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Critiques de Yoan Smadja (94)
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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

«  C'est en avril 1994 que j'ai demandé à Dieu de divorcer. »

Ce sont les premiers mots, très forts, de ce premier roman qui l'est tout autant.

Le «  je » est celui de Sacha, grande reporter française, une femme de caractère habituée à raconter le fracas du monde, qui se retrouve projetée dans les premiers jours du génocide rwandais, le lecteur sur ses traces.



J'aime tout particulièrement les romans qui parviennent à dire la grande Histoire à travers le prisme de l'intime, du personnel ou du familial.

Et là, très clairement, Yoann Smadja a su trouver les mots justes pour évoquer l'enfer dans lequel le Rwanda a basculé à partir de l'attentat qui tue le président rwandais et sert de prétexte aux violences génocidaires envers les Tutsis. Cet ancien humanitaire a oeuvré au Rwanda en 2006, son récit est très documenté, sans doute un peu scolaire par moment mais au moins, cette contextualisation précise permet au lecteur d'avoir une vision complète de la situation et d'en comprendre les enjeux.



Certains passages sont durs, oui, mais sans excès, sans complaisance, juste parce que nécessaire pour comprendre le cheminement psychologique de Sacha dont on voit vaciller les certitudes à mesure qu'elle prend la mesure de la barbarie qui se déchaîne. Car ce très beau roman reste sur les pas de ses personnages principaux. Sacha donc, mais aussi Rose, l'épouse d'un médecin rwandais qui la guide dans le chaos. Rose a disparu avec leur très jeune fils, Daniel la recherche, Sacha aussi.



La très belle idée de l'auteur est de faire parler Rose, la muette, à travers des extraits de son carnet, autant de lettres d'amour écrites pour son mari, des lettres très sensuelles qui racontent le bonheur et le Rwanda d'avant, des lettres terribles qui dévoilent le vécu de Rose durant le génocide.



En fait, tout ce roman est un modèle d'équilibre, à fleur d'émotions. Il aurait pu basculer dans le pathos lourdaud, il ne le fait jamais en croisant les deux regards sensibles de Sacha et Rose. le dernier tiers est vibrant, bouleversant même, grâce à la subtilité avec laquelle Yoan Smadja construit son récit et le fait avancer avec une ellipse temporelle très judicieuse qui propulse le lecteur en 2017 sur une piste inattendue. Je ne l'ai pas refermé désespérée mais au contraire emplie de foi en l'humanité.



Un très beau roman empli de souffle romanesque et de lumière malgré la noirceur du sujet.
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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

❤️Ce roman est un joyau taillé dans les pierres les plus précieuses et les plus lumineuses, dire que c’est un premier, je m’incline.

Ce doit être l’année littéraire des « Rose » après les carnets de la Rose de Franck Bouysse voici ceux de la Rose de Yoan Smadja et quel étourdissement encore une fois.

Deux récits s’entremêlent, deux regards portés sur cet événement traumatisant qu’à été le génocide Rwandais.

Printemps 1994, Sacha reporter de guerre est envoyée au Cap pour investiguer sur les élections post-apartheid. A peine arrivée et contre l’avis de son employeur elle décide de partir à Kigali avec un ami photographe après la découverte fortuite d’une cargaison d’armes à destination de la capitale Rwandaise tourmentée par des relations interethniques très tendues.

Elle se retrouvera aux premières loges pour couvrir le massacre lié aux discordes claniques entre Tutsi et Hutu.

En parallèle on découvre les écrits de Rose Tutsi muette, adressés à son mari Daniel un obstétricien, reconverti en cette période trouble en médecin humanitaire.



Deux récits et deux styles : un journalistique, captivant, sans temps morts, ancré dans le présent et basé sur des faits politiques réels.

L’autre épistolaire, plus lyrique, et romanesque. La plume est magnifique, le texte poignant.

Le récit de Rose est d’abord nostalgique et romantique, elle évoque le souvenir « dans la maison de vanille » de son père, de Daniel, de leur fils et l’époque du « vieux Rwanda » convivial et chaleureux « nous étions des quartiers de soleil ».

Une sensualité se dégage de ses lettres et nos sens sont intensément sollicités.

Jusqu’à un attentat politique qui va précipiter les événements, les écrits de Rose se noircissent alors et glissent vers l’horreur.

Les deux récits finiront par se recouper et le destin de ces deux femmes se rejoindre.

On assiste à la fuite haletante de tous les protagonistes parmi d’autres fuyards déshumanisés.

Dans ce climat de terreur Daniel, Rose et leur fils se cherchent désespérément, sont liés par la pensée, connectés par la force des sentiments et on a tant envie qu’ils se retrouvent.

La fin est déchirante.

Merveilleux et foudroyant!

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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

Évoquer le Rwanda et ces terribles semaines qui plongèrent tout un pays dans un effroyable génocide, il fallait une plume de qualité pour aborder par la fiction un thème si terrifiant. Et le moins que l'on puisse dire c'est que celle de Yoann SMADJA assure parfaitement sa mission. A travers le drame de deux femmes (l'une journaliste française, l'autre femme tutsi), ce roman décrit l'horreur sans tomber dans le sensationnalisme ou le pathétique. le roman met aussi en lumière l'invraisemblable désertion des instances internationales devant la folie barbare d'hommes ayant perdus toute humanité. L'histoire se répète sans cesse déversant son lot de destins à jamais brisés.

