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Critiques de Yewande Omotoso (17)
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La voisine

Voilà un roman troublant qui commence de façon un peu insipide et qui se révèle au cours des pages être un petit bijou !



Afrique du Sud, sur fond de racisme, deux vieilles dames, voisines, une blanche une noire, animées chacune par une animosité marquée envers l'autre, vont cohabiter suite à un accident et peu à peu sortir de leur duo infernal.



Ce sont des femmes usées, désabusées, leurs rêves sont enfouis sous les aigreurs des désillusions. Elles ne sont pas de gentilles petites vieilles, elles savent encore ou plus que jamais ,mordre, Hortensia étant particulièrement efficace .



La vieillesse, il n'est pas facile d'en parler. Ici elle est racontée très finement, les difficultés physiques autant que psychiques ne sont pas minorées et l'autrice ne "gagatise" pas ces dames, elle leur laisse toute la place pour montrer leur personnalité.



C'est un très beau roman, subtil, fin qui offre deux très beaux portraits de femmes.
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La voisine

Nous sommes avec ce roman (qui m’a permis de retrouver les excellentes éditions Zoé) en Afrique du Sud, mais n’imaginez pas la misère des townships, car les deux femmes âgées qui sont au centre du roman habitent un quartier assez aisé. L’une était architecte, mais elle est ruinée par l’inconséquence de son mari, l’autre était une designer renommée. L’une a des enfants, mais les voit très peu, l’autre non. Hortensia possède un sacré caractère et ne se rend aux réunions de quartier que pour relever vigoureusement tout ce qui peut ressembler à une atteinte raciste, notamment venant de Marion, sa voisine. Il n’est pas faux que Marion a quelques préjugés, qu’elle tente vaillamment de combattre… Mais lorsque votre voisine, la seule noire du quartier, acariâtre et sèche, n’inspire pas la sympathie, ce n’est pas des plus faciles. Même lorsque les événements les rapprochent plus encore qu’elles ne le souhaiteraient.



Ce roman qui pourrait sembler narrer une histoire des plus simples, ne cède pas à la facilité, et suggère le dépaysement tout en imaginant une histoire universelle. La jeune auteure réussit déjà à se mettre à la place de femmes qui ont vécu une vie bien remplie, et qui n’espèrent que la tranquillité. Ensuite, elle y ajoute l’ingrédient des parti pris racistes, et elle décrit très bien cet environnement des banlieues chics de Cape Town. L’écriture vive et pleine d’humour et de tendresse pour les personnages m’a paru parfaitement adaptée. J’ai passé un bon moment entre les pages de ce livre, la meilleure fiction que j’ai lue dans les dernières semaines.
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La voisine

Deux femmes âgées, l'une blanche et l'autre noire, deux voisines qui se détestent. Nous sommes au Cap après l'apartheid et sous la plume de l'auteur, ces deux personnages se dessinent pour nous faire découvrir les vies de chacune avec en filigrane le racisme latent et très présent, quasiment dans les gênes et qui définissent leurs trajectoires de vies. A l'aube de leurs destins, Hortensia et Marion, que l'inimitié sépare, vont réellement se rencontrer, se découvrir dans la prise de conscience de leur déterminisme sociétal et culturel. Une prise de conscience tardive et qui pourrait laisser place à d'autres sentiments, à un regard bienveillant l'une sur l'autre. J'ai été touchée par ce beau roman qui démontre que tout peut arriver dans une vie, que même si l'on est en opposition avec quelqu'un, parfois s'ouvrir et ouvrir son coeur peut transformer une vie.
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La voisine

Voilà un roman qui confirme ce que je savais déjà. Les meilleures découvertes de la rentrée ne sont pas celles dont on parle forcément le plus. J'ai été embarquée par cette lecture qui a un sacré potentiel sur le fond, à la fois sérieux et drôle sur la forme.



Deux octogénaires habitent le même quartier résidentiel au Cap, elles ont toutes deux réussi dans leur branche, le design pour Hortensia, l'architecture pour Marion. D'emblée, nous savons que Marion jalouse Hortensia, estimant que sa maison lui revenait de droit, l'ayant conçue elle-même. Seulement, elle l'a laissée échapper. Elles se regardent donc en chien de faïence depuis des années.



