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Citations de Tristan Garcia (196)


Tristan Garcia
«On nous a éduqués comme des individus libres, puis on nous a dit de prendre la file»
Interview au Nouvel Obs 2013
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La culture, c'est du commerce pour que les jeunes s'achètent un peu d'expérience et les vieux un brin d'innocence.
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Après toutes ces années, on en revenait aux mots, et finalement aux initiales. Le militantisme commençait avec des idées et se terminait avec des lettres de l'alphabet.
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Tristan Garcia
La société moderne ne promet plus aux individus une autre vie, la gloire de l'au-delà, mais seulement ce que nous sommes déjà - plus et mieux. nous incarnons depuis quelques siècles un certain type d'humanité : des hommes formés à la recherche d'intensification plutôt que de transcendance.
(La vie intense)
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"Il ne s'agit pas de voyager dans le temps, seulement de court-circuiter la mémoire" (...)"Qu'est-ce que le capitalisme?C'est l'industrie de la tristesse. Quand on est gamin, on nous promet que ce sera le pied d'être indépendant et d'avoir de l'argent: on lit des livres, on chantonne des chansons qui nous font miroiter la vie des plus grands. Mais quand on grandit on nous explique qu'en fait, rien ne valait la jeunesse. C'est fini. Et on se met à regarder des films, à écouter de la musique qui nous rappellent le passé. La culture, c'est du commerce pour que les jeunes s'achètent un peu d'expérience et les vieux un brin d'innocence. Il est pourri ce monde là monsieur. Mais au contraire, imaginez que la jeunesse dure et que que rien ne soit perdu. Alors, la tristesse est finie." Emilien souriait et sa voix flageola dans les aigus. "Chacun de nous est un peuple, un parlement, une petite démocratie. L'enfant, l'adolescent, l'adulte discutent dans notre tête. On habite à plusieurs sous notre peau, et on peut redevenir celui qu'on veut. Je crois que c'est est à ça que sert l'hélicéenne." (...)"la première fois que je fus réveillé par le manque, il devait être deux heure du matin, j'étais couvert de sueur et je ne cessais de cauchemarder. Dans mon sommeil, celui que j'avais été à l'âge de vingt ans me reprochait avec amertume de "ne pas lui faire assez de place". Cette version de moi se plaignait de vivre à l'étroit sous ma peau, elle poussait, poussait, poussait pour atteindre bientôt ma taille sous le masque de mon visage. Elle voulait, il voulait, je voulais (je ne sais pas comment dire) remonter à la surface, afin de respirer l'air du présent. Peut-être que j'avais trop pris de H. En moi-même, une concurrence sauvage commençait à régner. Je ne parvenais plus à dormir, hanté par la guerre civile qui couvait à l'intérieur de mon crâne."
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Tristan Garcia
La rencontre avec l'œuvre de Simenon est à la fois facile et très probable. (…) Mes parents lisaient Simenon en boucle. Je n'y ai donc jamais touché. Par réaction, adolescent, j'étais plus attiré par Jean-Patrick Manchette - pour l'aspect politique -, par Sébastien Japrisot et les polars de Boileau-Narcejac - pour leurs jeux fantasmatiques avec l'identité. Simenon représentait une réalité sociale française qui ne m'attirait pas.
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« D’après certains, il s’agissait d’une guerre du système contre tout le reste ; d’après d’autres, d’un conflit entre les puissances d’argent et les déshérités, ou bien entre la laïcité et la foi, entre le centre et la périphérie, entre Paris et la province. Ou, au contraire : de la liberté contre le fascisme, de l’autonomie de l’individu contre le patriarcat et l’ordre traditionnel, peut-être de la société contre la communauté. Ou l’inverse. Sans doute un peu des deux. »
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Alors je me suis aperçu, sur un miroir grand comme un écran de home cinéma. Je me suis vu dans leur regard, dans le vôtre. Hirsute. [...]
Faber, quel est ton rôle, ta fonction ? Mal de tête. Faudrait que je me gratte du miroir pour me faire disparaître, comme la pellicule argentée sur les tickets de loterie.
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Si ce n'était p...pas dif...ficile,tout le m...monde p....pourrait le faire...
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Le trésor d'un homme est-il dans ce qu'il laisse - des sentiments, des certitudes, des objets, des images et des gestes - ou dans ce qu'il garde ? Sans doute ceux qui laissent énormément, ceux qui restent, n'ont t-ils en eux qu'infiniment peu.
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Le trésor d'un homme est-il dans ce qu'il laisse - des sentiments, des certitudes, des objets, des images et des gestes - ou dans ce qu'il garde ?
Sans doute ceux qui laissent énormément, ceux qui restent, n'ont t-ils en eux qu'infiniment peu...
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Tristan Garcia
Je suis fasciné par l’histoire footballistique. Je trouve que ça dit plus de choses sur l'histoire du XXe siècle que l'histoire politique. Ce qu'on aime dans le foot, c'est qu'il met en scène l'organisation entre le monde ancien, issu du XIXe siècle, et le monde nouveau, contemporain. Le foot, c’est quoi? C'est quasiment le dernier endroit symbolique pour nous où tu n’as pas que des hommes et pas de femmes. Deuxièmement, alors qu’on est à l’ère de la mondialisation, avec la circulation des biens et des personnes, c’est organisé par des identités locales : des clubs, puis des nations. Trois, c’est un espace colonial ou postcolonial. Quelles sont les nations qui restent dans le foot ? Les puissances coloniales - avec le Portugal, l’Espagne, la France, l’Allemagne, l’Angleterre - et les puissances colonisées, avec l’Amérique latine et l’Afrique de l’Ouest. Donc le foot n’est pas du tout représentatif de la géopolitique du XXIe siècle ! Il n’y a ni l’Inde, ni la Chine, ni l’aire pacifique de manière générale. Tu as une mise en scène permanente du monde colonial, la preuve sur le débat qu’il y a eu sur les binationaux. Ce qu’on aime aussi dans le foot, c’est que l’Europe domine. Et le jour où ça passera à la vidéo, on rompra avec ce monde, on passera du côté du sport américain et on arrivera dans le XXe siècle ou le XXIe siècle.

