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Critiques de Tommy Orange (164)
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Ici n'est plus ici

Un roman nécessaire qui parle juste et décrit avec intelligence la misère quotidienne du peuple indien qui tente depuis des décennies de survivre après un massacre organisé par le peuple blanc. C'est parfaitement documenté et fidèle à une réalité croisée dans les réserves.
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Ici n'est plus ici

L’intrigue "d’Ici n’est plus ici" se déploie telle une toile d’araignée, à partir de multiples fils qui finissent par former un ensemble aussi cohérent qu’implacable.

Au centre de cette toile, la ville d’Oakland, en Californie.



Nous y suivons douze protagonistes, hommes et femmes, enfants ou adultes, qui ont comme point commun d’appartenir, de manière plus ou moins directe, à la nation Cheyenne. Hors de la réserve, les Indiens en sont-ils pour autant délivrés des maux qui y sévissent ? Pas vraiment…



Les narrations se succèdent, portées par un "je" ou par un "il/elle", dessinant comme point commun la difficulté à vivre d’une communauté héritière d’un passé -cinq cents ans de campagne génocidaire- avec lequel l’Amérique n’a jamais réglé ses comptes. Chacun se débat à sa manière avec ce legs marqué par la souffrance, l’humiliation et la perte.



Ils ont pourtant survécu. Ces indiens des villes sont même pour certains parvenus à trouver, en s’occupant de leurs proches ou des autres, une forme d’équilibre et d’épanouissement, mais beaucoup ont du mal à considérer cette survie comme une victoire tant qu’ils seront aux prises avec les conséquences du passé et la persistance d’une discrimination qui les ravale au rang des plus miséreux, les exposant de manière disproportionnée aux violences familiales, aux addictions -à l’alcool ou aux stupéfiants-, à la délinquance ou à l’échec scolaire.



Tous sont hantés par la question de leur identité, bien qu’y répondant de diverses manières, dans la quête ou le déni, avec curiosité ou amertume... Que signifie être indien aujourd’hui, dans un monde d’où ont disparu les territoires qui constituaient l’héritage des ancêtres, définissaient mode de vie et traditions ? Comment concilier racines et modernité, défi rendu d’autant plus difficile quand les parents sont absents ou défaillants, parce que décédés, en prison, alcooliques… ? Est-ce la part de sang indien qui coule dans les veines qui détermine la conscience autochtone ; aux yeux de qui, et pourquoi, faut-il la revendiquer ?



Ces questionnements s’enchevêtrent à l’intrigue, dont les nombreux chemins convergent à l’occasion du grand pow-wow d’Oakland, point d’acmé d’un drame dont chaque élément prend peu à peu sa place. La narration, enchainant les points de vue des multiples personnages, nous entraine dans un tourbillon qui, en ne laissant guère le temps de s’attarder sur chacun, risque de perdre des lecteurs en route, mais confère en même temps au texte une énergie que j’ai personnellement trouvée addictive. Et puis cette accumulation de voix permet de donner corps à une communauté dont Tommy Orange dresse ainsi un portrait vivant et touchant, tout en rendant hommage à sa diversité.



J’ai beaucoup aimé.
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Ici n'est plus ici

Je termine ce roman avec un sentiment mitigé. J'ai dévoré les premières pages et sa galerie de personnages complexes, écorchés, nourris jusqu'aux racines d'une histoire commune violente et déchirante. Alcool, dépendance, abandon, maltraitance, pertes de repères sont autant de piliers fragiles et instables sur lesquelles reposent les vies de Blue, Octavio, Bill, Red Feather, Bear Schield...

Que signifie être amérindien à l'ère de la mondialisation, du métissage, du grand lissage culturelle dans lequel la plupart des nations sont plongées ? Que signifie résister, vivre, s'épanouir quand on manque de repères sur son propre passé.

