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Citations de Vasile Voiculescu (55)


Au bord du Danube

Au bord du Danube descendant
Par de tristes éteules aux chardons,
Lentement bercé passe vers l'étang
Un coche au toit en roseaux presque rond.

Dans tout le champ il n'y a pas un fil vert,
Le vent souffle les bouts d'herbes blanchies,
Le long chemin aux horizons se perd
Sous un ciel de grandes mélancolies.

Les bœufs traînent leurs pas tout mollement
Cette marche trop lourde les éreinte,
Les essieux poussent des gémissements
Balbutiant une sorte de complainte.

Et l'homme à la tête nue suit le train,
Profondément plongé dans son gîte ;
Assoupi, tenant la gaule à sa main,
Il poursuit son chemin sans limites.

Tout comme un ours étendu il sommeille
Sur son énorme manteau de fourrure,
Seule la terrible massue y veille,
Avec ses clous en cuivre qui rassurent.

Quand, comme un vautour, il ouvre les yeux
Sur la route des lointains au plat relief,
Se dilate fort tout son cœur fougueux,
Comme si la plaine était son grand fief.

« Feuille verte de petit fil d'absinthe »…
Chante le charretier tout doucement ;
Réveillés, chante la même complainte
Les vieux Scythes de la steppe d'antan !

(p. 195-197)
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Noces paysannes

Fatigués ils rentrent du travail en chantant leur amer...
Mais deux jeunes, isolés, s'attendent tout frémissants.
La jeune fille feint de chercher de belles fleurs aux champs,
Le jeune homme s'arrête battant son briquet en fer.

Restés loin derrière ils s'enlacent fascinants
… Le champ participe aux noces : un saule est l'autel,
Les cailles disent des oraisons, le chêne des appels
Et un mariage doré jusques à l'aube s'étend.

Le tendre Amour veille sur eux et doucement il leur creuse
Des lits dans les larges ondoiements de l'herbe soyeuse,
Il ouvre l'Éternité et le temps meurt dans sa chute ;

Et au-dessus d'eux, vagues dans les hauteurs déroulées,
Pendent des voûtes d'ombre aux étoiles accrochées
Et closent vite la nuit comme une vibrante hutte.

(p. 145)
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CLXXVI

Regardant ton image je tâche de m'inspirer…
Comme un jongleur qui sort des flammes ou des rubans,
J'ai tiré ces vers de moi-même, de mon cœur brûlant
Et je les ai écrits seulement pour t'en régaler.
Ce sont des psaumes secrets, une prière continuelle,
J'y ai mis l'Amour, de l'Éternité constant voisin,
Pour qu'ils combattent solidaires l'hostile Destin :
Eux aussi m'ont abandonné comme toi, traîtres cruels.
.…Pressé, le givre blanc sur mes cheveux descend trop vite,
Mes pensées, insomnies comme des tourmentes en trombe,
Arrachées l'une après l'autre de rêves me vident…
Sur les ravins de l'oubli dans mon automne je tombe.
Descends, je t'en prie et viens me voir assis dans mon siège
Avant que me recouvrent les solennelles neiges.

Samedi, 5 mars 1955
[dans « Les Derniers Sonnets figurés par Shakespeare dans la traduction imaginaire de V. Voiculescu »]
(p. 455)
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Au carrefour

Sur la voie de l'âme il y a des carrefours,
Croisements de routes sauvages, étrangères,
Menant aux quatre coins… Quel sera le détour ?
Les contrées sont mauvaises, tu es seul sur terre.

Car le carrefour est mort et tous les passants
N'ont laissé aucune trace ni aucun signe
Qui dise si l'on a trouvé le chemin franc…
Seules des croix sans lettres s'y trouvent en ligne.

Une auberge aux seuls murs inhospitaliers,
Au puits perdu et la cave abandonnée, vide,
À côté, comme une potence, un mort peuplier
Disent que c'est l'endroit où il faut passer vite.

Les carrefours sont déserts, on se sent perdu…
Et on voudrait fuir tous ces contrées maudites.
…Dans l'âme il y a des carrefours : à son insu,
On est aux routes neuves et on y hésite.

(p. 137)
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Soleil couchant

Du haut ciel parcouru dans son immensité
Descendant sur les monts, le Soleil trop ardent
Arrête pour un instant tous ses fougueux coursiers
Aux corps enflammés, aux crinières dans le vent.

Et menant les chevaux chez lui, pour le repos,
Lui-même les abreuve pour toute la nuit
Dans le lac de lumière infiniment éclos,
Débordant dans la voie du soir comme une pluie.

