Un très très bon roman, où les psychologies, para-psychologies, êtres et non-êtres se mélangent en un monde parallèle qui est celui dans lequel on vit. Du pur Will Self, quoi!
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trop d'onomatopées qui lassent lors de la lecture, surtout lorsqu'on a lu des livres précédents de cet écrivain absolument génial.
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Critique de Bernard Quiriny pour le Magazine Littéraire
Sur le balcon de l'hôtel où il passe ses vacances, Tom Brodzinski considère sa dernière cigarette, bien décidé à cesser de fumer. Au moment de se débarrasser de son mégot (the butt en anglais - le titre original), il renonce à chercher un cendrier et, « dans un moment de distraction totale », le jette par-dessus la rambarde. Par malheur, le projectile atterrit sur Lincoln, un vieillard qui prend le soleil sur la terrasse du dessous. Tom s'excuse platement, supposant que l'affaire n'ira pas plus loin ; mais Lincoln est marié à une indigène Tayswengo, tribu qui ne croit pas aux accidents. La loi locale consistant en un savant mélange de common law et de droit coutumier, la situation de Tom devient plus délicate que prévu, ainsi que le lui explique Adams, le consul : « Mme Lincoln considère votre, euh, jet de mégot sur la tête de son mari comme étant la preuve d'une intention malveillante. Et ça m'ennuie de vous le dire, mais la loi est de son côté. Si elle était une Anglo de la troisième ou même de la deuxième génération, la situation serait différente. Si elle était une Ibbolit ou, mieux, une Tugganarong, le statut pénal de votre acte serait différent. Or Mme Lincoln n'est rien de tout cela, c'est une Tayswengo et vous serez probablement inculpé de coups et blessures et, éventuellement, de tentative de meurtre. » Ainsi commence No Smoking : une version exotique du Procès de Kafka avec un quidam en bermuda qui, à la suite d'un incident ridicule, se trouve englouti dans le système judiciaire d'un pays fictif, mélange de Bahamas et d'Australie.
Au terme d'une attente interminable, sa condamnation tombe : il devra remettre deux fusils, un jeu de faitouts et dix mille dollars au clan Lincoln « en main propre » - ce qui signifie qu'il lui faut parcourir cinq mille kilomètres en jeep pour dédommager ses victimes, à l'autre bout du pays. Changement de décor (de la capitale, on passe aux contrées hostiles) et de genre (la comédie judiciaire se transforme en road-movie) : accompagné de Prentice, un autre condamné, Tom s'enfonce dans un désert à la Mad Max, plein de carcasses de voitures et de check points militaires. La cohabitation entre Tom et Prentice est épicée par le système d'assurances auquel ils ont souscrit, les tontines, qui incitent leurs détenteurs à s'entretuer pour récupérer le magot...
On retrouve dans No Smoking les qualités des romans de Will Self : la mise sur pied d'un univers homogène et décalé, une galerie de personnages inoubliables, beaucoup d'humour et un don spécial pour les dialogues de sourds et les images inattendues. Sur le fond, la presse anglaise y a vu une satire du néocolonialisme post-11 Septembre, interprétation renforcée par les allures irakiennes du désert traversé par Tom et par les allusions de l'auteur à Coeur des ténèbres, critique du colonialisme classique. Pour autant, on aurait tort de faire de ce livre une lecture simplement politique : il est aussi une charge contre le politiquement correct et la sur-réglementation des comportements, un jeu de l'esprit sur le byzantinisme juridique, une farce ethnographique dans la lignée de la nouvelle « À la découverte des Ur-Bororos » et, comme souvent chez Will Self, une attaque contre le positivisme à travers les rêves, les drogues et les systèmes de pensée irrationnels, en l'espèce celui des peuplades du désert. Malgré la relative répétitivité du voyage et une chute un peu vite expédiée, ce No Smoking étrangement fagoté est l'un des meilleurs livres de Self, peut-être parce qu'il y semble dépassé par le monde qu'il a créé, monde qui nous happe d'autant plus.
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J'ai rencontré l'auteur vendredi aux Assises Internationales du Roman à Lyon. Il m'a dédicacé ce livre.
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