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Critiques de Virginie Deloffre (53)
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Léna

Qu’on se le dise : « Léna », premier roman de Virginie Deloffre, est une pépite ! Édité en septembre 2013 au Livre de Poche, ce roman de 238 pages a fait l’objet de 33 critiques sur Babelio, la plupart admiratives. Et comment ne pas être admiratif devant ce chef-d’œuvre ?



La couverture donne le ton : vous voici transporté en URSS, le 2 janvier 1959. Luna 1, première sonde soviétique du Programme Luna, est lancée dans l’espace, destination la Lune : la sonde passe à 6000 km de la Lune, marquant le début de l'exploration spatiale. Cet événement est une fierté nationale pour les Russes de cette époque, et cette fierté se lit sur le visage de la jeune femme qui est en couverture car, après des années de guerres et de souffrances, l’avenir paraît enfin radieux. Et ces années noires, le peuple Russe ne les oublie pas : Virginie Deloffre nous cite quelques vers du poète Fédor Tioutchev.



« Léna » se présente en trois parties. La première partie –l’absence- est constituée d’une suite de lettres envoyées par Léna à ses parents d’adoption, Varia (une vieille communiste) et Mitia (un géologue dissident, condamné à l’exil permanent en Sibérie). Nous sommes en 1987. Léna est mariée à Vassia, pilote de chasse. Léna a deux vies, deux rythmes : quand Vassia vient et quand Vassia repart à la Base. Léna se confie à eux : elle attend, résignée et seule, le retour de Vassia, mais elle est à sa place (page 14) et elle s’enfonce dans cette absence, telle une longue plaine facile à marcher qui [la] protège (page 15). Cette absence, qui est (page 16) sa légende intérieure, lui fait du bien (page 17) comme un bon sirop. Quand Vassia est là, l’air sent bon, la lumière et la chaleur pénètre les maisons (page 33) et c’est un tintamarre de sensations. Quand il sourit, la cuirasse d’absence de Léna cède, s’effondre sous le soleil renaissant (page 42). Mitia et Varia sont pleins de tendresse pour Léna, ce bout de fillette qu’ils ont récupéré alors qu’elle n’avait que sept ans et que ses parents s’étaient noyés en pêchant au trou, un jour de printemps, sur la banquise, mais Varia trouve que la posture adoptée par Léna risque de mettre en danger son mariage avec Vassia. La deuxième partie –l’azur- est consacrée à la sélection de Vassia comme futur cosmonaute, en partance pour la station spatiale Mir. Vassia saura se montrer digne de la confiance que l’URSS place en lui (page 108), mais il redoute la réaction de Léna car (page 109) il ira regarder des heures durant une autre image, aux lignes rondes et pures, irréelle et sacrée. Léna sent que sa vie va basculer : il n’y aura plus de mystère, mais des permissions programmées, il n’y aura plus d’intimité avec Vassia, mais des reportages TV, il n’y aura plus de passion de Vassia envers elle, car il reviendra les yeux éteints, brûlés. On lui rendra une ombre (page 126). Mais Léna surmonte ses peurs, soutenue par Vassia qui lui dit que l’homme est attiré par une force, que l’étendue l’appelle (page 134), que l’espace est du domaine du mystère (page 136). Le mur de Berlin n’est pas encore tombé mais l’URSS est en train de s’écrouler : pour Vassia, rejoindre Mir c’est suivre la voie ouverte par la chienne Laïka, par Youri Gagarine, par Valentina Terechkova et par Alexeï Leonov ; c’est tirer une dernière salve d’honneur à la face du monde, à la face de l’Amérique. Alors Léna parcourt les bibliothèques, prend des notes et s’ouvre à Vassia. Elle comprend qu’il a besoin de quelque chose qui le dépasse (page 171) car, comme tout Russe, il est à l’aise seulement dans la démesure (page 188). Vassia part pour Mir, puis il en revient, transformé. Dans la troisième et dernière partie –la marche- l’URSS n’existe plus. Tout fout le camp. L’armée propose à Vassia le poste de correspondant permanent au Kamtchatka : il en discute avec Léna, qui accepte. Là-bas, elle prend un poste d’institutrice : elle a des rêves aussi (page 230). Elle et lui se trouvent enfin. Elle accouche d’une fille, Lioubov (amour, en russe) : tout un programme !



