Grand entretien avec Véronique TADJO
Il est des cris puissants
Où perce la misère
Et des femmes voilées
Où se taisent les refrains
Il est aussi
Des poings fermés
Où battent les violences
Comme un homme enchaîné
A sa propre souffrance.
"Le rôle de l'artiste, dit-elle, perdue dans ses pensées, ce n'est pas de recréer la réalité, mais plutôt d'inventer l'illusion, d'imaginer l'inconcevable, la face cachée de notre vie" (p. 142)
Ce qui s'est passé nous concernait tous. Ce n'était pas uniquement l'affaire d'un peuple perdu dans le cœur noir de l'Afrique. Oublier le Rwanda après le bruit et la fureur signifiait devenir borgne, aphone, handicapée. C'était marcher dans l'obscurité, en tendant les bras pour ne pas entrer en collision avec le futur.
Il faut la mort pour apprendre à retrouver la solidarité.
"Tu veux savoir ce que c'est qu'un vrai leader? Moi, je vais te le dire: c'est quelqu'un qui sait reconstruire ce qui a été brisé, rassembler ceux qui ont été séparés. Mais il faut une vision pour y arriver et c'est ce qui nous manque le plus dans ce foutu pays!"
"Les arbre sont porteurs de notre mémoire. Et pourtant ils se taisent, gardent jalousement leurs secrets. Je ne saurais jamais ce qui s'est réellement passé"
Il n'y a qu'une seule histoire d'amour que
nous habillons et déshabillons avec nos mots
et nos espoirs, une seule vraie raison du cœur
où l'univers peut éclore, un seul moment de
grâce pour renaître et reconstruire le monde
envers et contre tout.
Hélas, j'ai aussi appris une chose très triste ; pour construire la paix, il faut parfois faire la guerre.
La haine dort en chacun de nous. Ce qui nous tourmente le plus, c'est cette inconnue dans notre esprit qui peut se réveiller pour nous faire basculer dans un monde parallèle. Qui sait ce que je ferais demain si la peur d'être punie était levée ?
Elle se sentait horriblement triste. Sur quoi reposait à présent le futur de sa famille ? sur ses épaules? Aurait-elle la force de continuer ce que ses parents n'avaient pas terminé ? Où s'arrêtait leur vie et où commençait la sienne ? Elle se demandait jusqu'à quel point elle pouvait aller pour préserver leur mémoire . (p.30)