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Critiques de Yannick Haenel (366)
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Bleu Bacon

Yannick Haenel signe le récit flamboyant de sa nuit seul au Centre Pompidou au milieu des Francis Bacon.


Lien : https://www.lalibre.be/cultu..
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Bleu Bacon

Yannick Haenel, enferme seul la nuit au Centre Pompidou, se laisse emporter par la puissance des oeuvres du peintre.
Lien : https://www.lepoint.fr/livre..
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Bleu Bacon

L’écrivain raconte sa nuit au musée de Beaubourg en compagnie du peintre anglais. Suivez le guide !
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Cercle

Lecture abandonnée au bout de 250 - 260 pages. Il s'agit d'un récit décousu et nombriliste. L'intérêt éveillé par la quatrième de couverture n'a pas tenu sur la longueur. Je suis vraiment déçu et décontenancé à la fois tant le point de départ me semblait une idée prometteuse.
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Cercle

L'idée de départ est bonne, qui n'a pas rêvé de tout plaquer pour profiter de sa vie en toute liberté ? De ce livre j'ai retenu la phrase de Bob Dylan : "celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir". Mais quand pendant des dizaines de pages l'auteur tourne autour de son sujet sans le faire avancer, je me lasse très vite, jusqu'à me faire douter de mon aptitude à la compréhension de ce que je lis! Le thème laissait penser que ce livre serait lumineux, en fait il ne s'agit que d'un récit long et répétitif.
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Cercle

Ah, la joie des challenges Babelio !!

Ce livre est arrivée dans ma PAL pour couvrir 3 challenges :

Atout Prix 2016, Pavés 2016-2017 et ABC 2016-2017.

La première phrase du livre était pleine de promesse, et me faisait rêver.

"C'est maintenant qu'il faut apprendre la vie. j'ai répété cette phrase toute la journée en longeant la Seine : 'c'est maintenant qu'il faut apprendre la vie'. Il y avait une lumière nouvelle dans les arbres, du vert partout, du bleu, et ce vent léger où flottent les désirs."

Le premier challenge s'est fini avant que j'en débute la lecture.... donc j'ai reporter ce titre dans ma liste de lecture de Atout Prix 2017.

Il ne restait quelques semaines au second challenge quand je me suis enfin lancé dans se livre.... un peu comme on se jette à l'eau... c'était en mars, et je me suis noyée.... Certes la première phrase était magique, et même le premier chapitre. Mais ensuite il fallait s'accrocher. Et je crois que j'ai sombré dans le tourbillon du pont des arts (Private joke pour les lecteurs du livre).

Le second challenge était donc fini que je n'avais pas dépassé les 150 pages. Mais je suis têtue ; surtout quand un babelio-naute me dit que je ne réussirai pas à le finir : pas question d'abandonner.... Et le challenge pavé 2017 est pour la bonne cause : je "devais" donc le finir.

Le troisième challenge s'est fini alors que je n'avais pas repris ce roman en main depuis des semaines. Alors finalement en Novembre, j'ai décidé de me faire mal, et de ne pas ouvrir un autre livre avant d'avoir fini celui ci

Je dois avouer que pendant quelques jours je me suis endormie beaucoup plus tôt le soir....

Mais je suis arrivée au bout... et là.. devant le nombre de cases du challenge de l'avent à ouvrir avec ce pavé, j'ai encore patientée quelques jour pour enfin écrire cette critique.



Pour être claire : je n'ai absolument rien compris ! Mais y avait il quelque chose à comprendre ?

Par contre je reconnais que la lecture de certains passages est magnifique, et bizarrement je prendrai certainement plaisir à les relire par petit morceau.... mais en même temps, il y en avait tellement d'autres pas du tout magiques...

Mais je suis heureuse d'être arrivée au bout : enfin...



Voilà où mènent les challenges : à faire ce genre de découverte, assez improbable pour moi
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Cercle

Ça commençait pourtant bien. Un homme, le narrateur, Jean Deichel, doit absolument attraper le train de 8h07 s’il ne veut pas arriver en retard à son travail. Mais il entend cette phrase : « C’est maintenant qu’il faut reprendre vie », alors il laisse passer le train, balance ses dossiers dans la Seine et déserte son ancienne existence pour écrire. La narration de cette matinée et la pérégrination de Jean Deichel sur les quais de Seine est très poétique, pleine d’images surréalistes, d’arabesques et de lignes sinueuses où les phrases, le corps, le monde, les formes et les couleurs s’enchevêtrent et se confondent, dans ce qui est une renaissance, une révolution des sens.