Dans ce roman, qui a reçu le Prix des Libraires 2012, rien ne manque : une écriture délicate, superbe et subtile au service d’une vivifiante histoire d’amour, une atmosphère incroyable, des rappels historiques jamais pesants, des personnages attachants, les dessous enfin révélés de l’aventure spatiale russe, une nature sauvage mais magnifique, des traditions, de la psychologie, de la poésie, de la pudeur, du style, de l’émotion, et la fameuse âme russe, passionnée, fière, imprévisible, généreuse, paradoxale et à fleur de peau. En toile de fond, le rêve socialiste et l’éclatement de l’URSS. Pour un premier ouvrage, Virginie Deloffre fait preuve d’une maturité étonnante. Chapeau bas : cinq étoiles !
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Léna

Léna est encore une petite fille quand elle perd ses parents dans un accident de traîneau. Enfant du grand nord sibérien, elle est alors recueillie par Mitia et Varia. Devenue jeune femme, elle épouse Vassia, pilote dans l'armée de l'air russe. La vie de Léna est bercée par les absences et les permissions de Vassia, mais quand celui-ci est sélectionné pour faire partie des cosmonautes prêt a partir en mission 6 mois dans l'espace, ses repères se brisent... Que va-t-elle devenir ?

Un très beau premier roman et un magnifique portrait de femme. Une petite fille blessée et anesthésiée par la mort de ses parents, qui reprend vie alors qu'elle n'attendait plus grand chose de sa vie. Un regard sur le froid sibérien doux et parfois amer, mais qui ne peut laisser de glace !
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Léna

Je le dis tout de suite, Léna est un très beau premier roman ! Il représente en même temps un concentré de ce qui fait la Russie actuelle et une trajectoire individuelle. Si on peut parler de trajectoire en ce qui concerne Léna. La jeune femme est en effet plus contemplative qu’active, plus dans l’attente que dans le mouvement. Pourtant elle est fascinante, ainsi que sa relation avec son mari Vassia, pilote dont le regard et le cœur ne s’éloignent de Léna que pour regarder vers l’horizon lointain de l’espace. D’ailleurs, quand il a vu Léna pour la première fois, il a trouvé qu’elle ressemblait à l’horizon. Quelle belle image !

En partie épistolaire, le roman est entrecoupé des lettres de Léna aux personnes qui l’ont élevée, Varvara, une vieille babouchka attachée aux valeurs communistes et Dimitri, exilé resté au fin fond de la Sibérie pour avoir défendu des idées contraires à celle du régime soviétique. C’est un cliché de dire que c’est de l’« âme russe » qu’il s’agit dans ce roman, mais pourtant c’est ce qui vient à l’esprit en le lisant. En tout cas, j’ai aimé ce livre, son écriture délicate, ses personnages qui vous manquent une fois le livre refermé, comme des amis partis au loin. J’ai adoré aussi son atmosphère ou plutôt ses atmosphères, de la cuisine communautaire aux immensités sibériennes, de l’arbre de Léna à l’isba de Varvara.

Pendant un moment, je ne sais pourquoi, je me suis imaginée une toute autre histoire que celle contée par Virginie Deloffre, le début laissait l’imagination assez ouverte à toutes sortes de suites possibles, et c’est un des atouts de ce livre aussi. Entre autres, car il est vraiment plein de qualités et j’espère fortement que Virginie Deloffre écrira de nouveau, et que, tout d’abord, vous serez nombreux à découvrir ce premier texte.
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Léna

URSS, 1988. Léna est mariée depuis cinq ans à Vassia, pilote dans l'armée de l'air. Il revient de temps en temps, toujours par surprise. Elle l'attend, résignée, solitaire, presque inerte en-dehors de ses heures de travail. Une de ses occupations est d'écrire à Mitia et Varia qui l'ont élevée avec beaucoup d'amour à partir de ses sept ans, en Sibérie. Mitia, géologue, a été mis sur la touche pour ses idées dissidentes, Varia est une vieille femme qui soutient mordicus ses valeurs communistes, son combat de jeunesse. Chaque lettre reçue de Léna est l'occasion pour eux d'évoquer leurs souvenirs communs avec l'enfant qu'elle était, mais aussi de se disputer gentiment sur "l'idéal communiste"...



Un livre magnifique. Valeurs communistes, désarroi d'une femme "gelée" - à l'image de l'Union Soviétique face à la perestroïka -, histoire de la conquête spatiale et de ses enjeux politiques... Un autre regard sur l'effondrement du bloc communiste, très éloigné de l'image que je pouvais en avoir en tant qu'occidentale... Des relations douces et pleines de respect entre des personnages très attachants. Le tout servi par une écriture superbe, subtile.
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Léna

Voici un très beau roman riche d'enseignements et très bien construit qui alterne récit épistolaire et récit classique,à propos de la Russie, dans les dernières années de l'Union Soviétique.