(p. 127)
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CCXLII

Je souris ? Habitude… Je pourrais rire à nouveau :
Tu dis que dans le plus doux amour il y a une peine ?
Je me rappelle bien : sur une étrange icône ancienne
Il y a un martyre qui porte sa tête au bourreau.
Il en est de même de mon cœur depuis fort longtemps :
Il s'est déplacé en toi, et m'a changé en fantôme…
Ne sais-tu donc pas qu'il bat maintenant pour deux personnes ?
Ne sens-tu pas dans la poitrine un tumulte éclatant ?
La mystérieuse soif me ramène comme d'un gouffre,
Pour sucer toujours le souffle, le sang tout près de toi…
Quand je pars, je rentre telle une ombre sur la paroi,
Réellement me mire l'icône du saint qui souffre…
Je souris ? Habitude… Je pourrais rire à nouveau :
Je connais un fou qui porte tête, cœur… au bourreau.

Dimanche après Pâques, 1958
[dans « Les Derniers Sonnets figurés par Shakespeare dans la traduction imaginaire de V. Voiculescu »]
(p. 587)
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Fruits mûrs

J'ai été un arbre tardif… lentement j'ai poussé…
Ne m'épargnèrent ni grêle, ni longues sécheresses,
Mes branches sont tordues, tout mon corps ratatiné,
Et ma racine, dans ses grands efforts de pauvresse
Vers la terre grasse, parmi les pierres a vrillé.

Mais, au-delà des temps, je porte les fruits... par les pores,
La sève amère monte du fond et s'adoucit ;
La lumière du soleil dans les fleurs se colore :
Maintenant le rêve des racines resplendit,
Dans la grappe de fruits joyeux, qui doucement mûrit…
… Courbé sous leur poids, j'attends la récolte sonore.

(p. 123)
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CCXXXIII

Nous nous joignons malgré les différences qui dominent…
Et nous savons le support idéal de notre union ;
À la fleur aimée nous empruntons la composition,
Un appariement naturel, toi rose, moi épine,
Je reste dessous ; me vêt des courtisans la feuillage vert,
Je regarde longtemps d'en bas ta gloire au suave teint…
Mais je suis le premier qui reçoit le don des parfums,
Ami morganatique, son tranchant lourd de mystère :
Je suis l'ange aux fortes griffes diaboliques, à même
De déchirer sauvagement main ou museau tendus…
Le génie est le piquant frappé de haine suprême,
Mais celui qui te cueille prend aussi mon aiguille pointue…
Quand ta fleur tombera, je tendrai l'épine hardie,
Pour en saisir tous les pétales jusqu'à l'infini.

Dimanche, le 21 juillet 1957
[dans « Les Derniers Sonnets figurés par Shakespeare dans la traduction imaginaire de V. Voiculescu »]
(p. 569)
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Nuit d'hiver

C'était une nuit dans la neige plongée
Et toute la terre était fort engourdie…
Les museaux levés vers la froideur qui luit,
Mendiant la proie, hurlaient deux loups affamés.

Aux sons de querelle, leur profond gosier,
Grondait vainement la nature sans merci…
Seule, indécise, à des moments de répit,
Une étoile était sur le point de tomber.

Il y avait une telle indécision,
Un désert et une hostilité amère,
Un tel oubli ainsi qu'un tel abandon,

Que la lune même dépourvue de vie,
Emportée par l'universelle colère,
Semblait un glaçon froid que le ciel charrie.

(p. 115)
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Cimes effrayantes

Il y a des cimes effrayantes cachées dans nos âmes,
Mais personne n'y monte, personne ne les atteint,
Au-dessus, sur les ténèbres, les tempêtes qui brament,
Règne la lumière pure et jamais ne s'éteint…

Le soleil qui se lève y lance son premier rayon
De même que le couchant tardif son dernier reflet,
La lumière brille toujours sur leur front d'horizon
En embrassement passionné, qui ne finit jamais.

Rarement un aigle aux longues ailes vouées au hasard
Arrive aux cimes lumineuses, mais ne vole plus,
Car, saisi dans le charme des filets sereins, hagard,
Il y reste sans descendre, solitaire reclus.

(p. 111)
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CCIV

Il m'a fallu toute la flamme de la poésie
Pour changer le charbon de l'amour en diamant ;
Mais tu brilles déjà sur le front du temps infini,
Racheté à tout jamais à l'implacable néant…
Ma force est la braise fermée, comme dans les joyaux,
Qui brûle durement dans son feu intérieur et froid :
Dès la genèse du monde, des cortèges astraux,
Le feu originaire ne s'éteint jamais en moi !
Il est comme un grain, mais il tient les vertus de l'essence ;
Il est diamant, qui ronge l'acier, des monts la balance…
Il coupe ta fenêtre dans les murs de l'existence,
Pour qu'y entre l'immortalité, en toute abondance.
Et dans un grand tourbillon brûlant de vers diamantins
Je séduis l'éternité, mon amour, pour ton bien.

