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Citations de Victor Serge (103)


La vieille révolte éteinte n’est plus qu’obéissance.
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Se coucher dans des draps une fois de plus, se débattre avec une pensée inutile et impuissante, savoir qu’il y’aura l’heure absolument noire de la lucidité en plein vide, quand la vie n’a plus aucun sens, et si elle n’est plus que cette angoisse vaine, cette conscience vacillante de l’à quoi bon, comment se fuir ?
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Débarqués à Merida, au Yucatan, en pleine terre indienne. Une grande ville semi-espagnole, avec de belles églises, de vieux palais, des arbres magnifiques et surtout un peuple maya très pur de type, d'un aspect doux et redoutablement puissant. Formes trapues et ramassées, musculatures vigoureuses, des êtres en harmonie parfaite avec le sol et l'arbre, des visages presque khmers ;
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… On n’apporte rien avec soi dans la cellule. On y trouve parfois un livre. Pas une feuille de papier. Aucun ouvrage. Les prévenus ont la faculté de demander du travail, mais plusieurs jours se passent avant qu’ils en reçoivent et c’est invariablement un travail dérisoirement rétribué, d’une abrutissante monotonie : tri de grains de café, confection de sacs de papier, confection d’éventails en papier, pliage de cahiers d’écolier.
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La différence entre les lâches et les autres c’est que les autres, la minute passée sans qu’un geste en ait décelé l’émoi, retrouvent la pleine possession d’eux-mêmes. Les lâches restent brisés.
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Si je faisais le tour de mes souvenirs antérieurs, j’y trouverais peu de bonheur, pas de sérénité, beaucoup d’âpreté, d’exaltation dure, de labeur, de faim, de saleté, de danger, de moments déchirés ainsi qu’à coups de couteau ; une foule de morts chers dont la mémoire écarte plutôt les traits (parce qu’ils valaient souvent mieux que moi), des femmes d’une nuit ou d’une saison, et celle que j’ai cru aimer la première m’a trahi pendant que j’étais en prison, et celle qui m’a été fidèle est morte du typhus pendant un hiver de famine, et je suis arrivé trop tard pour la revoir, ayant fait cinq cents kilomètres par les neiges ; plus rien ne me restait d’elle, les voisins avaient volé les draps de lit de l’agonie, les planches du lit, les quatre livres que nous avions, jusqu’à la brosse à dents.
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Depuis son retour d'Espagne, Kondratiev vivait dans une sorte de vide. La réalité le fuyait. Sa chambre, au quatorzième étage de la Maison du Gouvernement n'était qu'abandon. Les livres s'empilaient sur le petit bureau, ouverts, les uns sur les autres. Les journaux dépliés encombraient le divan sur lequel il se jetait subitement, les yeux au plafond, le cerveau vide, avec une légère sensation de panique dans la poitrine.
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L’homme prit de vertige sait qu’un double en lui aspire au soulagement de la chute.
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– Vous écriviez : « La collectivisation, sous ses formes actuelles, avec ses violences et son désordre, finira par dresser contre la dictature du prolétariat l’unanimité des paysans. »
Vous faisiez allusion en termes voilés aux troubles de l’Ouzbékistan.
Remarquez-le, je pourrais vous demander comment vous en aviez connaissance et attirer votre attention sur les inconvénients de l’espionnage intérieur.
Nous avons cette lettre. Nous en avons eu copie dès alors, nous sommes maintenant en possession de l’original.
Vous ajoutiez : « Je crains qu’I.N. n’ait eu tort. Son attachement l’aveugle et, dans cette affaire d’éditions manquées, Troubkine-Lapipe, le roule comme il nous roule tous… »
Vous en souvenez-vous ? Serait-ce que je me souviens mieux de votre style que vous-même ? Ces choses-là se voient quelquefois.
Troubkine-Lapipe, comment ne rougissez-vous pas ? Croyez-vous que nous n’ayons pas compris ? Vous, un vieil illégal, user de ruses aussi enfantines pour désigner le chef reconnu du parti ? Nierez-vous ? Ne faites pas un geste, réfléchissez plutôt.
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- Impossible de s'évader.
La prison, c'est cette ville, ce pays, la guerre, l'Europe. - Et l'Amérique, le Japon, la Nouvelle-Zélande, Mozambique, Bornéo ! Prison , l'univers. Dans la brousse même des terres sauvages, on compte l'argent, on courbe l'homme sous le bâton, on obéit, on accomplit de sales besognes.
