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Critiques de Toni Morrison (1260)
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Beloved

Ouvrir un livre de Toni Morrisson n'est jamais anodin. Car Toni Morrisson écrit des histoires qui font mal ; elles sont là pour panser des blessures, aider à cicatriser, mais on ne soigne pas sans douleur. Il faut débrider les chairs, enlever les humeurs purulentes... ce n'est pas toujours agréable.

Mais Toni Morrisson excelle dans l'art de manier les mots, et les histoires de ses personnages deviennent belles malgré les laideurs de leurs vies.

Ce sont souvent d'anciens esclaves, les personnages de Toni Morrisson, et ils ont vécu des choses que seuls les esclaves connaissent : être traité comme un animal, voire pire. Alors ils sont tout cassé, ils sont plein de rêve à peine éclos et déjà brisés.

Mais quand ces hommes et ces femmes retrouvent une liberté chèrement gagnée, ils continuent de payer.

Beloved est l'histoire d'une rédemption.

C'est l'histoire d'une femme esclave qui se révolte contre ce pouvoir infernale que les hommes blancs ont instauré. Ses enfants ne finiront pas comme elle et comme tous les autres : plutôt les tuer.

Des années après les faits sanglants, Sethe, cette femme prête à tout pour sa liberté et celle des siens, vit seule avec sa fille rescapée, Denver. Elles occupent la maison de la belle-mère de Sethe, Baby Suggs, elle-même décédée tranquillement dans son lit des années après le drame.

Cette maison, donnée par un homme blanc altruiste, est habitée aussi par un fantôme, celui du bébé de Sethe, la seule enfant qu'elle aie réussie tuer avant qu'on ne la stoppe. Et comme un bébé, c'est un fantôme capricieux, qui fait des crises.

Jusqu'au jour où débarque Paul D, ancien esclave au "Bon abri", nom si ironique pour désigner cette propriété où fût aussi esclave Sethe avant de s'enfuir, enceinte jusqu'aux yeux, après avoir été fouettée.

Ils ont donc un passé commun, et les méchants souvenirs que Sethe gardait bien enfouis dans sa mémoire refont surface.

Tout cela chasse le fantôme... pour laisser la place à une jeune fille qui a l'âge qu'aurait le bébé de Sethe s'il n'était pas mort 19 ans auparavant.

Denver reconnait immédiatement cette soeur qu'elle connait sans la connaitre... Sethe, elle, ne la reconnaitra pas, mais sentira dans sa chair que cette jeune femme a besoin d'elle. Seul Paul D sent que quelque chose ne va pas chez cette jeune personne, qui dit s'appeler Beloved.

Beloved est le seul mot que Sethe ait pu faire graver, au prix de sa chair, sur la pierre tombale de son enfant perdue... Beloved, Bien-aimée...

C'est une histoire de fantôme inhabituelle que nous conte Toni Morrisson, sa poésie sombre nous trouble tout autant que ses personnages.

Un magnifique livre sur la mémoire, sur la liberté, sur la force et sur l'amour.



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Beloved

Un ouvrage de Toni Morrison ne peut laisser indifférent. Même si celui-ci, comme les autres est un peu embrouillé.

Au 124, la maison où habite Sethe, ancienne esclave, est hantée par Beloved, sa petite fille de deux ans qu’elle a tuée.

Les personnages sont tellement véridiques, les souffrances tellement prégnantes qu’on ne peut être qu’envahi de compassion et de révolte.

On a le sentiment de lire une tragédie antique.

Toujours et encore traiter de l’esclavage et de ses abominations, tel est le fil conducteur de Toni. Morrison.

Merci à elle de mettre des mots et des images sur des évènements pas si loin de nous et d’entretenir notre indignation.

Une mère qui sacrifie son enfant, un autre thème récurrent.

Une lecture ardue, confuse, mais une lecture magnifique qui imprègne l’âme et le cœur.

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Beloved

On voudrait croire au paradis....sur terre. Et puis l'enfer...pour personne.

Beloved, bien aimée. Toni Morrison a ouvert les entrailles du monde, elle nous les a écrites.

A nous de trouver le courage de les lire.

« L'oeil le plus bleu »... « Home ». Et puis Beloved. Bien aimée, Beloved, l'enfant sans nom, le nom de tous et de personne.

On tue d'amour, comme on peut en mourir parfois.

Enfer,... paradis, entre les deux ? de la terre, toute la terre dans le creux de nos mains.

On ne tue jamais par amour, mais de la haine, celle que l'autre vous a infligé.