Samedi, le 17 septembre 1955
[dans « Les Derniers Sonnets figurés par Shakespeare dans la traduction imaginaire de V. Voiculescu »]
(p. 511)
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CLXXV

L'amour ne serait-il donc qu'un masque de la Douleur ?
Une autre image d'elle quand peut-être il dort et rêve ?
Pourquoi alors en moi-même il veille toujours, sans trêve,
Même jusqu'à l'oreiller qui plonge dans la douceur ?
Tous les deux m'aviez torturé avec cet art perfide
Dont les hommes adroits cueillent les roses à pleines mains ;
Écrasées dans les lourds pressoirs, bien tassées, il les vident
De toute leur profondeur éternelle : leur parfum.
[En]fermée dans les purs cristaux, leur essence inégalable
Parcourt les siècles, loin… ni même la mort ne la vainc,
Et l'esprit de la rose remplit tout ce qu'il atteint…
De même, moi, par vos longues tortures implacables,
Je me distille en vers, par la poésie révélée
Je vous embaume dans l'arôme de l'éternité.

Mercredi, le 23 février 1955
[dans « Les Derniers Sonnets figurés par Shakespeare dans la traduction imaginaire de V. Voiculescu »]
(p. 453)
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Babel

J'aspire à un acte qui me donne la perfection
À une minceur où je vais me filer à loisir,
Un état sans degrés, plutôt que du bonheur le don,
Plus pure que l'amour, en soi une illumination,
Un sans-lieu, dont je ne voudrais plus jamais revenir.

Ce n'est pas convoitise, mais effort non effacé :
Je remonte, m'effondre avec tout mon lieu intérieur,
Me bâtis comme la tour de Babel, terre brûlée,
Et ne m'inquiète pas la dissipation versée
Pour combattre le mystère afin d'atteindre le Seigneur.

Le 8 novembre 1954, Bucarest.
(p. 389)
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CLXXXII

Moi, je n'ai jamais été apprenti ;
Dès le début vrai maître… seulement
Devant toi je tombe ; je t'en supplie,
Sur moi répands ta grâce maintenant.
Donne-moi le vrai tout, mon seul seigneur,
Car la division ne serait que vaine ;
Oui, ton amour a comme frère et sœur
L'Art éternel et la Mort souveraine…
Heureux, aujourd'hui ils se sont plus guère
Isolés dans un monde d'intervalles :
Du ciel, de l'enfer, de la terre entière
Ils se groupèrent dans ta beauté géniale.
Quand j'étreins tout ton être lumineux,
J'embrasse les trois par le même vœux…

Le 23 avril 1955
[dans « Les Derniers Sonnets figurés par Shakespeare dans la traduction imaginaire de V. Voiculescu »]
(p. 467)
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CLXVIII

Le printemps frappe dans nos cœurs !… Allons ouvrir nos portes :
Les lapis-lazuli du monde sont tous dans tes yeux,
Tant que nous pouvons défier des ombres les cohortes,
Allumons un autre soleil sur ses chemins trop vieux…
Est-ce ta main dans l'air ? Ou bien le premier rossignol ?
Long tremblement de paupières ? Ou tendre papillon vivant ?
Grain rouge d'églantier tend ta petit bouche molle,
Un tronc svelte de pommier mûr m'est ton corps ondoyant…
Et par toi je comprends maintenant toute la nature,
Je me place du côté de l'ordre de l'âpre univers,
Le typhon qui prépare aux navires la sépulture,
Ton cher petit pied qui marche sur l'insecte, le vers,
Neiges, fleurs et fruits sur ta route s'étendent fidèles,
Tour à tour, ensemble soumis à ton rythme éternel !

Mercredi, le 12 janvier 1955
[dans « Les Derniers Sonnets figurés par Shakespeare dans la traduction imaginaire de V. Voiculescu »]
(p. 439)
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CLXII

Je bâtis mon sonnet aux cimes, véritable cité,
Les rimes en sont des créneaux et chaque vers un mur.
Toi, prince hermétique, comme dans une éternité,
Tiré des griffes du temps je t'y enfermerai pur.
Le frappera, ennemie, la mer du monde, furieuse,
Avec sa meute d'envies, d'intrigues, de laide haine,
Mais elle ne saura l'ébranler dans l'armure hautaine,
Incapables de briser sa grande énigme glorieuse,
Nous serons indifférents à ce qui va arriver…
En enchaînant l'oubli, et en mettant aux fers le vol,
Les lauriers de l'éternité aux tempes, non fanés,
Nous affronterons le passé qui incite l'envol :
Je garde au cœur de l'immortelle lettre le contour
Que j'écris avec le diamant des carats de l'amour…

Le solstice d'hiver, 1954
[dans « Les Derniers Sonnets figurés par Shakespeare dans la traduction imaginaire de V. Voiculescu »]
(p. 427)
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CLVI