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Le prolétariat n'a pas d'autre école que la lutte.
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Le granit affleure sous l'argile rousse,
les premiers temps du monde affleurent dans la peine de vivre,
la rue s'en va, se tasse avec ses maisons chancelantes, croulantes, pareilles à des vieilles femmes accroupies au soleil,
elle ne tient guère de place entre le ciel et la steppe illimitée,
un Kirghiz y chemine seul, haillonneux, mornement poursuivi par l'aboiement des chiens,
rien à voler, rien à manger, passant pouilleux! Et ces chiens mêmes savent que tu as faim...
J'ai rencontré son regard noir du fond des âges,
il est passé, c'est le passé.
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La “spon­ta­néité des masses”, c’est leur ini­tia­tive déli­bé­rée, faite d’innombrables ini­tia­tives indi­vi­duelles. Ce ne peut être que le résul­tat d’une longue éduca­tion, non sco­laire, certes, mais sociale, par la lutte, par les mœurs, par la démo­cra­tie.
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Des pétards claquaient de tous les côtés et nous sommes rentrés tôt, car il est trop aisé de faire claquer parmi les pétards un coup de revolver.
Mexico, 15 sept. 41
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Je te disais que depuis son arrivée à New York, André Breton a complètement laissé tomber la correspondance, ce qui ne m'a pas étonné. Je sais qu'il a été très bien accueilli, on m'écrit qu'il trouve la vie dure et l'Amérique exaspérante. Je suis convaincu qu'il ne fera rien pour personne, sauf intérêt majeur. Aucune envie de lui écrire, je n'ai de goût à connaître que des hommes d'une étoffe un peu plus sûre. Les grandes convictions purement littéraires ne m'intéressent plus. Jeu trop vain.
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Les moralistes comparent parfois l’exercice de la médecine à un sacerdoce. Mission du médecin, du prêtre, de l’avocat ; assistance aux malades, aux désemparés, aux victimes et aux coupables. Les murs de la prison franchis, qu’il reste peu de chose de ces vieilles hypocrisies ! Victime ou coupable, – subtile distinction ! – le prévenu qui ne peut payer n’a pas en réalité d’avocat.
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La prison moderne ressemble aussi peu à la vieille bastille crénelée – dont chaque meurtrière, chaque créneau avouaient le souci de se défendre contre la campagne ou la cité – que la toute-puissante société capitaliste aux monarchies absolues de jadis, si limitées dans leur puissance réelle. La prison moderne se sent, installée en pleine ville ou à la périphérie, en pleine sécurité. Elle étale avec sérénité, derrière de minces murailles, ses bâtiments grêles déployés en étoile. Du couvent et de la forteresse de jadis, elle n’a gardé que le strict minimum d’enceintes, de fenêtres grillées, de portes métalliques, de créneaux purement décoratifs. Sa perfection se révèle du premier coup d’œil, en ce qu’on ne peut la confondre avec nul autre édifice.
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Tous les hommes qui ont vraiment connu la prison savent qu’elle peut étendre son accablante emprise bien au-delà de ses murailles matérielles. Il est une minute où ceux dont elle doit broyer la vie sentent avec une terrible précision disparaître tout présent, toute réalité, toute activité – tout ce qui est leur vie réelle – tandis que s’ouvre un nouveau chemin où l’on entre en trébuchant d’anxiété.
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Entre deux maux, l’artiste révolutionnaire doit choisir celui qui a l’excuse de la générosité.
Car il y a l’artiste révolutionnaire comme il y a l’artiste de la tour d’ivoire. Et celui-là n’est pas forcément moins grand que l’autre. Ce qui les rend si différents, c’est la nature de leur cœur.
Le premier est incapable d’élever des hymnes à la beauté, au milieu d’une universelle laideur. Il est sensible à l’injustice autant qu’à la beauté ; citoyen du monde, frère des opprimés, autant qu’artiste. Et il a, par-dessus tout, le sens de la responsabilité à laquelle l’oblige la morale du talent et de l’intelligence.
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Certes, le sublime de l’art existe. En dehors de toute autre question. Néanmoins, peut-on s’arrêter là ? On le pourrait, à des époques, encore inconnues, où il serait défendu à l’homme de réduire son prochain à la misère et de l’envoyer à la mort. À de telles époques, libre à chacun de nager dans le sublime.
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