Citations de Willy Ronis (31)
Oui, les chats restent là, tout près de nous, ils bougent lentement et veillent sur nous, même quand ils ont l'air de regarder ailleurs, loin, très loin. C'est leur façon de rester pudiques. Ils accompagnent tous nos gestes, ils sont nos doubles. Ils magnétisent notre mémoire et nos sens. On croirait qu'ils nous chuchotent de ne jamais oublier que la beauté est partout et qu'il faut simplement prendre le temps d'entrer en conversation avec elle. Ils savent transformer en poème le moindre décor, ils sont parfois eux-mêmes un bout de ce poème. "Le plus petit des félins est une œuvre d'art", disait Léonard de Vinci (p. 6 / Préface de Colette Fellous)
Chacun de nous porte en soi une vision intérieure. Une photo réussie est, en partie, le portrait de son auteur.»
Ma vie a été pavée de déceptions, mais aussi d'immenses joies. Je voudrais ne retenir que ces moments de joie, qui consolent de tous les autres. Quand la vie furtivement vous fait un signe de reconnaissance, vous remercie. Il y a alors une grande complicité avec le hasard, que l'on ressent profondément. Alors, on le remercie aussi. C'est ce que je nomme la joie de l'imprévu
Nous ne voyons pas les choses comme elles sont. Nous les voyons telles que nous sommes.
Cette traversée d'un pan de vie de Willy Ronis à travers le regard de ses chats est à la fois un pur moment de tendresse et une déclaration d'amour faite à la vie. Mais c'est aussi, et vous allez le découvrir, un magnifique hommage à Marie-Anne et à Vincent, sa femme et son fils, qui restent du coup, même s'ils ont disparu, tellement vivants et tellement proches de nous (p. 11 / Colette Fellous)
Ma vie a été pavée de déceptions, mais aussi d’immenses joie. Je voudrais ne retenir que ces moments de joie, qui consolent de tous les autres. Quand la vie furtivement vous fait un signe de reconnaissance, vous remercie. Il y a alors une grande complicité avec le hasard, que l’on ressent profondément. Alors, on le remercie aussi. C’est ce que je nomme la joie de l’imprévu. Des situations minuscules, comme des têtes d’épingles. Juste avant il n’y avait rien, et juste après il n’y a rien. Alors, il faut être toujours prêt. (p. 98)
Il est arrivé que le hasard m'ait mis en face d'une utilisation de mes photographies que je n'avais pas du tout prévue, et avec laquelle je n'étais pas forcément d'accord. Ce sont des problèmes très importants qui se posent alors. Au bout d'un moment, j'ai quitté l'agence, et pendant quinze ans j'ai travaillé en photographe indépendant absolu... Une photo n'est pas un parpaing avec lequel on peut construire n'importe quoi. Je me sens entièrement responsable de l'utilisation de mes images. (P. 134)
Au fond, pendant toute ma vie de photographe, ce sont des moments tout à fait aléatoires que j'aime retenir. Ces moments savent me raconter bien mieux que je ne saurait le faire. Ils expriment mon regard, ma sensibilité. Mon autoportrait, ce sont mes photographies. A chaque photo, il pouvait se passer quelque chose comme il pouvait rien ne se passer. Ma vie a été un pavé de déceptions mais aussi d'immenses joies. Je voudrais ne retenir que ces moments de joies qui consolent de tous les autres. Quand la vie furtivement vous fait un signe de reconnaissance, vous remercie. Il y a alors une grande complicité avec le hasard, que l'on ressent profondément. Alors, on le remercie aussi. C'est ce que je nomme la joie de l'imprévu. Des situations minuscules, comme des têtes d'épingles. Juste avant, il n'y avait rien, et juste après, il n'y a plus rien. Alors il faut toujours être prêt.
