", un écrivain qui devient fou en croyant voir Satan , "La morte amoureuse" qui raconte l'histoire d'un jeune moine qui tombe sous le charme d'une goule, une vampire; "Le club des hashishins" , qui est un groupement voué particulièrement à l'étude et à l'experience des drogues (principalement le hashish).

Et "Arria Marcella" où trois jeunes visitent les ruines de Pompei, l'un d'eux , Octavien aperçoit la silhouette d'une jeune femme, le soir, il va s'y balader seul et se rend compte que ce n'est pas une ville morte mais une ville jeune qui n'a pas connu les cendres et la lave du Vésuve.

Ces quatres récits sont des récits fantastiques et portent souvent sur les thèmes de la folie psychologique et des femmes mysterieuses.



Ces contes sont de bonnes idées à développées comme Gautier l'a fait,en revanche le style d'écriture et le vocabulaire utilisé ne sont pas ceux que je préfère donc je n'ai pas forcément appréciée la lecture de ce livre choisit par défaut mais je le conseillerai quand meme à quelqu'un d'autre car il y a tout un tas de questions qu'on à l'impression que l'auteur se pose en écrivant mais que l'on se pose aussi après la lecture ; des questions comme "l'irréel est il plus réel que le réel lui meme?"
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Contes et récits fantastiques

Théophile Gautier est un écrivain a l'écriture complexe et propre au XIXéme siècle avec son imagination débordante, il écrit des récits surnaturels, angoissants et mystérieux. Ces écrits nous transportent dans un monde irrationnel et étrange, dans lequel on sort totalement de l'ordinaire. Sa fascination pour ce monde inconnu est très bien décrite et mise en scène, on a l'impression qu'il nous raconte son vécu comme quand il dit :"L'existence du diable est prouvée par les autorités les plus respectables, tout comme celle de dieu".

Donc je vous conseille de lire si vous aimez les histoires qui sortent du réel et qui vous transportent littéralement ailleurs.
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Contes et récits fantastiques

Théophile Gautier est certes le chantre bien connu de l'art pour l'art des Emaux et camées (que je n'ai pas lus) ; mais il se saisit dans ses Contes et Récits fantastiques du roman fantastique gothique à la mode d'Hoffman, Mary Shelley et Bram Stoker. On est très loin du thriller angoissant moderne. Gautier nous plonge par touches délicates et poétiques dans des contes et récits puisant leur inspiration dans le rêve, l'exotisme et l'hallucination, ainsi que dans une connaissance érudite des temps anciens et des mythes.

A ce titre, malgré les prémisses parnassiennes bien présentes dans d'assez longues descriptions, on se meut encore en plein romantisme, mais pas seulement. Gautier s'échappe des classifications (gothique, romantique, parnassien...) par la richesse de sa langue et de la personnalité qu'il exprime : Ainsi, l'ambiance créée par Gautier évoque irrésistiblement les peintures symbolistes, les parfums lourds de l'orient, et les masques grimaçants dans la brume des canaux vénitiens. Mais à d'autres moments, ses personnages nous raccrochent à l'intrigue de manière plus moderne.

Personnellement, j'ai donc bien aimé, certainement autant pour la qualité de la langue et la beauté du phrasé (qui est aussi précis, et donc très lisible) que pour les récits eux-mêmes. Au delà de l'influence historique de Hugo et Balzac, j'ai pu apprécier l'esthétisme ironique de Gautier, qui renvoie à des cousins plus anglo-saxons, tels qu'E A Poe ou Oscar WIlde., en France plutôt à Gaspard de la Nuit ou aux ballades de François Villon.
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Contes et récits fantastiques

Je ne connaissais que de nom l'auteur Théophile Gautier et c'est donc avec ce recueil «Contes et récits fantastiques» que je découvre sa plume, en compagnie de mon binôme jeeves_wilt. Et bien, il faut avouer que cette lecture fut un peu laborieuse...



Comment dire... Gautier m'a paru un auteur qui ait besoin d'étaler ses connaissances et sa culture pour avoir le sentiment de bien écrire. On est bien d'accord, c'est un ressenti tout à fait personnel.