Tous ces personnages, dans lesquels j'avoue je me suis perdue, ont en ligne de mire le grand Pow Wow, moment de célébrations et de paradoxes où la violence se rejoue. La fin m'a fauché en plein vol de lectures et j'ai fermé le livre avec un grand sentiment d'inachevement. Peut être est ce le souhait de l'auteur qui rebat les cartes d'une histoire et d'une sociologie américaine.
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Ici n'est plus ici

ICI N’EST PLUS ICI laisse pantois. Difficile de mettre les mots adéquats sur ce roman choral, le premier de Tommy Orange. Un roman choral particulièrement prenant où les mots fusent telles des balles accaparant le lecteur dans une tornade infernale. ICI N’EST PLUS ICI n’a rien de merveilleux. Portrait d’une communauté désenchantée, engloutie par l’égoïsme et l’arrogance de l’homme blanc. Les désillusions ont pris possession de ces femmes et de ces hommes arrachés à leur croyance, à leur vies et à leurs espérances depuis des décennies. Massacre consensuel et voulu, tout en silence, d’un art de vivre en adéquation avec la nature et les esprits.





12 personnages, 12 vies intrinsèques qui portent aux nues le désarroi incommensurable de tout un peuple. Alcool, violence, abandon, dépression, tout autant de maux qui trouvent leurs sources dans cet héritage arraché. Pourtant l’espoir perce dans ces petits trucs de rien du tout : un enfant qui enfile un costume et qui ne cesse de danser, un tambour qui résonne, des chants, un homme et sa caméra qui capturent ses instants dérisoires et le grand pow-wow, rassemblement de souvenirs. Un héritage qui persiste et dure, un héritage nécessaire quand les mots disparaissent d’une génération à l’autre ou quand cet héritage est bien trop lourd à porter.





Un roman puissant porter par les mots poétiques et judicieux d’un auteur hors norme.



Chronique vidéo sur le blog :)
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Ici n'est plus ici

Le prologue du roman, magnifique, émouvant et intelligent donne la mesure de ce livre.

Magnifique, émouvant et intelligent.

Autour d'une commémoration de l'identité indienne, l'auteur saisit des instants de vie chez 12 personnages très différents, mais liés par une origine commune. A partir de ces portraits pris sur le vif, il met en scène le racisme, la pauvreté, la violence, l'alcoolisme et la perte d'identité de ces Indiens disséminés dans les grandes villes qui éprouvent une nostalgie qu'ils peuvent à peine nommer.

C'est sans misérabilisme, ni apitoiement mais avec une profonde empathie que se déroule cette galerie de personnages qu'il faut cependant parfois mettre sur pause pour ne pas s'y perdre.
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Ici n'est plus ici

Arf lecture compliquée pour moi. A la page 125 je me suis dit que je devais probablement passer à côté de quelque chose, que je devais être plus attentive. Je me perdais dans les personnages, je comprenais pas bien la construction des récits, je m’embrumais dans des fils conducteurs qui n’en étaient peut être pas, je cherchais à me raccrocher… et puis le sujet et l’auteur Amérindien ne me laissaient pas indifférente, j’avais envie de les apprécier ces trémoignages, de me montrer digne presque! Alors j’ai tout relu. Depuis le début. J’ai repris les 125 pages d’un coup, sans arrêt. J’ai un peu mieux cerné mais ça n’a pas suffit. Alors ensuite, pour finir je me suis laissée porter, je devais bien lui faire confiance à ce livre. Mais ça n’a pas suffit. Je suis passée à côté. C’est dur de le refermer.
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Ici n'est plus ici

Après un prologue insoutenable exposant la cruauté dont ont été victimes les lndiens d'Amérique à l'arrivée de leurs colonisateurs, ce livre expose ce que c'est d'être Indien d'Amérique, en Amérique, aujourd'hui. Et visiblement ce n'est pas facile !

Sous la forme du roman choral il nous offre le regard de douze personnes prévoyant de participer à un rassemblement indien, un "pow-wow". Douze personnes aux âges et aux parcours bien différents, mais qui ont en commun un rapport difficile à leur identité et peinent à trouver leur place dans la société.

