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Citations de Thierry Noël (23)


Le " sicariato ", art et méthode du " sicario " [= sicaire], date de la fin des années 1960 ; somme toute, Escobar en a lui-même été un lorsqu'il officiait sur sa moto avec le cousin Gustavo. Néanmoins, c'est au début des années 1980 que le " sicariato " acquiert ses lettres de noblesse. Les nouveaux faubourgs des grandes villes colombiennes, en particulier Medellín, offrent un réservoir inépuisable de petites frappes et délinquants qui, pour des sommes modiques et sans poser de questions, sont prêts à assassiner qui on leur désigne. Le phénomène prend une telle ampleur qu'il est en passe de devenir une véritable plaie pour la société colombienne, les rues des grandes agglomérations étant sillonnées de petites bandes ou d'individus qui terrorisent la population et tiennent en échec les autorités. On évoque l'existence d'écoles de " sicarios " qui s'entraînent au tir et au maniement de la moto sous la conduite de tueurs à gages de la vieille génération. Des hommes comme Elkin C., formateur du jeune Escobar, auraient été à l'origine de ces centres de formation installés dans les périphéries urbaines. Le Patron connaît bien cet univers.

LA FLAMBÉE DES GUÉRILLAS : Relations troubles avec le colonel Noriega.
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« Écoutez, mon lieutenant : si vous voulez saisir mes 32 camions, vous allez d'abord avoir besoin de 32 policiers qui sachent conduire un poids-lourd, de 32 assistants pour les chauffeurs et de 64 porteurs de charge pour la marchandise. Mais, surtout, il vous faudra un millier de soldats parce qu'il va falloir me tuer sur place. En clair, soit vous prenez l'argent, soit vous mettez votre vie en jeu. »

Comment on devient un bandit : Dans les bas-fonds de Medellín.
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En dehors du cadre industriel, la production de cocaïne artisanale est relativement complexe, ce qui en explique la rareté autant que le prix élevé. Les procédés diffèrent et évoluent avec le temps, de même que les quantités de feuilles ou de produits chimiques utilisés pour en produire. Il est tout de même possible d'en souligner les grandes étapes, tout en gardant à l'esprit que cette description est émise à titre indicatif. Il faut d'abord une certaine quantité de feuilles, environ 250 kg, sachant que l'on peut réaliser de trois à quatre récoltes par an. Il est important que les feuilles soient fraîches, celles-ci perdant de leur potentiel avec le temps. Elles sont séchées le temps d'une journée et réduites en petits morceaux. On y ajoute alors du carbonate de sodium et le mélange est versé dans des tonneaux contenant de l'essence, où il macère pendant près d'une journée ; pour accélérer la macération, il est cependant courant de faire piétiner le mélange, comme on le ferait du raisin, par une petite main-d'œuvre qualifiée de " pisa-cocas ". La masse ainsi formée est séparée de l'essence, pressée pour en extraire le liquide et jetée. On ajoute alors au liquide récupéré de l'acide, en général de l'acide sulfurique, qui permet de séparer la base de cocaïne du reste. On verse alors de la soude caustique qui précipite la cocaïne, laquelle est filtrée à travers un tissu. La masse qui en résulte, environ un kilogramme de sulfate de cocaïne, est séchée, formant ce qu'on appelle communément la pâte-base de cocaïne,première étape consommable de la drogue, quoique hautement nocive du fait des restes de produits chimiques qu'elle contient. C'est en général à ce stade que s'arrêtent les petits producteurs locaux qui vendent la pâte à des trafiquants. Ces derniers, en utilisant plusieurs solvants tels que l'éther, font subir divers processus de cristallisation à la pâte, pour obtenir une pâte dite lavée, puis environs 800 grammes de chlorhydrate de cocaïne, qui est la cocaïne normalement consommée.

Introduction.
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Je suis un homme heureux. Je suis tout ce que j'ai toujours voulu être : un bandit.
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L'article d'un journal libanais donne au scandale une nouvelle ampleur. On y découvre un aspect jusque-là tenu secret de l'Entreprise conduite par North : vers 1983, faisant face à une vague d'enlèvements de citoyens américains au Liban alors en pleine guerre, les États-Unis avaient sollicités les services de la République islamique d'Iran, alors même que celle-ci faisait office d'ennemi juré de l'administration Reagan, au même titre que l'U.R.S.S. ou la Libye du colonel Kadhafi. Un accord avait été trouvé sur la base de la vent secrète de missiles à l'Iran, alors en pleine guerre contre l'Irak de Saddam Hussein, pourtant soutenu officiellement par les États-Unis. Dans un premier temps, Israël, autre ennemi juré des Iraniens, a joué les intermédiaires pour des livraisons qui ont commencé en août 1985. C'est tout un réseau de marchands d'armes douteux qui a assuré les opérations sur le terrain, appuyé par un réseau non moins suspect de généraux américains en retraite et d'agents de la CIA. L'échec d'une opération en novembre 1985 a conduit à la prise en main directe de la logistique par les États-Unis. Des otages ont bien été libérés en échange, mais remplacés par d'autre entretemps. Le lien entre les deux affaires est simple : une partie des bénéfices engrangés par la vente de missiles, assez réduite d'ailleurs, devait être attribuée aux Contras. Le Contragate devient l'Irangate, à côté duquel le volet propre aux Contras semble négligeable.