Un premier roman qui vous prend aux tripes et qui ne peut laisser indifférent.

Merci à Babelio et aux Éditions Belfond pour la découverte de ce texte bouleversant.
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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

Vraiment, un très beau roman. Un roman que l'on a envie de garder longtemps dans le petit écrin que constitue une mémoire de lecteur, vous voyez. En 260 pages, il dit beaucoup. Il dit même l'essentiel. Les grandes lignes du génocide des Tutsis qui a noirci l'Histoire du Rwanda en 1994, présentées de manière claire, sans viser l'exhaustivité et par le biais d'un personnage attachant, Sacha, une journaliste de guerre pour le Temps qui a pour habitude de toujours suivre son instinct. Alors qu'elle achève un reportage sur les élections en Afrique du Sud, elle va découvrir l'horreur au Rwanda après avoir croisé la route de plusieurs personnages, dont Daniel, un médecin tutsi : c'est là que l'Histoire rencontre l'histoire. Celle qui est au coeur du récit. L'histoire de Daniel et de Rose, celle de leur amour, de leur enfant, de leur séparation et de leur volonté, plus forte que tout, de se retrouver. Celle de dizaines de petites roses et du temps qui fait son oeuvre.

Vraiment, un très beau roman. D'ailleurs, en écrivant, l'émotion me gagne et je mesure la chance que l'on a de pouvoir lire de telles pépites. Mention spéciale pour le titre que je trouve absolument sublime et pour le choix de l'illustration sur la version poche, parfaite !

Je remercie Babelio et les Editions Pocket pour cette lecture… triste, belle, nécessaire.


Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

Rwanda, printemps 1994.

Miliciens armés de machettes, de fusils, massacrant, pillant, violant.

« Entre les Hutu et les Tutsi, la déchirure est celle du quotidien, elle est intime. On dénonce ses voisins, on leur en veut, pour des disputes banales de récoltes, de bétail, de parcelles qui viennent s'ajouter au crime d'être tutsi, et le mobile n'en est que plus justifié. On les tue, parfois, par crainte d'être assassiné. On tue sa compagne ou son compagnon parce que son ethnie n'est pas la bonne. On glisse dans l'absurde. Nos mots de journalistes n'ont plus de sens. »



« En trois mois, notre pays s'était suicidé. (...) Des millions de réfugiés, d'assassins, de survivants se mêlaient dans les camps, parcouraient les routes. Certains revenaient chez eux, retrouvaient leur maison ; il était difficile de dire qu'ils retrouvaient un foyer. »



C'est toujours délicat d'émettre un jugement négatif sur un ouvrage qui traite d'un sujet grave, douloureux.

J'ai trop longtemps trouvé le texte froid et les personnages peu convaincants pour prétendre avoir été touchée par ce récit.

J'ai appris, ré-appris des choses sur ce terrible génocide rwandais : la responsabilité de la colonisation, la soudaineté du déclenchement des massacres, leur violence, l'impuissance de l'Onu...



Je retiendrai cette idée, car je me demande comment les reporters de guerre peuvent rester 'spectateurs' : « Quoi qu'elle ait vu, quoi qu'elle ait entendu, elle n'avait jamais posé son carnet. Ni en Afghanistan, ni en Somalie, ni ailleurs. Elle n'était jamais intervenue. Elle n'avait jamais saisi la main d'un enfant. Et elle comprit, quoique leur geste fût spontané, instinctif, irrémédiablement humain, que quelque chose s'était brisé. (...) Lorsque sa main s'était posée sur les yeux de cette enfant, elle était sortie du cadre qu'elle croyait s'être imposé. C'était ce qu'il fallait faire, mais ça changeait tout. »



▪️ Merci à Babelio et à Belfond.
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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

Après avoir lu en 2015 «  Souveraine magnifique » d'Eugène Ébodé ( auteur que j'ai rencontré lors d'une conférence) à propos du pays aux mille collines et le conflit du Rwanda, j'ai acheté cet ouvrage aux récits entremêlés :



Deux regards portés sur cet événement traumatisant, le Génocide des Tutsi du printemps 1994: période où « L’humanité s'est simplement évaporée » .

«  La terre s'était mise à brûler » .



Sacha , reporter de guerre française est envoyée au Cap pour rendre compte à son journal , des élections post- Apartheid..



Lorsqu'elle débarque au Rwanda, parcourt ses mille collines au volant d'une jeep De La Croix Rouge, aux côtés de Daniel , médecin Tutsi, à la recherche de sa femme Rose muette, ( elle lui écrit tous les jours ) .....elle cesse de croire en Dieu....



Le récit journalistique dédié à Sacha, sans temps morts, factuel, basé sur des faits politiques réels s'entremêle , alterne avec le côté épistolaire, nostalgique , romantique de la prose douce et tendre de Rose....



Deux femmes exceptionnelles , remarquables d'humanité et de sensibilité , courageuses , volontaires...

Entre les Hutus et les Tutsis , la déchirure est celle du quotidien.

On dénonce ses voisins, on leur en veut .

Des miliciens armés de machettes violent, pillent , brûlent les églises, les maisons, massacrent .....