Par ailleurs, Marion est blanche, raciste sans même s'en rendre compte. Hortensia est noire, mariée à Peter qui est blanc. La fin de l'apartheid n'a bien sûr pas éteint les contentieux et Hortensia ne perd pas une occasion d'affronter Marion et de lui clouer le bec.



Au delà des conflits entre les deux femmes, c'est toute la problématique de l'apartheid et de ses suites qui est dessinée. Les deux femmes n'ont rien d'aimable, ce sont de fortes personnalités. Hortensia est particulièrement vindicative et acariâtre, toujours la méchanceté à la bouche, indifférente aux autres, y compris à l'égard de son mari qui est en train de mourir.



Marion contient mieux ses petitesses sous un vernis de bonne éducation, sans toutefois donner parfaitement le change. L'histoire commence au moment où les deux femmes sont dans une situation identique, sans le savoir. Leurs maris, après leur décès, les ont mises dans le pétrin. Marion, qui se croyait riche, est en fait ruinée. Quant à Hortensia, elle n'héritera qu'à une condition exigée par Peter et qu'elle n'entend pas respecter.



Le tour de force de l'auteure est de nous faire pénétrer progressivement dans le passé de l'une et l'autre, jusqu'à nous faire saisir ce qui a pu les amener à tant d'aigreur et de nous faire passer de la détestation à la compréhension.



De plus, la maison de Marion se retrouve en partie détruite par un accident, ce qui amène Hortensia à l'héberger chez elle momentanément. La cohabitation est difficile évidemment, Hortensia ne lâchant pas sa hargne habituelle, mais peu à peu, elles feront de petits pas l'une vers l'autre. Plongées alternativement dans les pensées des deux femmes, nous mesurons leur cheminement intérieur et leurs blessures profondes. Elles sont aussi sévères envers elles-même qu'envers les autres.



C'est une lecture riche, politiquement, socialement, psychologiquement, humainement, écrite dans un style vif et direct qui touche.
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La voisine

La voisine est un roman se déroulant en Afrique du Sud, dans un riche quartier résidentiel, et écrit par une autrice venant de la Barbade, et ayant ensuite habité en Afrique du Sud.



Je suis très sceptique à la fin de la lecture du roman. Je n'ai pas passé un mauvais moment, mais c'était si long pour finalement pas grand chose ! Pour résumer : une histoire de jalousie entre 2 voisines, avec une pointe de racisme et de commérages, pour se finir en amitié. On dirait juste un mauvais téléfilm M6



Je recommande pas du tout, c'est même dommage de prendre le temps de lire un livre comme celui-ci quand d'autres font passer de puissants messages..
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La voisine

l y avait pour ce livre tant de tentatrices ‚que je savais que je le lirai, heureusement que je n’avais pas dit quand ! Aifelle en novembre 2019, Athalie en octobre 2019, et Kathel en juin 2020. À chaque fois, je me disais que ce roman était pour moi, je confirme totalement cette impression. Merci à vous de m’avoir guidée vers ce roman.