So Foot n°150 - Octobre 2017 - Pourquoi aimez-vous le foot ?
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Avec beaucoup de sérieux, il explique à mon père que les religions sont des délires collectifs dus à la frustration et à la peur de la mort, ou bien une sorte de structure vitale qui transite par le langage et reprogramme le cerveau des individus, qui deviennent fanatiques.
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Mais ce n’était pas pire que ce que faisaient les instituteurs ou les médecins, quand ils promettaient de l’avenir à des gens qui n’en avaient pas les moyens.
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Faber - Le destructeur - Tristan Garcia

Nous étions des enfants de la classe moyenne d’un pays moyen d’Occident, deux générations après une guerre gagnée, une génération après une révolution ratée. Nous n’étions ni pauvres ni riches, nous ne regrettions pas l’aristocratie, nous ne rêvions d’aucune utopie et la démocratie nous était devenue égale. Nos parents avaient travaillé, mais jamais ailleurs que dans des bureaux, des écoles, des postes, des hôpitaux, des administrations. Nos pères ne portaient ni blouse ni cravate, nos mères ni tablier ni tailleur.
Nous avions été éduqués et formés par les livres, les films, les chansons — par la promesse de devenir des individus. Je crois que nous étions en droit d’attendre une vie différente. Nous avons fait des études — un peu, suffisamment, trop —, nous avons appris à respecter l’art et les artistes, à aimer entreprendre pour créer du neuf, mais aussi à rêver, à nous promener, à apprécier le temps libre, à croire que nous pourrions tous devenir des génies, méprisant la bêtise, détestant comme il se doit la dictature et l’ordre établi. Mais pour gagner de quoi vivre comme tout le monde, une fois adultes, nous avons compris qu’il ne serait jamais question que de prendre la file et de travailler. A ce moment-là, c’était la crise économique et on ne trouvait plus d’emploi, ou bien c’était du travail au rabais. Nous avons souffert la société comme une promesse deux fois déçue. Certains s’y sont faits, d’autres ne sont jamais parvenus à le supporter. Il y a eu en eux une guerre contre tout l’univers qui leur avait laissé entr’apercevoir la vraie vie, la possibilité d’être quelqu’un et qui avait sonné, après l’adolescence, la fin de la récréation des classes moyennes.
p. 453
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Comme des montres sans cadran, une rangée d'éoliennes donne l'heure du vent, au loin.
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Bah, peut-être que la jeunesse reste; c'est moi qui m'en vais.
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L'âge fait toute la différence, il sépare les hommes comme le font les genres, les classes et les cultures ; mais il ne coupe pas seulement les individus les uns des autres, il écarte chaque individu de lui-même d'année en année.

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La critique de la vie normale occidentale à basse intensité existentielle est courante, de Rimbaud au surréalisme, de Thoreau au mouvement hippie,d’Ivan Illich à L’Insurrection qui vient. Régulièrement, on explique même l’apparition de comportements violents et « déviants », que ce soient l’amok ou le terrorisme, par un mystérieux défaut d’âme dans la société consumériste, incapable de procurer à sa jeunesse une intensité de vie suffisamment stimulante.
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On peut ne pas faire bien le bien, on peut ne pas faire amoureusement l'amour, et on peut ne pas méchamment faire le mal. Rien de ce que l'on fait n'assure de la manière dont on le fait, ni de ce qu'on est.
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