Tom Noti

... Les humains ne sont pas sur Terre pour faire un concours de dignité ! Les peines de chacun ne sont pas quantifiables. Nos coeurs ne résonnent que de nos propres battements et on fait avec ce bruit sourd dans nos veines. On fait avec ...

Une sorte de partie d'échecs courtoise, mais aux pièces taillées dans l'esquive s'était instaurée entre elle deux. Et chaque silence comme une case blanche.

Je vais sans doute bousculer le destin de ma maladresse, rallumer des feux étouffés, provoquer la colère de quelques dieux. Qui sait ?

Un héros ? Mais c'est un terme de fiction ça ! Dans la vraie vie, il n'y a pas de héros, il n'y a que des gens qui font leur possible.

Les auteurs savent-ils combien l'on attend d'eux parfois, derrière la beauté d'un titre, et combien parfois aussi, ils nous laissent sur le bord de leur chemin ?

Les mensonges comme de faux-papiers permettent d'avancer, de rester en vie. Mais les semblants peuvent être des bijoux de pluie qui s'évaporent aux chemins à nouveau ensoleillés.

Je m’appelle Dara.
Ce matin, je suis arrivée ici, dans cette petite ville maussade, presque endormie. J’ai pris le train hier, puis l’autobus. Seule. Ma valise n’était pas trop remplie, à peine quelques vêtements. Elle pesait pourtant au bout de mon bras comme si j’avançais dans le monde chargé de ses malheurs. Et je ne suis pas bien costaude.
Je dois retrouver quelqu’un.

L'amour peut aussi émerger sans bruit des crépitements d'un brasier et s'envoler et grandir sans le tapage des mots prononcés.

- Le courage n'est pas le bon mot. Il s'agissait davantage d'un devoir, d'une mission. J'ai tenté de faire quelque chose pour des hommes, pour des femmes et des enfants, pas pour des Juifs ou des chrétiens ou toute autre religion. J'ai fait mon devoir pour aider des humains à échapper à l'inhumanité et la barbarie aveugle. C'est tout ce que j'ai fait.

Elle raconte qu'elle a quitté l'île parce qu'on l'avait surprise tenant la main d'un jeune homme. C'était l'été, c'était avant la guerre, c'était un temps où tenir une main équivalait à se dévêtir et faire l'amour en public.
Elle était naïve elle, la petite îlienne.

J'ai besoin de temps, de temps et de courage. Alors je profite encore de cette rafraîchissante solitude, là au fond de cette église, avec ces vitraux sombres de poussière, ces statues d'une mère qui chérit son enfant. Tout ce qui m'a détruite et m'a sauvée.
Je tente de calmer ma respiration devenue un peu anarchique, les souvenirs sournois tapent à l'huis de ma mémoire cadenassée.

Je m'appelle Dara.
Ce matin, je suis arrivée ici, dans cette petite ville maussade, presque endormie. J'ai pris le train hier puis l'autobus. Seule. Ma valise n'était pas trop remplie, à peine quelques vêtements. Elle pesait pourtant au bout de mon bras comme si j'avançais dans le monde chargée de ses malheurs. Et je ne suis pas bien costaude.
Je dois retrouver quelqu'un.
C'est pour cela que j'ai fait le voyage jusqu'ici.
Retrouver quelqu'un.

Les mots, c'est comme une encre indélébile, alors si l'on se trompe, si l'on choisit mal, on ne peut plus rien effacer.

L'émotion résurgente des souvenirs face au temps qui passe creuse davantage les rides aux yeux des sourires de nos mères.

Il ne fallait pas faiblir face au labeur alors elle ne faiblissait pas et ne se plaignait pas non plus. En revanche, elle avait aussi décidé de ne jamais capituler face aux injustices qu'elle contestait inlassablement avec virulence, avec rage. Mais sa terrible impuissance et ses éternelles désillusions face à I'immuable pouvoir des hommes de la famille lui vrillaient parfois le ventre.

Alors pour cette année qui démarrait si mal, il était préférable de ne plus penser à cette dispute, il fallait oublier. Un mouchoir dans chaque poche, le poing bâillonné dedans et chacun devrait se taire en aplanissant les bosses révélées. 

Elle a soutenu Gaetane par des gestes, des rires. Jamais de mots. Les mots, c'est comme une encre indélébile, alors si l'on se trompe, si l'on choisit mal, on ne peut plus rien effacer. Il fallait aller de l'avant, dire seulement des bêtises et passer une main sur les épaules pour protéger du froid des malheurs.

Je sens cette mort qui róde et je frémis.
Je sens les ämes qui tournoient au-dessus des maisons. Les cris qui s'echappent sont meles de rage et de malheur. Je voudrais ne plus rien entendre.
Je voudrais ne plus sentir.
Je voudrais étre un objet que l'on lance contre un mur et qui se brise.
Parce que je suis déjà brisé par mes doutes.
Parce que je suis déjà brisé par mes peurs.
Parce que je suis brisé par tout le reste : les hommes, les fleurs, les insectes qui grimpent sur moi lorsque je suis tapi dans cette haie.
Je sens la mort implacable qui s'avance
Comme une ombre au-dessus des maisons.
Et je ne peux rien faire pour la tenir à distance.
Je grogne pour qu'elle disparaisse
Mais c'est davantage un sanglot qui s'échappe.
Je n'ai la force de rien.
Pas encore.

Ce bébé va grandir. Ce chien va vieillir. Mais ils n'auront pas d'importance dans l'histoire. Ils seront des personnages secondaires de la tragédie. lls seront presque inutiles. Ils resteront des témoins de tout et surtout de tout ce que personne d'autre ne verra.
C'est une histoire d'humains et d'adultes, alors les chiens et les enfants n'ont rien à voir là-dedans. Il faudra les éloigner, les refouler. Ils ne devront pas encombrer.

Se chauffer au corps de sa portée réchauffe toujours davantage qu'une étendue glaciale de solitude.