L'EMPIRE ET SES OMBRES : Contragate.
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Face à l’inaction des autorités et au silence imposé par les narcos aux médias locaux, la population s’organise, notamment avec un système d’alerte électronique qui prévient à tout instant les habitants des zones à éviter en cas d’affrontements. Les narcos y contribuent d’ailleurs eux-mêmes en envoyant régulièrement des annonces officielles détaillant les zones dans lesquelles ils vont organiser des opérations, les marquages que porteront leurs véhicules, le tout en enjoignant la population à prendre ses dispositions et accompagné des excuses d’usage pour les désagréments créés…
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Là, il a tissé des liens étroits avec le milieu trafiquant de Medellin, allant même jusqu’à épouser une Colombienne, gage suprême d’engagement pour une pègre locale toujours sensible à ce genre d’investissement et soucieuse de pouvoir exercer des représailles sur des proches en cas de problèmes…
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Tous les jours [en juin 1990], on ramasse des dizaines de cadavres, fruits de la guerre entre polices et sicarios, des conflits récurrents au sein de la mafia locale ou de la délinquance ordinaire, qui connaît un essor notable.
Certains endroits peu fréquentés, qui offrent la possibilité de se débarrasser des corps tranquillement, sont privilégiés. C'est le cas de la Cola del Zorro, de la route en direction de Las Palmas ou encore d'un lieu connu comme La Curva del Diablo, le Virage du Diable, où les riverains, excédés, installent même un panneau : "Interdit de jeter des cadavres".
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A la dissolution de la DFS [police secrète mexicaine] en 1985, un nombre important d’agents qui travaillaient au contact des narcos ont franchi le pas et sont devenus narcotrafiquants eux-mêmes.
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Ainsi, plus de vingt ans après la mort de Pablo Escobar, et malgré la disparition des grands cartels historiques, le trafic de drogues et en particulier de cocaïne est plus dynamique que jamais : il se développe, se transforme, sans qu'il paraisse possible d'y mettre fin. De nouveaux territoires sont investis et l'activité se déplace au gré des circonstances et des opportunités.
L'offre se maintient, s'adapte aux changements de mode et aux conditions propres à chaque marché, tandis que la demande ne faiblit pas : la cocaïne se découvre de nouveaux adeptes en Europe, en Afrique ou en Asie, alors que, sur les marchés plus anciens, des drogues synthétiques ou autres prennent le relais, fournies par les mêmes réseaux trafiquants qui se diversifient en permanence.
Leur pouvoir corrupteur est immense et cet argent plus que jamais infiltré dans les rouages de l'économie et de la finance mondiales : la lutte contre le blanchiment peut être considérée comme un échec complet, malgré la mise en place de législations et de contrôles toujours plus drastiques.
On peut même affirmer que le narcotrafic est l'une des activités qui semblent le mieux s'adapter à la mondialisation de ces dernières décennies, mettant à profit les inégalités sociales ou les disparités spatiales pour se développer à l'échelle planétaire.
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Mais leur colère ne passe pas : il faut dire que depuis que la cocaïne a envahi le Mexique, les deux hommes ont pris l’habitude de fumer à toute heure du jour et de la nuit du basuco, mélange de tabac et de pâte-base de cocaïne aux effets très nocifs pour le cerveau, car il fait ressortir l’acide sulfurique, l’éther, l’essence au plomb et autres produits chimiques qui contribuent à l’élaboration de cette drogue. Le tout avec des effets dévastateurs sur le comportement, incluant une suragressivité chronique.
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Comme Kundt en a l'habitude, il transmet aux officiers un ordre détaillant minutieusement le plan de bataille :