Chaque petite histoire est prétexte à de longues, très looooooongues descriptions chargées de vocabulaire soutenu (enfin pour moi en tout cas), de références littéraires, historiques et artistiques. A la base, c'est plutôt ce que j'apprécie, mais là, ça a été par moment l'overdose. Je n'arrivais plus à avancer, interrompue par mes recherches sur internet ou le dico, si bien que j'ai dû prendre le parti de laisser couler pour ne plus perdre le fil, ce qui est bien dommage vous en conviendrez.



L'autre élément qui m'a fréquemment agacée chez l'auteur, c'est sa vision de la perfection féminine qui ne peut être représentée que par une peinture ou une sculpture. Autrement dit, la perfection réduite à la plastique ce qui limite un peu la personne, n'est-ce pas ? Ce comparatif perpétuel à une oeuvre d'art me fut très pesant...



C'est vraiment dommage car l'auteur avait par ailleurs choisi des thèmes qui me paraissaient intéressants car offraient la possibilité de se projeter dans une autre époque avec cette vision romantique et/ou gothique du XIXème.

En effet, certaines nouvelles évoquent l'Antiquité (La chaîne d'or, le roi Candaule) dont la cité Pompéi (Arria Marcella, Jettatura), ou encore l'Egypte (Une nuit de Cléopâtre, le pied de momie).

Quelques nouvelles me furent agréables, je pense en particulier à Avatar et La toison d'or, où les femmes, merci, ne furent pas définies uniquement par leur belle plastique.



Bilan des courses : Ce recueil de Gautier m'a paru dans l'ensemble plutôt indigeste et je pense que mon aventure littéraire s'arrêtera là avec cet auteur. Avis semble-t-il partagé par mon compagnon de lecture, vu ce qu'il est ressorti de nos échanges.

Cela ne l'a pas fait, tant pis !
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Contes et récits fantastiques

Les contes et récits fantastiques de Gautier sont une série de textes plus ou moins brefs, qui, comme le titre l'indique, fourmille d'éléments surnaturels très variés : des tableaux qui prennent vie, des vampires... au-delà de cela, nous avons aussi une apologie de l'art tout au long du recueil, car, il ne faut pas l'oublier, Theophile Gautier était un esthète. Je me rends compte de la richesse de cette oeuvre en la décortiquant page par page, mot par mot. Plus que des nouvelles fantastiques, Gautier nous offre ici une ode à l'art, à la culture mais aussi à la période Antique.

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L'écriture est divine, captivante, sensuelle et picturale. Chaque conte est totalement différent du précédent, mais unique et envoûtant. Il fait partie de mes lectures de référence, et, même au-delà du mémoire, j'y pense au quotidien. Cet auteur est un génie, tout simplement. Vraiment, je vous conseille cette lecture.

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Voilà-voilà, je pourrais en parler pendant des heures, et pour autant ne pas avoir l'impression de lui rendre hommage...
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Contes et récits fantastiques

Lu à 15ans pendant un été, ce livre m'avait profondément frappé : la qualité de l'écriture (ce qui passe pour érudit aujourd'hui ne l'était probablement pas pour les lecteurs contemporains de Gautier, qui avaient fréquenté Virgile et Ovide au collège), la plongée dans des univers mythiques, l'atmosphère onirique m'avaient alors emporté. Chaque conte était un monde en lui-même, doux et dérangeant à la fois, et je m'y enfonçais avec des délices sans cesse renouvelées.

Puis quelque part entre 25 et 30ans, en rentrant d'un diner en ville où je l'avais chaudement recommandé (pour me faire bien voir de ces beaux yeux bruns ?), je le repris - il était resté dans ma bibliothèque, à la rangée des inamovibles. Dans le désordre et l'envie de retrouver tel conte - celui de l'hétaïre, puis tel autre - Jettatura, le mauvais oeil, puis encore celui-là, qui se déroule à Pompéi...

J'y retrouvais ce que j'avais aimé : cette langue soutenue, cette imagination débordante, cette proximité des sens. Et j'y trouvais même de l'humour, de la légèreté, de l'élégance qui m'avaient échappés.