Dans un quartier chic du Cap, deux femmes vieillissent, rien ne les unit, si ce n’est une haine farouche. Toutes les deux deviennent veuves au début du roman. Marion, la femme blanche architecte était mariée à un certain Marc, elle découvre que celui-ci ne lui a laissé que des dettes . La vente d’un tableau acquis il y a bien longtemps pourrait la tirer d’affaire, il s’agit d’un tableau de Pierneef peintre qui a une belle côte.Seulement voilà , Hortensia a entrepris des travaux et une grue s’est abattue sur sa maison et le tableau a disparu. Ne croyez surtout pas que cette anecdote soit très importante. En fait ce qui est important c’est pourquoi ces deux femmes sont arrivées à se haïr avec une telle force : Hortensia, sait mieux que quiconque déceler le racisme ordinaire qui dicte la conduite de Marion. Celle-ci a déjà perdu le contact avec ses enfants à cause de ses comportements humiliants pour leur employée Agnes. Hortensia n’a plus d’illusion sur l’humanité, et elle sait très bien débusquer toutes les petitesses de chacun même si elle est souvent méchante, elle est aussi très drôle et j’ai beaucoup appréciée quand elle bouscule le côté dame patronnesse de Marion. C’est une femme qui a très bien réussi dans le design et qui au contraire de Marion , n’a aucun soucis d’argent. Son mari Peter meurt et laisse une clause très étrange dans son testament. Il demande à Hortensia de prendre contact avec Emée une jeune femme de 40 ans qui est sa fille légitime. Il manque un élément pour que le décor soit planté. La maison dans laquelle habite Hortensia a été conçue par Marion et celle-ci aurait voulu l’habiter. Les deux femmes vont être amenées à devoir se supporter. Il n’y aura pas de renversement de situation mais une sorte de paix des braves ! Au fil de l’histoire on en apprend beaucoup sur le racisme ordinaire en Grande-Bretagne, et les horreurs de l’Afrique du Sud . La façon dont l’auteure nous présente les deux personnalités est passionnante. Tout en se doutant de la suite, on laisse l’auteur nous emmener sur les chemins de deux femmes qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Il n’y a pas de « gentilles » mais des femmes qui ont connu une vie originale, la dureté d’Hortensia cache une grande intelligence et une sensibilité qui n’a jamais pu s’épanouir complètement . Marion est plus prévisible mais on la sent prête à abandonner quelques une de ces certitudes. Enfin !



Bref, je joins ma voix à celles qui ont avant moi découvert ce roman, c’est un roman qui m’a laissé une très forte impression et dont j’ai savouré toutes les pages.


Lien : https://luocine.fr/?p=12179
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La voisine

Il y a Marion : Blanche, veuve de quatre-vingts ans passés, aux cheveux teints et entichée de son chien, qui a su jongler entre famille et carrière d’architecte à succès.



Et Hortensia : Noire, octogénaire caractérielle, gourou du design dont les œuvres sont adulées jusqu’au Danemark et qui vient de découvrir que son défunt mari avait eu une fille hors mariage.



Le décor : une banlieue chic du Cap pleine de vieilles Blanches riches, effrayées et racistes.



Ces deux là ne s’entendent pas, Hortensia ne cessant de reprocher à Marion son racisme dont elle ne se rend pas compte.



Jusqu’au jour où la grue d’Hortensia tombe chez et sur Marion, détruisant une partie de sa maison. Les deux femmes sont amenées à cohabiter, nous révélant un peu de leur passé.



J’ai aimé découvrir la vie d’Hortensia, enfant de la Barbade arrivée en Angleterre à la faveur d’une bourse d’étude, qui deviendra une grande designeuse reconnue, mais dont le mariage a été un échec.



J’ai aimé Marion qui a su mener de front une famille de 4 enfants et une carrière d’architecte, bien gagner sa vie avant que son mari ne fasse des dettes avant de mourir, et ses enfants s’éloigner. Son enfance de fille d’immigrés d’elle ne sait même pas quel pays d’Europe, Juifs et respectant à la lettre l’apartheid.



J’ai en revanche eu plus de mal avec le style parfois haché (pas toujours), des phrases ou des paragraphes qui se finissent abruptement.



J’ai aimé cette banlieue blanche d’Afrique du Sud qui peine à se tourner sur son passé, et qui garde des réflexes de l’ancien temps.



Deux femmes que tout oppose mais qui sauront faire des compromis pour avancer.



L’image que je retiendrai :



Celle des oiseaux constamment présents dans les créations d’Hortensia.
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La voisine

Dans une Afrique du Sud postapartheid, voici l’histoire de deux voisines, deux femmes de caractère, âgées de 80 ans et qui ont par le passé mené de belles carrières professionnelles. Hortensia, qui est noire, était designer textile, et Marion, qui est blanche, était architecte.

Elles vivent côte à côte depuis 20 ans dans une banlieue plutôt aisée du Cap.

Les dissensions entre elles sont profondes, rien ne les rassemble, elles s’évitent soigneusement.

Veuves depuis peu l’une comme l’autre, un stupide accident va les obliger à se rapprocher.



Avec un titre pareil on pourrait craindre une banale histoire de conflits de voisinage avec une succession de coup bas de part et d’autre.

