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Citations de Tomas Tranströmer (238)


Las de tous ceux qui viennent avec des mots, des mots mais pas de langage,
je partis pour l'île recouverte de neige.
L’indomptable n'a pas de mots.
Ses pages blanches s'étalent dans tous les sens!
Je tombe sur les traces de pattes d'un cerf dans la neige.
Pas des mots mais un langage.
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DE LA MONTAGNE

Je suis sur la montagne et contemple la baie.
Les bateaux reposent à la surface de l’été.
« Nous sommes des somnambules. Des lunes à la dérive. »
Voilà ce que les voiles blanches me disent.

« Nous errons dans une maison assoupie.
Nous poussons doucement les portes.
Nous nous appuyons à la liberté. »
Voilà ce que les voiles blanches me disent.

J’ai vu un jour les volontés du monde s’en aller.
Elles suivaient le même cours – une seule flotte.
« Nous sommes dispersées maintenant. Compagnes de personne. »
Voilà ce que les voiles blanches me disent.
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Ostinato

Sous le point immobile de l'épave qui tournoie,
l'océan s'ébroue et gronde dans la lumière,
ronge aveuglément son frein d'herbes marines et souffle
de l'écume sur le littoral.

La terre se couvre d'une obscurité que les chauve-souris
mesurent. L'épave s'immobilise et se change en étoile.
L'océan avance en tonnant et souffle de l'écume sur le
littoral.
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LES PIERRES

Les pierres que nous avons jetées, je les entends
tomber, cristallines, à travers les années. Les actes
incohérents de l’instant volent dans
la vallée en glapissant d’une cime d’arbre
à une autre, s’apaisent
dans un air plus rare que celui du présent, glissent
telles des hirondelles du sommet d’une montagne
à l’autre, jusqu’à ce qu’elles
atteignent les derniers hauts plateaux
à la frontière de l’existence. Où nos
actions ne retombent
cristallines
sur d’autres fonds
que les nôtres.
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HAÏKUS

IV


Un couple de libellules
enchevêtrées
est passé dans un bruit d'aile.

p.324
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Tomas Tranströmer
SIESTE



La Pentecôte des rochers. Et les langues qui grésillent…
La ville est sans poids dans l’espace de midi.
Une mise au tombeau dans la clarté ardente. Un
tambour couvre
les coups de poing de l’éternité séquestrée.

L’aigle monte monte au-dessus des dormeurs.
Un sommeil où la roue du moulin se retourne comme
l’orage.
Le galop d’un cheval dont les yeux sont bandés.
Les coups de poing de l’éternité séquestrée.

Les dormeurs pendent comme des poids à l’horloge
des tyrans.
L’aigle dérive, mort, dans les flots du torrent éclatant
du soleil.
Et dans le temps résonnent – comme dans le cercueil
de Lazare –
les coups de poing de l’éternité séquestrée.
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Ils éteignent la lampe et son globe blanc rayonne
un instant avant de se dissoudre
comme un comprimé dans un verre d'obscurité. Puis il
monte.
Les murs de l'hôtel jaillissent dans le ciel de la nuit.

Les gestes de l'amour ont molli. Ils dorment
mais leurs pensées les plus intimes se rejoignent
comme deux couleurs se confondent
sur le papier mouillé d'une gouache d'écolier.

p.83
extrait de "Le couple"
("Ciel à moitié achevé", 1962)
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DANS UN JOURNAL DE VOYAGE
AFRICAIN
(1963)

Sur les toiles du peintre populaire congolais
s'agitent des silhouettes fines comme des insectes,
dépouillées de leur force humaine.

C'est le passage difficile entre deux façons d'être.
La route est encore longue pour qui est loin devant.

Le jeune homme surprit l'étranger égaré entre les cases.
Il ne savait pas s'il allait faire de lui un ami ou un objet
de chantage.
Son indécision le troublait. Ils se quittèrent confus.

Sinon, les Européens restent groupés autour de la
voiture, comme s'il s'agissait de leur Mère.
Les cigales sont aussi fortes que des rasoirs. Et la
voiture repart.
Bientôt la belle nuit viendra s'occuper du linge sale.
Dors.

Nous serviront peut-être ces poignées de main en
formation d'oiseaux migrateurs.


Nous servira peut-être de faire surgir la vérité des livres.
Il est nécessaire d'aller plus loin.

L'étudiant lit dans la nuit, il lit et lit pour la liberté
et devient, après son examen, une marche d'escalier
pour celui qui va suivre.
Un passage difficile.
La route est encore longue pour qui est loin devant.
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Ecoute bruisser la pluie.
Je murmure un secret pour
pénétrer son coeur.
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MADRIGAL

J'ai hérité d'une sombre forêt où je me rends rarement. Mais un jour, les morts et les vivants changeront de place. Alors, la forêt se mettra en marche. Nous ne sommes pas sans espoir. Les plus grands crimes restent inexpliqués, malgré l'action de toutes les polices. Il y a également, quelque part dans notre vie, un immense amour qui reste inexpliqué. J'ai hérité d'une sombre forêt, mais je vais aujourd'hui dans une autre forêt toute baignée de lumière. Tout ce qui vit, chante, remue, rampe et frétille! C'est le printemps et l'air est enivrant. Je suis diplômé de l'université de l'oubli et j'ai les mains aussi vides qu'une chemise sur une corde à linge.
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MOLOKAI

Nous sommes au bord de la falaise et, plus bas; les
toits de la léproserie luisent dans le vide.
Nous arriverons bien à descendre, mais nous n'aurons
jamais le temps de remonter les falaises avant la nuit.
Aussi nous revenons par la forêt, avançons parmi des
arbres aux longues aiguilles bleues.
Quel silence ici ! un silence comme si l'épervier allait venir.
C'est une forêt qui pardonne tout, mais pourtant n'oublie rien.
Damien, par amour, avait choisi la vie et l'oubli. On lui
donna les honneurs et la mort.
Mais nous voyons ces événements du mauvais côté : un tas de cailloux au lieu de la tête du sphinx.
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« L'arbre et le firmament »

« Un arbre marche sous la pluie,
passe à côté de nous dans la grisaille ruisselante.
Il a une mission. Il soutire la vie à la pluie
comme un merle à un verger.