C’est une vision un peu idyllique de Paris. Un Paris pour touriste, qui existe réellement, mais qu’il faut cantonner aux rives de l’Ile-de-la-Cité. Un Paris sans voiture, sans klaxon, sans puanteur, mais avec des cerisiers en fleur et des parfums de lilas, où les clochards chantent du Léo Ferré… Ce livre serait un produit parfait pour l’export, une vision qui peut conforter le touriste dans l’image positive qu’il se fait de la France et des français : la douceur de vivre, les terrasses de café, un peu d’art, de l’amour débridé, un brin de mélancolie existentialiste, etc. Jean Deichel est un personnage on ne peut plus « français ».

Le problème, c’est que ça se dégrade rapidement, on oublie la poésie mais on garde le côté surfait. Je n’ai jamais pu me détacher de l’impression que « L’évènement », comme le nomme l’auteur, cette expérience de « l’existence absolue », ce ré-enchantement du monde, était le pur fruit d’une invention romanesque, et, qui plus est, de la deuxième main. Ce n’est pas du tout le côté poétique du début du roman qui m’a empêché de rentrer dans l’histoire et d’y croire (au contraire, j’aurais aimé que le récit continu dans une sorte de rêve halluciné), mais des facilités, des désinvoltures, qui rendent, ensuite, l’histoire invraisemblable. Exemple : Lors de cette fameuse matinée, où il se rendait à son travail, on l’imagine logiquement en costume-cravate (enfin, on a compris que ce n’était pas un ouvrier ou un maçon), au moins propre sur lui. Sauf qu’à un moment donné, un peu plus tard, il vomit. Rien de bien grave, je vous rassure, juste une petite nausée sartrienne. Alors une femme, sympa, lui offre une barre de céréale. Et le narrateur, à cause de ce compatissant don, sort cette phrase étonnante : « sans doute elle me prenait pour une sorte de clochard.» Sans doute, oui, une sorte de clochard en costume… Quelques jours plus tard son portable sonne (en pleine nuit, alors qu’il n’a pas reçu un coup de fil avant). « Je l’avais oublié celui-là » dit-il, et dans un geste grandiose, comme au début pour sa paperasse du boulot, le balance dans la Seine (ça tombe bien, il se trouve justement à côté). Mais quand on oublie un portable, on oublie surtout de le recharger et de le prendre avec soi. Autre exemple : lorsqu’il se passionne pour la lecture de Moby Dick, il baise avec une fille, qui, comme par hasard, s’est fait tatouée une baleine au creux des reins. D’ailleurs, les scènes de sexe sont d’un ridicule achevé ; extrait : « lorsqu’elle jouit, elle agrippe alors ma queue, en se retenant à elle, des deux mains. » Notez la virgule qui souligne une précision importante : « des deux mains ».

Mais Jean Deichel a aussi des accès de lucidité, quand il se parle à lui-même : « et toi aussi tu pisseras de rire quand tu te verras prendre la pose ». Car, oui, c’est un poseur. Il est prétentieux, pas seulement au sujet des « deux mains », mais aussi dans sa façon de juger les autres et l’humanité. Tout ce qu’il raconte n’a ni queue ni tête, n’est qu’une accumulation de poncifs modernistes et ne m’a jamais intéressé, même quand il évoque des livres ou des artistes que pourtant j’aime beaucoup.

Ça commençait bien, mais la lecture de ce livre a vite tourné à la galère. Je n’ai jamais adhéré à l’hésitation de l’auteur entre un récit empreint d’une irréalité assumée et une narration naturaliste, ça ne marche pas. Aussi, mon avis est certainement faussé car je n’ai pas eu le courage de poursuivre au-delà des deux cent pages.
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Cercle

Je viens de lire 50 pages de ce livre et l'ennui me gagne lentement mais sûrement l’impression d’un vide à la fois dans la vie de cet anti héros et dans l’écriture terriblement ennuyeuse, le hasard ne générant rien qu’un autre vide. Je ne pense pas le reprendre plus tard tant rien n’accroche.
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Cercle

J'ai lu dernièrement La Carte des Mendelssohn de Diane Meur, qu'elle a écrit après deux années passées à Berlin et où le temps, habituellement perçu comme linéaire, prend la forme d'une sphère de ramifications en perpétuelle expansion. Diane Meur se met en scène pour offrir au lecteur le récit de l'élaboration de son livre. Comme le hasard fait toujours bien les choses, Cercle (oeuvre bien antérieure) traite également du temps comme espace, place Berlin au cœur d'un récit d'un auteur en train d'écrire son oeuvre... Étonnant, non?