Mon amour est en éveil ainsi qu'une veillée d'armes,
Longue, héroïquement tendue attente de combat ;
Rien ne languit en moi, je suis l'arc braqué sous l'alarme
Dans son immobilité dramatique vibrant en soi.
J'attends quelque chose, d'un charme plus haut que victoire,
Non pas le couronnement brut du sang trop ardent ;
Car au-delà du plaisir, je guette une autre gloire,
L'illustre union de génies, invincibles dans les temps…
J'aspire au rêve irréalisé de la perfection ;
Afin que ta haute beauté ne soit pas vision vaine,
– Un instant arrivé au vol et qui un autre entraîne –
Je briserai le décret de terre de la création :
Pour qu'elle dure toujours, éternellement fertile,
Je lui greffe toute ma force de pensée fébrile.

Vendredi, le 3 décembre 1954
[dans « Les Derniers Sonnets figurés par Shakespeare dans la traduction imaginaire de V. Voiculescu »]
(p. 415)
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Les épines

On glorifia assez seules les roses
Tendres dormant dans la nuit dorée,
Ce sont les épines qu'il faut donc chanter –
Ces pauvres bâtards de la métamorphose.

Elles portent leur destinée trop pesante !
Cachées sous les feuilles, personne ne les voit,
En esclaves elles gardent toujours la voie,
Pour bien protéger la fleur resplendissante.

Elles sont la proie des blasphèmes, de haine
Quand, promptes, elles s'enfoncent de toute leur
Force dans la main qui veut prendre la fleur
Et même les museaux des bêtes les craignent.

Ces barbares, ô, ces sauvages vestales,
Prêtes à mettre les ennemis en pièces,
Avec quelle timide douceur, tendresse,
Portent dans leurs bras le fardeau de pétales !

Tout comme au milieu de l'armée s'élevèrent
Des oriflammes, largement déployées,
Ainsi les épines, – innombrables armées !
Portent les roses, oriflammes altières…

Glorieux drapeaux vraies fleurs de neige chétive,
Flottent au-dessus de la très lourde bataille…
Mais n'oubliez jamais les soldats sans médailles,
Qui tombent au combat pour que victoire s'ensuive !

(p. 97-99)
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Les lunatiques

Savent les grands gardiens où nous nous trouvons ?
À peine sortis des langes de la terre.
Nous avons grimpé le toit de l'univers
Et sur le tranchant du siècle nous marchons.

Quel esprit fou avons-nous sucé et bu ?
Cette folie ne connaît donc plus de bords,
Les yeux ouverts, lunatiques fils de mort,
Nous avançons vers le vide noir déchu.

Qu'il est triste le zodiaque qui erre !
Alchimistes de la douleur, du courage,
Nous sommes greffés en matière sauvage
Et nous poussons, tous, en dehors du mystère.

Hantés par l'Absolu – véritable lieu
Où le rêve ne connaît jamais le blâme –
Nous portons la torche lourde de flammes,
Et nous mettons ainsi aux siècles le feu.

Mais plus nous y montons, plus nous chancelons
Sur les pensées devenues longues échasses…
Et l'ange n'ose plus crier, dans sa grimace
Regardant nos pas dans le gouffre profond.

1942, décembre, Bucarest

(p. 327)
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Le souvenir

Ainsi passa, bien chétif, le souvenir
De notre amour, comme une triste fleur
Qui dans un verre cesse de resplendir,
Car, abandonnée, elle pleure et se meurt.

Il n'y a personne dans cette langueur.
Au plancher le miroir hagard rien ne mire.
Des rideaux arrêtent la trop forte lueur…
Même les araignées ont cessé d'ourdir.

En se regardant dans la coupe fanées,
De leur pulpe flétrie les feuilles ahanées,
Se détachent dans un gaspillage total,

Descendant doucement dans l'ombre quiète...
Et la fleur du souvenir, oubliée, fluette,
Laisse tomber un à un tous ses pétales

Dans la vieille eau du temps, pourrie et muette.

[Amintirea

Cum s-a trecut, plăpândă, amintirea
Iubirii noastre, tocmai ca o floare
Ce-ntr-un pahar îşi plânge strălucirea
Uitată-n colţul mesei, unde moare.

Nu-i nimeni în odaia tânjitoare.
Oglinda-n podini şi-a holbat privirea.
Perdelele lungi ţin calea către soare ...
Păianjenii şi-au întrerupt urzirea.

Privindu-se în cupă ofilite,
Din miezul veşted foile mâhnite
Se rup, treptat, cu-o mută iroseală

Picând domol în umbra liniştită ...
Şi floarea amintirii, părăsită,
Se scutură petală cu petală

În apa vremii veche şi clocită. ]

(p. 130-131)
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