Une espèce de folie s'empare des miliciens : les blessures causées à la tête, aux membres étaient terribles ,les actes crapuleux et règlements de compte se multiplient , une fureur méthodique , des centaines de personnes se réfugient dans les hôpitaux , les dispensaires, les organisations humanitaires , l'ONU étaient impuissantes ...



Les journalistes assistaient à la rupture d'un pays qu'ils ne connaissaient pas .Une fureur animale incontrôlée !



C'est un roman bouleversant qui prend aux tripes à la dimension émotionnelle intense , au sujet douloureux et grave , tout en tension.



Le suspense angoissant rend bien la situation confuse, le climat tendu, la liberté de circulation dans le pays entravée, la tourmente , la folie meurtrière ....

Cet ouvrage historique ne laisse pas indifférent——aidé par une plume sensible et généreuse ——pour ce «  Pays tout de vert , de terre et d'affliction vêtu » se lit aisément sans tomber dans le pathétique ni le sensationnalisme ,malgré les atrocités décrites ...



A ne pas lire si l'on est déprimé ....



Un premier roman précieux qui a reçu le Prix «  Honoré de Balzac » et le «  Prix de la ville de Tours » , ( clin d'oeil à une amie chère qui se reconnaîtra ....)
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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

Coup de coeur !

Lorsque Sacha part en reportage en Afrique du Sud, elle ne se doute pas qu'elle va vivre une suite d'évènements qui va bouleverser sa vie.

Un banal accrochage avec un camion, quelques photos prises pour constater les dégâts, des menaces avec armes de la part du conducteur vont amener la jeune femme à s'intéresser au contenu des mystérieuses caisses transportées par le véhicule.

Cette enquête l'emmène au Rwanda rongé par la haine, en guerre civile depuis des années avec l'extermination systématiques des Tutsis.



Le roman de Yoan Smadja n'est pas un énième texte sur le génocide Tutsis, c'est beaucoup plus.

En basant son histoire sur le destin de deux femmes Sacha et Rose une jeune Tutsis, l'auteur réussit à donner à ce livre une dimension émotionnelle intense, sans jamais tomber dans le pathos.



A travers les lettres que Rose adresse à son mari, trop souvent absent pour son métier, nous découvrons sa vie à l'ambassade de France où sa famille travaille depuis quelques dizaines d'années. Elle lui parle de son fils, jusqu'à la peur, la violence, la mort, le génocide.



Yoan Smadja dresse le portrait de deux femmes exceptionnelles, volontaires et courageuses.

J'ai particulièrement aimé Sacha, journaliste française confrontée à la pire horreur que son métier lui ait fait côtoyer.



Ce livre est magnifique, dur souvent mais il prouve que malgré la barbarie dont l'homme est parfois capable, il peut en ressortir une lumière éblouissante et salvatrice.



Je remercie très vivement Babélio et les Editions Belfond qui m'ont permis cette découverte.

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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

Quand la tragédie de l'Histoire rencontre la beauté et la force romanesque, cela donne un livre bouleversant et lumineux. Cela donne "J'ai cru qu'ils enlevaient tout de toi" de Yoan Smadja.



Nous sommes début avril 1994, nous sommes au début de la fin du monde pour le Rwanda. Sacha, journaliste française, est envoyée en reportage en Afrique du Sud pour couvrir les prochaines élections présidentielles, les premières depuis la fin de l'apartheid. Lors d'un accident , elle découvre par hasard un chargement de machettes destiné à partir au Rwanda. le Rwanda, elle ne connait pas trop. Mais poussée par son instinct, elle décide de se rendre dans le pays des mille collines afin d'en découvrir un peu plus sur ce pays secoué par des "conflits interethniques". Là-bas, sa route va croiser celle de Daniel, un médecin tutsi affilié au FPR. Daniel est marié à Rose, une jeune femme muette. Inlassablement, Rose écrit des lettres à son mari pour lui raconter son quotidien durant ses longues absences. Un quotidien à l'abri de tout, lui semble-t-il, sa maison se trouvant dans l'enceinte de l'ambassade de France. Alors que l'avion du président hutu Habyarimana explose dans un attentat, le pays s'embrase d'un coup. En quelques heures, les tueries commencent. Sacha assiste à l'inimaginable tandis que Daniel court pour retrouver sa femme, qui court pour sauver sa vie.



J'ai lu beaucoup d'ouvrages sur le génocide des Tutsis et Hutus modérés au Rwanda en 1994 : des témoignages, des reportages comme ceux de Jean Hatzfeld, des récits autobiographiques comme ceux de Scholastique Mukasonga, des ouvrages historiques. "J'ai cru qu'ils enlevaient tout de toi" est la première fiction que je lis sur ce sujet - mis à part les romans jeunesse d'Isabelle Colomba. Ce que j'ai donc apprécié en premier lieu est la vérité historique retranscrite dans ce roman. Sur un tel sujet on ne peut pas faire de "l'à peu près" . Yoan Smadja a beaucoup lu, s'est documenté, a rencontré des personnes directement concernées par le génocide (humanitaires, journalistes, militaires...). C'est un travail de recherche fouillé et précis qui nous parle entre autre du rôle de la Croix Rouge et des différentes opérations de l'ONU et des militaires français plus ou moins ambiguës durant ces semaines. Il ne nous épargne pas non plus les scènes de tueries en masse. Il en ressort donc pour le lecteur la satisfaction de lire une fiction étayée par des faits historiques avérés et où l'on ne joue pas avec les mots.



