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Citations de Tomas Tranströmer (238)


NOVEMBRE AUX REFLETS DE NOBLE FOURRURES

C'est parce que le ciel est gris
que la terre s'est mise à briller :
les prairies et leur verdure timide,
le sol labouré et noir comme du sang caillé.
(...)

(p.88)
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L'air s'adoucit à l'orée du bois. —
De grands sapins, détournés et obscurs,
dont le mufle s'est enfoui dans l'humus de la terre,
lapent l'ombre de la pluie.
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Il suffit de fermer les yeux pour entendre distinctement que les mouettes font tinter les cloches dominicales au dessus des paroisses infinies de l'océan.
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APRES UNE LONGUE SÉCHERESSE


L'été est gris en cet instant, soirée étrange.
Furtive la pluie glisse du ciel
et se pose en douceur,
comme s'il lui fallait contenir un dormeur.

Les gouttes d'eau fourmillent à la surface de la baie
et c'est la seule surface qu'il y ait —
le reste n'est que hauteur et profondeur,
monter et redescendre.

Les troncs de deux sapins
jaillissent pour se poursuivre en longs tambours creux.
Loin sont les villes et le soleil.
L'orage est dans les herbes hautes.

On peut téléphoner à l'île des mirages.
On peut entendre la voix de la grisaille.
Le minerai de fer est le miel de l'orage.
On peut vivre avec son code.

p.234
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REGARD PERÇANT SUR LE SOL


Le soleil blanc s’écoule dans le smog.
La lumière s’égoutte, elle descend à tâtons

jusqu’à mes yeux qui reposent sous terre
loin sous la ville et regardent vers le haut,

voient la ville d’en bas : les rues, les fondations —
rappellent les vues d’avion d’une ville en temps de guerre,

bien qu’à l’envers — une photo de taupe :
des carrés de silence aux teintes assourdies.

C’est là que les décisions se prennent. Le squelette des morts
qu’on ne distingue en rien de celui des vivants.

La lumière du soleil augmente de volume, se répand
dans les cabines des avions et dans les cosses des pois.

p.181
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LA PLACE SAUVAGE - IV

SÉMINAIRE DU RÊVE


…L'anéantissement... Comme lorsque méfiants
des hommes en uniforme interpellent un touriste —
ils ouvrent l'appareil, déroulent la pellicule
et laissent le soleil détruire les images:
les rêves sont ainsi assombris par le jour.
Anéantis ou tout juste invisibles?
Il existe des rêves hors-de-portée-de-l'oeil
qui jamais ne s'arrêtent. Une lumière pour d'autres yeux.
Une zone où les pensées reptiles apprennent à marcher.
Silhouettes et visages se disposent autrement.
Nous avançons dans une rue, parmi des gens,
en plein soleil.
Mais il y en a autant ou peut-être plus encore
que nous ne voyons pas,
à l'intérieur de ces bâtiments obscurs
qui se dressent de part et d'autre.
Parfois l'un d'entre eux vient à la fenêtre
pour jeter un regard sur nous, là en bas.

p. 261
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PARAPHES


Je dois passer
le seuil obscur.
Une salle.
Blanc, le document rayonne.
Bien des ombres s'y déplacent.
Tous veulent le signer.

Jusqu'à ce que la lumière m'eut rattrapé
et qu'elle eût replié le temps.

p.331
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AVRIL ET SILENCE


Le printemps est désert.
Un fossé de velours assombri
rampe à mes côtés
sans se mirer.

Les seules à briller
sont ces fleurs jaunes.

Mon ombre me porte
comme un violon
dans sa boîte noire.

Tout ce que je voudrais dire
reluit hors de portée
comme l’argenterie
chez l’usurier.

p.301
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Les pensées sont à l'arrêt
comme les carreaux de faïence
de la cour du palais
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UN ARTISTE DANS LE NORD

Moi, Edvar Grieg, je me déplaçais comme un homme libre parmi les hommes.
Je plaisantais assidûment, lisait les gazettes, voyageais et m’en allais.
Je dirigeais l’orchestre.
L’auditoire avec ses lampes vibrant au triomphe comme le ferry au moment d’accoster.

Je suis remonté jusqu’ici pour ferrailler avec le silence.
Mon ouvroir est étroit.
Le piano à queue y est aussi serré que l’hirondelle sous la tuile du toit.

Les belles falaises droites se taisent le plus souvent.
Nul passage
Sinon une trappe qui parfois est ouverte
et une curieuse lumière filtrant tout droit des troll.

Simplifier !

