Tandis que s’élève un lointain parfum d’osmanthes, des lumières orange s’allument. Jusqu’à l’année dernière, il était là quelque part, au milieu de ces lumières. Je trouvais toujours un prétexte pour passer plusieurs fois aux endroits où j’avais une chance de le rencontrer. Je voulais le voir ne fût-ce qu’un peu. J’espérais entendre sa voix…
C’était un air venant d’un vieux film que j’avais un jour regardé en vidéo. Cette voix risquait de disparaître si j’effectuais le moindre mouvement. Je l’ai écoutée en retenant mon souffle.
En coupant le moteur, un instant plus tard, le paisible clapotis de la pluie a résonné dans toute la voiture. A travers la bruine, la lumière orangée des réverbères devenait floue. Nous n’avions rien à nous dire. Elle et moi, nous avons simplement contemplé en silence le pont illuminé. Le café du distributeur automatique dégageait un parfum bon marché, mais ce café était chaud. En buvant une gorgée, la vapeur a déformé le paysage. Je me débattais comme un fou désespérément. Pourtant, je n’ai compris que peu de choses. D’abord, que les sentiments avaient le pouvoir de déchirer le cœur de douleur et que cette douleur était une raison suffisante pour ne pas arriver à me séparer d’elle.
Après ma déclaration, Hagu-chan n’est plus venue me trouver. Ces mots étaient sortis de ma bouche sans que je m’en rende compte. Pour moi, sa réponse était aussi évidente qu’un verre d’eau qui déborde. Mais à ce moment-là, j’avais été submergé par un sentiment de bonheur. J’aurais peut-être mieux fait de ne pas le lui dire. Mais je n’ai aucun regret de l’avoir fait.
Le souvenir d’avoir aimé et d’avoir été aimée la retient prisonnière. Son souvenir lui bouche doucement les oreilles. Son royaume est sans doute un pays où, comme ce soir, la pluie tombe éternellement.
Les mots les plus doux du monde s’échappent de sa bouche. Quelle voix triste… on dirait qu’il m’appelle de très loin. C’est la première fois que j’entends cette voix chez lui.
Obtenir l’amour de la personne qu’on aime le plus… Cela semble si simple, et pourtant… pourquoi donc me semble-t-il que cela ne se réalise jamais ?
En essayant de construire quelque chose de grand, j’ai compris pour la première fois que pour pouvoir le faire, il faut d’abord monter un échafaudage encore plus grand que l’objet qu’on projette de construire. C’est un travail humble, répétitif et sans fin. Mais j’ai l’impression que cela ne me dérange plus.
- Dis-moi Yamada, qu’est-ce que tu aimes en Mayama ?
- Je l’ignore. Si je l’aimais vraiment, je devrais prier pour son bonheur. Pourtant, comme tu me l’as dit dans la voiture tout à l’heure, en réalité, je n’ai cessé de souhaiter que cela ne marche pas entre eux…
Pendant un moment, après avoir emménagé ici, où que j'aille, j'avais l'impression d'être dans un rêve. Je n'entendais pas bien les sons, la ville semblait scintiller en noir et blanc.
Maintenant que j'y pense, je devais être très stressé de vivre seul dans un quartier inconnu.
Mais dès que j'ai rencontré ces personnes, j'ai eu l'impression que tout s'était coloré de l'autre côté du pont.
.... Coucou, le dîner est prêt ! dépêche-toi, on a faim !
Akari m'a dit : "viens quand tu veux", elle le pensait vraiment. Je crois que rien que le fait qu'il existe un lieu où je suis le bienvenu, rien que d'entendre ces mots, me remplissait le ventre tellement cela me faisait plaisir, et je crois que ça me suffisait.