Nous découvrons beaucoup de l'âme Russe au travers de portraits saisissants, de personnages attachants, de nombreux pans du passé soviétique,usines déménagées vers l'est pendant la deuxième guerre mondiale....histoire de la conquête spatiale et de ses enjeux politiques.....une grande aventure collective,un certain regard sur l'effondrement du bloc communiste, les craintes et les espoirs suscités par les bouleversements politiques de la fin des années 1980..... La glasnost et la perestroïka....,l'aspiration au changement et à une vie meilleure......

Nous découvrons cette épopée grâce au magnifique portrait de Léna, dont la

mère était issue d'une tribu d'esquimaux, éleveurs de Rennes, les Nénetses.

Ses parents s'étant noyés en pêchant sur de la glace trop fragile , Léna est recueillie par une parente Varia , une femme communiste qui soutient ses valeurs de toujours et son combat de jeunesse,elle va l'élever avec amour auprès de Dimitri , un géologue mis sur la touche,pour ses idées dissidentes....à partir de l'âge de 7 ans, dans le grand nord sibérien.

Léna , devenue une jeune femme fragile, nostalgique, placide et dolente,désarmée, quitte sa région pour épouser son mari Vassia, pilote dans l'armée de l'air...il revient de temps en temps...toujours par surprise.....

Elle l'attend, " gelée" à l'image de l'union soviétique face à la perstroïka,résignée, solitaire,: " Si le monde change que deviendrai- je? Elle est au bord de la vie mais n'y entre pas.......

"Elle était dans la salle d'attente, elle vivait dans une gangue épaisse de passivité et de silence".....à moitié pétrifiée,une de ses activités en dehors de ses heures de travail est d'écrire à Dimitri et Varia...chaque lettre est l'occasion pour eux d'évoquer leurs souvenirs communs avec l'enfant qu'elle était, mais aussi de se disputer à chaque fois sur "l'idéal communiste".....

C'est un très bel ouvrage, un roman étonnant, bien documenté, une écriture superbe,où l'on découvre des détails sur la chienne Laïka, le personnage original autodidacte.....Tsiolkovski,,....Kroutchev....Korolev....Mikoyan, premier ministre, le grand Gagarine......



Mais surtout le passage du temps, les utopies salutaires,le désir, le deuil, l'humanisme, le renoncement et surtout .....la renaissance....l'espoir....

L'auteur sait nous faire partager son amour de ces contrées où le rêve , l'immobilité et l'attente le disputent à la nouveauté sans couleurs ni frontières...
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Léna

Léna est l'attente personnifiée. Vassia son mari est souvent absent, de longues semaines et revient sans crier gare. C'est ce qu'aime Léna, ces imprévus. Pour combler l'absence, elle travaille, bien sûr, mais elle aime se perdre dans les files d'attente des magasins, elle observe l'orme de la cour, elle , la fille du Grand Nord, peu habituée à cette nature et elle écrit à Dimitri et Varvara qui l'ont élevée à la mort de ses parents. Varvara est une vague vieille cousine et Dimitri est l'homme qui vivait chez elle, que le Parti a puni en l'envoyant dans cette contrée inhospitalière qu'est la Sibérie. Ses lettres sont très belles, mélancoliques, poétiques. Varvara la bonne vieille paysanne russe, très prosaïque, pragmatique n'y comprend pas tout et le fait entendre à Dimitri

Chaque chapitre de la première partie commence par une de ces lettres, puis, à la suite, l'auteure énonce la vie de Léna, et celle de Mitia et Varia (les diminutifs de Dimitri et Varvara) : c'est l'Histoire de la Russie depuis les années 20 racontée par des témoins directs. Et puis, tout cela est ponctué par l'histoire de la conquête spatiale racontée par Vassia. Et le talent de Virginie Deloffre -dont c'est le premier roman- est de m'intéresser, que dis-je de me ravir avec un domaine qui, a priori n'est pas ma tasse de thé. Les étoiles, les constellations et les gens qui vont les voir de près, ça me passe au dessus de la tête, si je puis me permettre de dire.

Et c'est maintenant que je place mon dithyrambe, mon "enthousiasme excessif" comme ils disent dans le dictionnaire sur l'écriture de l'auteure. J'ai été happé par son style, ses phrases magnifiques racontant l'attente de Léna et décrivant la Sibérie, arrière plan du roman, omniprésent, pesant, lourd, oppressant, mais inoubliable, et ses habitants, notamment les Nénètses, peuple nomade éleveurs de rennes.