Et les coups de la montagne sont
Sont
Sont
Sont entrés dans notre chambre une nuit au printemps
grimés en coup de cœur.


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la tempête pose la bouche sur la maison
et souffle pour donner le ton.
Je dors nerveusement, me retourne, lis
les yeux fermés le texte de la tempête
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En février, la vie était à l’arrêt.
Les oiseaux volaient à contrecœur et l’âme
raclait les paysages comme un bateau
se frotte au ponton ou on l’a amarré.
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Je n'ai jamais vu le diamant de l'instant particulier tirer un trait inaltérable en travers de l'image du monde. Non, c'est l'usure, une constante usure qui a gommé ce sourire éclatant et étrange. Mais quelque-chose réapparaît, par frottement, cela se met à ressembler à un sourire, on ne sait pas encore à quoi cela pourra servir. C'est ouvert. C'est quelqu'un qui s'empare de mon bras à chaque fois que j'essaie d'écrire.

Pour Mats et Laila, p.217
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Parfois il existe un abîme entre le mardi et le mercredi, mais vingt-six ans peuvent défiler en un instant. Le temps n'est pas une distance en ligne droite, mais plutôt un labyrinthe, et quand on s'appuie au mur, au bon endroit, on peut entendre des pas précipités et des voix, on peut s'entendre passer, là, de l'autre côté.
Répondre aux lettres II, page 248
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ESPRESSO

Le café noir du service en terrasse
aux tables et aux chaises aussi gracieuses que des insectes.

Ces gouttes précieuses et captées
ont le même pouvoir qu'un Oui ou un Non.

On les sort du fond de bistrots obscurs
et elles fixent le soleil sans ciller.

Dans la lumière du jour, un point d'une noirceur bienfaitrice
qui se répand très vite dans un hôte blafard.

Il rappelle ces gouttes de noire clairvoyance
que l'esprit happe parfois et

qui nous donnent une bourrade salutaire : vas-y !
Une exhortation à ouvrir les yeux.
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TRACES

À deux heures du matin : clair de lune. Le train s’est arrêté
au milieu de la plaine. Au loin, les points de lumière d’une ville
qui scintillent froidement aux confins du regard.

C’est comme quand un homme va si loin dans le rêve
qu’il n’arrive à se souvenir qu’il y a demeuré
lorsqu’il retourne dans sa chambre.

Et comme quand quelqu’un va si loin dans la maladie
que l’essence des jours se mue en étincelles, essaim
insignifiant et froid aux confins du regard.

Le train est parfaitement immobile.
Deux heures : un clair de lune intense. Et de rares étoiles.
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Ouragan d’Island

Pas un tremblement de terre, mais des secousses célestes. Turner aurait pu les peindre, une fois amarré. Un gant solitaire vient de passer, en virevoltant, à des kilomètres de sa main. Je peux me frayer un chemin dans ce vent contraire , jusqu’à cette maison de l’autre côté du champ. J’ondoie dans l’ouragan. Je passe aux rayons X, le squelette remet sa lettre de démission. La panique augmente, alors que je louvoie, que je chavire, je chavire et je me noie sur la terre ferme ! Que cela pèse lourd, tout ce que soudain je dois porter, qu’il est pénible pour un papillon de remorquer une péniche ! Enfin arrivé. Un dernier corps-à-corps avec la porte. Et dedans maintenant. Dedans maintenant. Derrière la grande baie vitrée. Quelle curieuse et grandiose invention que le verre — de pouvoir être tout près, sans être concerné… Dehors, une horde de sprinters diaphanes s’élance, en grand format, sur la plaine volcanique. Mais je n’ondoie plus. Je suis assis derrière le verre, immobile, comme mon propre portrait.


La place sauvage.
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Circulaires (1989)

Une colère silencieuse griffonne sur le mur intérieur.
Arbres fruitiers en fleurs,
le coucou appelle.
C'est la narcose du printemps. Mais la colère silencieuse
peint ses slogans à l'envers dans le garage.
On voit tout et rien,
mais droit comme des périscopes
pris par un timide équipage clandestin.
C'est la guerre des minutes. Le soleil brûlant
est sur l'hôpital, le parking de la souffrance.
On vit les clous plantés dans la société !
Un jour, nous romprons avec tout.
Nous sentirons le vent de la mort sous nos ailes
et nous serons plus doux et plus sauvages qu'ici.*
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Vois comme je suis assis
telle une barque tirée à terre.
Je suis heureux ici.
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Ce feuilles brunes
sont aussi précieuses que les
manuscrits de la mer Morte.
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