Car les mots sont eux aussi au coeur de ce roman. D'un côté Sacha, journaliste passionnée qui laisse libre cours à ses articles, de l'autre Rose qui a découvert l'amour des lettres dans tous les sens du terme - littérature et écriture, sont deux femmes qui vivent par l'écrit. Leur rapport aux mots n'est pas le même mais est tout aussi fort.



Les chapitres alternent les lettres de Rose à son mari Daniel et le récit consacré à Sacha. le lecteur est d'un côté confronté à la terreur de Rose, et de l'autre plongé dans le chaos sans fin que Sacha et ses compagnons découvrent au fil de leur périple. Journalistes, militaires, humanitaires... tous assistent à l'incroyable et plongent dans un monde où la sauvagerie est reine. Et tous s'arrêtent là où les conventions leur dictent des limites. Faut-il réagir face aux tueurs alors que l'on est entravé par un devoir de neutralité? Quand Sacha pose son carnet et son crayon, elle fait son choix.



"J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi" est un vrai roman, à la tension permanente, au suspense calibré. C'est aussi un ouvrage plein d'une humanité salvatrice, dont on a énormément besoin en lisant ce livre où la beauté des mots contrebalance l'atrocité décrite.



Un très grand merci à Babélio et aux éditions Belfond pour l'envoi de ce premier roman.

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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

« C’est en avril 1994 que j’ai demandé à Dieu de divorcer. »

C’est par cette phrase que commence ce roman et tout est dit.



Sacha a été correspondante de guerre et à ce titre avec son photographe Benjamin ils ont été présents en 1994 au Rwanda pendant le génocide. Ils vont faire la connaissance de Daniel médecin du principal opposant au président de la République rwandaise. Au milieu du chaos, Daniel n’a de cesse de retrouver sa femme Rose et leur fils Joseph qui ont disparu au début du conflit quand les Hutu ont commencé à exterminer les Tutsi.



Le récit est entrecoupé par les lettres que Rose adresse à son mari. Elle nous raconte son enfance remplie des odeurs de vanille dans le parc de l’ambassade de France à Kigali où ses parents sont employés, sa rencontre et son mariage avec Daniel. Et puis brusquement tout bascule.

Les lettres nous font vivre de l’intérieur l’horreur inimaginable. L’amie qui n’entre plus dans la maison, et marche de l’autre côté de la rue, les yeux emplis de haine. Les appels aux meurtres pour se débarrasser de cette sale race, de ces cafards. L’humanité s’est simplement évaporée. On tue sa compagne ou son compagnon uniquement parce que son ethnie n’est pas la bonne. On découpe à coups de machette des femmes et des enfants dont le seul tort est d’être Tutsi. On viole son ancienne camarade de jeux.



Yoan Smadja nous explique parfaitement les origines de ce génocide, le rôle néfaste des Belges et de l’Église catholique dans l’institutionnalisation des différences entre Hutu et Tutsi alors que jusque là ils vivaient tranquillement les uns avec les autres. Les pays occidentaux qui se voilent la face et se contentent d’évacuer leurs ressortissants.



« Nous aurions dû comprendre ce qui se passait au Rwanda bien avant le printemps de cette année-là. Peut-être avions-nous tenté de ne pas voir, de nous rassurer. Peut-être avions-nous baissé la garde. Alors que les Rwandais et la communauté internationale auraient dû ne pas céder un pouce de terrain, ils avaient détourné les yeux, des années durant, face à l’hydre. Jusqu’au naufrage. »



Ce livre nous éclaire sur le travail remarquable de la Croix-Rouge Internationale au cœur des conflits et aussi sur le difficile métier des journalistes reporters de guerre, témoins impuissants de l’homme devenu bête.

Un récit puissant et bouleversant qui ne peut laisser indifférent.

Merci aux éditions Belfond et à Babelio pour cette enrichissante lecture.









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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

Quelle délicatesse pour raconter les temps de la Vanille puis l'avènement du pire. Le massacre de masse d'une partie d'un peuple. Comment alors que, comme Rose, on vit depuis toujours paisiblement proche de l’Ambassade de France, qu’on se ravit les papilles avec insouciance, qu’on cotoie ses voisins, devient-on l'objet de toutes les haines ?



Deux femmes, Sacha la correspondante de guerre "du temps" qu'un simple accident de la circulation avec un camion, va mettre sur la piste d'un convoi de machettes. Trop aguerrit aux situations de guerre pour ne pas sentir le danger que représentent un nombre impressionnant de caisses de machettes à destination du Rwanda, elle va écouter son instinct, se rendre à Kigali avec Benjamin, contre l'avis de son rédacteur en chef.



On vit au coeur des écrits de Rose, qu'elle destine à Daniel, et de ceux de Sacha plongée avec Benjamin le photographe, dans ce monde devenu sanguinaire, aux côtés de Daniel passé d'obstétricien à médecin humanitaire.



Rose voudrait pouvoir crier face aux atrocités dont elle est témoin. L'écrit lui permet de survivre dans l'espoir que Daniel les retrouve, elle et Joseph.



Dans ce monde effroyable, au coeur de ce printemps tragique, deux femmes vont prendre des décisions d'amour pur pour un petit garçon qui les liera à jamais. La puissance de ce roman est le point de vue de ces deux femmes sur le désastre humanitaire qu’a vécu le Rwanda, à jamais meurtri par son génocide.