Un roman qui se déguste lentement, au rythme de Léna pour bien en apprécier toutes les subtilités de sa langue. Un roman qui parle d'une région attirante, fascinante, d'un pays aux fortes traditions et de la fameuse âme russe. A certains moments, j'ai cru être plongé dans un roman d'Andréi Makine, notamment celui que je préfère : La femme qui attendait. Et bien, sûr, c'est pour moi un compliment que de le dire.
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Léna

Léna vit au rythme des absences et des retours surprises de Vassili. A ce mari, pilote militaire sans cesse en mouvement entre ciel et terre, Léna oppose une immobilité sans faille. Elle se déplace à minima entre le combinat où elle travaille et les files d'attente des magasins. Tentant de se faire toute discrète comme pour se dissimuler d'un toujours possible malheur qui pourrait la rattraper, Léna évolue en lisière de la vie, le corps rivé à l'arbre sous sa fenêtre tandis que son esprit s'en va batifoler vers les mystères de la vie de Vassili ou le long de l'Ob qui a bercé son enfance.



Effacée, rêveuse, à la limite sauvage, Léna tire sa patience de sa Sibérie natale où elle fut élevée par Varvara, une bonne vieille communiste qui héberge déjà Dimitri, un géologue moscovite déplacé dans les années soixante par la Sécurité de l'Etat afin de s'occuper de la station de géographie de Ketylin, à savoir une baraque paumée dans un trou perdu du Grand Nord. Comme rééducation, Dimitri aurait pu tomber plus mal, car l'arrivée de Léna va permettre à ces trois êtres malmenés par la vie de refonder un semblant de famille. Léna grandira donc entre Dimitri le taiseux rêveur qui ne s'amine qu'au contact des trésors de la terre, et Varvara la bavarde et pragmatique babouchka qui s'accroche coûte que coûte à son vieux rêve communiste.



Plus tard, quelque part en Russie centrale dans l'appartement communautaire n°12, les fréquentes absences de Vassili ramènent Léna vers la Sibérie par le biais des longues lettres qu'elle échange avec Varvara et Dimitri.

Un jour, Vassili est sélectionné pour faire partie de la prochaine mission qui rejoindra la station Mir . Léna pressent alors que la bulle qu'elle s'est construite ne va pas tarder à exploser. Sa routine rassurante se détraque, obsédée qu'elle est par moult questionnements. Que vont donc chercher les hommes dans l'espace ? Pourquoi ceux qui en reviennent ont-ils tous le même vide au fond des yeux ? Que va-t-elle devenir ?



Un très très beau voyage littéraire, qu'on se le dise !

J'ai adoré la compagnie de ces quatre personnages aux antipodes les uns des autres mais soudés pour nous offrir un condensé du peuple russe ancré dans sa terre et son Histoire.



"Peut-être était-ce cela leur étrange lien commun : la nostalgie de l'inaccessible."



J'ai aimé Léna, le cheminement de cette femme cristallisée dans l'attente. Ell cultive l'absence comme une fleur fragile, brode sa vie à petits points de glace pour anaesthésier cette douleur d'enfance qui finira forcément par se rouvrir.

Vassili m'a emportée avec lui dans les étoiles. Le récit de l'aventure spatiale soviétique qu'il raconte aux enfants de l'appartement communautaire est passionnant et la fuite en avant de cet homme, si loin, la lutte qu'il met un point d'honneur à mener pour la gloire de son pays en voie de disparaître sous les assauts de la Perestroïka, très émouvantes.

Et bien sûr le duo Varvara-Dimitri qui fonctionne à merveille, tour à tour grave, drôle, tendre.



Quand elle a la tête dans les étoiles, Virginie Deloffre nous parle avec bonheur et poésie de la Terre et de l'expérience unique vécue par quelques privilégiés.

Et quand ses peids arpentent la Sibérie, c'est avec le même amour que les petits peuples du Grand Nord.



J'avoue, la rentrée littéraire a parfois du bon...Un vrai coup de foudre pour ce roman qui me fait sortir de ma léthargie bloguesque avant que l'hibernation totale me tombe dessus.



Je regrette que ce roman ne soit pas sur la liste du Goncourt des Lycéens, voilà un livre qui leur aurait certainement plu.