Dans le roman de Yannick Haenel, le temps se libère de la mort pour se tourner vers l'amour par une écoute de la langue. Le temps n'est donc plus compté, mais raconté. Il se charge alors d'une profondeur extatique. Le personnage, Jean Deichel, tel une Jeanne d'Arc, entend non pas des voix mais des phrases. Elles vont bouleverser sa vie et lui donner sens. De Paris à Prague en passant par Berlin et la Pologne, Jean Deichel rejoue l'Odyssée et le grand périple du Pequod, entre sirènes envoûtantes, méduses angoissantes et baleine blanche. Cet Ulysse-Ismaël moderne, qui pourra apparaître étonnant, comique et attachant pour certains, lourd, prétentieux et insupportables pour d'autres, vivra son purgatoire et son enfer pour, peut-être, connaître, son paradis. Mais que nous l'aimions ou pas, à la lecture de Cercle, nous sommes vivants.
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Cercle

J'ai lu une quarantaine de pages. L'écriture est superbe, mais l'histoire trop contemplative à mon goût pour que je m'y plonge plus longuement (c'est un pavé de presque 600 pages, et pour avoir lu d'autres critiques, il semblerait que cette proposition s'étende à tout le livre !). Un livre donc à lire par petits bouts peut-être, pour le plaisir des mots et son contenu philosophique, mais certainement pas tout d'une traite ! Je mets 4 étoiles pour ce qui a été lu, qui m'a quand même beaucoup plus.
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Cercle

Cercle... Ou la rocambolesque vie de Jean Deichel (oui, encore, cela ne change guère...). Dans les romans où il se fait narrateur, toujours il est question de renaissance. Mais nous assistons cette fois-ci à l'odyssée originelle du double de Yannick Haenel ; ou comment, un jour, tout comme l'écrivain (dixit le Sens du Calme, à lire absolument dans sa vie), il ne prend pas le train, ne se rend pas à son travail, démissionne et balance toute sa paperasse dans la Seine. Pourquoi ? À cause d'une phrase. "C'est maintenant qu'il faut reprendre vie". Et de ce fait, il va effectivement reprendre vie... Quant aux phrases, il n'a pas fini d'en entendre.



Jean est un narrateur saugrenu particulièrement insupportable, attachant et génial . Enfin attachant... J'aurais tendance à dire que soit on l'adore, soit on le déteste. Quant au côté génial, on peut aussi le considérer comme irresponsable voir carrément fou (mais sans folie, vit-on réellement, ou faisons-nous semblant... ?). En tout cas, il nous offre ici une singulière façon de vivre qui donne beaucoup à réfléchir sur la nôtre... Et personnellement, j'aurais volontier passé le reste de ma vie de lectrice avec lui. J'ai rarement été aussi transportée par un livre, et jamais de cette façon... Malgré les quelques autres ouvrages de Yannick déjà parcourus et adulés. C'est avec beaucoup de regrets que je l'ai reposé sur mon étagère, et il risque de ne pas y rester bien longtemps... Ce chef d'oeuvre est un trésor de réflexion sur l'Humanité, notre société, la parole, notre vie, et pose finalement la question de l'essentiel. En cela, c'est une révélation, semblable à un grand coup de pied au derrière. Que sommes-nous en train de faire de nos vies ? Mais réveillons-nous !



Cercle fut un merveilleux compagnon de voyage, et ce qu'il renferme m'est extrêmement précieux. Cela faisait bien longtemps que la vie n'avait affluée avec tant de force dans mes veines. Certains vous diront sûrement de vous en éloigner, surtout si vous vivez un moment difficile ; mais je pense au contraire que c'est la lecture à faire en cas de coup dur. Il permet de voir les choses sous un autre angle, et surtout il redonne espoir. Tout est possible, à partir du moment où l'on est capable de s'affranchir des normes et des convenances. De plus, c'est d'une poésie indicible... Durant toute ma lecture, je n'ai cessé de relire des pans entiers du livre, déjà parcourus... Car Cercle fait partie de ces livres magiques, porteur à chaque lecture d'un souffle nouveau, mais incontestablement efficace... D'une puissance ahurissante. Peut-être est-ce l'oeuvre la plus forte de Yannick Haenel ; à vrai dire je n'en sais rien. Mais elle est unique, inédite et semble regrouper tous les thèmes explorés par Yannick... le tout abordé avec une poésie omniprésente.