Un récit tragique, où la poésie conte l'inhumanité, la terreur, l'amour sincère de Rose et Daniel au creux d'un monde devenu d'une brutalité insoutenable. L’amour éperdu de Rose pour son fils, Joseph.



Un premier roman lumineux où l'espoir rayonne. Un cri d'amour déchirant.


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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

*****



Cette histoire, c’est celle de Rose, de son fils Joseph, de son époux Daniel, et de tous ceux qui ont croisé leur route. Cette histoire, c’est celle du Rwanda, un pays qui a basculé dans la haine au printemps 1994. Cette histoire, c’est celle des mots, ceux qu’on écrit, ceux qu’on enfouit et ceux qui se perdront dans l’oubli. Cette histoire, c’est enfin celle d’une humanité salie, piétinée, anéantie, qui se relève doucement grâce à l’amour, la solidarité et cette petite flamme qui a continué de briller malgré tout…



Que dire si ce n’est que ce roman est une pépite, une lumière, un de ceux qui réchauffe l’hiver et qui reste collé au cœur…



L’émotion est au-delà des mots… Yoan Smadja a choisi les plus justes. Ses mots sont doux pour dénoncer la barbarie, ils sont étincelants pour désigner la noirceur et ils sont authentiques pour illuminer l’amour.



C’est un roman qui touche profondément. Cette petite histoire dans la grande l’éclaire par son humanité et sa bienveillance. Mais elle dévoile aussi les manquements et les lâchetés.



C’est un roman nécessaire sur ce qu’il y a de pire et de plus beau en l’homme… et cet équilibre si fragile, si incompréhensible, si faillible entre les deux…
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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

Rose et Sacha, deux femmes à Kigali

Yoan Smadja nous livre avec son premier roman un témoignage très émouvant sur le génocide rwandais de 1994, tout en nous livrant les clés de cet épisode sanglant. Fort et prenant.



«C'est en avril 1994 que j'ai demandé à Dieu de divorcer». Le titre de l'article de Sacha, envoyée spéciale au Rwanda, donne le ton de ce beau roman. Sa carrière de reporter de guerre, parcourant les points chauds de la planète s'arrête à Kigali. À son rédacteur en chef, elle indique que son choix est irrévocable, mais qu'elle prendrait volontiers en charge la rubrique gastronomique.

De gastronomie, il va aussi en être question dans le carnet qui va parvenir à Sacha quelque vingt ans plus tard. Accompagné d'un courrier adressé à Daniel par une certaine Rose, le texte retrace la vie et la carrière de son père, plongeur puis commis de cuisine à l'Ambassade. Pris sous son aile par le grand chef qui était alors aux fourneaux, il voit en lui son successeur. Mais la mort l’attend au coin de la rue.

Yoan Smadja a construit très habilement ce roman qui va mêler l’histoire de Rose et celle de Sacha. Deux parcours que le lecteur va découvrir en parallèle et qui vont finir par se croiser, provoquant le retour de Sacha au Rwanda. Deux destins façonnés par la folie des hommes.

La journaliste est envoyée en Afrique du Sud pour y couvrir les premières élections non raciales au suffrage universel de l'histoire du pays qui vont asseoir le pouvoir de Nelson Mandela. Peu après son arrivée, elle est victime d’un accident de voiture et va constater que les tensions restent fortes dans le pays. Après une altercation avec le chauffeur de camion, elle décide d’en savoir plus sur la société qui l’emploie et découvre que des machettes partent à destination du Rwanda. Elle va suivre cette piste et se retrouver dans un pays qui, depuis des mois on attise la haine entre Hutus et Tutsis, malgré les accords d’Arusha censés apaiser la situation. En fait, il suffira d’une étincelle pour mettre le feu aux poudres. Avec l’assassinat du président Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994, le prétexte est tout trouvé. Les massacres et les scènes insoutenables vont secouer tout le pays devant l’indifférence de l’opinion internationale, devant la lâcheté du contingent français qui ne s’occupe que de rapatrier ses ressortissants et laissant son personnel autochtone à la merci des Hutus surexcités par leur nouveau pouvoir. C’est dans ce climat que Sacha va accepter de convoyer Daniel, qui n’a plus de nouvelles de Rose et de leur fils.

Un voyage à hauts risques, à l’issue très incertaine commence…

Yoan Smadja, qui s’appuie sur une solide documentation, retrace quelques épisodes à la limite du soutenable. Toutefois, le choix de «revivre» cette situation vingt ans après permet de mettre un peu de baume au cœur des acteurs et des lecteurs. Aussi violente, aussi dramatique, aussi inhumaine que soit cette guerre, elle doit désormais laisser la place à la vie et à une forme de résilience. Ainsi qu’à une vigilance de tous les instants.




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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

Rien à faire, je ne suis pas arrivée à entrer dans le livre. Ce n'est pas le thème, que je trouve très intéressant, ni, en soi, la forme semi épistolaire semi journal, mais le problème est lié à l'écriture.

les lettres de Rose à Daniel sont, pour moi, trop mélodramatiques et le ton absolument pas authentique.

Ce voyage au Rwanda, au moment du génocide, a tout pour être bouleversant et pourtant le livre m'est tombé des mains plus d'une fois. C'est simple, je n'y crois pas, et quand on n'arrive pas à croire à ce qu'on nous raconte, il n'y a rien à faire. Je n'ai pas trouvé la voix ni la voie qui me conduiraient dans le récit.