Il est donc retourné à la rangée des inamovibles - d'où mon fils le sortit après avoir découvert "La cafetière" en cours de français (grâce soit rendue à son professeur).





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Contes et récits fantastiques

Jeune adolescente, j’ai fait mes premières incursions dans la littérature fantastique sous le patronage de deux types d’auteurs : les maîtres contemporains de l’horreur (Stephen King, Dean Koontz, Graham Masterton) et les classiques du XIXe siècle (Guy de Maupassant, Prosper Mérimée, Théophile Gautier). Alors, quand Alphonsine a lancé son Challenge XIXe, j’ai tout de suite pensé à ces derniers. Récemment, suite à une désagréable lecture de SF (Les Perséides de Wilson, qui m’a autant déprimée que déçue), et au vu de l’ambiance anxiogène ambiante, je suis retournée vers mes premières amours en terme de littérature fantastique, vers une valeur sûre, à savoir : les Contes et récits fantastiques de Théophile Gautier.



La plume de Théophile Gautier, à l’instar de nombreux auteurs de cette époque, n’est pas avare en descriptions. Mais qu’à cela ne tienne ! Les portraits de personnages – en particulier féminins – sont brossés avec moultes comparaisons et métaphores, les lieux dépeints avec une grande minutie. Pour nous, lecteurs du XXIe siècle, ces descriptions si précises sont une vraie manne ! D’autant que l’auteur se permet de temps à autre de briser le quatrième mur en s’adressant directement au lecteur ou en laissant transparaître, ici ou là, une pointe d’humour voire un trait d’ironie. Bref, malgré les descriptions et les entrées en matière qui peuvent parfois courir sur plusieurs pages, on ne s’ennuie pas !



Théophile Gautier aime également nous abreuver abondamment de références culturelles. Que ce soit en mythologie gréco-romaine, en peinture, en sculpture, en théâtre ou littérature, les noms propres abondent au fil des récits. Mon édition comporte des notes détaillées, en fin d’ouvrage, ainsi qu’une préface touffue, ce qui permet de débroussailler un peu toutes ces références. Pour ma part, cela ne me pose pas de problème : j’y vois là un instantané de la culture d’un homme de lettres de cette époque et une occasion comme une autre de découvrir des oeuvres que je ne connaissais pas.



Le point commun des nouvelles figurant dans ce recueil sont, sans aucun doute, les femmes et les folies qu’elles provoquent. Chacune des principales protagonistes se voient dépeintes comme ayant une beauté telle qu’elle en est surnaturelle. Chacune, même les plus humaines, semblent appartenir à une autre espèce tant leur beauté est parfaite. Certaines sont fatales, d’autres innocentes, toutes font tourner la tête des protagonistes masculins, les menant parfois à leur perte. J’ai trouvé que les descriptions riches en métaphores, profuses en détails pour souligner la beauté de ces femmes et l’intensité du désir qu’elles suscitaient chez ces messieurs, témoignaient d’une belle emphase que l’on ne s’attend pas forcément à trouver dans des écrits du XIXe siècle, époque connue pour sa retenue et son silence en ce qui concerne les relations amoureuses.



Passons à présent à un petit retour, nouvelle par nouvelle :



La Cafetière est probablement l’un des deux textes que je connais le mieux. Je pense même que j’ai du l’étudier en cours. Où l’on découvre l’aventure nocturne d’un jeune homme, qui voit objets et habitants des tableaux s’animer. Un texte très court, à la chute brutale pour le protagoniste !



Omphale reste bref également. Nous restons dans un thème similaire à celui de La Cafetière, avec un jeune héros qui s’amourache d’une figure féminine surnaturelle. Le ton est léger, coquin même (parler d’érotisme serait exagéré mais on se doute très facilement de la raison de la fatigue de notre héros, si sollicité la nuit ! ^^). La chute est à la fois cocasse et douce-amère.



