Citations de Victor Hugo (8675)
Prends garde ! Murmura le brigand, je vais fondre sur toi, comme la grêle de Norvège sur un parasol. […]
-D'Ahlefeld ! Attends ; oui je le connais. J'ai bu hier le sang de son fils dans le crâne du mien.
Un moment après, la portière de tapisserie se souleva, et la bohémienne parut sur le seuil de la chambre, rouge, interdite, essoufflée, ses grands yeux baissés, et n’osant faire un pas de plus.
Bérangère battit des mains.
Cependant la danseuse restait immobile sur le seuil de la porte. Son apparition avait produit sur ce groupe de jeunes filles un effet singulier. Il est certain qu’un vague et indistinct désir de plaire au bel officier les animait toutes à la fois, que le splendide uniforme était le point de mire de toutes leurs coquetteries, et que, depuis qu’il était présent, il y avait entre elles une certaine rivalité secrète, sourde, qu’elles s’avouaient à peine à elles-mêmes, et qui n’en éclatait pas moins à chaque instant dans leurs gestes et leurs propos. Néanmoins, comme elles étaient toutes à peu près dans la même mesure de beauté, elles luttaient à armes égales, et chacune pouvait espérer la victoire. L’arrivée de la bohémienne rompit brusquement cet équilibre. Elle était d’une beauté si rare qu’au moment où elle parut à l’entrée de l’appartement il sembla qu’elle y répandait une sorte de lumière qui lui était propre. Dans cette chambre resserrée, sous ce sombre encadrement de tentures et de boiseries, elle était incomparablement plus belle et plus rayonnante que dans la place publique. C’était comme un flambeau qu’on venait d’apporter du grand jour dans l’ombre. Les nobles damoiselles en furent malgré elles éblouies. Chacune se sentit en quelque sorte blessée dans sa beauté. Aussi leur front de bataille, qu’on nous passe l’expression, changea-t-il sur-le-champ, sans qu’elles se disent un seul mot. Mais elles s’entendaient à merveille. Les instincts de femmes se comprennent et se répondent plus vite que les intelligences d’hommes. Il venait de leur arriver une ennemie : toutes le sentaient, toutes se ralliaient. Il suffit d’une goutte de vin pour rougir tout un verre d’eau ; pour teindre d’une certaine humeur toute une assemblée de jolies femmes, il suffit de la survenue d’une femme plus jolie, – surtout lorsqu’il n’y a qu’un homme.
Aussi l’accueil fait à la bohémienne fut-il merveilleusement glacial. Elles la considérèrent du haut en bas, puis s’entreregardèrent, et tout fut dit. Elles s’étaient comprises. Cependant la jeune fille attendait qu’on lui parlât, tellement émue qu’elle n’osait lever les paupières.
L'obscurité est vertigineuse. Il faut à l'homme de la clarté. Quiconque s'enfonce dans le contraire du jour se sent le cœur serré. Quand l’œil voit noir, l'esprit voit trouble. Dans l'éclipse, dans la nuit, dans l'opacité fuligineuse, il y a de l'anxiété, même pour les plus forts. Nul ne marche seul la nuit dans la forêt sans tremblement.
- La petite toute seule -
L'oeil de l'esprit ne peut trouver nulle part plus d'éblouissements ni plus de ténèbres que dans l'homme; il ne peut se fixer sur aucune chose qui soit plus redoutable, plus compliquée, plus mystérieuse et plus infinie. Il y a un spectacle plus grand que la mer, c'est le ciel; il y a un spectacle plus grand que le ciel, c'est l'intérieur de l'âme.
Vers la fin de cette quatrième année, le tour d'évasion de Jean Valjean arriva. Ses camarades l'aidèrent comme cela ce fait dans ce triste lieu. Il s'évada. Il erra deux jours en liberté dans les champs; si c'est être libre que d'être traqué; de tourner la tête à chaque instant; de tressaillir au moindre bruit; d'avoir peur de tout, du toit qui fume, de l'homme qui passe, du chien qui aboie, du cheval qui galope, de l'heure qui sonne, du jour parce qu'on voit, de la nuit parce qu'on ne voit pas, de la route, du sentier, du sommeil. Le soir du second jour, il fut repris.
- Jean Valjean -
Car, ne crût-on à rien, il y a des moments dans la vie où l'on est toujours de la religion du temple qu'on a sous la main.
Si tu m'as caressé de ton regard suprême,
Je vis ! je suis léger, je suis fier, je suis grand;
Ta prunelle m'éclaire en me transfigurant;
J'ai le reflet charmant des yeux dont tu m'accueilles;
Comme on sent dans un bois des ailes sous les feuilles,
On sent de la gaîté sous chacun de mes mots;
Je cours, je vais, je ris; plus d'ennuis, plus de maux;
Et je chante, et voilà sur mon front la jeunesse !
Mais pour ceux qui ne veulent pas de l’avenir y réfléchissent. En disant non au progrès, ce n’est pas l’avenir qu’ils condamnent, c’est eux-mêmes. Ils se donnent une maladie sombre, ils s’inoculent le passé. Il n’y a qu’une manière de refuser Demain, c’est de mourir.
Quant à la tante, elle pensait trop peu pour aimer beaucoup…
Se trouvant joli il avait voulu être élégant ; or, la première élégance c’est l’oisiveté ; l’oisiveté d’un pauvre c’est le crime.
La prise de voile ou de froc est un suicide payé d’éternité.
...que savons-nous si des créations de mondes ne sont point déterminées par des chutes de grains de sable ?
la première chose qui le frappa dans ce préau, ce fut une porte du seizième siècle qui y simule une arcade, tout étant tombé autour d'elle. L'aspect monumental nait souvent de la ruine.
Aucune pourriture n'est possible au diamant.
Soit dit en passant, c'est une chose assez hideuse que le succès. Sa fausse ressemblance avec le mérite trompe les hommes. [...]
Ils confondent avec les constellations de l'abîme les étoiles que font dans la vase molle du bourbier les pattes de canards
La nature grande et touchante,
La nature qui vous enchante
Blesse mes regards attristés.
Le jour est dur, l’aube est meilleure.
Hélas ! la voix qui me dit : Pleure !
Est celle qui vous dit : Chantez !
Il était beau, lui, cet orphelin, cet enfant-trouvé, ce rebut, il se sentait auguste et fort, il regardait en face cette société dont il était banni, et dans laquelle il intervenait si puissamment, cette justice humaine à laquelle il avait arraché sa proie, tous ces tigres forcés de mâcher à vide, ces sbires, ces juges, ces bourreaux, toute cette force du roi qu'il venait de briser, lui infime, avec la force de Dieu.
Lorsque les évènements, qui sont variables, nous font une question, la justice, qui est immuable, nous somme de répondre. Derrière le nuage, qui nous jette son ombre, il y a l’étoile, qui nous jette sa clarté. Nous ne pouvons pas plus nous soustraite à la clarté qu’à l’ombre
La misère d'un enfant intéresse une mère, la misère d'un jeune homme intéresse une jeune fille, la misère d'un vieillard n'intéresse personne.
Tu seras le poète, un homme qui voit Dieu !
Ne crains pas la science, âpre sentier de feu,
Route austère, il est vrai, mais des grands cœurs choisies,
Que la religion et que la poésie
Bordent des deux côtés de leur buisson fleuri.