AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Yahia Belaskri (34)


La guerre est passée par là, les laissant exsangues, en lambeaux. Quelques espoirs, peu d'espérance, et les mensonges se sont accumulés.
Son enfance s'écoule au rythme de l'école aussi, les maîtresse et leur affection se substituant aux manquements familiaux. Sur les bancs de bois, il découvre les mots, par bribes puis entiers. Après les mots ce seront les livres, des livres reçus à l'école, puis ce sera volés dans les librairies, à la bibliothèque.
( p 63)
Commenter  J’apprécie          30
Je sais. Sur les traces des ancêtres, là où l'on célèbre les noces du soleil et de la pierre, à l'ombre de la montagne, naît le vertige. Trouble des pas écrasés par le soleil, exaltation des pierres millénaires, les chemins s'ouvrent sur les roches et offrent un monde où règne la beauté des bâtisseurs d'hier. Au milieu des lentisques, scilles et cistes, seul le murmure des pierres qui s'agrippe aux figuiers rompt le silence. Les tamaris courbés par le vent jettent des ombres bienfaisantes.
Commenter  J’apprécie          90
Le désert sans limites héberge des populations diverses, animales, végétales, humaines. Il est vivant. Chaque dune, chaque pierre, chaque grain de sable racontent l'histoire des hommes, leur infortune et leurs espérances. C'est un pays où sans cesse chacun est confronté à sa présence fragile, à l'incertitude qui caractérise le mystère de la vie, à la mort et à l'infinie résurgence des éléments. Le silence est peuplé de bruits imperceptibles à l'oreille insensible. Le sable parle. Il s'exprime dans toutes les langues, celles des profondeurs de la terre et des astres, celles des tempêtes, celles des hommes aussi. Il faut écouter le murmure des cristaux. Et quand le vent s'invite, le sable fredonne, il chante parfois. Sa mélodie est message, elle change d'une saison à l'autre, d'un jour à l'autre. Les hommes du désert savent écouter et adaptent leur vie aux voix qui leur parviennent.
Commenter  J’apprécie          10
“ Tu vois ce qu'ils ont fait de nous ? Ouvre les yeux. Ils ont pris nos corps et les ont flagellés. Ils ont entravé nos mains et ligotés nos jambes. Ils nous ont bâillonnés. Dans nos ventres ils ont creusé des gouffres. Ils ont pris nos vies et broyés nos cœurs. Même notre air, ils l'ont pollué. Ah ! Nos mots ! Ne les ont-ils pas pervertis ? Ils ont arraché notre verbe et soufflé la haine dans nos veines. Ils ont même affolé les poètes. Que reste-t-il ? Dis-moi ce qu'il nous reste. Leurs mensonges comme autant de plaies. Leurs allégories comme autant de dagues plantées. Il restera leurs meurtrissures, il restera nos cicatrices, la souillure qu'ils ont semée. ”
Commenter  J’apprécie          00
“ Rappelez-vous de moi, le fou qui hante vos esprits et vos mémoires. Je ne vous céderai rien de ce qui m'appartient, de ce qui me fut transmis par mes ancêtres. Vous les avez vaincus, enfouis dans des gouffres, jetés aux oubliettes. J'interrogerai leurs ossements, qu'ils content leur récit et dévoilent vos méfaits. Je ne vous céderai rien non plus de la découverte du monde, ses attraits comme ses atours. Vous m'avez cru mort, je suis vivant. Vous avez sous-estimé l'amour car il vous est inconnu. Vous ne connaissez que brutalité et cruauté. Ma joie est là car tout se sait et votre félonie a été éventée. Je suis Amray, amour du monde et de ses mystères. ”
Commenter  J’apprécie          00
Ziani avait quinze ans quand, un jour d’été, il a surgi sur la place du village de la Source des chèvres, pieds nus, cheveux hirsutes. Il tenait des propos incohérents, refusait d’être approché, insultait les gens, bousculait les enfants.

Il s’est assis devant le café sans rien dire, balbutiant juste quelques mots. Il est resté là jusqu’au crépuscule. Au moment de l’appel à la prière, les villageois ont rejoint la mosquée, il les a suivis. À la fin de la prière, il était encore devant la porte, l’imam l’a entraîné vers sa maison, lui a remis du pain et des dattes. Il s’est éclipsé. Personne ne sait où il a dormi. Les jours s’épuisaient. Il apparaissait, traversait la place, courait les rues, revenait, esquissait des gestes désordonnés, engueulait de temps à autre un enfant, un adulte.

C’est Baki, le maire, qui lui a proposé de s’installer dans une ruine, aux limites du village. Il lui a donné une couverture, quelques vêtements. Cela fait vingt-cinq ans qu’il y demeure. Il traîne un tronc d’arbre, des bouts de bois, une plaque de métal, il rafistole, se fabrique une couche, un bout de table, toujours en maugréant. Les habitants ont pris l’habitude de lui offrir à manger, de le chasser lorsqu’il les dérange ou les embête. Personne ne sait d’où il vient ni comment il est arrivé là. Ils l’ont affublé du nom du Fou, peut-être qu’une certaine intensité de l’être, cette capacité à capter et sentir les choses leur semblent folie car ils se croient tous sains d’esprit et sont bien incapables d’envisager la transgression.