Cercle n'est pas un livre. C'est une aventure. Et quelle aventure... La palette d'émotions nous traversant à sa lecture est infinie. Jamais personne n'a écrit comme ça ; c'est inimitable. Lire Cercle revient à redécouvrir l'essence des choses, et cette modeste critique est loin de lui rendre justice.
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Evoluer parmi les avalanches

Nous sommes le 21 mars 2020, cela fait 6 jours que je suis confinée chez moi , je saisis un livre au hasard dans ma malle aux trésors de livres à lire. En voici les premiers mots :

"Les phrases de ce livre s’élancent derrière ma tête, elles frôlent mes oreilles, tournent sur elles-mêmes et forment des sons qui viennent glisser sous vos yeux. C’est ainsi que s’écrivent mes désirs. C’est ainsi que m’apparaît la solitude. Je ne connais pas de plus belle aventure que celle d’être soudain seul – et de se détacher."

Je détache mes yeux du texte, regarde le ciel à travers la fenêtre tandis qu'un "waouh" s'échappe de ma bouche. Je prends une large bouffée d'air, je sais que je ne reposerai pas ce livre avant d'en avoir atteint la dernière phrase. ¨

Phrase. Ce livre parle de phrases. Les phrases comme remèdes, les phrases comme mantra. Les lettres s'envolent, on les voit littéralement former des mots qui entremêlent, s'unissent à la perfection.

Et c'est beau à en pleurer.
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Introduction à la mort française

Édit : Quatre ans plus tard, j'ai remis le nez dans ce roman que j'avais lu au tout début de ma licence de Lettres Modernes ; précision qui paraît bien inutile mais qui a en réalité toute son importance... Oui, parce que pour saisir Introduction à la mort française, pas le choix, il faut connaître les grandes lignes de la théorie et de la réception littéraires au XXe siècle, en comprendre les enjeux, les tenants et les aboutissants... Autrement dit, sans idée synthétique de ce qu'est scientifiquement la fameuse "mort de la littérature française" (oui, c'est presque l'intitulé de l'exposition qui donne son titre au roman), on passe généralement à côté de ce (presque) premier roman de Yannick. J'ajouterai même que lire "Intro" (pour les intimes) sans avoir une idée de la poétique haenelienne et de la posture auctoriale affichée par Ligne de risque (l'excellente quoiqu'impertinente revue de cet écrivain génial) est un peu voué à l'échec. Et c'est en ce sens que l'on se rend compte qu'Introduction à la mort française est la première tentative de Yannick d'écrire un roman dans une forme qui ne soit pas classique (à la différence des Petits Soldats). Une première tentative qui possède un travers bien naturel : le roman est trop peu explicite, et semble obscur en bien des points pour les néophytes... Et, qui ne l'était pas en 2001, quand il est sorti !