Sethe n'est pas Médée. Sethe ne tue pas par dépit, par vengeance, elle ne détruit pas, elle ne sacrifie rien. Elle choisit. Elle choisit de sauver ses enfants. De la seule façon qu'il lui reste. Avec sa raison, avec son instinct, elle porte la main sur ses enfants pour crier le Non le plus irrémédiable qui soit. L'enfer pour personne. Beloved. Qu'ils meurent plutôt qu'ils ne respirent en enfer. Parce que l'enfer la fait naître, elle l'a traversé, elle en revient, elle s'en est échappé. Alors : Non. Ils ne prendront pas ses enfants. Elle garde ce qu'elle a de plus cher, de plus précieux. Elle garde ses enfants. Ceux qui sont déjà sur terre, de sa propre main elle décide de les délivrer. Ils ne sont pas des bêtes, des animaux, de la chair à coton, ils sont ses enfants. Ils ne seront jamais le bétail du Maître et Maîtresse. Sethe n'est pas Médée. Sethe devient folle à lier, une mère déliée.

Toni Morrison a porté son esprit au delà, au delà de l'infanticide.

Elle nous fait entendre des voix. Profondes, terrifiantes, bouleversantes, puissantes, sublimes, terriblement humaines.

Elle n’effleure pas un drame, elle appose ses mains sur le cauchemar pour que nous puissions toucher la profondeur de l'Enfer. Elle fait remonter le fantôme du traumatisme des abîmes pour que nous puissions voir le vrai visage des crimes.

Pourrons nous comprendre ? Comprendre totalement, véritablement ? Non.

Mais nous pouvons tenter d'imaginer l'horreur du geste.

Pas celui d'une mère qui décapite l'enfant qu'elle a mis au monde, mais celui d'un monde qui a fait naître l'enfer sur la Terre en jetant le paradis au fond d'un puits.



Astrid Shriqui Garain



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Beloved

#Chronique : Beloved de Toni Morrison - Lu dans le cadre du Prix Audiolib​ 2020



« Voici ma huitième lecture pour le Prix Audiolib 2020 : BELOVED de TONI MORRISON.

Ce roman sorti à la fin des années 80 a obtenu le Prix Pulitzer en 1988. Réédité à plusieurs reprises, il est, cette année, proposé en version audio. »

Pour lire la suite, RDV sur le blog :

http://www.leslecturesdelily.com/2020/05/beloved-ecrit-par-toni-morrison.html#more

Bonne lecture !
Lien : http://www.leslecturesdelily..
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Beloved

décue par ce livre, le style peu fluide ne rend pas la lecture facile. Certes le sujet est passionnant, sur le sort des esclaves avant la guerre de Sécession, et guère plus enviable dans la période qui a suivi. mais le personnage dérangeant et surréaliste de Beloved nous détourne de l'essentiel.. juste envie de lire "Racines", feuilleton passionnant de mon adolescence....



























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Beloved

Une femme dans une maison hantée par le fantôme de son enfant qu’elle a elle-même tuée, l’écriture incisive de Toni Morrison fait mal.



Dans cette maison de la banlieue de Cincinnati dans l’Ohio où vit Sethe, des phénomènes étranges se produisent et persécutent ses habitants. Lorsqu’une jeune fille apparait à sa porte, elle devient le fantôme de sa fille assassinée et peu à peu, la maisonnée bascule dans la folie.



En flash-back, on apprendra ce qui s’est passé, la terrible histoire des esclaves dans les plantations du sud des États-Unis, des hommes battus, torturés, vivant dans des conditions immondes, des femmes violées, qu’on traite comme des « poulinières » et dont on peut vendre les enfants.



Un maître bon aussi parfois, qui traite ses esclaves comme des hommes, leur permet d’apprendre à lire et à compter et leur confie même des fusils pour qu’ils puissent se ravitailler dans les bois. Mais à la mort de ce Blanc, la fuite devient la seule option, au risque d’être poursuivi par les chasseurs d’esclaves.



Le contexte historique est celui du milieu du 19e siècle, avec la Guerre de Sécession qui mettra officiellement fin à l’esclavage. La violence envers ces Noirs ne cessera pas immédiatement pour autant… (Ce n’est pas dans le roman, mais Martin Luther King, c’est juste 100 ans plus tard!)



Dans le livre de Morrison, l’histoire de fantôme tranche avec la réalité brutale, mais les superstitions ajoutent aussi à l’ostracisme envers la femme infanticide et on comprend aisément que sa raison s’effrite devant l’insupportable.