Ziani hante le village, il court de rue en rue, écoute derrière les portes, enregistre les secrets des uns, les souffrances des autres, apprend à connaître chacun. Les jours de marché, il a pris l’habitude d’haranguer longuement la cantonade. Le voilà sur la place, au milieu des gens, la bouche pleine de mots :

Ô gens du village, braves gens
écoutez la parole venue de loin
celle des anges gardiens des cieux
les jours sombres s’agglutinent
au-dessus de vos têtes vides
ne glissez pas sur la pente fatale
ayez le sursaut de l’âme
faites parler votre cœur
cessez jérémiades et calomnies
Ô gens du village, braves gens
Écoutez les voix de la sagesse
Méfiez-vous des augures du malheur
Ignorez les griffes du tumulte
Commenter  J’apprécie          10
Toute vie, toute œuvre d’homme ne sont que signes sur le sable et tout s’efface lorsque résonne la voix du vent.
Commenter  J’apprécie          30
Le mot que tu retiens entre tes lèvres est ton esclave, celui que tu prononce est ton maître, c'est ce que disait les anciens. Fais des mots justes tes maîtres, sois courageux, autrement tu n'es pas un homme libre.
Commenter  J’apprécie          160
Ceux qui n’ont pas goûté à la morsure de la vie ne savent pas de quoi ils parlent. Ils se disent experts et sont prompts à livrer leur opinion, mais ils se trompent sur tout. Pour eux, le désert est vide. Erreur et égarement ! Le désert sans limites héberge des populations diverses, animales, végétales, humaines. Il est vivant. Chaque dune, chaque pierre, chaque grain de sable racontent l’histoire des hommes, leur infortune et leurs espérances. C’est un pays où sans cesse chacun est confronté à sa présence fragile, à l’incertitude qui caractérise le mystère de la vie, à la mort et à l’infinie résurgence des éléments. Le silence est peuplé de bruits imperceptibles à l’oreille insensible. Le sable parle. Il s’exprime dans toutes les langues, celle des profondeurs de la terre et des astres, celle des tempêtes, celle des hommes aussi. Il faut écouter le murmure des cristaux. Et quand le vent s’invite, le sable fredonne, il chante parfois. Sa mélodie est message, elle change d’une saison à l’autre. Les hommes du désert savent écouter et adaptent leur vie aux voix qui leur parviennent.
Commenter  J’apprécie          10
Soudain une voix étouffée, lointaine : un songe, nul doute, découpe le carré de soleil telle une promesse à venir depuis le palimpseste des ancêtres. L’esquisse d’un sourire longtemps absent ressurgit d’outre-monde, comme une corde lancée au naufragé. Mais, laideur des jours orphelins, seule persiste l’odeur âcre de la solitude.
Commenter  J’apprécie          10
Plus Yahia Belaskri écrit, plus le journaliste qu'il était s'efface devant le grand écrivain qu'il est devenu. "Le silence des dieux" se dévore. Il fait partie de ces romans qu'on ne peut quitter avant la fin et dont on regrette ensuite qu'elle soit venue si vite. Un village aux portes du désert. Un habitant y attend le bus de la ville qui ne vient pas. Le lendemain apparaissent des soldats qui interdisent aux villageois de sortir. Comment les familles survivront-elles sans ce lien avec l'extérieur? Abbas, l'homme le plus riche du village qui maltraite ses trois épouses prend le pouvoir et décide qu'un des leurs est coupable de la situation et qu'il faut le punir. La suite c'est à vous de la découvrir. Sachez toutefois que ce roman est un hommage aux femmes et à leur courage et que son écriture regorge de poésie et d'humanité
Commenter  J’apprécie          20
L 'homme doit pouvoir vivre sans entrave, libre dans ses choix et sa croyance.
Commenter  J’apprécie          120
Oran l 'enivre , malgré la séparation des communautés .
Commenter  J’apprécie          80
Paco pénètre la ville , la fouille , apprend à l 'aimer .
Commenter  J’apprécie          70
Il court sous les bombes crachées par le ciel et la mer , il
court sous la mitraille des blindés qui déchirent les murs .
Commenter  J’apprécie          142
«Le renoncement pourrait être vertueux s'il n'était abandon et lâcheté» (p 96).
Commenter  J’apprécie          10
«Savez-vous ce qu'est un barbare (…) ? Celui qui ne reconnaît pas l'humanité de l'autre, celui qui fait preuve de cruauté » (p 90),
Commenter  J’apprécie          00
Je me suis tourné vers mes parents, je n'ai trouvé que la défaite dans les yeux de mon père silencieux et le renoncement dans ceux de ma mère. Ils citaient des extraits d'un livre qu'ils n'avaient jamais lu, transmis par ouï-dire, se pliaient en quatre à se tordre les os, invoquaient des saints qui m'étaient étrangers, ouvraient leurs mains au ciel qui ne les entendait pas. Lorsque j'ai compris, il était trop tard.Je mordais dans la vie et je venais d'être mordu dans le dos. Les morsures se succédaient et mon dos ne reposait plus que contre du vide. Ivresse d'un matin d'effroi. Mes parents n'étaient pas mes parents. Ou alors le fils que j'étais n'était pas leur fils.
Commenter  J’apprécie          40
L ' homme doit pouvoir vivre sans entrave , libre dans ses choix et sa croyance .
Commenter  J’apprécie          110
Yahia Belaskri
Cheikh Moussa a réuni le conseil des sages de la tribu . Sous une tente , alors que le jour décline , ils sont nombreux autour de théières fumantes , conversant ,échangeant
les dernières nouvelles . La situation se dégrade de jour en jour ,la famine s'installe et risque de s' aggraver du fait de l'invasion des criquets et sauterelles , la pression des
militaires français est de plus en plus forte et contraignante, la guerre rôde, les tribus se soumettent une à une , l' Émir est en difficulté et la tribu des Fils du Jour doit penser
à sa survie. La discussion s'installe et s 'anime .
Commenter  J’apprécie          230



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Yahia Belaskri (197)Voir plus

Quiz Voir plus

La bonne adresse

Rue des boutiques... (Patrick Modiano)

occultes
inconnues
obscures

8 questions
171 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}