Tout n'est ici qu'allégorie ; la réflexivité critique poussée à son paroxysme, il s'agit pour Yannick d'affirmer son projet de redéfinition de la littérature ; c'est ce qui confère au roman ce ton si caustique. Dans la première partie. Parce qu'ensuite ça vire au cauchemar. D'ailleurs ; quelles sont les clefs du roman (outre le fait que, précisément, c'est un possible roman à clefs) ? La première partie, c'est Jean Deichel (le narrateur de nombre des romans de Yannick. Qui ne s'annonce pas ici comme tel, mais c'est bien lui), encore libre, encore affranchi, mais parce qu'il n'a encore rien publié... Et l'exposition à laquelle il se rend, sur la mort en France, fonctionne comme une prolepse : il va être confronté à la mort de la littérature. La seconde, qui sur le plan de la diégèse marque la séquestration du narrateur à la "Villa Blanche", c'est son entrée chez les éditeurs (et là, c'est difficile de ne pas faire un lien avec la collection blanche de Gallimard, l'éditeur de Yannick, mais il était en très bon termes avec le directeur de la collection dans laquelle il est publié, alors ça m'interroge), et toute la pression qui peut en résulter pour écrire quelque chose qui marche... [Attention, à partir de là ça spoil ("divulgache"), mais si vous voulez comprendre le roman je vous propose quelques pistes issues de ma propre interprétation] Cependant si Jean se rêve en un saint ambigu (Cercle, notamment, par exemple ce chapitre de la partie trois, "Saint Jean", mais pas que !), ce n'est pas un martyr. Jean est la voix qui doit libérer la littérature ; Jean est "l'événement" (au sens haenelo-deleuzien) pour le lecteur... Alors, partie 3, Jean s'en tire, et, allégorie d'une littérature libre, d'une parole, avec tout ce que cela comporte de connotations et de dénotations (en particulier le sacré et la force de l'individualité), il est l'initiateur de cette fameuse nouvelle définition de la littérature... Il est son sauveur. D'accord, on peut prendre ça comme de la prétention. J'avoue. Mais il faut croire en la force de ses propres mots, sinon rien ne se passe jamais. Bref ; Jean retrouve Destine, figure féminine croisée dans la partie 1, dont le nom est évocateur, et qui comme toutes les figures féminines d'importance chez Yannick, est une allégorie de l'absolu. Et, alors que le clou est enfoncé dans le cercueil de la littérature par les institutions, Jean s'évade, une fois de retour à Paris, dans une rêverie ; dans un "événement", en réalité... Oui, comment décoder cette rêverie qui signe la fin du roman ? Encore une fois, sans la poétique haenelienne, c'est difficile. La Seine, berceau de la parole, des vraies phrases, dans chacun des romans de l'auteur, se meut en une vaste étendue d'eau plane : une sorte de lac (si vous pensez à Lamartine et aux romantiques, vous avez raison, on est sur une métaphore d'un temps figé, ça s'appelle "l'intervalle" chez Ligne de risque). Et voilà notre Jean à s'y baigner joyeusement, noyé de soleil, en compagnie de Destine. Une scène qui rappelle la fin du très postérieur Tiens ferme ta couronne ... Donc résumons : dans un instant à l'abri du temps, Jean, allégorie de la parole et de l'écrivain, se baigne en compagnie de Destine, allégorie de l'absolu, dans le lieu qui est le berceau des phrases (l'eau). Voilà donc une métaphore complexe d'une écriture absolue s'opposant à la littérature "morte" produite à la chaîne ou sur le plan d'une langue "communicationnelle" ; un peu topique, mais efficace. On comprend bien le projet ; les vertus d'une parole libérée sont contées dans le roman suivant, Évoluer parmi les avalanches, et Cercle, lui, fait office de synthèse. le tout forme un cycle romanesque qui défend le projet haenelien affirmé en premier lieu dans Ligne de risque ; je trouve cela assez brillant.



Alors, en définitive, qu'est-ce qu'on en pense ? Intro est un bon livre. Il a ce côté excessif de la prose haenelienne ; côté excessif pas encore complètement apprivoisé, et ça en agacera certains. C'est une mauvaise entrée dans l'oeuvre de Yannick ; c'est un jeu de piste plutôt amusant pour les lecteurs de William Marx, ceux calés en histoire littéraire du XXe siècle, ou juste pour les amoureux de la diatribe métaphorique. C'est un livre qui cherche encore sa poétique métaphorique. Intro a une allure parabolique ; vaste allégorie de la littérature, on perd dans le foisonnement symbolique une partie de la présence romanesque, voire de sa cohérence. Ça en rebutera plus d'un. C'est la cause de ma sévère notation ; c'est ce qui fait d'Intro l'une des oeuvres de l'auteur que j'aime le moins. Pour autant, quand on a les clefs pour l'apprivoiser et qu'on aime la poétique haenelienne, c'est plutôt jouissif à lire.



Ancienne critique :



Introduction à la mort française... Un livre qui me laisse songeuse, je dois dire.



Le roman comporte trois parties ; la première est assez typique de l'auteur, elle relate la venue du narrateur à l'exposition qui a donné le titre à l'oeuvre ; la seconde est plus inhabituelle, puisqu'elle raconte l'enlèvement de Jean et son séjour à la "Villa Blanche", une sorte d'insititut médical expérimental pour écrivains ; et la troisième montre comment il s'échappe et retourne à Paris.





