On ne court pas seulement avec ses jambes. On court avec tout ce qu'on a.
Il faut mourir avant de pouvoir vivre.
Un beau matin de 1920, dans une chambre d'hôtel miteuse de Carson City, au Nevada. Doc s'était soudain rendu compte que s'il se laissait pousser la barbe, celle-ci serait grise. A quarante-trois ans, il n'était pas vieux, mais il prenait d e l'âge , même son entraînement quotidien, bien qu'il lui assurât une condition physique nettement supérieure à celle d'un homme de moitié plus jeune, ne pouvait arrêter le cours du temps.
L'athlète représente l'homme aux frontières de ses possibilités, dans un domaine que peu de gens entrevoient et que moins encore ont pénétrés. C'est parce que nous en avons conscience que nous nous identifions avec l'athlète, parce que nous sentons intuitivement qu'il fait partie des quelques privilégiés proches d'accéder à leur véritable potentiel, alors que la plupart d'entre nous passent leur vie inconscients de l'existence même d'un tel potentiel.
Dans les rencontres d'athlétisme, on est seul, parce que ça n'a vraiment rien d'un sport d'équipe. Ne vous méprenez pas, ce n'est pas que je ne sois pas content quand la bannière étoilé monte au mât. mais c'est seulement en courant pour vous-même que vous pouvez rendre le meilleur service à votre pays. Bon sang, qu'est-ce qu'un pays, de toute façon ? Rien d'autre qu'une collection de gens qui vivent dans la même région, et dont la plupart se soucient comme de leur première chemise que vous soyez en route pour les Jeux olympiques ou pour la lune.
Quand on écrira un jour l'histoire de la Trans-America, elle sera à mi-chemin entre l'Odyssée d'Homère et Huckleberry Finn.
Blake, Kovak, O’Carrol et près d’un millier d’autres, dont aucun n’avait la moindre chance de remporter un prix à New York : pourquoi continuaient-ils à courir ? Doc s’aperçût avec surprise que la question ne lui était jamais venue à l’esprit. Ils couraient parce que c’était un moment qu’aucun propriétaire, aucun politicien ne pourrait jamais leur enlever. Ils avaient fait la queue pour les allocations de chômage et vécu d’aumônes ou de salaires amputés pendant que des politiciens replets poursuivaient leur carrousel sous leurs yeux impuissants. Il ne leur avait pas fallu longtemps pour se rendre compte que d’autres allaient gagner la Trans-America, mais il ne leur avait pas fallu plus de temps pour prendre leur décision personnelle de continuer. Ils étaient venus traverser l’Amérique au pas de course, et rien au monde ne les en empêcherait. Inutile donc de demander pourquoi ces hommes continuaient à courir.
Avec ses tentes d’infirmerie regorgeant d’éclopés, Flanaganville ressemble beaucoup plus à un poste de secours de Gettysburg qu’à l’arrivée d’une course à pied. Il reste à voir si la Trans-America de M. Flanagan est une authentique compétition d’athlétisme ou simplement une de ces tristes et démentes petites excentricités sportives caractéristiques de notre temps. En attendant, le seul à en tirer profit est M. Flanagan, que l’abandon de deux cents et quelques concurrents a enrichi de quarante mille dollars
tres certainement le meilleur livre sur la course a pied, car en réalité le personnage principal du roman c'est cette activité physique et intellectuelle, tiré d'un fait réel la traversée des Etats-Unis au pas de course entre Los Angeles et New-York de 1928.
Tom McNab met en scène deux milles coureurs venus du monde entier se lancer dans l’inconnu, mais avec bien présent dans l'esprit de tous que le pays s'enfonce dans la crise économique doucement...( tiens ça vous rappelle rien, avec le retour en grace de sport depuis quelques années...)
on achève bien les chevaux, alors pourquoi pas les coureurs...?
livre magnifique, a lire de toute urgence...