Un thème intéressant qui m'a interpellée, même si j'ai été gênée par l'écriture, résolument moderne et dynamique, mais qui manque pour moi de fluidité et de clarté.
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Ici n'est plus ici

C'est un grand roman sur la condition des Indiens d'Amérique. Avec son corollaire, la pauvreté, et ses conséquences, l'alcool, la drogue et le crime. Mais sans aucun cliché. Il se passe à Oakland, ville des faubourgs de San Fransisco. L'auteur y érige une galerie de personnages émouvants qui ont tous des liens les uns avec les autres. Il y a Tony, qui toute sa vie doit cohabiter avec son Drome, ou syndrome de l'alcoolisme fœtal. Jackie, conseillère en toxicomanie, qui abandonne enfants et petits-enfants, Opale, grand-mère courageuse et résiliente… Tous vont se retrouver à un grand pow-wow.

C'est un blues déchirant sur les questions d'identité, la mixité, et ce que l'Histoire veut bien vous laisser. Sur les oubliés de l'Amérique.

Verdict: un livre poignant, sans aucune fausse note, mais noir, très noir…
Lien : https://www.instagram.com/bc..
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Ici n'est plus ici

RÉSUMÉ:"À Oakland, dans la baie de San Francisco, les Indiens ne vivent pas sur une réserve mais dans un univers façonné par la rue et par la pauvreté, où chacun porte les traces d’une histoire douloureuse. Pourtant, tous les membres de cette communauté disparate tiennent à célébrer la beauté d’une culture que l’Amérique a bien failli engloutir. À l’occasion d’un grand pow-wow, douze personnages, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, vont voir leurs destins se lier. Ensemble, ils vont faire l’expérience de la violence et de la destruction, comme leurs ancêtres tant de fois avant eux."



MON AVIS: Tommy Orange raconte d'une façon tout à fait originale le cheminement de ses personnages, qui ont tous du sang indiens dans les veines, et bien souvent ne savent pas quoi faire de cet héritage.Ces hommes et ces femmes, avec qui nous voyageons soit dans le passé, soit dans le présent, parfois les 2 pour certains, portent pour la plupart le poids de leurs ancêtres comme un fardeau. Beaucoup souffrent ou ont souffert d'addictions et nous sommes les témoins de ce que les horreurs du passé perpétuent à travers chaque génération d'une nation spoliée et marginalisée.

L'auteur fait parti de la tribu des cheyennes du sud, c'est donc en pleine conscience qu'il nous offre ces tranches de vie qui convergent toutes vers leur destin, au même endroit, le grand pow wow d'Oakland.

Une histoire forte, réaliste et douloureuse.

Un premier roman très réussi .
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Ici n'est plus ici

En lisant le prologue, je me suis dis, WoW, je vais me régaler. Tony, premier portrait, très bien. Dene et Opale, idem. Je lis Edwin trop vite. Bill arrive, flûte, il est lié à Edwin. Je repars un peu en arrière. Et là, je commence à penser que construction du bouquin va me poser un problème. Je n'en suis qu'au tiers, il manque encore plus de la moitié des personnages...Calvin me traverse comme un fantôme, et alors que j'accélère ma lecture, je m'en veux de ne pas apprécier ce roman à sa juste valeur. Encore deux portraits, heureusement liés. J'accueille l'entracte comme un soulagement. Retour dans le dédale des vies. J'accélère encore, mon indifférence arrive et me désole. Je m'accroche mais je sais que c'est trop tard, je suis passée à côté. Et merde. Alors ce matin, entre deux cafés, j'ai relu le prologue, j'ai noté tout ce que j'ignorais sur l'histoire des Indiens d'Amérique (c'est à dire presque tout). La nuit prochaine, pas de nouveau roman, et la force de ce livre sera pour moi d'apprendre une partie de l'histoire qu'on élude magistralement dans l'éducation européenne.
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Ce roman m'est tombé des mains. Déconstruit. Des personnages nombreux. C'est comme si un lot de nouvelles avaient été mises les unes à la suite des autres. On peine à trouver le fil conducteur, si ce n'est l'identité amérindienne. Je me suis beaucoup ennuyée et arrivée à la moitié, je l'ai abandonné.

