Citations de Xavier de Moulins (348)
"Elle ouvre ses yeux immenses et m'explique que malgré le temps, les rides et la mémoire qui flanche, les jolies choses restent intactes. Alors quand la vie fait sa garce, parce que la vie peut facilement nous faire dérailler et prendre un mauvais tournant, il ne faut pas hésiter à descendre au plus profond de soi et refaire jaillir une odeur, une matière, une image, une note de musique, quelque chose de doux pour affronter la violence et, surtout, s'en protéger."
"[...] rêver, c'est comme avoir des sentiments pour une personne qui ne les partage pas. Ça ne sert à rien."
Alice, Laurence, Mouna, une chaîne de montagnes, trois sommets, trois visions différentes, du monde, de l’amour, des hommes, et ma pomme en dénominateur commun. Peut-être que c’est ça une famille, se faire trait d’union entre des étrangers.
Entourée par cette saloperie de solitude la vie des vieux prend des allures de mégots ; je me dis que Mouna est en train de fumer le filtre et qu’elle le sait.
Mouna ne connaît pas les Doors et moi, je n’ai pas fait la deuxième guerre mondiale.
Ca ne nos empêche pas de nous aimer d’amour, ma grand-mère et moi, et de nous regarder sans parler en roulant droit vers la mer.
"Devenir vieux, c'est devenir bon perdant."
"Il y a des blessures contre lesquelles on ne peut rien, parce qu'elles peuvent durer une éternité lorsqu'on préfère les polir au lieu de les tuer vraiment, en avançant."
"Elle a raison, la vieillesse, ça ne sert à rien, sauf peut-être à apprendre aux enfants à profiter de la vie [...]. A comprendre qu'il faut vivre sans se retourner. Commencer à oublier avant d'être lâché par sa mémoire. L'entretenir en refusant de se souvenir d'hier pour mieux embrasser demain."
En général, les parias du troisième étage n’ont plus jamais de visites, ils vivent dans l’antichambre du paradis en enfer précisément, reclus, les yeux dans le vague, dépendants comme des nouveau-nés. Même quand leurs pyjamas sortent de la machine à laver, ils semblent sales. Les résidents du troisième sont seuls comme des rats.
Une fois, à trop croquer le fruit défendu, un pensionnaire a chopé la chiasse et tout le monde s’est moqué de lui quand il s’est fait dessus liquide, dans l’ascenseur. Ca a coulé sur ses pantoufles et il est reparti la morve au nez en chialant, de honte et de solitude, une main tremblante sur la rampe, l’autre sur son dentier.
j'ai envie d'expliquer à Alma que je ne suis pas inquiet, juste triste d'avoir tout gâché, il y a un an, quand j'ai décidé de quitter la maison et de tout foutre en l'air, que je ne m'attendais pas à tout ça, à la douleur du vide et au manque qui monte lentement mais sûrement, gangrène le quotidien, tourne à l'obsession, se fait tourment, fantôme, boomerang et empêche de vivre sa vie. J'ai envie de lui demander pardon de lui avoir imposé mon circuit, ces bosses et ce ravin gigantesque, abysse moderne dans lequel comme tant d'autres j'ai dégringolé sans bien réfléchir aux conséquences de la chute libre.
Le manège élimé et cabossé avait des airs de nénuphar fané. Hanté par son carrousel de montures fatiguées, il tournait couinant et las au rythme d’un accordéon sous Prozac.
Les amis sont ceux qui prennent le soin d’ouvrir au couteau à huîtres les couples qui se séparent. Ils n’oublient jamais de se ranger du côté de la perle.