David Suzuki nous offre ici un véritable et magnifique plaidoye de la nature. Biologiste et humaniste reconnu, je ne peux m'empêcher de le comparer à un autre grand, nommément Albert Jacquard. Les deux oeuvrent pour le bien commun, à savoir, la protection de nôtre habitat, notre planète. Ils ont un profond respect pour la nature, car ils la connaissent bien. Les deux scientifiques sont des vulgarisateurs accomplis pour nous expliquer les inter-relations complexes entre tous les éléments constitutifs de la vie. Suzuki au travers de l'histoire de ces éléments, en partant des premières cellules microbiennes, nous fait voyager au coeur de de la vie de la naissance à la mort, mort qui n'en est jamais une puisqu'il s'agit bien d'un cycle perpétuel, ou même un tronc d'arbre mort va encore donner vie à de multiples organismes pendant plusieurs années.
David Suzuki, étale de nombreux termes scientifiques et explications parfois complexes pour les non initiés, ce qui pourrait plaire à certains, sur ce point Albert Jacquard me semble plus accessible. Reste que la grande sagesse de l'auteur appelle à l'humilité et au respect. Dans ce magnifique exposé, on y apprend que l'équilibre de la biodiversité terreste est intimement liée à la biodiversité marine, la carcasse du saumon qui vient de nourrir l'ours et qui va finir sur le bord de la berge servira encore à de nombreuses espèces vivantes pour finalement restituer l'azote nécessaire à la vie.
Ce livre nous plonge dans un univers que nous cotoyons sans en être conscient, ces arbres qui nous entourent nous maintiennent en vie, ils sont l'oxygène dont nous avons besoin, ils méritent sans doute un meilleurs traitements de nôtre part, Suzuki vient ici nous rafraîchir la mémoire en décrivant avec poésie l'histoire du Sapin Douglas d'Amérique.
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« William Henry n’avait jamais eu de chance avec les Blancs, et maintenant, son propre fils était blanc. (…) William Henry observa Jackson avec attention chaque fois que Josie le lui amenait pour le tenter, mais le bébé ne présentait aucun signe de coloration. Il était résolument blanc. On aurait même dit que son teint était de plus en plus clair. Presque dix-huit ans plus tard, Jackson était toujours aussi clair que le drap porté par les membres du Ku Klux Klan. »
Voici un extrait qui résume en quelques mots l’histoire de Le jour de l’émancipation (à noter qu’il est celui qui marque l’abolition de l’esclavage).
Jackson est Noir mais né blanc. Son père a toujours eu du mal à considérer ce fils comme sien. De son côté, Jackson n’arrivait pas à trouver sa place dans la communauté noire. Alors Jackson est devenu un Blanc puisque ceux-ci l’acceptaient, ne voyant pas du tout en lui un Noir… car en 1943 aux Etats-Unis, votre couleur vous range dans des mondes séparés. Il est Jack pour les Blancs et est partagé entre un mépris certain pour les Noirs qui l’ont rejeté et la peur d’être découvert par les Blancs… Plus étonnant encore, Jackson ne ment pas qu’à son entourage, il se ment à lui-même : il est un Blanc.
Il rencontre Vivian, une Blanche, avec qui il finit par se marier tout en prenant soin de lui dissimuler la vérité. Elle ressent un certain malaise dans l’attitude de Jack, elle sent que quelque chose « cloche » sans toutefois pouvoir mettre le doigt dessus, jusqu’à ce qu’enfin les pièces du puzzle s’assemblent et là le roman devient véritablement très accrocheur…
« Un jour il lui faudra choisir son camp ou briser les barrières… ».
Jack(son) est un personnage assez antipathique et il est difficile au départ d’entrer vraiment dans l’histoire. Mais le livre vaut vraiment la peine de persévérer de par l’ambiguïté des sentiments : ceux de l’identité et de l’appartenance quand vous n’êtes ni d’un monde ni d’un autre, traitée de façon subtile et originale. Quant à la fin elle ne manque pas de surprise…
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David Suzuki emmène son lecteur à la rencontre d'une vie, celle d'un sapin de Douglas, qui germerait quelques siècles avant notre époque, puis déploierait sa ramure sur la côte humide de Vancouver, avant de mourir, puis de disparaître.