Devant toutes ces photos, je sais que je reste dans le quotidien, dans ma réalité quotidienne, mais c’est ce que je suis. Je ne suis pas un romancier, je ne peux pas inventer, c’est ce qui est là, sous mes yeux, qui m’intéresse. Le plus difficile est d’arriver à le saisir. Ces photos (…) me replongent toutes dans un moment précis, de pure émotion, et c’est le moment que je cherche à retrouver en m’arrêtant sur chacune d’elles. (p. 92)
Devant toutes ces photos, je sais que je reste dans le quotidien, dans ma réalité quotidienne, mais c'est ce que je suis. Je ne suis pas un romancier, je ne peux pas inventer, c'est ce qui est là, sous mes yeux, qui m'intéresse. Le plus difficile est d'arriver à le saisir.
Il y a parfois des moments qui sont si forts que j'ai que j'ai peur de les tuer en faisant une photo. C'est alors que je doute, je me dis que je suis pas sûr de pouvoir communiquer toutes mes associations, il faut alors que je sois très prudent, que je garde une certaine distance. Quand l'image sera tirée sur le papier, est-ce que cette magie que j'ai ressentie sera encore vivante, palpable ? Je sais que parfois il reste très peu de chose, alors je garde la photo pour moi, comme une mémoire intime, qui ne regarde pas les autres.
j'aime tout particulièrement les bords du cadre, ils sont souvent très importants, ils font respirer la scène. J'ai toujours tenu à ce que mes photographies soient composées comme si je faisais un petit tableau de genre, une petite peinture de genre...(p.30)
J'étais très ému. Il y a parfois des moments qui sont si forts que j'ai peur de les tuer en faisant une photo. (p.22)
Un de nos amis de vacances, écrivain, demeurait l'été dans un cabanon, en pleine garrigue. ce Chat était venu s'installer là, s'étant ainsi assuré le gîte et le couvert. Un jour, on ne le vit plus. Avait-il trouvé mieux? Deux semaines s'écoulèrent, il revint. Notre ami, philosophe, ne réagit pas. le chat non plus. En somme, il ne s'était rien passé.
Il a offert à nos vies ce miroir lumineux...
Lorsque je revois l'ensemble d'images que je présente dans les expositions, je note que les meilleures d'entre elles ont pour origine une construction stable soudainement magnifiée par une valeur ajoutée dont l'émergence n'était nullement fatale. Car ce qui ne peut se voir sur aucune planche-contact ce sont toutes ces velléités sans suite, ces cadrages à blanc non suivis de déclic, parce que la belle stabilité ne se vérifiait que comme belle banalité; l'œil rivé au viseur, la respiration suspendue, c'est l'attente anxieuse de ce qui pourrait survenir et qui ne survient pas, ou qui se présente mal, ou qu'on n'a pas su saisir. C'est là que se situe la face dramatique de ce qu'on appelle la chasse aux images (expression faussement enjouée) et ses frustrantes limites...
Les bonnes photos que nous publions furent le fruit d'une habilité acquise, d'une attention tendue à craquer et d'une certaine aptitude à maîtriser l'imprévu...
Cela fait très peu d'images: mais cela peut, quand même, justifier une existence.
Sauf rares exceptions, je ne mets pas en scène, je négocie l'aléatoire.
C'est l'harmonie de l'ensemble qui compose le morceau. Et c'est ce qui donne tout son sens à l'image
Mon autoportrait, ce sont mes photographies. A chaque photo, il pouvait se passer quelque chose comme il pouvait très bien ne rien se passer. (...)Quand la vie furtivement vous fait un signe de reconnaissance, vous remercie. Il y alors une grande complicité avec le hasard, que l'on ressent profondément. Alors, on le remercie aussi. Des situations minuscules comme des têtes d'épingles. Juste avant, il n'y avait rien, et juste après, il n'y a plus rien. Alors , il faut toujours être prêt. (p96)
A la question "Qu'est-ce qu'une photo réussie ?", je me contente, faute de mieux, de répondre : " Celle par laquelle j'ai su communiquer l'émotion qui l'a fait naître".