Je préfère nettement la plume de Richard Wagamese ou Joseph Boyden. Grosse déception.
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Ici n'est plus ici

Superbe ! Ce livre en deux parties est un véritable coup de poing. Dans la première partie, ça commence fort, directement. Il écrit comme il rentrerait sur un ring. Ça cogne, c’est dur, comme un uppercut ! L’écriture est pleine de rage et d’amertume. Le portrait de 12 personnages est réaliste, violent, brutal. C’est le récit de la vie d’amérindiens au XXI siècle, qui oscille entre chômage, alcoolisme, trafics. C’est désespéré et désespérant. Entre les deux parties, l’entracte. Une pause de quelques minutes. Le temps de reprendre son souffle pour mieux repartir dans la deuxième partie à la fin de laquelle les 12 protagonistes se retrouvent au pow-wow de la communauté amérindienne pour, ensemble, se trouver noyés dans la même vague de violence.

Le seul petit bémol; la difficulté de s’y retrouver entre les personnages. Mais une lecture qui vaut la peine de monter sur le ring avec Tommy Orange assurément.
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Ici n'est plus ici

Prologue et entracte donnent le ton, ces deux chapitres (au début et au milieu du roman) replacent les événements romanesques dans leur contexte, ils éclairent, ils informent, ils règlent leurs comptes, ils sont essentiels à la bonne compréhension de l’ensemble.



Dans ce roman, une douzaine de personnages, tous d’origine amérindienne, tous urbains, évoluent autour de la ville d’Oakland, ne se connaissent pas forcément, vont se croiser, ou pas, mais se retrouveront tous au grand pow-wow (pour des raisons très différentes), et cet ultime lieu scellera leur destin commun.



Rien dire de plus sur ce roman qui, de toute manière, est difficilement racontable puisqu’il est la somme de plusieurs histoires.



Tommy Orange dit le mal-être des Amérindiens d’Oakland, il raconte leurs déboires, leur dépendance à l’alcool ou à la drogue, leur violence, leurs désillusions, et tout ça sans aucun misérabilisme et c’est là qu’il est très fort. Ses portraits sont d’un réalisme puissant et projettent en nous des images fortes, marquantes.



Il interroge sur l’identité amérindienne. Que signifie être indien ? On regroupe par facilité des tribus très diverses. Comment parler d’un seul bloc quand ils ont tous des parcours différents, entre celui qui a une mère blanche et un père indien, ou celui qui est l’enfant d’une femme qui s’est suicidée, ou ceux qui sont nés en état de manque d’une mère droguée…



Roman très contemporain, loin de l’image des indiens parqués dans une réserve, il nous donne à réfléchir. Lorsque les personnages se regardent dans une glace, ils ne se reconnaissent pas. Il faut peu de mots à Tommy Orange pour dire le mal-être de ses personnages, une image, un échange, un souvenir, nul besoin pour lui de délayer, d’expliquer, de développer pour que le lecteur éprouve ce que ressentent les personnages.



Ce roman se mérite, il n’est pas facile de naviguer dans ses multiples histoires et je suis bien contente de ne pas l’avoir lu sur liseuse, car il m’a fallu pléthore d’allers et retours dans les pages pour faire le lien entre les personnages, pour me souvenir d’eux. J’ai relu certains passages, à plusieurs reprises. La lumière ne s’est pas allumée à tous les étages de ma compréhension immédiatement.



Cette histoire est une tragédie indicible, elle est incroyablement douloureuse, pessimiste. Et si au bout du tunnel il n’y avait qu’une mare de sang…



Avec ce premier roman ambitieux, Tommy Orange a tapé très fort !




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Ici n'est plus ici

Je suis vraiment embêter, et c'est plutôt rare, pour faire la critique de ce livre qui parle d'un sujet qui me passionne en littérature Américaine : Les Indiens d'Amériques.