Mais ce roman est bien plus délicat, bien plus profond qu’il n’y parait car Hortensia et Marion ne sont pas que deux vieilles grincheuses, ce sont deux femmes, deux femmes qui connaissent des problèmes personnels, amplifiés par leur âge avancé, deux femmes contraintes de faire face à des circonstances indépendantes de leur volonté, ce sont deux vies qui quand les masques de la perfection tombent, ressemblent à un champ de bataille.



Avec cette lecture, je me me suis rendu compte que je n’avais jamais lu (ou alors j’ai oublié) de roman se passant en Afrique du Sud, j’ai découvert une auteure talentueuse et j’ai eu confirmation que j’adore le papier des livres de chez Zoé Éditions (bé oui c’est important aussi).
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La voisine

Ce livre nous plonge en Afrique du Sud, dans les années 90. L'apartheid est aboli mais difficile de changer les mentalités des mamies de 80 ans... C'est donc avec beaucoup de méfiance que Marion cotoie sa voisine Hortensia, designer noire récemment veuve.

On découvre peu à peu l'histoire de ces femmes si différentes mais qui vont finir par se tolérer voire s'apprécier. Chacune avec ses combats et ses sacrifices pour arriver là où elles en sont aujourd'hui. Une belle lecture divertissante mais qui distille quelques réalités de l'Afrique du Sud.
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La voisine

Marion est architecte et a construit la maison du n°10 d’une résidence. Avec son mari, ils ont acheté le n° 12, l’autre étant occupée. A chaque revente, elle a toujours espéré que… Mais non, le sort s’acharne, impossible de déménager dans l’autre maison. « Avoir conçu la maison de quelqu’un d’autre comme si c’était la sienne propre, habiter juste à côté, mais jamais dedans, en devenir obsédée . Et maintenant, laisser une fois de plus échapper l’insaisissable trophée entre les mains d’une personne qui dessine des gribouillis et appelle ça design ». Mère de quatre enfants qui ne lui parlent plus ou peu sans faut, elle a dû arrêter et revendre ses parts du cabinet à la naissance difficile du quatrième. Son mari est mort les ayant ruinés.

Celle qui dessine des gribouillis, c’est Hortensia. Designer de renommée mondiale, spécialisée dans les tissus (vous comprenez mieux la « douce » ironie de Marion). Avant, elle et son mari habitaient en Afrique. Peter est blanc et elle, noire, couple mixte donc et sans enfants

Toutes deux octogénaires sont voisines. Elles habitent dans le quartier chic d’une banlieue du Cap. Jusque là, rien de plus normal, mais cela se corse.



Marion, souvenez-vous, nous sommes en Afrique du Sud, il fallait voir sa tête et sa réaction lorsqu’elle s’aperçoit que les derniers acquéreurs sont un couple mixte,  Ô sacrilège ! Une noire va vivre dans ce qu’elle considère SA maison. « En arrivant dans leur nouvelle maison, Hortensia s’était rendu compte qu’elle serait la seule propriétaire noire de Ekaterina. Elle avait éprouvé du dégoût envers son environnement, envers la haute bourgeoisie blanche bien protégée du voisinage et, pendant ses mélancoliques moments d’intimité, elle éprouvait aussi du dégoût envers elle-même. »

Débute une joute entre les deux femmes et je dois reconnaître que, côté mauvaise foi, Hortensia explose. Elle ne va aux réunions de quartier que pour contrecarrer toute velléités de racisme, surtout proférées par sa chère voisine Marion. OK, Marion, de par son éducation est un brin raciste, voir le bouquet entier, même en faisant de gros efforts ; l’histoire du papier toilette en est une belle image.