C'est un roman très haenelien par certains aspects ; nous retrouvons évidemment Jean Deichel, narrateur récurrent de l'auteur, sa personnalité atypique et ses innombrables références artistiques ; le sens poétique de certaines phrases décrivant la nature ; la philosophie du feu ;

les pouvoirs mystiques de la littérature ; le couple Eros-Thanatos ; la figure féminine apparentée à la déesse, un certain sacré dans l'écriture, le fameux motif du manuscrit cousu dans le manteau (décidément, je trouve l'image géniale) et celui de la baignade, ect, et pour cela, le roman est très plaisant lorsqu'on est un lecteur régulier de Yannick Haenel.





Mais, une fois n'est pas coutume, force est de constater que je n'ai pas tout saisi aux réflexions du double fictionnel de Yannick... Est-ce le thème général de l'oeuvre - la mort -, qui m'est moins familier ? Possible, mais j'avais pourtant compris les pages qui la traitent dans Cercle. Ici, je dois avouer ne pas toujours avoir saisi à quoi elle référait, ce qui a donné lieu à plusieurs pages d'incompréhension, d'autant plus que Jean passe d'une idée à une autre beaucoup plus rapidement que d'habitude. le livre s'enroule en effet moins sur lui-même, et je l'ai trouvé moins explicite dans la philosophie qu'il cherche à transmettre - bref, c'était un peu obscur, et j'ai parfois eu la sensation de rester sur le carreau.





De même, alors qu'habituellement je trouve les romans de l'auteur très fluides, celui-ci m'a heurté dans sa construction ; je l'ai trouvé plus haché. C'était notamment le cas de la dernière partie, où il y a un va-et-vient permanant entre le voyage du retour et des scènes ayant lieu à Paris même, temporellement plus récentes, qui ne se marient à mon goût pas toujours très bien, et de la transition entre les première et seconde parties où, clairement, on ne voit pas le lien logique qui les unie, et j'ai trouvé ça dommage... On aurait en effet pu imaginer intercaler entre les deux une scène motivant l'enlèvement du narrateur, car en l'état on ne peut que spéculer, la suite du roman ne nous expliquant rien. de même, la première partie est très indépendante des deux autres, rien ne la relie au reste du livre, si ce n'est le thème de la mort - et encore, il est traité sous un angle différent, alors que les deux dernières parties se complètent et se renvoient l'une à l'autre par un jeu d'échos.





J'évoquerai pour terminer la fin, qui en est une dans sa globalité, mais dont la toute dernière scène ne m'a pas paru achevée ; j'ai fermé le livre comme si je m'interrompais, et non comme si j'étais arrivée au bout.





Bref ; c'est bien un roman haenelien, mais il m'a paru moins abouti que les autres, et le thème m'a moins séduite. Je suis un peu déçue, d'autant plus que la trame était assez inhabituelle pour un roman de l'auteur, et j'en attendais donc beaucoup. Pour le coup, le style si authentique de Yannick ne se prêtait peut-être pas à une telle trame narrative ; en effet, les évènements extérieurs tel qu'un enlèvement, une expulsion, une élection, une insurrection, dans la littérature haenelienne, ne sont pas ce qui prime ; ce ne sont que des leviers activant les pensées, spéculations, réflexions du narrateur. Or, ici, les évènements extérieurs paraissaient vouloir prendre plus de place dans le récit, sans que cela ne leur soit accordé... En résultent un problème de rythme et une certaine lourdeur un peu frustrante pour le lecteur.





À mon avis, cet ouvrage reste à lire pour les inconditionnels de Yannick, mais ce n'est pas une bonne porte d'entrée à son oeuvre. On lui préférera des oeuvres plus récentes, comme le brillant Tiens Ferme Ta Couronne, ou l'excellent le Sens du Calme pour ceux qui n'ont pas peur de la non-fiction.
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Jan Karski

C'est un livre en trois chapîtres, un témoignage, un résumé du récit de Karski parut en 1944 et une partie romancée. Il est écrit dans un style concis, fluide et efficace et se lit facilement d'une traite.



A New-York, Jan Karski de son vrai nom Jan Kozielewski, essaye avec difficulté de témoigner de ce qu'il a vu trente cinq ans auparavant, dans le ghetto de Varsovie, devant la caméra de Claude Lanzmann. En 1942, il est agent de liaison entre la Résistance polonaise et le gouvernement polonais en exil. Deux leaders juifs lui proposent de visiter le ghetto et de témoigner auprès des Alliés et des personalités politiques et intellectuelles du monde entier, des atrocités commises à l'encontre des juifs de Pologne, pour "ébranler la conscience du monde" et empêcher Hitler de poursuivre l'extermination. Il décrit l'enfer, les cadavres dans la rue, la terreur et l'inhumanité.