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Léna

URSS, 1987. Une jeune femme, Léna, attend. Elle attend le retour de son mari Vassili, pilote de chasse dans l'armée russe. La journée, elle travaille au combinat et quand le soir vient elle s'insère dans les files d'attente. Son existence est impassible. Elle guette le retour aléatoire de son homme. Solitaire, silencieuse, effacée, presque figée, patiemment elle attend. Sa vie est ainsi faite, rythmée par les arrivées et les départs de Vassili. Lui, à l'inverse d'elle est toujours en mouvement. Il n'a pas de limite, veut toujours aller de l'avant, plus loin, plus haut, toucher les étoiles. Quand il revient dans la maison communautaire où ils vivent tous deux, il est accueilli comme un héros par les enfants à qui il conte la riche histoire de la conquête de l'espace par les russes. On le sent fier, on le sent heureux, lumineux. Alors que Léna semble éteinte, absente... Pourtant quand il est là, le monde de silence dans lequel elle évolue se brise, le bruit se fait, chaleur et douceur envahissent son corps, mais elle ne partage pas la passion de Vassili, elle ne la comprend même pas.

Orpheline à l'âge de sept ans, elle est recueillie par Varia (une militante communiste) et Mitia (un dissident exilé) dans le Grand Nord Sibérien. Ses parents, des nénètses, se sont noyés dans un trou d'eau alors qu'ils pêchaient. Les corps ne sont jamais remontés à la surface... Fillette, Léna passait des heures assise sur une chaise, comme pétrifiée, dans l'attente que ses parents reviennent sur terre, probablement.

Aujourd'hui, les liens qu'elle entretient avec Varia et Mitia sont indéfectibles, la distance n'y change rien. De Moscou, elle leur envoie des lettres. Chaque départ de Vassili pour la Base est l'occasion pour elle d'écrire confiant ainsi ses états d'âme.

Un jour, Vassia est choisi pour suivre une formation de cosmonaute afin de se rendre sur la station Mir. Le flux et le reflux imprévisibles auxquels étaient habitués Léna se rompent. Les allers et venus de Vassia sont maintenant programmés. L'attente d'avant ne lui pesait pas, car elle était synonyme d'espérance...

Un roman fascinant sur un pays finalement assez méconnu. L'auteur évoque dans une prose emplie de finesse et de sensibilité la grande fierté des russes pour la conquête spatiale, pose un regard juste et intelligent sur le déclin politique et économique et la tentative de restructuration (la perestroka), esquisse des paysages incroyables allant de l'immensité de la sibérie avec sa toundra et l'Ob qui la traverse et l'entassement des citadins dans des immeubles gris et froids, donne chair à des personnages infiniment touchants, et tisse surtout une très belle histoire d'amour.


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Léna

Telle une femme de marin, Léna semble vouée à l'attente. Sa vie est une alternance entre la chaleureuse présence de son mari Vassia, pilote de l'air pour l'armée d'URSS, et les longues semaines où elle attend son retour. Lorsque Vassia est en mission, elle s'immobilise et écrit son attente à ses vieux parents d'adoption, Dimitri et Varvara, restés dans le grand nord sibérien. Lorsque Vassia rentre, tous les habitants du logement communautaire se massent dans la cuisine pour l'entendre conter ses histoires d'aviation, puis son récit de la conquête spatiale, la grande épopée soviétique de l'espace, fierté du peuple russe.



Lorsque Léna comprend que son mari va faire partie d'une mission programmée dans l'espace, son monde se craquelle. Vient le temps du dégel, de la débâcle. L'auteur trace habilement un parallèle entre les saisons du grand nord, le long hiver communiste de l'URSS, et celui de Léna, en quasi hibernation depuis un drame d'enfance. Les dégâts d'un printemps brutal sont associés à la Pérestroïka.



Un roman qui explore l'âme russe, des paysans dans leur kolkhoze de Sibérie aux citadins entassés dans les appartements communautaires...

J’ai regretté une certaine lenteur dans l’action et le manque de conviction des personnages pour être totalement séduite par cette lecture.

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Léna

On oublie vite la couverture hideuse car je sais qu'avec de telles couleurs et un graphisme digne des mauvais dessins animés des années 80, on a plutôt envie de fuir mais ce serait vraiment dommage car ce premier roman est une magnifique découverte !



Fin des années 80 en URSS. Léna bien que mariée est très souvent seule. Son mari Vassili pilote dans l’armée de l’air s’absente pour des missions. Solitaire, rêveuse et d’un tempérament effacé, elle écrit à Mitia et Varia, blottie dans une mélancolie feutrée où la Sibérie lui manque. Lena refuse de connaître précisément le métier de son mari et préfère se rappeler son grand Nord. Varia communiste convaincue regrette le temps d’avant alors que Mitia a été muté justement en Sibérie à cause ses opinions. Logé chez Varia, il a participé à élever Lena recueillie à l’âge de sept ans. Enfant silencieuse, calme. Et ce sont deux caractères opposés qui commentent chaque lettre reçue de Lena. Des lettres où elle se confie à nue et raconte comment la contemplation d’un arbre la comble. Autant de phrases qui laissent Varia perplexe et interrogative. Tandis que Mitia géologue de formation reconnaît dans ces mots l’amour de la beauté du silence, du pays et du temps.