L'histoire met du temps à démarrer, on se perd dans les noms des protagonistes, c'est très pénible jusqu'à la fin du livre de faire des retours en arrière pour savoir qui est qui, qui fait quoi. C'est très noir, sombre,démoralisant sur la conditions Amérindienne aux USA de nos jours.

Paradoxalement, c'est ce qui fait la force de ce livre, à savoir décrire la vie urbaine des Amérindiens.

La vie d'un Amérindien aujourd'hui n'est elle que alcool, viol, inceste, abandon familiale, perte des repères et le suicide?

Au moins ce livre soulève le débat.

Livre déroutant, bien écrit mais un je ne sais quoi de noirceur trop poussée. C'est pessimiste, dommage.
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Ici n'est plus ici

Ce doit être le grand pow-wow d’Oakland, autrement dit un grand rassemblement amérindien.

Tommy Orange s’attarde sur douze personnages qui partagent cette culture indienne pour le pire et le meilleur, mais surtout pour le pire. Ils sont toutes et tous douloureusement marqués des fléaux d’une Amérique moderne, mais eux, bien plus que les autres. A la fois dans, et en dehors de la communauté, ils semblent tous voués à attirer davantage que les autres les malheurs et la violence ; ils cherchent avant tout à s’intégrer.

Si le fond avait tout pour me promettre une agréable lecture, c’est la forme qui m’a le plus déroutée.

Roman choral, où se succèdent nos douze personnages, et même si un fil d’Ariane semble se découvrir au fil des pages, cette succession de points de vue m’a donné l’impression ″d’apparentes nouvelles″ ; sensation se faisant plus prégnante à mi-parcours me rendant plus pénible par manque de fluidité ma lecture.

Il m’a manqué le liant et la fluidité que j’attends d’un roman, fusse-t-il choral; d'autres romans de ce type ne m'ont pas posé laissé cette impression de "nouvelles"...



Difficile donc pour moi de déterminer si j’ai oui, ou non apprécié ce roman, dont la construction ne m’a pas convaincue.
Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Ici n'est plus ici

« La piste des larmes » n’est pas terminée. C’est le nom donné aux déplacements forcés de divers peuples amérindiens de 1830 à 1890 en Amérique du nord, sur parfois 1800 km, cause de milliers de morts.

Là, c’est aujourd’hui que ça se passe. Les réserves, l’alcoolisme, la drogue, bref : le désespoir d’une identité piétinée. Migrations vers les villes, où se situe l’action, ghettos, débrouille, petits coups, balbutiements de quête d’identité chez les jeunes. Adolescents paumés qui veulent s’en sortir, partagés entre plusieurs mondes.

Où sont les « vraies » valeurs, dans pareil magma ? Ce n’est même pas la convalescence d’une condition massacrée depuis si longtemps, ce sont des pointillés pour tenter de survivre.

La beauté de ce roman ample et rythmé, se situe entre autres, dans le fait que tous les personnages, malgré leurs dérives, sont attachants. Impuissance. Bon sang, j’aurais bien aimé leur expliquer que…

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Ici n'est plus ici

Il s’agit d’un livre sur les indiens d’Amérique à l’heure d’aujourd’hui. Il ose aborder l’histoire de ce peuple et de ces survivants, de tous les rescapés du génocide des Amérindiens. Aux travers de 12 personnages nous prenons le pouls d’un peuple qui doit survivre dans une Amérique raciste, un peuple d’oubliés, un peuple de déchus qui doivent réapprendre à s’approprier une culture, une fierté, une appartenance à une communauté. Le destin de ces 12 personnages s’entrecroise et converge vers un « pow-wow » (festivité permettant le rassemblement d’Indiens) qui a lieu à Oakland. Un livre extrêmement bien écrit et dont on ne sort pas indemne. Je le recommande donc chaudement.
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Ici n'est plus ici

Ce roman m'attirait beaucoup de par son résumé et puis j'ai aussi entendu pas mal de critiques élogieuses à son sujet. C'est un bon roman mais j'avoue avoir été un peu déçu.



