Citations de Thierry Moral (80)
Pour me changer les idées, je m’accordais parfois des poèmes, des chansons, des essais ou des films répondant aux mots « séparation », « deuil » ou « manque d’un être aimé ». Les liens thématiques m’ont guidé vers la Seconde Guerre mondiale : la solution finale, l’occupation, la résistance, la collaboration… Deux mots ont retenu mon attention : dénonciation et délation.
Je tue
Tu reluis
Il décide
Elle s’oppose
Nous nous taisons
Vous vous soumettez
Ils en profitent
[…] dans cette ombre de vie qui ne rime plus avec envie.
Coryphée des bocaux agités
Nous sommes du peuple, les voix
Suivant des saigneurs, les voies
Menant aux libertés qui s'ignorent
Qui pourtant valent de l'or
Claquemurés dans l'immobilité
Nous scrutons l'immensité
À travers nos usuelles cloisons
En quête de nouvel horizon
Chacun s'agite dans son bocal
Tel un cornichon dans le vinaigre
Tâchant de ne pas devenir trop aigre
Au risque de dissoudre le lien social
Ensemble et séparément
Nous guettons le moment
De la divine allocution
Qui scellera notre condition
Bien entendu, nous nous indignons
Dénonçant l'indécente posture
L'arrogante et prétentieuse stature
Tout en s'imaginant dans sa position
Plus nous sommes confinés
Moins nous sommes aérés
Plus nous sommes agités
Moins nous sommes apaisés
L'air, l'espace, les gens nous manquent
Alors nous nous voyons à l'écran
De fumée, derrière lequel se planquent
D’insidieux et pervers courants
Nous savons tout cela
Et pourtant nous jouons le jeu
Sachant qu'il est dangereux
Car sinon, nous faisons quoi ?
Nous recommençons à nous lamenter
Avançant, doucement vers le grand mur
Qui se rapproche toujours à coup sûr
Sans envisager que l'on pourrait arrêter
Cet impromptu arrêt du chœur
Pourrait rimer avec raison
Mais elle est tenace, la peur
Elle se nourrit de déraison
Dans un ciel noir
Vole un oiseau noir
Fichu poteau électrique
Corbeau n’a pas de sonar
Ni de pouvoir magique
Pour se diriger dans le noir
Corbeau s’électrocute
En se posant sur le câble
Décidément on le persécute
Sa vie devient insupportable
Dans un ciel noir
Vole un oiseau noir
- Bon, ça suffit maintenant ! Toi, la punkette à clous, je te prie de bien vouloir rappeler ton clébard à l'ordre. Elvis est du genre mâle non dominant, mais si ton abruti de clebs continue à lui tourner autour, ça va mal finir. Oui, c'est moi qui te cause. La vieille bourgeoise au labrador fraîchement peigné. Et ne me regarde pas avec les yeux écarquillés, cela va faire sauter ta quincaillerie. Tu te crois en dehors des sentiers battus ? Certes, mais tout ce que je peux te dire, c'est que de mon simple point de vue - et j'imagine celui d'un drone, s'il y en avait un dans le ciel - votre filature à l'enfilade vaguement furtive est bassement ridicule.
Comédien dépressif n'est pas une annexe au statut d'intermittent du spectacle, et pourtant...
Tout grand périple qui soit
Se divise toujours en trois
Étapes jalonnant l’aventure
La dernière est la plus dure
Ou la plus simple au contraire
Aucune règle n’interfère
Le cycle naturel est ainsi
On dira que c’est la vie
Ailleurs ou autre part
Trouver ce que l’on cherche
Autre part ou ailleurs
Chercher ce que l’on trouve
La route défile
Les arbres paraissent plus verts
Le chant lyrique s'impose joyeusement
Appuyant la poésie de l'instant
Le processus suit son cours
La dernière parcelle de route s'annonce
Séparant définitivement l'Espace Temps
Entre l'avant et l'après
Les habitudes sont des rituels aliénants.
Son savoir fluide, progressiste et absurde pourrait être transmis sans plus aucune entrave. La République Indépendante et Autonome de Montaubout aurait enfin un socle intellectuel digne de ce nom. Tout est à faire ici : archéologie, ethnologie, transcription de la tradition orale de la mythologie montauboutaise (elle n'existe pas, il faudra bien l'inventer), écriture de l'histoire officielle du pays, études démographiques… Le champ est vaste. La place est libre. L'envie est présente. Chaque année, le Professeur Tout-de-Biais promet d'y réfléchir : « Je ne suis pas le seul à décider… » Lorsque l'insistance se fait trop pressante, ou bien son malaise devient un tout petit peu trop palpable dans son expression non verbale, il lève les deux bras vers le ciel, s'esclaffe de son rire franc reconnaissable et s'éloigne en chantonnant « Un jour viendra… »
(pp. 77-78)
J'ai longtemps été raisonnable et je ne peux raisonnablement plus l'être
Alors s'il est un choix à faire
N'est-ce pas celui d'être ou ne pas être
Poète de sa propre existence?
Message du futur à l'attention de toi, mon ancêtre-tout ce qui est écrit peut être arrivé, ou pas le temps est une boucle qui ne fait que se répéter- parfois ce cercle temporel en rencontre un autre, créant ainsi une spirale infinie de huit renversés enchaînés les uns aux autres à défaut de plate éternité- c'est l'occasion pour moi de te parler-tu as un rôle à jouer, le tien- sois toi même, connecte-toi avec ton être profond- ce qui doit advenir arrivera- nulle fatalité....
Errer sur les trottoirs, toujours et encore...
Qu'elle se débrouille! Après tout, que peut-il lui arriver dans cette grotte? Elle déteste y aller, rechigne chaque année alors que c'est si intéressant...Fourmensac n'a jamais tué personne.
Etant donné que rien n'est fait dans les règles dans cette république, et que tout le monde se fiche de ce minuscule lopin de terre habité par une tripotée d'illuminés, il y règne une joyeuse anarchie participative, fondamentalement positive.
J'ai longtemps été raisonnable et je ne peux raisonnablement plus l'être
Je suis qui je suis,en mouvement,en mutation. Je suis unique.
Mon rôle était d'éviter que les conflits éclatent en tâchant de contrôler les sujets jugés statistiquement à risque. Sauf que le logiciel oubliait un petit détail : nous le sommes tous ou alors personne.