La seconde partie du livre est un résumé du livre-témoignage de Jan Karski, paru en 1944 et qui connut un immense succès. Il raconte son expérience de la guerre à partir de 1939, sa mobilisation en qualité de jeune officier, la déroute et l'errance des soldats polonais pris en tenaille entre les troupes allemandes et soviétiques. Après son évasion du camp de Radom, il est chargé de plusieurs missions au sein de la Résistance polonaise, et devient messager . A ses yeux, la Pologne a été abandonnée par l'Europe. En 1942 et 1943, lorsqu'il témoigne de ce qu'il a vu au ghetto de Varsovie puis au camp d'extermination d'Izbica Lubeska il se rend compte que la situation de la Pologne passe au second plan et que les américains sont incapables de croire à l'extermination des juifs.

Jan Karski dénonce l'immobilisme des alliés qui savaient et qui n'ont rien fait. Hanté par ses souvenirs et par le cynisme des soviétiques, il s'enferme dans le silence, jusqu'à son entretien avec Claude Lanzmann.

J'ai beaucoup aimé ce livre particulièrement émouvant et je vous le recommande.
Lien : http://pragmatisme.over-blog..
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Jan Karski

Combien je regrette de l'avoir laissé passer à sa sortie ! Les deux premiers chapitres m'ont un peu déstabilisés, conter par le menu une séquence de film puis un long résumé d'un livre est certes intéressant, mais étrange. Puis, commence les cent pages d'une rare intensité où jamais biographe ne fait revivre aussi pleinement son héros ! Une semonce d'une force incroyable où tout est dit, pas seulement sur la guerre, l'après-guerre, mais la justesse des propos reste valable aujourd'hui sur l'hypocrisie de nos dirigeants, sur l'histoire qu'il brode à leur avanatge sur le dos du monde. Indispensable et formidable.
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Jan Karski

Et Jan Karski donc. Yannick Haenel a une voix douce pour expliquer son livre. Comme l’opposé de son contradicteur Claude L. Haenel l’annonce en introduction : son livre est construit en trois chapitres. Le premier s’inspire du témoignage de Jan Karski dans Shoah ; le second, des mémoires de Jan Karski lui-même (Story of a secret state, 1944) dont l’auteur fait une sorte de résumé. Le troisième et dernier est pure fiction : Haenel se mettant dans la peau de Karski pour poser ses propres questions...
Lien : http://manoes.canalblog.com
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Jan Karski

Un récit à lire absolument!



Articulé en trois grands chapitres, on découvre d'abord le témoignage de Jan Karski face à la caméra de Claude Lanzmann dans son film Shoah. Quel est l'intérêt de lire ce chapitre plutôt que de voir le documentaire?

Le talent de Yannick Haenel : il est un excellent spectateur. En effet il découpe, décrypte, sous-titre les paroles de Jan Karski. La valeur d'un silence, le sens d'un mot utilisé plutôt que de faire une phrase, la nuance entre les temps des verbes utilisés. C'est très instructif et tellement révélateur de la douleur et de la psyché de Jan Karski.



On passe ensuite à un petit condensé du livre qu'il a publié dès 1944, Histoire d'un Etat secret (réédité en 2004 sous le titre Mon témoignage devant le monde), dans lequel il a retranscrit tous ses efforts pour révéler au monde ce qu'il avait déjà confié aux "puissants" pendant la guerre.



Enfin, dans la troisième partie, Yannick Haenel se transforme en romancier et donne la parole, certes fictive, à Jan Karski, retrace son itinéraire de courrier de l'Armée de l'intérieur polonaise, son parcours dans le résistance polonaise et son combat pour faire entendre sa voix auprès des grands de ce monde pour sauver les Juifs.



On y trouve toute la difficulté de comprendre l'absence de réaction des puissances militaires, qui savaient, auraient pu intervenir et ont délibérément choisi de rien faire. Est-ce choquant de dire qu'elles ont été complices? Pas vraiment pour moi, puisque il s'agit bien de non assistance à personnes en danger. Le pourquoi est plus dérangeant, l'hypothèse de l'auteur soulignant un antisémitisme bien plus présent que les pays ne voudraient le reconnaitre.