Je m'explique, une grande partie du roman permet de nous présenter un certain nombre de personnages avec des liens plus ou moins marqués entre ceux-ci. La vie de ces personnages, souvent difficile, nous est présentée dans les grandes lignes. Le dernier tiers du roman est lui consacré à un grand pow wow réunissant l'ensemble de ces personnages et qui va mal se terminer.



Cette construction m'a un peu perdu. J'ai déjà lu des romans de ce style sans que cela me fasse le même effet pourtant. Je me suis retrouvé en réalité noyé par le nombre de personnages. La vie de chacun est assez survolée et il y a toujours des liens avec un ou plusieurs autres personnages mais j'ai du revenir en arrière de nombreuses fois pour être certain de bien avoir saisi. Cela manquait donc de fluidité pour moi. J'ai, par ailleurs, trouvé la fin plutôt brouillonne.



Au-delà de ces remarques, je donne quand même la note de 3,5 à ce roman car il met en avant tout un tas de sujets sociétaux posant des questions et l'écriture est intéressante et fluide. On arrive quand même à voir ou l'auteur nous emmène mais j'aurai aimé la même fluidité dans la construction.



Un bon livre que je ne déconseille pas, intéressant sur le principe, mais qui m'a un peu perdu avec cette impression d'être passé à côté d'un ou deux liens intéressants et dont la fin brouillonne m'a laissé un peu confus.
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Avec ce premier roman, Tommy Orange redonne une identité autochtones de l’Oklahoma. Aujourd’hui, ils ne sont plus parqués dans les réserves. La nouvelle génération est née en ville. Ce sont des urbains, encore plombés par l’histoire et les conditions de vie de leurs parents et ancêtres.



Comme l’auteur, la plupart des personnages ont des origines métissées. Fier de leur appartenance aux tribus cheyenne et arapaho de l’Oklahoma, ils rêvent de participer au plus grand pow-wow d’Oakland qui va se tenir au coliseum.



» Nous avons organisé des pow-wows parce que nous avions besoin d’un lieu de rassemblement. Un endroit où cultiver un lien entre tribus, un lien ancien, qui nous permet de gagner un peu d’argent et qui nous donne un but, l’élaboration de nos tenues, nos chants, nos danses, nos musiques. nous continuons à faire des pow-wows parce qu’il n’y a pas tant de lieux que cela où nous puissions nous rassemble, nous voir et nous écouter. »



C’est autour de cette grande danse, au cours de sa préparation que les nombreux personnages vont se dévoiler. Beaucoup ignore encore comment se définir, espère avoir le privilège de découvrir leurs origines, leurs rites. Certains y voient une opportunité de se faire de l’argent.



Leurs histoires racontent toutes les offenses faites à un peuple, les conséquences de cette douleur noyée dans l’alcool et la drogue fournis par ceux qui voulaient les priver de leur terre, leur survie dans un monde moderne où ils peinent à s’insérer.



La force et la difficulté de ce roman tiennent en sa forme. Tommy Orange, en primo-romancier maîtrise parfaitement l’enchevêtrement de toutes ces voix. Par contre, il reste difficile de s’approprier pleinement tous les personnages. Certains sortent du lot comme les sœurs, Opale et Jacquie parce que nous avons des bribes de leur enfance et que nous les retrouvons adultes avec plusieurs petits-enfants.



J’aime le projet de Dene Oxendene qui consiste à filmer quelques autochtones racontant une étape marquante de leur histoire loin des clichés appris dans les manuels scolaires périmés. C’est une version parallèle du travail de l’auteur qui souhaite donner une autre voix aux tribus indiennes. Par contre, il se perd un peu dans cette transe qui entraîne tous les protagonistes vers le drame du pow-wow.