Un lourd moment de l’histoire de l’Amérique…

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Beloved

Un roman extrêmement fort sur les conditions d’esclavage aux États-Unis, quelques années avant la guerre de Sécession. Cette lecture n’a pas vraiment découlé d’un choix personnel puisque j’ai découvert ce livre au travers d’un cours d’anglais. Toni Morrison, auteure afro-américaine, a publié une dizaine de romans dont les principaux thèmes tournent autour du racisme, de la misère des Noirs aux États-Unis. Beloved a obtenu le prix Pulitzer en 1988. Si le fait de me retrouver confrontée à cet aspect douloureux de l’Histoire a été enrichissant, voire même bouleversant, je crois que malheureusement j’ai beaucoup moins accroché à la plume métaphorique (beaucoup trop à mon goût) de l’auteure. Un roman parfois difficile, mais nécessaire et qui ne peut que toucher son lecteur.



L’intrigue se déroule principalement au 124 Bluestone Road, dans l’Ohio. Sethe, une ancienne esclave, s’y réfugie après avoir fui la plantation du Bon Abri. Son dernier enfant, la petite Denver, naît pendant la fuite. C’est alors que des hommes viennent la chercher pour la ramener de force au domaine. Désespérée, la jeune femme tente de tuer ses quatre enfants afin, selon elle, de les protéger d’une vie d’asservissement. Seul le troisième enfant de Sethe meurt sur le coup. Denver et sa maman sont conduites en prison avant de retrouver le 124, quelques années plus tard. C’est alors que des phénomènes surnaturels font leur apparition : un miroir qui vole en éclats, des petites empreintes de mains qui apparaissent mystérieusement, une étrange jeune fille postée contre un arbre. Cette jeune fille qui dit s’appeler Beloved, finit par rejoindre le quotidien du 124. Elle se lie très rapidement avec Sethe, à tel point que Denver souffre de ne plus autant exister qu’avant aux yeux de sa mère. Chacun semble en être persuadé, et si Beloved était le fantôme du bébé tué quelques années auparavant ? D’autant plus que « Beloved » n’est autre que l’inscription gravée sur la tombe du bébé…



Vous l’aurez compris, il s’agit en premier lieu d’un roman sombre et difficile. Divers thèmes sont abordés : l’esclavage bien entendu, mais également la liberté, la maternité, l’infanticide, le lien mère-fille. Une intrigue qui flirte également avec le surnaturel si bien qu’à la fin, j’ai eu des difficultés à me positionner. Beloved est-elle réellement un fantôme ou une jeune fille abandonnée qui cherchait avant tout une famille ? Il semblerait que Toni Morrison laisse au lecteur le soin de s’interroger, d’en tirer ses propres conclusions.



En bref, une lecture forte en émotions. J’ai littéralement été choquée par certaines scènes d’une violence extrême : l’enchaînement des esclaves dans des torrents de boue, l’épreuve du mors, la relation malsaine qui s’installe entre Sethe et Beloved. J’apprécie beaucoup l’intrigue d’Autant en emporte le vent, aussi cette lecture permet de se situer cette fois-ci du côté du quotidien des esclaves. Comme je vous le disais, cette lecture est cependant loin d’être un coup de cœur, dans le sens où j’aurais préféré que l’intrigue parte moins dans tous les sens (avec moins de flashback, donc) et soit moins dans le métaphorique à certains moments. Quoi qu’il en soit, j’ai fortement été marquée par ce roman. J’ai seulement eu comme l’impression de manquer d’air d’où mon avis plus que mitigé.



Si cela vous intéresse, il existe une adaptation filmique. Elle date de 1998 (avec Oprah Winfrey, dans le rôle de Sethe).
Lien : http://labibliothequedebened..
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Beloved

sublime
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Beloved

Autre temps, autres mœurs. Et quoi que... Pour ceux qui n'arrivent toujours pas à s'habituer à l'écriture classiques vous aurez surement du mal (tout comme moi) à vous y plonger et a tenir le rythme. Mais en se faisant violence on découvre un vrai chef d'oeuvre dénonciateur d'un temps qui ne parait pas si loin au vu de la conjoncture actuelle. A méditer pour évoluer!
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Beloved

Difficile d'entrer dans le livre au début. C'est une écriture particulière, il faut parfois revenir un peu en arrière, relire, et aussi et surtout laisser tomber nos croyances - ou plutôt nos "non-croyances". Cette histoire prend aux tripes, nous bouscule. J'ai envie de dire "Merci Madame Morrison", malheureusement elle ne m'entendra pas (du moins peut-être pas :). Ce livre faisait partie de la liste des livres à lire absolument, pour moi. C'était le bon moment sûrement...
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Beloved