La Morte amoureuse est l’autre texte que je connais le mieux du recueil. C’est probablement, également, l’un des plus célèbres de Théophile Gautier. Il figure dans nombres d’anthologies consacrées à la figure du vampire, et pour cause, c’est là la nature de la Morte amoureuse du titre ! Pourtant, point de frissons ou de scènes sanglantes à profusion, La Morte amoureuse est avant tout le récit de la déchéance d’un tout jeune prêtre, envoûté par la courtisane Clarimonde.



La Chaîne d’or ou l’Amant partagé est le premier texte du recueil à ne pas comporter d’élément fantastique. Sis en Grèce antique, l’intrigue nous entraîne à la suite de Plangon, une hétaïre, et son amant, Ctésias, qu’elle chasse après avoir appris qu’elle n’est pas la première qu’il ait aimée. La chute, surprenante pour l’époque, tirera un sourire au lecteur contemporain.



Une nuit de Cléopâtre ne comporte pas non plus d’élément surnaturel. Le texte offre une débauche de descriptions des richesses de Cléopâtre, telle qu’elle semble surréaliste. Cléopâtre, aussi belle que cruelle, qui, découvrant qu’un simple homme du peuple s’est amouraché d’elle, va lui offrir une unique nuit en échange de sa vie. Un singulier portrait de l’ennui, la vanité et la cruauté qui peut habiter celles et ceux qui possèdent tant de trésors qu’ils en perdent leur humanité.



La Toison d’or nous replace dans le contexte historique du XIXe siècle. Tiburce, amoureux des belles toiles, se rend dans les Flandres à la recherche des beautés blondes magnifiées par Rubens. Sa quête sera bien plus difficile qu’il n’y pensait au premier abord ! Véritable cri d’amour pour la peinture, mais aussi pour ses modèles, La Toison d’or est un texte plus sympathique que le précédent, notamment par sa chute, où, pour une fois, le salut vient de la femme aimée plutôt que le coup fatal.



Le Pied de momie est un autre texte bien sympathique. Nous retrouvons la fascination de l’auteur pour l’Égypte antique à travers ce pied momifié, acheté pour servir de presse-papiers. Suit l’aventure nocturne de l’acheteur, qui voit débarquer la propriétaire de ce pied ! Rien de terrifiant dans l’histoire – nous restons dans le ton des autres nouvelles de Gautier, avec de l’amour irraisonné, instantané, une pointe d’humour, et une chute qui laisse le héros pantois !



Le Roi Candaule se place dans un tout autre registre. Plus longue et sise à nouveau en Grèce antique, cette nouvelle place cette fois son personnage principal féminin dans le rôle de la femme fatale. Dotée d’une beauté éblouissante, comme toutes les protagonistes féminines des autres nouvelles, Nyssia a été élevée dans un pays où il est d’usage de masquer ses traits. Seul le mari peut jouir de la vue de sa femme. Or, elle est si belle que le roi, son époux, ne résiste pas à dissimuler son capitaine dans la chambre pour qu’une autre personne sache à quel point sa femme est belle et ainsi pouvoir s’en vanter (on s’en doute, cette décision sera tout sauf bonne…). Gautier y réinterprète également l’histoire de Gygès, que pour ma part je connaissais surtout pour l’épisode de l’anneau qui rend invisible, trouvé dans un cheval d’airin – anneau qui ne joue aucun rôle dans l’histoire et est seulement mentionné.



Arria Marcella nous emmène cette fois à Pompéi, à nouveau au XIXe siècle. Où un jeune homme s’éprend de la forme immortalisée d’un sein de femme, gangue creuse de cendres. Si on frôlait le fétichisme avec Le pied de momie, cette fois, nous sommes en plein dedans ! À l’instar d’autres textes de Gautier, notre héros vivra une aventure nocturne qui le bouleversera à tout jamais et sa séductrice, vue comme une femme fatale.