Tout au long de l'existence de ce vénérable végétal, l'auteur nous invite à découvrir tous les liens que cet être tisse avec le vivant qui l'entoure, les autres arbres, arbustes, mousses, ainsi que les animaux qu'il abritera, qu'il nourrira. Une réflexion riche et philosophique sur l'interaction nécessaire des êtres entre eux pour la perpétuation du milieu et le maintien de ce "tout".
Un ouvrage remarquable pour lequel j'ai une grande affection. Tant pour le propos que pour l'objet : il s'agit d'une belle édition, qui nous vient du Québec (Boréal), agrémentée de splendides illustrations. Je suis tombé dessus vraiment par hasard, alors qu'il n'est pas si simple de trouver cet ouvrage en France. À présent je ne cesse de le faire découvrir à d'autres qui me le retournent toujours ravis de sa lecture.
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Ce roman est assez fascinant par les thèmes qu'ils abordent de manière originale.
Il faut du temps pour bien cerner l'histoire et les personnages, et ce n'est vraiment fait qu'à la fin du rom, ce que j'ai beaucoup apprécié : il s'agit vraiment d'un tout et pas d'éléments isolés.
Les personnages mis en scènes sont particulièrement humains, ni bon ni mauvais, sans pour autant être oubliable. Plusieurs points de vue, très différents les uns des autres, alternent autour de Jack.
Les thèmes de la guerre, de la musique, des petits boulots sont évoqués dans le livre sans qu'ils soient des ressorts centraux. Au coeur du livre, la construction d'un racisme et d'intégrations dans des milieux très communautaires.
J'ai beaucoup aimé cette construction chorale, où les personnages et les époques varient. Il faut souvent un moment pour resituer l'action, ce qui crée une ambiance particulière sans être difficile à suivre (je ne m'y suis perdue q'une fois et je me demande encore s'il ne manque pas une phrase ou un paragraphe). On y croise du coup des idées sorties de leur contexte qui peu à peu se dessine lui aussi. Comme pour le livre en général.
C'est assez bien écrit, et simplement, avec des nombreux passages que j'ai trouvé percutants sans aucune touche de mélo.
J'ai par contre nettement moins aimé le dernier chapitre, écrit dans un style très différent mais qui manque d'originalité, (et là on a p'tet un brin de mélo) alors qu'il soulève une conclusion intéressante. C'est un peu dommage.
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Le jour de l’émancipation.
Wayne GRADY
Ontario 1945.
Jack est un jeune marine de la Navy qui rentre au pays.
Enrôlé contre son gré, ce musicien de jazz a eu la chance d’être démobilisé pour mal de mer intense.
Avec Vivian ils vont pouvoir s’installer et vivre comme tout jeune couple.
A un détail près…
Jack (qui s’appelle en fait Jackson) n’est pas l’homme blanc qu’il parait mais un homme d’une famille noire. Sa couleur n’étant due qu’a une « farce » de la génétique.
N’osant pas dévoiler la réalité à Vivian il se perd et risque de la perdre aussi.
Mis de côté par son père qui le croit issu d’un adultère, mettant de côté les noirs qu’il ne considère pas comme siens, Jack a bien du mal à affronter l’avenir tant ses racines sont frêles.
Le jour de l’émancipation l’aidera t’il à s’affranchir ?
Un roman qui explore beaucoup de domaines comme le racisme, la guerre, la filiation et ce que l’on choisit de taire ou non.
Les chapitres donnent tour à tour la parole à Jack, à Vivian et à William Henry le père de Jackson à des époques différentes.
La violence et les difficultés économiques sont très bien dépeintes et je crois que finalement Jack est un peu celui qu’on aime ne pas aimer !
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