Citations de Victor Hugo (8700)
Qu'est-ce qu'un fontis ? C'est le sable mouvant des bords de la mer tout à coup rencontré sous terre ; c'est la grève du mont Saint-Michel dans un égout.
L’homme a sur lui la chair, qui est tout à la fois son fardeau et sa tentation. Il la traîne et lui cède.
Il doit la surveiller, la contenir, la réprimer, et ne lui obéir qu’à la dernière extrémité. Dans cette obéissance-là, il peut encore y avoir de la faute ; mais la faute, ainsi faite, est vénielle. C’est une chute, mais une chute sur les genoux, qui peut s’achever en prière.
On a calculé qu'en salves, politesses royales et militaires, échanges de tapages courtois, signaux d'étiquette, formalités de rade et de citadelles, levers et couchers de soleil salués tous les jours par toutes les forteresses et tous les navires de guerre, ouvertures de portes, etc., etc., le monde civilisé tirait à poudre par toute la terre, toutes les 24 heures, cent cinquante mille coups de canon inutiles. À six francs le coup de canon, cela fait neuf cent mille francs par jour, trois cent millions par an, qui s'en vont en fumée. Ceci n'est qu'un détail. Pendant ce temps-là les pauvres meurent de faim.
Une âme tendre est toujours énergique. Rien ne s'allie mieux avec la dureté de cœur que la mollesse de l'âme.
On ne trouve les diamants que dans les ténèbres de la terre ; on ne trouve les vérités que dans les profondeurs de la pensée. Il lui semblait qu'après être descendu dans ces profondeurs, après avoir longtemps tâtonné au plus noir de ces ténèbres, il venait enfin de trouver un de ces diamants, une de ces vérités, et qu'il la tenait dans sa main ; et il s'éblouissait de la regarder.
MELANCHOLIA
Ecoutez, une femme au profil décharné,
Maigre, blême, portant un enfant étonné,
Et là qui se lamente au milieu de la rue,
La foule, pour l' entendre, autour d' elle se rue,
Elle accuse quelqu' un, une autre femme, ou bien
Son mari. Ses enfants ont faim. Elle n' a rien.
Pas d' argent. Pas de pain. A peine un lit de paille,
L' homme est au cabaret pendant qu' elle travaille,
Elle pleure, et s' en va. Quand ce spectre a passé,
O penseurs, au milieu de ce groupe amassé,
Qui vient de voir le fond d' un coeur qui se déchire,
Qu' entendez-vous toujours ? Un long éclat de rire .
Quand je sortis du collège , du thème ,
Des vers latins , farouche, espèce d' enfant blème
Et grave, au front penchant, aux membres appauvris ,
Quand, tâchant de comprendre et de juger , j' ouvris
Les yeux sur la nature et sur l' art , l' idiome ,
Peuple et noblesse, était l' image du royaume ;
La poésie était la monarchie : un mot
Etait un et pair , ou n' était qu' un grimaud ;
Les syllabes pas plus que Paris et que Londres
Ne se mêlait : ainsi marche sans se confondre
Piétons et cavaliers traversant le pont Neuf
Elle sait tous les noms des fleurs qu' en sa corbeille
Mai nous rapporte avec la joie et les beaux jours ;
Elle les lui nommait comme eut fait une abeille,
Puis elle reprenait : -Parlons de nos amours .
Le soir, à la campagne, on sort, un se promène,
Le pauvre dans son champ, le riche en son domaine ;
Moi, je vais devant moi ; le poète en tout lieu
Se sent chez lui, sentant qu' il est partout chez Dieu .
Je vais volontiers seul. Je médite ou j' écoute.
Pourtant, si quelqu' un veut m' accompagner en route,
J' accepte. Chacun a quelque chose en l' esprit,
Et tout homme est un livre où Dieu lui-même écrit .
Chaque fois qu' en mes mains un de ces livres tombe,
Volume où vit une âme et que scelle la tombe,
J' y lis.
Puisque mai tout en fleurs dans les prés nous réclame,
Viens ! ne te lasse pas de mêler à ton âme
La campagne, les bois, les ombrages charmants,
Les larges clairs de lune au bord des flots dormants,
Le sentier qui finit où le chemin commence,
Et l'air et le printemps et l'horizon immense..
( " Les chants du crépuscule")
~~~~~~~~ AUX ARBRES ~~~~~~
Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme !
Au gré des envieux, la foule loue et blâme ;
Vous me connaissez, vous ! ~~ vous m'avez vu souvent,
Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant.
Vous le savez, la pierre où court un scarabée,
Une humble goutte d'eau de fleur en fleur tombée,
Un nuage, un oiseau, m'occupe tout un jour.
La contemplation emplit mon coeur d'amour.
[...]
Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois,
Dans tout ce qui m'entoure et me cache à la fois,
Dans votre solitude où je rentre en moi-même,
Je sens quelqu'un de grand qui m'écoute et qui m'aime.
[...]
______ Victor Hugo ____
N'imitez rien ni personne: un lion qui copie un lion devient un singe.
Quand tout se fait petit, femmes, vous restez grandes.
( "Les châtiments")
La haine, c' est l'hiver du coeur.
Lui Fauchelevent clouerait le cercueil dans la cellule, lèverait la pierre dans la chapelle, et descendrait la morte dans le caveau. Et que, pour le remercier, la prieure admettait dans la maison son frère comme jardinier et sa nièce comme pensionnaire. Que son frère, c'était M. Madeleine, et que sa nièce, c'était Cosette.
Les géologues ne voient aujourd'hui dans la Thessalie bouleversée que la secousse d'un tremblement de terre et le passage des eaux diluviennes; mais, pour Eschyle et ses contemporains, ces plaines ravagées, ces forêts déracinées, ces blocs arrachés et rompus, ces lacs changés en marais, ces montagnes renversées et devenues informes, c'était quelque chose de plus formidable qu'une terre dévastée par un déluge ou remuée par les volcans; c'était l'effrayant champ de bataille où les titans avait lutté contre Jupiter !
[...]
Il y a aujourd'hui en Europe un lieu qui, toute proportion gardée, est pour nous, au point de vue poétique, ce qu'était la Thessalie, pour Eschyle, c'est à dire un champ de bataille mémorable et prodigieux. On devine que nous voulons parler des bords du Rhin. Là, en effet, comme en Thessalie, tout est foudroyé, désolé, arraché, détruit; tout porte l'empreinte d'une guerre profonde, acharnée, implacable. Pas un rocher qui ne soit une forteresse, pas une forteresse qui ne soit une ruine; l'extermination a passé par là, mais cette extermination est tellement grande, qu'on sent que le combat a dû être colossal. Là, en effet, il y a six siècles, d'autres titans ont lutté contre un autre Jupiter. Ces titans, ce sont les burgraves; ce Jupiter, c'est l'empereur d'Allemagne.
(Préface)
Il apercevait dans les ténèbres, l’effrayant lever d’un soleil moral inconnu ; il en avait l’horreur et l’éblouissement. Hibou forcé à des regards d’aigle !
Contempler , c'est labourer; penser, c'est agir. Les bras croisés travaillent, les mains jointes font. Le regard au ciel est une œuvre.
Une alouette, qui semblait mêlée aux étoiles, chantait à une hauteur prodigieuse, et l'on eût dit que cet hymne de la petitesse à l'infini calmait l'immensité.
C'est qu'il a dans l'âme une perle, l'innocence , et les perles ne se dissolvent pas dans la boue.