Tommy Orange ne peut laisser indifférent par sa manière de mettre un scène ce projet qui lui tient à coeur. Les passages rapides d’un personnage à l’autre m’ont empêchée de m’ancrer sur un fil romanesque qui aurait pu donner une côte d’amour au récit. Mais l’auteur en est à son premier coup d’essai, déjà récompensé du titre de meilleur roman de l’année aux Etats-Unis. Nul doute que ce potentiel littéraire donnera d’autres grands romans amérindiens.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Faites place à Tommy Orange, 37 ans, qui rejoint avec les honneurs et un premier roman épique traduit par Stéphane Roques la collection Terres d'Amérique - Albin Michel (coll qui nous a déjà fait tomber à la renverse en introduisant chez nous Donald Ray Pollock – 𝐿𝑒 𝐷𝑖𝑎𝑏𝑙𝑒, 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑙𝑒 𝑡𝑒𝑚𝑝𝑠, est un chef-d’œuvre inoubliable, Joseph Boyden – dont Tommy est un disciple, Louise Erdrich ou récemment Colson Whitehead).



J’ai certes un faible pour la littérature de, ou sur les indigènes délogés. Les Natifs torturés. Les junkies et les alcoolos, les ratés, les ordures. Le tout dans des romans si possible vertigineux et possédés. C'est souvent en littérature traduite que cela se passe, de nos jours. Patience, les Français du Souffle sont aussi dans la place et on s'en va les débusquer en temps et en heure.



Aujourd’hui en tout cas, direction Oakland, où se prépare un grand pow-wow, rassemblement traditionnel indien et final explosif de cette fresque chorale.

Construit d’une multitude de miettes de vie, au point que pendant les premières dizaines de pages un poil laborieuses on se demande vraiment si tout cela va comporter un peu d’ambition structurelle ou s’il ne s’agit que de tranches posées les unes à côté des autres, le grand pain d’Orange lève rapidement pour détailler la condition des descendants de réserves qui n’y vivent plus mais sont éparpillés dans une ville absurde, au gré de pertes lourdes, d’addictions régulières et de déconnection de la réalité fréquentes. Progressivement, ces personnages vont se trouver des liens éloignés, comme si finalement, de près ou de loin, ils ne pouvaient échapper à leur sang, leur culture pour la plupart des personnages ignorée, oubliée ou repoussée. De la Nouvelle Amérique, ils ont absorbé la dépendance à la technologie, l’hypocrisie sexuelle et, bien entendu, la violence viscérale.



Le point d’orgue qui les rassemblera au Coliseum d’Oakland, constitue parmi les pages les plus poignantes, les plus charnelles, les plus inspirées que j’aie pu lire sur … sur ce qu’il va se passer, donc, à la fin. Une fin qui d’ailleurs, vous laisse cœur battant et trous dans le ventre, une fin aussi fine et ouverte que ne le sont les propositions des personnages, qui ne s’imposent jamais, mais tâtent, doutent, peinent à se trouver. En abîme, un jeune cinéaste en herbe doué d’une bourse – qu’on saura, grâce aux remerciements en fin de volume, être l’un des reflets de l’écrivain lui-même, part en quête de témoignages vivants sur ces NDN, contraction numérique d’Indiens, à qui l’on a demandé avec un sourire carnassier de « tourner la page ».



𝑇ℎ𝑒𝑟𝑒 𝑡ℎ𝑒𝑟𝑒, le titre original se référant à une chanson de Radiohead, est de plus ponctué de références que ma génération appréciera : Darren Aronofsky, A Tribe Called Red (dont je suis grande fan depuis un moment), James Hampton, Eminem, Stephen King…



Dans un style sobre qui ménage ses effets, nous rince régulièrement de magnifiques formules, d’élans de quasi transe, Tommy Orange nous documente, peut-être, sur le sort des Indiens d’aujourd’hui en Californie, mais il nous emporte surtout dans une spirale nerveuse et poétique, d’existences anxieuses, malades, détériorées ou survivantes, souvent douces, décalées, incertaines. 𝐺𝑜𝑑 𝑏𝑙𝑒𝑠𝑠 𝑇𝑜𝑚𝑚𝑦 𝑂𝑟𝑎𝑛𝑔𝑒.
Lien : https://pamelaramos.fr
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