C’est dans une de ces réunions du comité que doit se débattre l’affaire de l’achat aux autochtones du terrain à vil prix, plutôt de l’expropriation déguisée, selon une loi inique. Depuis la fin de l’apartheid, des renégociations sont en cours même si une des propriétaires blanches sort « La vente s’est faite équitablement. Ils l’ont eue à un bon prix . Parfois ça arrive. ». Hortensia, normalement, du côté noir, a opposé un refus, temporaire il faut en convenir, à la demande d’Annamaria d’enterrer les urnes sous les arbres d’argent de son jardin. Beulah, la petite-fille « Vous… Les Blancs dites qu’il faut oublier et se tourner vers l’avenir. Mais…. On doit aussi se rétablir. Parfois on se tourne vers l’avenir et on reste malades, alors à quoi ça rime d’aller plus avant ? On doit aussi se rétablir. Ma grand-mère ne voulait pas oublier. J’ai toujours pensé que c’était dû au fait qu’oublier serait la même chose que se perdre, ne pas savoir où on est. »

Un jour, Hortensia décide de rénover la maison et d’y porter de grands changements extérieurs. La grue arrive et, mal calée, fonce dans le mur de la maison de Marion, ouvre une grosse brèche. Faut-il y voir un clin d’œil au mur de Berlin ? Hortensia finit par offrir l’hospitalité à sa voisine, ce qui n’empêche pas les piques, les empoignades… Faut pas rêver.

La cohabitation entre les deux femmes peut être un résumé de l’après apartheid où chaque communauté, chaque race, se regarde, se jauge, se méfie, fait trois pas en avant et un en arrière. On ne change pas les mentalités du jour au lendemain.

Yewande Omotoso remonte dans le passé des deux femmes pour nous amener à appréhender leurs caractères bien trempés et mieux comprendre leurs réactions.

J’ai aimé les seconds couteaux que sont Agnes, bonne chez Marion et Bassey homme à tout faire, plus proche du collaborateur, chez Hortensia.

Un livre truculent, alerte, ironique, drôle qui, par ce jeu de rôles, permet de mieux comprendre les relations entre les blanc et les noirs en Afrique du Sud, forcés de partager l’espace public. Les Africains du sud doivent passer de la haine raciste ancestrale, le mépris à la tolérance, la cohabitation, l’acceptation de nouvelles relations.




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La voisine

Hortensia et Marion vivent leur voisinage sur Katterijn Avenue, beau cartier du Cap, dans une profonde haine. Marion, fille d’immigrés juifs, architecte, mère de quatre enfants, a construit la maison située au numéro 10, mais vit au numéro 12. Hortensia, issue d’une famille de la Barbade, émigrée, décoratrice d’intérieur, sans enfant, seule propriétaire noire du quartier vit au numéro 10.

Quand le récit commence, Marion est veuve et bientôt désargentée, le mari d’Hortensia est sur le point de mourir enfermé dans le mutisme

Tout oppose ces deux femmes octogénaires, mais la vie et ses événements incontournables va les rapprocher

Les flashs-Back sur la vie de chaque protagoniste vont nous éclairer sur les raisons de la haine, mais aussi sur les souffrances de chacune

L’on découvre ici une Afrique du Sud post-apartheid où la ségregation et la discrimination sont toujours omniprésentes. La vie du quartier sera aussi bouleversée par des demandes de familles noires anciennement expulsées de ce quartier

Le sujet, grave, sans ambiguïté, est cependant écrit dans un style vif, insolent, savoureux

On y lit aussi la condition féminine, universelle et intemporelle au sujet de l’amour, la réussite sociale, le couple , la maternité, la famille....

une lecture plaisante, d’une belle écriture, dans les parfums du Cap, qui nous appelle à savoir réviser nos jugements
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La voisine

Hortensia et Marion ont de multiples points communs.

Elles sont toutes deux octogénaires, et socialement privilégiées.

Elles ont mené de brillantes carrières, l'une en tant que "gourou" du design, l'autre comme architecte, luttant pour s'imposer dans des univers majoritairement masculins.

Veuves, elles vivent seules : Hortensia a récemment perdu son mari, malade depuis longtemps. Contrairement à Hortensia, Marion a des enfants, mais seule une de ses filles, qu'elle ne voit que rarement, lui adresse encore la parole.

Le décès de leurs conjoints respectifs a été pour chacune source d'une puissante déconvenue : Marion est criblée de dettes, et Hortensia est censée contacter la fille illégitime de son défunt époux, dont elle ignorait l'existence, pour lui permettre d'hériter...

