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Citations de Valérie Mréjen (24)


Son esprit est captif. Elle vérifie à chaque instant que l'enfant est réellement là, que tout est bien certain. A travers les petits yeux noirs ou bleu très sombre comme les fonds marins, elle se sent perçue comme une vraie mère. Cela suffit pour endosser son nouveau rôle avec un naturel qui la surprend.
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Il arrivait d’oublier momentanément, de ne plus penser aux personnes avec qui on avait étudié par exemple à l’école, puis de se rappeler avoir appris quelques semaines plus tôt que ce grand type, l'une des figures les plus marquantes parmi les élèves des Beaux-Arts, était mort lui aussi, sans autres précisions.
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Elle s’habitue peu à peu à son nouveau titre à force de le dire ou de l’entendre dire. Un jour, l’enfant lui-même commence à l’appeler maman. C’est une fête que d’entendre cette petite voix, surtout quand elle insiste en réclamant la même chose plusieurs fois depuis un bout de l’appartement.
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"Et si cette autre femme, une connaissance de lointaines connaissances dont le degré de relations se perd dans le bouche-à-oreille et où personne ne sait plus très bien qui l'a vraiment connue, si seulement cette femme n'avait pas ri de si bon coeur en écoutant une anecdotique comique racontée par un invité au cours d'une choucroute party. Si elle ne s'était pas renversée en arrière, dilatant ainsi le larynx que peut obstruer, à cause de l'appel d'air, un morceau d'aliment."


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Il faut bien réfléchir à ce qu'on va dire dans les quelques lignes sur son travail, car elles se mettent à vous suivre en se dandinant comme des canetons sortis de l'œuf et on les retrouve copiées collées pour un moment.
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Un jour, il m'avait donné rendez-vous au cinéma. Je ne l'ai pas vu, j'ai attendu et je suis repartie. EN fait, il avait pris son billet sur-le-champ et il était entré dans la salle sans attendre. Une autre fois, c'était pour aller voir une séance du matin. Le rendez-vous était fixé depuis 10 jours. Les dix jours s'écoulèrent sans nouvelle ni message, mais il était réconfortant de pouvoir se fier à une date.
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Elle découvre chez une grande partie de la population une inclinaison commune à l'attendrissement, une promptitude à distribuer des sourires bienveillants, l'envie d'établir une complicité fugace au milieu de la rue, sur un quai de métro, au café, n'importe où, ou à vouloir développer les échanges par des concours d'imitations et de mimiques dont aucune des parties ne semble se lasser.
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Elle aussi, un jour, répétera cette phrase : ah oui, je sais ce que c'est, signe d'appartenance et de reconnaissance avec le reste des parents.
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Ils ne savent plus comment c'était de n'être responsables que d'eux-mêmes. Ils se questionnent mais ils ne peuvent revivre cet état comme on enfilerait un vieux vêtement retrouvé par hasard.
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Nous avions repéré Michal au cours de la fête organisée par l’association Hillel au sous-sol d’un immeuble, dans une grande salle polyvalente. Pour elle, l’expérience de l’armée avait été déterminante. Comme pour beaucoup d’enfants issus de familles religieuses, ça avait été la première porte de sortie, le moyen de s’échapper en étant pris en charge et de rencontrer une réalité nouvelle ignorée jusqu’alors. C’est là qu’elle avait commencé à faire du sport et pris goût au rugby. Je m’appelle Michal, j’ai 23 ans, je viens d’une famille religieuse, 9 frères et sœurs, père rabbin, mère professeur dans une école religieuse. Elle s’était toujours posé des questions mais avait vite compris qu’il était inutile de les formuler autour d’elle, autant à l’école que dans sa famille. Les réponses n’étaient pas satisfaisantes ou éludaient habilement la question, qui concernait généralement l’existence même de Dieu. Elle a continué a douter en secret et à garder ses interrogations pour elle jusqu’à ses dix-huit ans.