Quand la pluie cesse, l'arbre s'arrête.
Il brille, paisible et droit dans la nuit scintillante
dans l'attente comme nous de l'instant
où les flocons de neige viendront éclore dans l'univers. »

(page 84)
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OURAGAN D’ISLANDE

Pas un tremblement de terre, mais des secousses célestes. Turner aurait pu les peindre, une fois amarré. Un gant solitaire venait de passer, en virevoltant, à des kilomètres de sa main. Je peux me frayer un chemin dans ce vent contraire, jusqu’à cette maison de l’autre côté du champ. J’ondoie dans l’ouragan. Je passe aux rayons X, le squelette remet sa lettre de démission. La panique augmente, alors que je louvoie, que je chavire, je chavire et je me noie sur la terre ferme ! Que cela pèse lourd, tout ce que soudain je dois porter, qu’il est pénible pour un papillon de remorquer une péniche ! Enfin arrivé. Un dernier corps-à-corps avec la porte. Et dedans maintenant. Dedans maintenant. Derrière la grande baie vitrée. Quelle curieuse et grandiose invention que le verre – de pouvoir être tout près, sans être concerné… Dehors, une horde de sprinters diaphanes s’élance, en grand format, sur la plaine volcanique. Mais je n’ondoie plus. Je suis assis derrière le verre, immobile, comme mon propre portrait.
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Il arrive au milieu de la vie que la mort vienne prendre nos mesures.
Cette visite s'oublie et la vie continue.
Mais le costume se coud à notre insu.
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SCHUBERTIANA (extrait)

Tant de choses auxquelles nous devons faire confiance pour parvenir à vivre notre vie quotidienne sans nous enfoncer en terre !

Faire confiance aux masses de neige qui s'agrippent à la montagne au-dessus du village.

Faire confiance aux promesses de silence et au sourire entendus, être persuadé que les télégrammes funestes ne nous concernent pas et que le soudain coup de hache intérieur ne nous frappera pas.

Faire confiance aux essieux qui nous portent sur l'autoroute, au milieu d'un essaim d'abeilles en acier trois cent fois agrandies.

Mais rien de tout cela ne mérite, à vrai dire, notre confiance.

Les cinq musiciens nous disent que nous pouvons faire confiance à tout autre chose.

À quoi donc ? À autre chose, et ils font un bout de chemin avec nous, vers là-bas.

Comme lorsque la lumière s'éteint dans l'escalier que la main suit - confiante - la rampe aveugle qui se dirige dans le noir.

("La barrière de vérité", 1978)
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VERMEER (extrait)

Passer les murs est une chose douloureuse, on en tombe
Malade mais c'est indispensable.
Le monde est un. Quant aux murs...
Et les murs sont une part de toi -
on le sait ou on l'ignore, mais c'est ainsi pour tout le monde ,
sauf les petits enfants. Pour eux, pas de murs.

Le ciel éclatant s'incline contre la muraille.
C'est comme une prière qu'on adresse au vide.
Et le vide tourne son visage vers nous
et murmure :
"Je ne suis pas vide, je suis ouvert."

("Pour les vivants et les morts, 1989")
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TARD EN MAI

Pommiers et cerisiers en fleur aident le village à planer dans
la douce, la sale nuit de mai, gilet de sauvetage blanc,
les pensées prennent le large.

Herbes et mauvaises herbes aux coups d'ailes silencieux, obstinés.
La boîte aux lettres luit paisiblement, on ne peut revenir sur ce qui est écrit.

Un vent tiède frais traverse ma chemise et touche du doigt le cœur.
Pommiers et cerisiers rient tout bas de Salomon,
fleurissent dans mon tunnel. J'ai besoin d'eux
non pour oublier, mais pour me souvenir.

(extrait de "Sentiers" - Stigar, 1973) p. 185
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Cohésion

Voyez cet arbre gris. Le ciel a pénétré
par ses fibres jusque dans le sol -
il ne reste qu'un nuage ridé quand
la terre a fini de boire. L'espace dérobé
se tord dans les tresses des racines, s'entortille
en verdure. - De courts instants
de liberté viennent éclore dans nos corps, tourbillonnent
dans le sang des Parques et plus loin encore.
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A deux heures du matin : clair de lune. Le train s’est arrêté
au milieu de la plaine. Au loin, les points de lumière d’une ville
qui scintillent froidement aux confins du regard.

C’est comme quand un homme va si loin dans le rêve
qu’il n’arrive à se souvenir qu’il y a demeuré
lorsqu’il retourne dans sa chambre.

Et comme quand quelqu’un va si loin dans la maladie
que l’essence des jours se mue en étincelles, essaim
insignifiant et froid aux confins du regard.

Le train est parfaitement immobile.
Deux heures : un clair de lune intense. Et de rares étoiles.
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FUNESTE GONDOLE
1996

AU MILIEU DE L'HIVER


Une lumière blême
jaillit de mes habits.
Solstice d'hiver.
Des tambourins de glace cliquetante.
Je ferme les yeux.
Il y a un monde muet
il y a une fissure
où les morts passent la frontière
en cachette.

p.327
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