Il faut dire que j'ai fini la semaine dernière un autre livre, Ebène - Aventures africaines qui traitait aussi du génocide et ce livre était tellement magnifique qu'il aurait fallu que l'auteur de ce livre-ci mette la barre très haute.

Bref je ferme le livre avec soulagement en espérant commencer une nouvelle lecture plus inspirante.
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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

Ce que j’ai ressenti:



Monsieur Smadja,



J’ai toujours pensé que le printemps était une belle saison. Remplie de fleurs et de renouveau. Il se pourrait qu’avec votre livre -un premier roman remarquable d’ailleurs- quelque chose se soit brisé, que l’image dans le miroir se soit quelque peu ternie irrémédiablement, que les souvenirs du Rwanda hanteront encore longtemps nos esprits. J’ai cru que vous alliez me laisser le manque du parfum des lys.



Comment aurais-je pu croire que le mot génocide avait une telle force destructive haineuse, qu’il pouvait prendre ce genre de forme atroce ? Comment imaginer qu’en avril 1994, le Rwanda prenait feu, comme ça, en une nuit, et que des milliers de vies s’envolaient dans le parfum vanille? Vous nous racontez, avec un travail de recherche que l’on sent minutieux, ce conflit entre Tutsi et Hutu avec des vibrations émotionnelles, des senteurs exotiques et des lignes d’amour romantiques, mais c’est bel et bien l’horreur qui s’est invitée dans ce printemps avec des machettes aux creux des mains des hommes. J’ai cru qu’ils m’enlevaient des fragments de chair.



Il en faut du courage pour mettre des mots sur des guerres, des amours, des haines et des plaisirs de la vie. Je ne sais comment vous avez pu réunir la douceur et le chaos dans ces mêmes pages, mais le résultat est là: c’est puissamment troublant. J’ai cru que vous alliez me laisser de la tristesse…



J’ai mis des fleurs et des écorces dans ma photo, mais j’ai laissé Daniel vous dessiner les roses sur son passage parce qu’il est plus doué que moi pour cela. J’ai mis des images et des émotions dans cette chronique, mais Sacha et Rose ont gravé à l’intérieur de moi, avec l’encre de leur bienveillance, des lettres d’amours. J’ai cru qu’ils enlevaient un morceau de mon cœur quand j’ai lu leurs mots.



Que ce soit dans les carnets de Rose ou les écrits journalistiques de Sasha, l’ardeur qu’il se dégage de ses pages m’a profondément touchée. J’aimerai vous remercier pour cette lecture, Monsieur Smadja, il ne m’en reste en refermant ses pages que de l’admiration, le reflet d’une beauté, et l’envie de douceurs en bouche.





Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

L'évocation du génocide de 1994 au Rwanda m'a toujours ravagée, de sa découverte lors de mon adolescence aux successives révélations et prises de conscience qui ont suivi.

Avec ce roman (un premier, un coup de maître), Yoan Smadja met des mots sur l'indicible, même s' "il n'y a pas de mots", comme le répète telle une litanie Sacha, le personnage de son roman qui se retrouve aux premières loges pour découvrir l'horreur.

Ce livre dépeint avec justesse et émotion ce moment inconcevable de l'histoire du Rwanda.



L'émotion vient majoritairement de Rose, toute jeune rwandaise muette qui écrit à son mari Daniel des lettres pleines de tendresse et de tranches de vie sur le Rwanda "d'avant", pleines de souvenirs d'un quotidien coloré et parfumé. Des lettres sur leur fils Joseph également, et sur toute la joie qui l'entoure. Des lettres d'une incroyable poésie.

Rose a déjà connu un drame avec la mort de son père, assassiné parce que Tutsi. Mais sa famille va véritablement baculer dans l'horreur, à l'image de tout le pays.



La justesse vient de Sacha, journaliste française, et de son collègue Benjamin, photographe - même si l'histoire de Rose sonne tout aussi juste, elle est dans l'affectif.

Envoyés en Afrique du Sud, les journalistes sentent que quelque chose se trame dans la région des grands lacs. Direction Kigali, où l'horreur les dépasse, mais les pousse également à s'impliquer.

Sacha analyse parfaitement les origines du drame : les blessures laissées par la colonisation allemande puis belge, la déshumanisation de l'autre (appelé "inyenzi", "cafard"), le mantra du gouvernement "tuer avant d'être tué". Pourtant rien ne peut aider à tolérer l'inexplicable, et c'est pleine d'une douleur impuissante qu'elle livre une analyse qui, à elle seule, justifierait la lecture de ce livre. En voici de brefs extraits :



"C'est avant avril 1994 que nous aurions dû poser les yeux sur le Rwanda. [...]

Un pays ne se déchaine pas ainsi, en vingt-quatre heures. Des milliers de personnes ne se convertissent pas en une meute de tueurs du jour au lendemain.

[...]

À quel point faut-il avoir oublié que ces Tutsi sont des hommes?

Entre les Hutu et les Tutsi, la déchirure est celle du quotidien, elle est intime. On dénonce ses voisins.

[…]

On glisse dans l'absurde. "



Après ce désastre Sacha renonce à être journaliste de guerre et se reconvertit avec succès dans la critique gastronomique.