Elles habitent depuis plusieurs années le même quartier aisé du Cap. Elles sont d'ailleurs voisines, l'une occupant le n° 10, l'autre le n° 12, d'une rue de Katterijn.



Pourtant, un abyme les sépare. Hortensia est noire. Marion est blanche. Et raciste. D'un racisme qu'on aimerait à peine crédible chez une femme a priori intelligente, cultivée, menant une vie confortable et sécurisée. Un racisme dont les manifestations -l'interdiction pour ses enfants, lorsqu'ils étaient petits, de jouer avec des noirs ou de se laisser toucher par eux, le refus de mélanger son linge avec celle de son employée de maison, son sentiment de supériorité, sa conviction que tous les noirs sont de dangereux fauteurs de troubles- laissent pantois... Toujours est-il qu'en constatant qu'une femme noire, non seulement emménageait dans un quartier jusqu'alors exclusivement blanc, mais qu'en plus elle allait occuper la maison qu'ayant conçue au début de sa carrière, Marion tentait en vain depuis des années d'acquérir, le sentiment qu'une insulte lui était faite a exhaussé sa haine et sa frustration.



D'autant plus qu'Hortensia ne suscite guère la sympathie. C'est une femme frontale, qui ne s'embarrasse d'aucune courtoisie ni d'aucun faux-semblant, une "Tatie Danielle" irascible, sèche, décourageant toutes les tentatives de gentillesse maladroite ou de flagornerie. Cette froideur agressive s'est installée en elle peu à peu, avec la désillusion provoquée par son mariage et les promesses qu'il n'a pas tenues, puis avec l'intense ressentiment qu'a fait naître la découverte de l'infidélité de son époux, dont ils ont tous deux gardé le secret. Rongée par la colère, Hortensia a cessé de voir le côté positif de la vie, a plongé dans un état de haine devenu normalité, faisant payer au monde entier les causes de son désenchantement. Elle mesure, à l'approche de la mort, les terribles conséquences de cette attitude, consciente qu'elle n'aura aucun proche pour l'accompagner dans ses derniers moments, personne pour témoigner, le jour où elle disparaîtra, de qui elle fût vraiment...



A la suite d'un concours de circonstances, Hortensia héberge Marion, dont la maison est temporairement inhabitable.



La cohabitation est difficile, les rapports restent venimeux, empreints d'une franche hostilité. Marion, qui prend laborieusement mais honteusement conscience de l'inique monstruosité de ses préjugés, cherche un pardon que lui refuse l'intransigeante mais clairvoyante Hortensia. La contrition de sa voisine est en effet à l'image des efforts risibles de la société sud-africaine post-94 pour gérer la phase de réparation dans laquelle est entré le pays. Poignées de mains inter-raciales et gentils slogans fleurissent, occultent le véritable et embarrassant enjeu -une sincère reconnaissance des dommages infligés à la population noire-, remplacent les actions concrètes et réellement équitables qu'il faudrait mener si l'unité était le véritable objectif. En observatrice profondément curieuse des mécanismes qui régissent les rapports entre noirs et blancs dans ce pays dont elle n'est pas originaire (nigériane, elle a longtemps vécu à Londres), elle met ses interlocuteurs, avec sa franchise et sa lucidité, face aux limites de leur bonne conscience et de leur tolérance.



"La voisine" nous fait alternativement suivre les pensées de ces deux héroïnes en proie aux inquiétudes et aux remises en question qu'amènent la vieillesse et la solitude, mais aussi leur confrontation. L'humour grinçant, l'implacable ironie parfois mêlée d'amertume que l'autrice instille à son récit confèrent de la vivacité à son écriture par ailleurs classique et efficace.