Une lecture très dure, brutale parfois, mais qui a le mérite de montrer que tout n'a pas encore été dit sur la seconde guerre.
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Jan Karski

C'est un peu sur la pointe des pieds que je suis entré dans ce livre : sa triple construction (d'abord le compte rendu du témoignage de Karski dans le film "Shoah"), puis un récit de sa vie (écrit à partir de sa vie) et enfin une dernière partie fiction, cette construction donc m'avait un peu dérouté. Une fois attaquée la deuxième partie, véridique, on est happé, et la dernière partie, dont Karski est le narrateur, nous fait entrer de plain pied dans l'âme de celui qui fut (pour de vrai) le messager de la résistance polonaise, chargé d'alerter le monde sur l'extermination des Juifs. Un livre captivant, qui interroge l'Histoire, le poids des mots et du silence, l'incapacité des mots face à l'horreur.
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Jan Karski

Nouvelle plongée au coeur du drame de la Seconde Guerre Mondiale.

Mais cette fois en découvrant le témoignage d'un Polonais qui a tenté de secouer le monde entier pour dénoncer l'horreur vécue par tout un peuple, dans son pays.

J'avais été marquée par ma visite au Musée de l'Insurrection à Varsovie et en achetant ce livre, j'avais pensé que j'allais peut-être mieux comprendre "de l'intérieur" ce qui a poussé ces femmes et ces hommes à prendre les armes, à oser affronter le monstre nazi alors que la situation était désespérée.



Ce roman m'a emmenée ailleurs...

...vers les tentatives de ces messagers qui ont pris tous les risques pour tenter d'alerter les gouvernements et l'opinion publique sur ce qui se passait réellement.

...vers le reste du monde qui continue de manger à sa faim, insensible, indifférent, alors qu'un drame immense se passe.

...vers la colère et la révolte qui met en route, qui motive, qui engage.

...vers le silence qui suit l'échec de la parole, qui enferme dans un premier temps mais qui rend libre ensuite.

...vers "Le Cavalier polonais" de Rembrandt qui a su redonner vie, paix et souffle à Jan Karski.

...vers des émotions contrastées, douloureuses parfois, pleines d'espérance et de respect d'autres fois.



J'étais au courant de la polémique autour de ce livre avant d'en découvrir les pages. Et cela a passablement perturbé ma lecture. Qu'est-ce qui est vrai ? Qu'est-ce qui est volontairement distordu, exagéré par l'auteur pour nous faire réagir ? Les trois parties distinctes, voulues par Yannick Haenel m'ont toutefois un peu aidée en ce sens et j'ai finalement lu cette oeuvre comme un roman.



Impossible, forcément de rester insensible à la lecture de ce témoignage poignant et face à tant de souffrances endurées en vain.

Et puis, toujours ces lancinantes questions qui m'habitent à chaque fois que je lis quelque chose sur cette guerre : Et si j'avais été en vie à cette époque, qu'aurais-je fait ? Qui aurais-je cru ? Aurais-je été dans le camp des faibles qui préfèrent détourner la tête ? Aurais-je pris les armes pour me battre aux côtés des persécutés ? Aurais-je pris des risques pour sauver des vies ou au contraire aurais-je dénoncé avec un sourire le juif, le résistant qui tentait de survivre ?



Jan Karki a ajouté un autre regard à ma compréhension de l'horreur du génocide nazi. C'est bien, mais qu'est-ce que j'en fais maintenant ? Comment appréhender ce Mal. Comment le transformer ? Comment éviter de le reproduire ? Comment en parler à mes élèves ?

Je referme les pages de ce livre mais pas de l'Histoire.

Elle m'habite. Elle fait partie de moi.



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Jan Karski

Jan Karski, courrier du gouvernement polonais en exil à Londres en 1942, a été approché par deux leaders politiques de la résistance juive du ghetto de Varsovie - un bundiste, l'autre sioniste - pour révéler et rendre compte de ce qu'il a vu du cataclysme qui s'abattait sur la communauté juive polonaise depuis l'invasion allemande. Ces deux hommes qui n'ont d'autre espoir pour leur peuple que celui de se battre jusqu'au bout pour leur dignité, vont trouver chez Jan Karski un relais pour transmettre leurs messages. Ils veulent que les Alliés, que le monde encore libre sachent et fassent le nécessaire face à cette monstruosité à visage humain. Ces deux résistants veulent secouer les consciences, réveiller le monde de sa torpeur devant ce génocide. Pour cela, il faut que Jan Karski voit de ses propres yeux. Voir pour raconter.
Lien : http://dunlivrelautredenanne..
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