L’Histoire intervient grâce aux souvenirs de Varia mais aussi avec la mutation du pays et sa conquête de l’espace. Des changements subis, des espoirs et des rêves inassouvis...

Je n’en dirai pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de cette lecture !



On entre dans ce roman sur la pointe des pieds, on s’immisce dans la bulle et dans l'âme de Léna, d’aspect fragile et d’une nostalgie aussi belle que délicate dissimulant bien des tourments. Les descriptions de la Sibérie et de l'URSS dont les coutures craquent sous les pressions du changement sont remarquables! Et l’écriture de Virgine Deloffre est splendide. Poétique, subtile, puissante.



Un premier roman qui serre la gorge et allume des étincelles de bonheur dans les yeux et dans le coeur !
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Léna

Dans les années soixante en Union Soviétique.

Léna, descendante des Nénètzes, nomades de la toundra et orpheline, habite chez sa tante et son ami.

Lors de ses études à la ville elle rencontre Vassia un jeune pilote. Très vite un couple se forme et la jeune mariée doit s'habituer aux départs et abcences de son mari. Alors , elle l'attend, assise sur sa chaise en regardant l'arbre du jardin. Vassia a de l'ambition, il veut aller plus loin que l'horizon, s'élever toujours plus haut et un jour il sera sélectionné pour la conquête spatiale dans le programme MIR.

Virginie Deloffre nous raconte une partie de l'histoire de ce si grand pays, le temps de la guerre froide,le Spoutnik, Leica, l'histoire des cosmonautes tels que Gagarine. La Perestroica, Gorbathev puis le déclin de ce grand Empire. Une leçon d'amour et d'histoire . Un grand roman.
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Léna

Un premier roman réussi, insolite et prometteur.

Lena semble avoir le coeur et le corps à jamais figé dans les glaces sibériennes, traumatisée par le décès tragique de ses parents. Elle a épousé Vassili, un brillant pilote de chasse de l'Armée Rouge qui l'aime, mais elle ne veut rien savoir de son métier qui l'arrache régulièrement à elle ; dès qu'il part, elle souffre et elle l'attend, elle ne fait rien d'autre, elle l'attend... A chaque départ et chaque retour, elle envoie une lettre à Dimitri et Varvara qui l'ont recueillie et adoptée à la mort de ses parents. C’est par ce procédé et par leur réponse qu’on en apprendra un peu plus sur l’enfance sibérienne de Léna, sa vie dans l’appartement communautaire de Moscou, les personnages de Dimitri et Varvara, et surtout, l’histoire de l’aventure spatiale soviétique : c’est là que le livre prend un tour passionnant car Virginie Deloffre parvient à faire ressentir tout le patriotisme, l’âme passionnée et la fierté du peuple russe incarnés en la personne de Youri Gagarine ainsi que l’incroyable pari des autorités soviétiques en matière spatiale. Lena elle-même finira par se sentir concernée, et par laisser fondre la gangue de glace qui l’enserre…

Un roman lent et nostalgique, agrémenté par une belle plume tour à tour truculente ou poétique

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Léna

Léna – Virginie Deloffre – Albin Michel



Au détour d’un salon littéraire en septembre, je me suis fait, il apparaît maintenant, un cadeau de noël en avance. Sous des perspectives sympas de l’homme occidental (mes yeux pour le coup), cela parle de la Russie, mon idylle, et s’intitule du prénom de ma première petite amie.



Bref, un roman bien dosé, dosage exquisite, entre le réel qui accroche léna, un pays qui change vers on ne sait où, une vision romanesque de son Histoire sur les demi-siècles passées, et tant de promesses d’un meilleur, et en trame, la conquête spatiale qui battait la mesure de mes études.



Sous d’autres lumières, un roman réaliste, autant que peut l’être un roman, positif, et ça j’ai grandement, grandement apprécié.


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Léna

C'est un livre étonnant et qui m'a beaucoup plu.

La première partie est un échange de lettres entre Léna et le couple qui l'a élevé.

Léna écrit lorsque son mari Vassia, pilote dans l'armée soviétique arrive et lorsqu'il repart, entre les séjours , elle attend comme figée dans une gangue de glace, comme si son immobilité avait un pouvoir protecteur et c'est les imprévus de cette attente qu'elle aime.