Un récit féroce, mais aussi touchant, sur les chemins qui mènent à l'autre, et que nos erreurs, nos aveuglements, nos défaites, rendent parfois si difficiles à emprunter...
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La voisine

L’histoire commence comme dans un livre de E.F. Benson, quand deux vieilles dames, voisines, se délectent de chaque petite occasion de s’affronter. Sauf qu’on est bien loin d’une « fantaisie » à l’anglaise comme on pourrait le croire dans les premières pages. Nos deux vieilles dames vivent dans une riche banlieue du Cap, l’une est blanche, l’autre noire, et on réalise très vite que leur mésentente est bien plus profonde que celle de deux voisines pas toujours d’accord. Elles se haïssent, se craignent, se repoussent y compris quand les aléas de la vie les réunissent sous le même toit. Hortensia et Marion, deux femmes malheureuses dont petit à petit Yewande Omotoso nous dévoile le passé. De très beaux passages sur les traces laissées chez chacun par l’Apartheid, sur le travail des femmes, sur le mariage. J’ai adoré détester ces deux femmes puis m’attacher à elles. Je vous encourage à découvrir ce roman souvent drôle, très intelligent. Traduction Christine Raguet
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La voisine

Un très bon roman sur l’Afrique du Sud contemporaine et les relations entre les Blancs et les Noirs, très marquées par des décennies d’Apartheid à travers le portrait de deux femmes qui se détestent mais qui vont devoir apprendre à se connaître, partager des moments ensemble et, peut-être, mettre à terre leurs préjugés…
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La voisine

Afrique du Sud, années 2010. Deux voisines octogénaires, l'une blanche, l'autre noire, se détestent cordialement.

Les aléas de la vie (veuvage, testaments, revendications post-apartheid, accidents) vont peu à peu les rapprocher. Par petites touches, l'auteure nous fait découvrir leurs passés respectifs.

Lecture fluide, intimiste, qui nous plonge dans ce pays où la fin de l'apartheid n'a pas tout résolu, loin de là.
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La voisine

L'Afrique du Sud contemporaine vue à travers deux femmes, une noire, Hortensia, et une blanche, Marion, qui habitent des maisons voisines dans un quartier blanc de la ville du Cap ; Peter, le mari d'Hortensia décédé il y a peu, était blanc. Ils s'étaient rencontrés en Angleterre où Hortensia faisait des études de Design ; ils n'ont pas eu d'enfants, Hortensia a fait une belle carrière de designer et a vécu quelques années au Nigéria avec son mari (comme l'auteur).

Marion, architecte, 4 enfants, avait il y a longtemps fait construire la maison du 10 Katterijn Avenue où est venue habiter Hortensia ; et Marion aurait tellement voulu récupérer SA maison !



Elles n'ont jamais été amies et ont toujours eu le plus grand mal à se supporter ; devenues veuves et octogénaires, c'est pire que tout !

Il faut dire qu'Hortensia est assez méchante, on comprendra en lisant son histoire comment elle est devenue aigrie et mauvaise, avec une certaine dose de culpabilité en plus. Quant à Marion, après avoir été "raciste" une bonne partie de sa vie, elle ne sait visiblement plus du tout comment agir avec les Noirs, qui pour elle, sont des domestiques...



Quand des circonstances indépendantes de leur volonté et différentes désillusions les amènent à vivre ensemble, c'est bien sûr très difficile ; Marion est très mal à l'aise et Hortensia fait tout pour la déstabiliser. Comment les choses évolueront-elles entre ces deux femmes qui représentent chacune une partie des sud-africains ?



C'est passionnant et drôle ! Il y a du suspens, de la tension, de l'émotion et pas mal d'humour !

C'est un livre qu'on ne lâche pas une fois qu'on a fourré son nez dedans : rapports entre les deux ennemies jurées, Histoire de l'Afrique du Sud vue à travers l'existence des deux femmes, affaires de couples... Un récit riche et tout en subtilité, une belle réussite.



Extrait (p 197) : " L'épouvantable caractère d'Hortensia lui faisait pincer la bouche selon une ligne droite, froncer les sourcils, serrer les dents et rendait ses yeux acérés. Elle devint experte pour couper l'herbe sous le pied des gens, sans couteau, rien qu'avec des mots. La colère l'habitait en permanence et bien qu'au début elle s'en fût avisée (inquiète de sa présence), cet état devint lentement la normalité. elle se mit à avoir des maux de tête..."
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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La voisine

Ces femmes sont horribles et même si finalement elles trouvent une façon de se supporter, perso je les ai trouvé insupportables et aigries. Pour moi le racisme est des 2 côtés de l'histoire.
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