Mais son destin reste lié au Rwanda et à Rose grâce à une promesse.



La fin de ce roman aide d'ailleurs à le refermer empli d'une émotion positive, incroyablement régénérante, ce qui qui est salutaire après la lecture de tant d'atrocités.

Mais je n'oublierai jamais le Rwanda.



Merci à babelio, aux éditions Belfond et surtout à Yoan Smadja pour ce roman magnifique et profondément bouleversant.
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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

Ils ne sont pas nombreux les primo-romanciers qui peuvent se vanter de m'avoir fait sangloter pendant une bonne cinquantaine de pages. Et tout le monde sait qu'il ne suffit pas d'un sujet dramatique (Ô combien !) pour parvenir à transmettre l'émotion. Il faut autre chose, une finesse mêlée d'intelligence pour guider la plume et transformer la matière brute en miracle littéraire. L'amour des mots, Yoan Smadja le cultive sans conteste. Au point d'en faire le catalyseur de son intrigue. Les mots pour témoigner. Les mots pour transmettre. Les mots pour conserver l'espoir, garder le lien avec ceux qui sont loin. Les mots pour ne pas sombrer quand autour, l'horreur se déchaîne.



Les mots, voilà ce qui relie Sacha et Rose qui n'ont a priori rien en commun, pas de raison de se rencontrer. Sacha est journaliste, elle arpente depuis des années les terrains de guerre, au Moyen orient, en Europe de l'Est et signe pour un grand quotidien français des articles pour lesquels elle se place en situation de témoin. Profil atypique, engagée, entièrement dévouée à son rôle. Rose est une jeune femme muette, dont la famille est depuis des décennies au service de l'ambassade de France à Kigali. Rose écrit, faute de parler. Et elle le fait plutôt bien, au point de remporter un concours qui lui vaut un voyage en France. Les jardins de l'ambassade sont un havre de paix, l'air est empli des arômes de vanille qui s'échappent des gousses qui sèchent sur le toit du hangar, la mère de Rose cuisine pour la résidence de l'ambassadeur. Rose s'éprend de Daniel, un jeune médecin, ils se marient, deviennent bientôt parents d'un petit Joseph. La vie suit simplement son cours... Envoyée en Afrique du Sud pour couvrir les élections, Sacha, alertée par son instinct et l'interprétation de certains faits décide de filer au Rwanda avec Benjamin, le photographe de l'AFP qui l'accompagne. Ils vont tomber en plein chaos et faire l'expérience de l'horreur absolue.



Kigali. Rwanda. 1994. L'une va perdre le goût des mots tandis que l'autre va s'y accrocher comme à une bouée de sauvetage. Les destins de Sacha et de Rose vont se trouver mêlés de façon inextricable. Et le lecteur, lui, est immergé à leur suite. Avec le regard "d'observateur" de Sacha la journaliste, et de l'intérieur, celui de Rose victime de la chasse à l'homme qui s'organise dans les rues de la capitale et partout dans le pays. Rose, séparée de Daniel dans une cité en proie à la barbarie, lui écrit quotidiennement des lettres qui sont autant de témoignages et de questionnements. Comment des voisins, des amis avec lesquels elle a grandi peuvent-ils se transformer en bourreaux ? Comment les français peuvent-ils évacuer leurs ressortissants et le personnel de leur ambassade sans s'inquiéter de son sort ? De son côté, Sacha s'écarte peu à peu de son rôle d'observateur pour s'impliquer, incapable de rester indifférente et surtout marquée à tout jamais par des scènes insupportables. Qui en rappellent malheureusement d'autres.



C'est le jeu de ces deux regards qui fait la force de ce roman. Et qui permet d'interroger sur le rôle de la communauté internationale - et plus encore sur celui de la France - dont les manquements transparaissent à chaque étape de l'avancée des journalistes. Comme Sacha, on a un goût amer dans la gorge et une confiance en l'être humain totalement ébranlée après avoir côtoyé le pire de la barbarie et constaté de quelle façon les nations tournaient le regard. Au-delà de l'interrogation sur la façon dont l'histoire bégaye, se pose celle sur la responsabilité des politiques, des instances internationales et de chacun d'entre nous. Et l'on comprend pourquoi, les premiers mots posés par Sacha sur le papier en rentrant à Paris furent "C'est en avril 1994 que j'ai demandé à Dieu de divorcer".



Un roman bouleversant, remarquable par la force de son ambition et la sensibilité de sa narration.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

Génocide... Rwanda - Avril 1994, dans l'indifférence mondiale une etnie en exterminait une autre.

Ici le parti pris est de le faire à travers deux témoignages : celui d'une journaliste, Sacha, et d'un tutsi, Rose et pour cette dernière grâce à un carnet.

Nul ne peut rester indifférent à un tel récit car même si la forme employée est le roman, il s'appuie sur une réalité qui est désormais connue et qui reste un des massacres les plus sombres et sauvages perpétré.

Entre le style journalistique des faits, l'émotion d'une femme face à l'indifférence, l'inhumanité parfois et la douceur d'une mère et épouse privée de la parole mais non des mots, le lecteur est au cœur du drame et de ses conséquences.
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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

Chapeau bas, M.Smadja, pour ce premier roman.

Juste. Bouleversant. Inoubliable. Vos personnages vont me hanter un moment.



