Citations de Victor del Arbol (557)
Nous devons toujours quelque chose à quelqu'un. Nos vies sont enchaînées les unes aux autres. Nous prenons une décision en pensant à nous-mêmes, mais elle affecte d'autres personnes, et nous en tenons compte rarement. p.666
C'est un des privilèges quand on vieillit : conserver des complicités ou des secrets avec celui ou celle qu'on aime.
Le sentiment tragique et désespéré, c’est l’essence du tango, comme les promesses qu’on fait quand le cœur est chaud,
Les mots sont des brouillons qui ne peuvent transpercer la réalité, et sa sœur ne l’avait jamais compris ; elle les accumulait, les notait, cherchait leur signification, les apprenait par cœur, se laissait emporter par la force des expressions, sans se rendre compte que, bien souvent, les mots meurent sous le poids de leur banalité. Ils étaient trop grandiloquents, elle en attendait trop : aveuglée par leur son, elle ne percevait pas l’écho du silence qu’ils masquaient. Les choses importantes n’ont pas besoin d’être dites pour être vraies, parfois le silence est la seule vérité possible. Ils auraient pu oublier ces mots écrits, ces infamies sur Elías, les effacer de sa mémoire, les brûler, mais comment brûle-t-on ce qui vous dévore de l’intérieur ? Que faire des cendres si, en dépit de nos efforts pour les disperser, le vent ne cesse de les entasser à la porte de votre maison ?
Qu’est-ce que l’amour ? Rien. Un sentiment évanescent. Une chose que nous croyons avoir mais qui ne nous a jamais appartenu.
Ne pleure pas sur ton père, mon garçon. Les héros n'existent pas. Et ceux de l'enfance encore moins que tous les autres.
- Ce qui a ruiné ton mariage, c'est l'absence d'amour, mère. Et ce qui a fait de toi l'ennemie de tes enfants, ce n'est pas ce que tu leur a donné, mais ce que tu leur a pris. Ça n'a rien à voir avec ce qui s'est passé au tribunal.
page 79.
Je pense à Liria qui court pieds nus dans un champ de coquelicots, si belle, si folle, si libre, coiffée de feuilles et de branches dont elle s'était fait un chapeau. Je me vois courir derrière elle, le soleil m'oblige à plisser les yeux. La bouteille de vin et les verres s'entrechoquent dans le panier, j'ai peur qu'elle se casse et mouille le pain des sandwichs. Je pense au vent qui souffle dans les pins et à la solitude de notre instant parfait Je pense qu'elle n'aurait pas dû naître, ce monde est trop petit pour elle, trop minable, trop pourri pour comprendre une âme comme la sienne. J'étais seul à pouvoir effleurer, rarement, du bout des doigts, une corde de son âme, pour la sentir vibrer. Au-delà de la douleur et de la souffrance, toute cette bonté, tout cet amour sincère.
Elle voulait apprendre à confectionner une robe de princesse.
— Les princesses, on n’en voit que dans les contes, lui disait la grand-mère en enfilant l’extrémité du fil après l’avoir humidifiée avec la langue.
— Alors je vivrai dans un conte.
Ivre, il, pouvait accepter l'absurdité majeure qu'était sa vie, qui lui était insupportable au point de l'étouffer quand il était sobre.
Rien ne peut être pareil quand tout un monde meurt. (p. 290)
La vérité est que celle qui aime sans être aimée se retrouve dans une position terriblement vulnérable, comme si elle devait se contenter de respirer, de vivre, de sentir à travers l'autre, redoutant à chaque seconde, à chaque pas, que l'être aimé décide par un acte d'autorité de s'éloigner et de réduire l'amante à un tas de cendres.
Elle pleurait sur l'incompréhension, sur le désespoir muet de vivre dans un monde dont elle ne comprenait pas les règles. Les hommes mouraient, tuaient, trahissaient leurs idéaux...
- Elle veut que tu fasses le portrait de l'homme qui a tué son fils ?
Il régnait dans cet appartement cette atmosphère de tristesse typique des lieux impersonnels, et de ceux qui les habitent.
Les gouttes de sueur glissaient sur son visage comme des fourmis importunes
Elle pleurait sur l'incompréhension, sur le désespoir muet de vivre dans un monde dont elle ne comprendrait jamais les règles. Les hommes mouraient, tuaient, trahissaient leurs idéaux, embarquaient un peuple entier dans des guerres fratricides, elle ne comprenait pas pourquoi. Pour le pouvoir, tel est le seul mobile qui mobilise les hommes, le pouvoir, lui avait dit un jour son père. Mais le pouvoir était une chose absurde, abstraite, minuscule et inutile.
Elias rappela les mots de la veuve de Lénine; ce ne sont pas les idées qui nous trahissent, mais les hommes qui les mettent en pratique.
Tout se passait en même temps autour de lui, mais sans lui, aurait-on dit. Le monde lui semblait insupportablement laid quand il ne lui tournait pas le dos et se concentrait sur la mer qui s'assombrissait. Qu'à donc la mer, si tout le monde vient y chercher des réponses ? L'immensité, penser qu'on peut se fondre dans ce tout et disparaître.
Les mots étaient à cette époque étrange un océan de tessons de bouteille sur lesquels quelques hommes marchaient pieds nus. Le plus sûr, c’était le silence.