Ces lettres sont poignantes de profondeur dans les tourments de l'âme , et je me suis demandée comment Virginie Deloffre avait réussi à rendre aussi émouvant les arcanes de ce mal être torturant cette jeune femme.

Ses lettres sont adressées à Varvara, que l'on imagine fort bien en authentique Babouchka et Dimitri , le professeur envoyé par punition en Sibérie et par clémence chez Varvara et qui se sont occupés de cette petite fille avec un grand amour.

C'est tout un peuple de petites gens à l'ère soviétique, les queues pour les magasins, les appartements communautaires avec la cuisine commune, ses immeubles gris, la Sibérie, les peuples nomades, les isbas, et puis l'arrivée de la Perestroïka et ses bouleversements.

La deuxième partie raconte la conquête de l'espace de façon plutôt plaisante pour un sujet que je trouve rébarbatif.

La dernière partie du roman narre la transformation de Léna et de son couple, le dégel en quelque sorte comme celui de son pays...

J'ai beaucoup aimé l'histoire, le style, les personnages, un vrai coup de coeur !

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Léna

Ce roman est celui de l'attente, d'une absence qui n'est pas celle d'un homme mais une absence au monde, le roman d'une re-naissance, celui d'une patience.



La première partie est en contraste. C'est le repli de Léna, son intériorité, son détachement, ce tempérament géologique, sa présence flottante, le flou des saisons et des lignes, les métaphores de ses mots écrits, son univers poétique, ses silences.



Les paroles de Léna, ce sont ces lettres qu'elle envoie au loin, vers ses deux personnes qui tiennent le rôle de parents, de confidents. Ce couple âgé improbable, Dimitri le géologue exilé, Varvara la communiste convaincue, est celui qui raconte au lecteur le roman de l'URSS, celui des premiers socialistes, celui de la Seconde Guerre Mondiale, celui de Staline, celui de la Sibérie. Au ton contemplatif et singulier de Léna s'intercalent les propos vigoureux de ces deux témoins qui s'affrontent en bonne entente, s'interposent l'histoire et l'Histoire dans la langue populaire et prosaïque de Varvara.

Roman de souvenirs. La seconde partie est le roman russe de la conquête de l'Espace relatée à la manière d'un conte fondateur, ses héros, à la manière d'une légende des Temps qui deviennent Anciens par la voix de son mari Vassili, tandis que Léna conquiert son propre espace en renonçant à son propre conte. Pour (se) donner la vie, pour s'approprier le temps, le monde, son pays et l'Histoire, il lui faut d'abord s'approprier son temps, son monde, sa terre d'origine et son histoire.



C'est le roman de la séparation avec soi et les autres, de la réconciliation. Couvrir la distance, le silence.



Un récit à la fois envoûtant et documenté, un roman aux voix prenantes et émouvantes, des personnalités fortes et attachantes chacune à leur façon, un roman d'atmosphères et pourtant un roman historique, un roman intimiste et pourtant un roman épique, délicat, violent, une désespérance et un espoir.



Et un réel talent d'écriture, une plume aiguë et incisive, une maîtrise des rythmes narratifs et de l'art du portrait à travers les scènes et les lieux remarquable.






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Léna

Prix des Libraires 2012, ce premier roman 2012 de Virginie Deloffre met en parallèle le long dégel de Léna, jeune femme introvertie depuis qu' "une partie d'elle est restée là-bas dans la glace" du grand nord sibérien lorsque, petite fille, elle a assisté impuissante à la noyade de ses parents et celui de la Russie touchée par les guerres et les révolutions, qui a du mal à évoluer.

Après avoir été recueillie par les cousins de son père( Varvara et Dimitri), toujours silencieuse dans "la salle d'attente de la vie", c'est son mari Vassili, pilote, qui continue après chacune de ses absences professionnelles à "la ranimer". Ambitieux, bien qu'aimant ce dernier ne peut refuser lorsque la "Base" lui propose de partir via "la Cité des étoiles" "à la conquête de l'espace".

Ce récit alterne les lettres de Léna (imagées,poétiques,empreintes des émotions inexprimées:surtout d'angoisse en tant qu'épouse de futur cosmonaute) et le récit de "Mitia et Varva" qui parlent d'histoire (et de conquête de l'espace),de souvenirs et de quotidien russe sur fond d'humour paysan (du genre:l'unique candidat aux élections l'a été à l'unanimité).