Et pourtant le sujet, difficile, ne laissait pas prévoir ce coup de coeur !

Mais porté par ces deux voix que vous "écrivez" superbement, de deux manières si différentes mais tellement complémentaires, on tourne les pages, avec surtout beaucoup d'effarement, de rage, de tristesse. D'horreur.

Peu de joie dans ces pages qui décrivent les jours sombres du début du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Mais que d'émotion.Tout s'imbrique parfaitement grâce à ces deux voix de femmes qui permettent d'appréhender de manière factuelle ce drame -grâce à Sasha, la journaliste à fleur de peau- et de l'intérieur grâce à Rose, femme Tutsi aimante, aimée, mère. Et muette. Qui écrit le beau. L'amour. Et aussi malheureusement l'indicible. A son mari. Inoubliable lui-aussi danssa quête éperdue.

Ce conflit si lointain dans l'espace et le temps, au point qu'il n'avait laissé dans ma mémoire qu'un souvenir plus historique qu'humain, a pris consistance grâce à votre roman, M.Smadja. Rien que d'y penser, cela me prend à la gorge.

Alirs merci d'avoir rendu aux Tutsis, mais aussi aux Hutus assassinés pour s'être opposés aux massacres, cette humanité.



Un très très beau livre.



Merci aux Editions Belfond pour leur confiance qui m'a permis de lire cette pépite, par l'intermédiaire de NetGalley.



#YoanSmadja #NetGalleyFrance
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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

Un roman plein de finesse sur un sujet d'une cruauté rare, c'est ce qu'a réussi à faire l'auteur, pour qui ce livre est le premier ! Les tragédies vécues par le Rwanda sont abordées ici à la fois de l'intérieur, par la famille de Rose, et de l'extérieur, par la journaliste Sacha, qui en a vu d'autres. Mais dès lors que les protagonistes franchissent les limites du regard "objectif" et se trouvent pris dans des interactions entre assassins et victimes, les évènements prennent une autre dimension et il devient difficile de ne pas prendre parti, de ne pas tendre la main, de ne pas saigner intérieurement des blessures physiques ou morales de ceux que l'on ne peut plus considérer comme des personnes extérieures. Les vies s 'entremêlent et le journalisme passe au second plan. J'ai eu quelques difficultés à plonger dans cette histoire au début du roman (la partie où on nous présente Sacha et où les carnets de Rose ne prennent pas encore toute leur importance) puis je fus d'un coup emportée par le tourbillon des drames qui s'accélèrent et qui entrainent chaque personnage au bout de lui-même. Un très beau roman.
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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi

J’ai quitté provisoirement l’aventure des 68 premières Fois pour me consacrer pleinement à ma PAL qui ne désemplit pas… Mais, même si les romans ne voyagent plus, j’en possède certains que je peux donc lire hors délais.



J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi de Yoan Smadja nous plonge au cœur du génocide rwandais. Une femme, grand reporter de guerre dans les années 1980-90, change de cap professionnel et devient critique gastronomique… Ses motivations : « adoucir le chaos » car, pour la première fois de sa carrière, des évènements l’ont amenée à poser son carnet et son stylo pour prendre parti. Plus de vingt après, le passé se rappelle à elle.

Yoan Smajda a choisi une phrase-titre percutante ; un des personnages s’y exprime à la première personne et donne sa définition du génocide. Si le dictionnaire nous parle de destruction méthodique, rapide et efficace d’un groupe ethnique, ici, c’est une femme tutsie qui relate son viol et ce qu’elle a ressenti au plus profond d’elle-même, dans son corps et dans son âme.



Deux récits s’entrecroisent ; l’un a la tonalité de l’enquête et du reportage, voire du roman d’aventure, tandis que l’autre est épistolaire, un journal intime partagé sous forme de lettres au mari absent. Le point de vue journalistique et le témoignage progressent simultanément, en miroir des évènements, dans une tension et une montée en puissance parallèle. La sphère publique rejoint l’intimité.

Le récit principal fait l’objet d’une narration omnisciente et met en scène une journaliste atypique, Sacha, qui cultive une attitude détachée et un style bien personnel. Les lettres sont écrites par une jeune femme muette, Rose, dont la famille travaille aux cuisines de l’Ambassade de France et dont le mari, médecin, est souvent en déplacement. Sacha et Rose ont en commun un carnet et un stylo, la première pour la matière de ses articles et la seconde, dont le handicap empêche l’intimité des conversations téléphoniques, écrit pour raconter à son mari ce qu’elle vit quand il n’est pas là avec leur petit garçon ; elle ne date pas ses lettres, sauf une, celle qui raconte l’indicible.



Je me suis laissée emporter par l’urgence de ce roman, sa double focalisation, la manière dont les destins se sont imbriqués, à la fois retrouvant des thématiques déjà rencontrées auprès d’autres écrivains comme Scholastique Mukasonga ou Gaël Faye, par exemple, et captivée par le sort des personnages livrés à eux-mêmes dans un pays en proie au chaos et mis face à des choix terribles.

La partie purement historique et factuelle est assez réduite mais suffit à contextualiser l’ensemble, la primauté étant donné aux parcours individuels et humains.



Un excellent premier roman !

Lu dans le cadre de la sélection « Rentrée littéraire 2019 » des 68 premières Fois.



https://www.facebook.com/piratedespal/

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