Beau roman du 20e siècle sur la condition des esclaves noirs aux Etats-Unis.
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Beloved

Après avoir lu Frederick Douglass et Harriet Beecher Stowe, j'ai trouvé la structure du roman tout à fait originale et c'est sans doute ce qui m'a fait tenir jusqu'au bout. L'histoire est racontée par petits bouts décousus, ce qui peut parfois donner le tournis, mais je comprends en quoi ce roman est tout à fait un classique.
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Beloved

Beloved est une oeuvre poignante, sur un sujet vraiment horrible, même sur une poignée de sujets vraiment horribles, mais l'écriture empêche que cela sombre dans le pathos: profondément juste, jamais trop, jamais trop peu, elle sert merveilleusement le récit.

Celui-ci conte au lecteur abasourdi l'histoire de Sethe, une jeune esclave enfuie avec ses enfants vers des contrées plus clémentes, et de Beloved, l'une de ses filles. On ne saura jamais le réel prénom de l'enfant, juste ce Beloved que sa mère a fait inscrire sur sa tombe, après avoir tranché la gorge de sa petite fille pour lui épargner l'esclavage.

Seulement, quelque chose de dix huit ans plus tard, Beloved ou plutôt son fantôme semble toujours refuser de quitter la maison où elle est morte et voilà où commence l'histoire.

Une histoire qui comporte beaucoup de flashbacks et qui peint un portrait terrible du XIXème siècle juste avant et juste après la guerre de Sécession, les chasseurs d'esclaves, les propriétaires, plus ou moins horribles, mais finalement même ceux qui font preuves de bonté se permettent d'acheter et vendre des êtres humains, la mort et les châtiments horribles qui peuvent survenir pour un rien, le refus de l'humanité des esclaves...

Et l'amour, aussi, l'amour malgré tout, l'amour de Sethe prête à voir ses enfants morts pour qu'ils soient à l'abri de cette vie, et ce petit fantôme qui est rempli de colère et d'amour à la fois.



Un roman que je conseille et recommande à tous, d'une très grande qualité, et qui mérite vraiment le Prix Pullitzer qui l'a couronné.
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Beloved

Après l'avoir abandonné une première fois il y a quelques années, c'est un peu sceptique que je décide de re-tenter une lecture de ce roman, déjà considéré comme un classique. Merci au club de lecture de Babelio et au challenge Variétés de m'avoir légèrement "forcé" la main ! Il faut croire que le moment était bon pour le "re-lire" !



C'est une histoire d'une incroyable noirceur : une mère tue sa fille pour lui éviter ce qu'elle considère être encore pire : redevenir une esclave. J'ai été complètement happée par ce roman. Le côté fantastique ne m'a nullement gênée, alors que c'était le cas la première fois... On est totalement pris par cette mère qui fera tout pour tenter de sauver ses enfants. Les personnages sont tous très attachants à leur manière et d'une complexité plus forte qu'il n'y parait au premier abord. Tout au long de l'histoire il y a des "flashbacks" qui nous permettent de restituer l'histoire de Sethe et de sa famille.



L'écriture est magnifique, et assez complexe par moment. Il faut prendre son temps à la lecture, chaque phrase a son importance. Ici, pas de lecture en diagonale possible, mais ça fait du bien ! Selon les passages j'ai du m'y rependre plusieurs fois mais ça ne m'a pas du tout gênée. On comprend le Pulitzer et le Nobel surtout !



Je ressors de cette lecture très bouleversée et me demandant tout simplement : que lire après un tel chef d’œuvre ?



CHALLENGE VARIETES 2015 - Un livre que vous avez commencé mais jamais terminé ET Un livre paru l'année de votre naissance (1987)

CLUB DE LECTURE MARS 2015







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Beloved

J'avais bien aimé "Un don" de la même auteure. Mais ici, j'ai eu beaucoup plus de mal.



Non pas tant sur la question du racisme et de l'esclavage, narrés, il est vrai, avec beaucoup de rudesse. Mais par le décalage par rapport à la réalité.



J'aurais davantage aimé que la folie de Sethe, la mère infanticide, la consume petit à petit sans cette histoire, pour moi, totalement incroyable, de revenante. Je n'ai pas pu accrocher à ce livre et suis restée sur le bas-côté du chemin, tout du long, en spectatrice trop rationnelle sans doute. Mais pour moi, ce côté fantastique ôte à l'histoire toute la puissance et la force qu'elle aurait eue autrement et que, indéniablement, l'on sent poindre, malheureusement sans plus.
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Beloved

Quand un fantôme devient un personnage de chair et de sang, sous la plume de Toni Morrison, c’est du grand art.