Avatar est l’un des deux plus longs textes du recueil. Son entrée en matière est un peu longue mais on finit par se laisser prendre à cette histoire. Octave est épris d’une femme inaccessible, parfaite, mariée à un époux lui aussi parfait et, de surcroît, le couple est si amoureux qu’Octave ne peut espérer séduire l’objet de ses pensées. Cet amour sans retour le tue à petit feu. Il rencontre un docteur mystérieux, qui a longuement séjourné en Inde et en est revenu porteurs de secrets mystiques. Ce docteur lui propose une solution à son problème : transférer son âme dans le corps du mari ! Difficile de ne pas frissonner face à cette nouvelle sur le thème du vol de l’identité.



Jettatura clôt le recueil avec une nouvelle très longue et bien sombre. Le héros de cette histoire est en effet porteur du mauvais oeil et les conséquences de cette affliction seront terribles.



Relire ces textes a été un régal, entre frissons et délectations, selon les chutes plus ou moins heureuses des différentes nouvelles. La plume de Théophile Gautier, si elle est parfois trop généreuse en descriptions et références pas forcément connues, reste délicieuse. La nostalgie joue sans doute également dans le plaisir de ma relecture mais au vu des ambiances et des différentes trouvailles dans ces amours surnaturelles, il n’est pas surprenant que ces Contes et récits fantastiques aient trouvé leur place aux côtés des autres textes classiques du genre et de l’époque.
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Contes et récits fantastiques

Entre rêves douloureux et cauchemars amoureux, je me souviens de ces contes et récits fantastiques comme étant de réels assassins, à la fois tendres et cruels, du cœur et de l'esprit.

Univers rocambolesques d'êtres perdus, d'âmes en peine et d'anges déchus, j'ai tout particulièrement apprécié la Morte Amoureuse laquelle a réussi à s'extirper de son propre conte pour arpenter le fruit de mon imagination durant de longues nuits...

Des textes sublimes, une écriture fine et délicate, lire ces contes c'est se risquer à des voyages tristes et impétueux qui ne font qu'une bouchée de notre imagination.
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Contes et récits fantastiques

Ce recueil de nouvelles fantastiques faisaient partie des lectures imposées au collège. Je n'ai jamais tellement aimé les nouvelles et encore moins les textes qu'on m'imposait, et je ne lisais pas de littérature fantastique à l'époque (il y a une vingtaine d'années). Malgré tout cela, j'ai bien aimé ces nouvelles de Théophile Gautier (et tout particulièrement "La morte amoureuse" et "Omphale") qui parlent de désir et de peur, voir même d'épouvante...
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Contes et récits fantastiques

C'est un livre comportant 4 petites histoires sur le genre du Fantastique en traversant plusieurs domaines de celui-ci. J'ai apprécié ce livre même si je m'attendais à de la Fantasy mais pour le genre du Fantastique c'est un très bon livre. Il réussit à se rendre intéressant en nous donnant des points du monde réel auxquels nous accrocher. Il explore les domaines de la malédiction par Satan, d'une passion amoureuse avec un vampire ou de visions obscures entre des personnes mondaines. Ce livre est vraiment une œuvre d'art dans sa catégorie.



Thibaut, 15 ans.
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Contes et récits fantastiques

Mélange de baroque et de romantisme, Gautier offre à ses lecteurs un imaginaires merveilleux pour ses histoires fantastiques. A cela s'ajoute un peu d'exotisme et d'Egypte ancienne. Des femmes, des pieds, des tapisseries...tout un monde!
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Contes et récits fantastiques

Bof ! Déçu, encore un de ses auteurs porté aux nues mais on ne sait pas pourquoi ! Après avoir lu Poe ce recueil est insipide, trop long, pas assez horrifiant, un peu culturel, voir trop même. De quoi bloquer un ado envers la lecture, si si, attention c'est vite fait un blocage à cet âge !

Tandis qu'un bon Céline ça vous le motive...

Et en plus il aura des sujets de conversation, faut pas hésiter entre la culture et la rigolade, l'un ne sert qu'à épater les amis l'autre est essentiel à la vie !

N'est-ce pas Nadou 38 (elle est prof, d'où la question !) ?

On l'a lu ensemble le livre mais pas ensemble, chacun chez soi, et j'en profite pour réitérer mes plus plates excuses pour cette proposition de lecture commune plutôt écoeurante, comme la nourriture des fast food, juste pour frimer !





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