Coup de coeur facile à lire et intéressant!
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Léna

Belle surprise pour ce premier roman fort réussi.

Au fil du récit, nous découvrons les quatre personnages qui sont très attachants. J’ai apprécié particulièrement Dimitri et Varvara, leurs petites querelles font sourire. La tournure du récit est très réussie : alternance entre les lettres de Léna suivie du récit de Dimitri et Varvara. Petit - : les lettres de Léna adressées à Dimitri et Varvara sont très poétiques mais rares sont les fois où Léna se soucie d’eux, de leur quotidien. Malgré quelques longueurs, ce roman met en scène avec brio la conquête spatiale par les Russes et nous plonge à merveille dans l’ambiance de l’époque d’aller toujours plus haut. Une bouffée d’air frais dans cette rentrée littéraire.

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Léna

Léna, jeune femme née dans le Nord de la Sibérie, a quitté sa région natale pour suivre son mari Vassia, pilote dans l'armée. Elle le voit en fait rarement, lors de permissions de fréquences et de durées imprévisibles. Solitaire, voire taciturne, elle s'accommode bien de cette vie. Mais celle-ci semble basculer lorsque Vassia accepte un nouveau poste. Comment Léna et son couple s'y adapteront-ils ?



Le lecteur découvre la jeune femme et les proches qu'elle a laissés en Sibérie, notamment à travers les courriers qu'elle leur adresse régulièrement ainsi que par leurs réactions à la lecture. Ce livre présente également de nombreux pans du passé soviétique (usines déménagées vers l'est pendant la seconde guerre mondiale, déportations, conquête spatiale, appartements communautaires...), ainsi que les craintes et les espoirs suscités par les bouleversements politiques de la fin des années 1980.



Les courriers de Léna sont rédigés dans un style recherché, beau mais manquant parfois de naturel. L'exposé de ses états d'âme permet de bien comprendre le personnage mais m'a finalement un peu lassé. J'ai en revanche trouvé passionnant le récit de la conquête spatiale par l'Union Soviétique, y découvrant ou y faisant mieux connaissance de personnages pourtant célèbres (ou que de nom s'agissant des deux derniers cités) : l'original Tsiolkovski, Korolev, la chienne Laïka et Gagarine.



En résumé, il s'agit d'un très beau livre sur la Russie, pourtant écrit par une Française, que je conseille particulièrement à ceux qui s'intéressent à ce pays.

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Léna

Je ne sais pas par où commencer...

J'ai mis longtemps à lire ce livre, mais c'était une façon de le savourer. Je lis beaucoup de romans contemporains et dans la production actuelle je trouve rarement de livres si bien écrit. Je commencerais donc par le style. Une très belle langue donc, et une auteure qui sait transformer son écriture en fonction de son personnage. Les lettres de Léna se distinguent par le style des moments de lecture de ces lettres par Varvara et Mitia. Quand Vassia parle de la conquête spatiale c'est encore une autre langue...

J'évoquerais ensuite la puissance de cet ouvrage. Son extraordinaire objecto-subjectivité ! Il parle de l'URSS, du socialisme, de Staline en jugeant sans juger, en décrivant, en faisant parler les individus. C'est le rêve du communisme qu'il évoque, l'extraordinaire aventure collective qu'est la conquête spatiale, l'espoir d'un monde meilleur, etc.

Je ne trouve pas les mots pour parler de cet excellent ouvrage. Qui m'a ému aux larmes - même dans le métro, même après plusieurs jours sans suivre ces personnages si attachants...

En deux mots : lisez-le !
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Léna

Ce premier roman m'a étonné : de curieux, je suis devenu fasciné, avant d'être bouleversé.



Le style unique et fluide de la première partie évoque de façon assez réaliste une écriture russe du XIXe, en un mélange d'anachronisme et de virtuosité ; la qualité de cette lente description d'un être en stase est vraiment surprenante, et d'une maturité assez époustouflante pour un premier roman. La lenteur de l'histoire pourrait néanmoins désarçonner certains lecteurs.



Ensuite, la seconde partie du livre accélère, s'arrache à la pesanteur et va voguer dans les étoiles, au sens propre comme au figuré. Virginie Deloffre conclura enfin avec une brève troisième partie qui est presque comme un épilogue de roman d'aventure.



J'ai fini ce livre ébloui, presque jaloux de ces héros de l'aventure spatiale soviétique, et le coeur chaviré, tant Virginie Deloffre arrive à rendre tangible l'échec du rêve socialiste et la magnifique - d'une certaine façon - inutilité du sacrifice des millions d'êtres sur lesquels il a tenté de se construire.
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