"L'attaque sur Nanawa aura lieu le 4 juillet. Les montres seront synchronisées. L'équipement d'assaut : le tapis de sol, la couverture et la moustiquaire en bandoulière, de l'épaule gauche à la hanche droite. Dans les gourdes, du thé ou du maté. Une ration de corned beef et de la coca..."
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L'autre guerre du Mexicain [un autre narcotrafiquant proche d'Escobar] est liée à ses origines de guaquero, de chercheur d'émeraudes : la Colombie, c'est encore le cas aujourd'hui, en est le premier producteur mondial et l’exploitation de la pierre verte constitue un pilier de la rente nationale. Pourtant, l'essentiel de l'activité échappe à tout contrôle et alimente un marché noir au dimensions internationales.
Bien que partiellement nationalisé depuis la fin des années 1960, le secteur est en réalité aux mains d'une poignée de petites familles d'extraction populaire qui en monopolisent les bénéfices, exploitant des milliers de petits ouvriers soumis à un régime de terreur et à des conditions de travail inhumaines. Régulièrement, des "guerres vertes" éclatent, au cours desquelles des familles entières disparaissent quand d'autres s'imposent.
Le milieu des gemmologues, comme on les appelle, constitue un véritable État dans l’État, invisible mais extrêmement puissant (bien plus que celui des narcos) et bénéficiant de la protection et de la complicité de nombreux bienfaiteurs au sein du gouvernement. C'est pourquoi les rares tentatives gouvernementales pour mettre fin à cette emprise ont toutes débouché sur des échecs cuisants.
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[Escobar parle de ses "vacances" au Panama en 1984, le temps que les choses se tassent en Colombie : ]

A l'époque, le jogging était à la mode. Tous les matins, on se regroupait pour partir et se formait alors toute une file de Mercédès Benz, avec toute une nuée de gardes du corps. Il y avait plus de gardes du corps que de mafieux, mais tous étaient habillés en tenues de couleurs criardes et tape-à-l'oeil et même avec des combinaisons en lycra du dernier cri. Le Mexicain, par exemple, portait une combinaison très moulante verte, avec les manches blanches et les jambes rouges, comme le drapeau du Mexique.
Il y avait les femmes ou les compagnes, montées sur des tricycles de plage, portant des thermos de thé glacé ou des jus de fruits, et aussi, pour les plus dévergondés, quelques dames d'El Sombrero, une boîte de strip-tease fameuse au Panama, avec leurs perruques rouges ou argentées et vêtues de la même tenue que leurs mecs respectifs.
Les mafieux commençaient à trotter avec les accompagnatrices devant et les sicarios [tueurs à gages] derrière et, à la suite, toute une putain de caravane de Mercédès avançant au ralenti sur l'avenue de bord de mer, avec avertisseurs clignotants et armes exposées à la vue de tous. Sans déconner...
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La réunion de Cuernavaca est à mettre en lien avec l’évasion controversée d’El Chapo au début de l’année. Le gouvernement aurait laissé le parrain s’enfuir afin qu’il puisse reprendre en main le milieu narcotrafiquant et y ramener l’ordre, permettant indirectement d’exercer un certain contrôle sur celui-ci.
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Enfin, les deux compères ont un goût immodéré pour la fête et les abus, alcool, drogues et filles. Au Mexique, et en particulier dans le Sinaloa, c’est plutôt bien vu. Mais avec ce duo, tout est poussé à l’extrême, à toute heure du jour ou de la nuit, et les abus transforment ces deux charmeurs en brutes incontrôlables. Ils en viennent même parfois à se battre entre eux et à se menacer de mort, avant, toujours, de se rabibocher. Il n’est d’ailleurs pas rare que ces retrouvailles soient scellées par l’assassinat gratuit de quelqu’un choisi plus ou moins au hasard, à seule fin de se défouler.
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Au bilan, il en ressort en tout cas des relations compliquées et souvent conflictuelles entre l'encadrement et les troupes, parfaitement bien résumées par le commentaire de cet officier bolivien :

"Les Indiens seraient des lâches ? Certes, ils n'ont peut-être pas conscience de ce qu'est la Patrie. Mais ils savent combattre avec férocité contre ceux qu'ils pressentent être leurs adversaires, à savoir les officiers qui les commandent."
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Au milieu des années 1980, les organisations narcotrafiquantes sont devenues des multinationales. D'un bout à l'autre de la chaîne, l'activité influe sur les contextes politiques, économiques et sociaux des pays où elle est implantée.
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"le principe de management de base est simple et Pablo Escobar l'a résumé en une formule qui reste encore aujourd'hui la plus connue du Patron : "Plata o Plomo ?" ("l'argent ou le plomb ?"), archétype de la proposition mafieuse "qu'on ne peut pas refuser" et qui conduit la majorité de ces interlocuteurs, que l'on gardera bien de juger, à choisir la première option."
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Mais c’est aussi un centre de détention où des victimes d’enlèvements, dont des enfants, sont torturées et massacrées avant d’être dissoutes dans des baignoires pleines d’acide.
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