La trame de l’histoire est en place dès le début du récit et tel un peintre à son tableau, l’auteur va affiner chaque détail, par touches minutieuses, précises. Revenir, encore et encore sur certaines parties, pour nous dévoiler les clairs-obscurs, accentuer peu à peu le relief et la profondeur de ses personnages jusqu’à la dernière page.

Beloved , c’est revenir dans les années 1870 aux Etats-Unis. L’esclavage a été aboli depuis quelques années mais les stigmates sont encore bien présents dans les corps comme dans les cœurs.

« Tout blanc avait le droit de se saisir de toute votre personne pour un oui ou pour un non. Pas seulement pour vous faire travailler, vous tuer ou vous mutiler, mais pour vous salir. Vous salir si gravement qu’il vous serait à jamais impossible de vous aimer. »

Ainsi les femmes sont violées, les hommes battus, pendus, brûlés, les enfants arrachés à leur mère et vendus. Ne pas s’attacher.

Tout cela est la toile de fond sur laquelle se déroule cette histoire de folie.

Peut-on imaginer ces destins pétris de douleur? Toni Morrison nous les laisse entrevoir…





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Beloved

Second livre que je lis de cette auteure américaine.

Un roman noir, dur à lire, le soir dans son lit, au sujet imposant et effrayant, aux personnages atypiques et sombres. Vous aurez, certainement, des frissons qui viendront vous chatouiller les orteils.
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Beloved

« Beloved » aborde le sujet de l’esclavage aux États-Unis par le biais d’un fait divers : le meurtre d’un enfant par sa mère.

Le roman nous amène à comprendre la complexité de ce geste entre horreur et refus une vie d’horreur offerte à ses enfants.

Le roman dépeint la condition d’esclave : simple objet de production, que l’on peut vendre, faire se reproduire...

Un roman brut et qui marque. Un grand moment de lecture.
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Beloved

Difficile de ne pas être enthousiaste quand l'auteur a eu un Prix Pulitzer et prix Nobel de littérature. Malheureusement si l'histoire est forte et le sujet aussi horrible que touchant, j'ai été déroutée par l'écriture. Peut être que c'est dû en partie à la traduction mais j'étais parfois complètement perdue, ne comprenant pas quel événement était décrit, ou à cause des sauts du coq à l'âne. Au final je suis contente de l'avoir lu, c'est un roman nécessaire qui rend compte de l'atrocité de l'esclavage et du désespoir qu'il peut engendrer mais je ne peux pas dire que j'ai vraiment aimé.
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Beloved

Je ressors très partagé de cette lecture avec une certaine difficulté à bien cerner cette réticence.

Bien que l'écriture lyrique de Toni Morrisson donne du souffle au personnage intemporel de Beloved âme errante, j'ai aussi trouvé qu'il faisait du coup ombrage à cette fresque poignante, ce moment d'histoire d'avant-veille de l'abolition et de tous les dérapages qui suivront .Mais qui reste malgré tout encore difficile de raconter sans tomber dans un pathos sirupeux, piège presque évité.

J'ai dut parfois m'accrocher pour poursuivre la lecture, surtout durant ces longs passages oniriques sur la relation nocive de la mère à l'incarnation de l'enfant.

Mère blessée qui sombre peu à peu en nous révélant l'horreur de son histoire. Personnification d'un destin que son époque a bien tordu, entrainant à sa suite celui de ses proches et de la communauté dont elle s'est exclue.

Le foisonnement de personnages aux multiples destins vit de leurs propres histoires et nous confirme la dureté d'un destin commun dont l'urgence de s'affranchir et la capacité de chacun à le réaliser est au prix souvent d'une individualité déchirante.

Ce roman est un riche chassé-croisé de vies tragiques qui s'entrechoquent et se déploient autour d'un drame centrale, dont le personnage principale finit par perdre pied. Destins multiples et monstrueux où vacille une communauté martyre issu d'une humanité souvent bestiale, sans réelle justice.

Même si je n'ai pas cru en le relation pivot de Beloved et Sethe, le cri de la mère infanticide n'en est pas moins probant et bouleversant.

La richesse de l'écriture, sa complexité, sa poésie touchante parfois drôle, la profondeur du propos, la voix donnée à tous ces personnages en fait un grand roman qui laisse des traces.

Enfin on reste souvent bouleversé devant ce questionnement de l'Histoire, qui a broyé tant de gens et permis un tel clivage qui lui survit encore.



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