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En 2002, une galerie de Tel-Aviv m’a contactée pour me proposer une exposition. L’idée était de passer du temps sur place et d’y élaborer un projet lié au pays. Par hasard, quelques jours plus tôt, j’avais discuté avec une amie rentrée depuis peu à Paris après avoir vécu six ans en Israël ; nous avions entre autres évoqué les religieux, leur façon de s’habiller, leur vie organisée, leur attitude fermée et rigoriste. Elle me disait s’être un jour perdue en voiture dans les rues de Méa Sharim, le quartier ultra-orthodoxe de Jérusalem, un vendredi en fin de journée alors qu’elle faisait visiter la ville à ses parents. Instantanément, les gens étaient apparus aux fenêtres et s’étaient mis à crier shabes ! shabes ! shabes ! (Shabbat en yiddish). Une femme religieuse qui rentrait chez elle leur avait conseillé de fuir au plus vite en indiquant une direction. Quelques secondes de plus et ils se seraient sans doute retrouvés sous des nuées de pierres, assaillis de toutes parts.
Pour avoir souvent traversé ce quartier lors d’un séjour là-bas, j’avais été frappée par ces hommes habillés en noir, ces jeunes garçons aux crânes rasés avec de longues mèches sur les tempes, ces mères aux regards indifférents et aux perruques invariablement coiffées en brushing, ces fillettes portant des collants opaques sous les robes de leurs sœurs aînées. Dans le bus ou aux arrêts, un religieux ne viendrait jamais s’asseoir à côté d’une femme. Si une femme s’installait sur sa banquette, il se déplacerait aussitôt pour aller à côté d’un homme. Il ne daignerait pas adresser la parole à un non-pratiquant, se laisserait encore moins aborder par un goy.
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« Une fois, il avait oublié un reste de couscous dans une cocotte minute avant de s'en aller trois jours. C'était moisi à son retour. Je me disais : comme il est attendrissant. Il a la tête ailleurs. Je trouvais les mouches drosophiles attendrissantes. »
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La veille d’un jour passé, il m’avait dit qu’il m’appellerait. J’ai attendu. Je n’osais pas sortir. J’avais peur qu’il raccroche en trouvant le répondeur. Je suis restée chez moi, j’ai patienté non loin du téléphone en pleurant d’impatience. Il s’est mis à faire nuit. Je n’avais fait qu’attendre et espérer toute la journée. Peut-être était-il arrivé quelque chose? (Je me disais cela pour ne pas l’accuser). Je l’ai appelé vers 9h10. Puis vers neuf heures et quart. Tout à coup, il venait de rentrer. Il m’a dit : on est allés voir une exposition au Jeu de Paume. Il parlait gentiment mais avec une voix ferme. Il m’a promis de rappeler plus tard.
Il est revenu au bout d’une heure. J’ai pensé ouf.
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La première fois qu’il est venu chez moi, c’était en revenant de Tours. Il m’avait pris une boîte de macarons chez un pâtissier tourangeau. Nous sommes restés debout à nous embrasser au milieu du studio. Il était arrivé chez moi, avait réussi à trouver ma rue et apporté ces délicieux gâteaux. Bientôt, il m’a dit qu’il devait remettre un document à son frère aux environs de Jouy-en-Josas. Il est parti en promettant de revenir. Pendant ce temps, j’ai tournoyé en rond et admiré les macarons. Au bout d’un moment, je me suis mise à la fenêtre pour guetter sa voiture.
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Nous étions assis sur un banc près des Halles, sous une espèce de pergola en bois. Il faisait bon. Il m’a dit je ne t’aime pas.
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Il possédait un Leica. Au cours d'un rendez-vous, il prit quelques photos, dont celle de deux sacs en plastique transparents. Il s'émouvait de la beauté des choses avec un réel enthousiasme. De la crème de lait à la surface d'une tasse, d'un bouchon de lavabo durci et craquelé, d'une tache de moisi sur un fruit, il disait c'est beau en les pointant du doigt.
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Mon père répondait "dans ta bouche ouverte" sitôt qu'on disait merde.
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Mon père nous disait que ma mère nous bourrait le crâne, et quelquefois, qu'il avait la tête farcie.
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À cet instant, la mère a compris qu’ elle avait été solidement harponnée, qu’un fil translucide ultrarésistant la reliait à son enfant, un fil qui pouvait être estampillé d’une de ces marques aux sonorités phonétiques si naïvement charmantes dont elle s’amusait à collectionner les noms au gré des trouvailles sur les stands des puces : Kidur, Résistatou, Sédurobust. (p. 16)
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Mon grand-père amenait ses maîtresses chez lui et faisait l'amour avec elles en couchant ma mère dans le même lit. Ma grand-mère, dont c'était le deuxième mari, demanda le divorce. (p.7)
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