Citations de Thomas Mullen (108)
La décision de supprimer la ségrégation dans les établissements scolaires avait initialement abasourdi les Blancs.../... Maintenant, le Sud blanc se mobilisait avec fébrilité. Les nouveaux Conseils de citoyens blancs organisaient des rassemblements, rédigeaient des lettres et mettaient un point d'honneur à châtier financièrement les Noirs qui disaient ou faisaient quelque chose pour favoriser l'accès aux droits civiques. ( p 173 )
- Seigneur, dire que je vais rendre service à un groupe de Kluxers.
- On préfère " Klansmen", se rebiffe Dale.
- Moi, je préfère "une bande d'abrutis".
Les gens qui sont fiers de leur ascension sociale sont souvent les premiers à regarder de haut ceux qui cherchent à les imiter.
Les gens se défoncent pour oublier leur existence de merde. Faut bien s'en sortir, alors ils fument des pétards. C'est mieux que d'agresser son prochain, non ?
Les agences immobilières, les banques disent la même chose, enchaîne son époux. Le jour où les nègres emménagent, la valeur de votre bien chute le lendemain.
Les entreprises, les chantiers, les usines embauchaient à tour de bras, mais les propriétaires refusaient de louer aux Noirs, et la mairie ne disposait pas de logements sociaux pour eux. Alors ils s'entassaient à deux, trois, voire quatre familles dans le même appartement. Partout des fils à linge, partout des enfants traînant dans la rue, partout des poubelles renversées par des voitures, fouillées par les rats, les chiens errants, et les ratons laveurs.
Autrefois, les flics blancs frappaient ou embarquaient tout Noir qui s'aventurait dans la rue le soir, sauf s'il était en possession d'une preuve de travail de nuit fournie par un employeur. La tradition n'a pas dû beaucoup changer. ( p 171 )
D'une manière ou d'une autre, les Blancs s'arrangent pour pratiquer la ségrégation, même si elle n'est pas explicitement inscrite dans les textes de lois. ( p 319 )
En entrant dans la police, Boggs s’imaginait porte-drapeau de sa communauté ; aujourd’hui, il se voit plutôt en porteur de cercueil. Il tente de persévérer coûte que coûte et de faire ce qu’il croit être son devoir de chrétien, malgré ses doutes persistants.
Malgré la présence inquiétante du policier, malgré l’étau qui lui broie la poitrine, il ouvre le sachet et sort du papier sulfurisé un gros pilon et un beau morceau de blanc. Seigneur, ça sent bon. Il déchire la viande à belles dents, il s’en veut de s’être jeté dessus comme un animal, la graisse coule sur son menton, il l’essuie d’un revers de manche. Il se rend compte avec effroi que l’estime de soi est un luxe. (Jeremiah)
« Qu’est-ce qui t’est le plus insupportable ? Être détesté par les flics blancs qui te reprochent de te présumer aussi bon qu’eux, ou par les gens de couleur qui t’en veulent de jouer au Blanc ? » (Marshall à Lucius)
Pourquoi Jeremiah, qui aime Dieu, doit-il être mis à l’épreuve de la sorte ? Et si Jeremiah aime vraiment Dieu, pourquoi l’imagine-t-il cruel, manipulateur et blessant ? S’agit-il d’amour, ou de bien pire ?
Dale ne garde aucun souvenir de la plupart de ses journées – en les additionnant, ça finit simplement par faire des années. Des jours échappés de sa mémoire, non parce qu’il les a oubliés, l’alcool aidant, mais parce qu’ils sont dénués de sens.
Je protège les Événements.
C’est la façon la plus concise d’expliquer ce que je fais, et c’est ainsi que mes supérieurs au Ministère me l’ont présenté la première fois. Je n’en savais auparavant pas davantage que n’importe qui d’autre sur lesdits Événements, mais je suis devenu un expert en la matière. Je sais pourquoi les gens se déchirent, pourquoi ils se haïssent parfois, je connais leur plus grande crainte. C’est du moins ce qu’on m’a expliqué lors de mon Entraînement.
« L’histoire nous a appris que souvent les mensonges la servent mieux que la vérité. »
Arthur Koestler
Tant de choses avaient changé depuis la quarantaine. Au coin des rues, les gens étaient peu loquaces, sur le pas des portes, les conversations vites interrompues, de brefs signes de tête remplaçaient les poignées de main. Personne n'était malade, mais tout le monde se comportait comme si la pandémie les traquait et comme s'il était essentiel de se hâter afin de regagner la sécurité des maisons. ( p 247 )
-- Du whiskey, tu dis ?
-- Ouais . T'en bois une petite dose chaque matin. Ça te protège de la grippe. ( p 348 )
-- Pourquoi tu ne l'as pas épousée ? Tu n'aurais pas été incorporé.
-- Si, je l'aurais été. Cette loi, ils l'ont changée. Quiconque se marie après le début de la guerre est considéré comme célibataire au regard de la conscription. Il y en a eu trop, des gars qui se sont défilés comme ça lors du premier recrutement, alors Oncle Sam, il y a réfléchi à deux fois. Si je l'avais épousée, ça aurait seulement voulu dire que je lui donnais une chance de devenir veuve. ( p 253 )
La noirceur de la vie sera toujours plus intéressante que la blancheur de l'éternité.
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Quelques secondes s’écoulèrent.
– Il va falloir qu’on aille parler à Doc Banes, annonça Graham.
Tout à coup, sa voix était grave et calme, contrairement à celle des ordres qu’il avait criés antérieurement. Il aurait tout aussi bien pu parler des machines qui se trouvaient dans la scierie.
– Je… Je crois qu’il est mort, dit Philip dont la voix se brisa.
– Bien sûr qu’il est mort ! rétorqua Graham en se tournant vers son ami pour la première fois.
Devant son regard furieux, Philip recula d’un pas. Le plus âgé des deux reporta alors ses yeux sur le corps et garda le silence pendant un moment.
– Nous devons savoir combien de temps il nous faut rester loin de lui avant de l’enterrer, déclara-t-il. J’ignore si un cadavre reste contagieux, et si oui, combien de temps. Nous allons devoir demander à Doc Banes.
Lentement, Philip hocha la tête. En dépit du vent, le fusil ne donnait plus l’impression d’être froid entre ses mains humides.