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Critiques de Zanna Sloniowska (28)
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Une ville à coeur ouvert

Second livre (après Retour à Lemberg de Philippe Sands) centré sur cette ville d’Europe centrale qui fut tour à tour polonaise, autrichienne, ukrainienne, à nouveau polonaise, allemande, russe pour enfin redevenir ukrainienne. Elle porta plusieurs noms : Lwów (en polonais), Lemberg (en Allemand), Lvov (en russe) et aujourd’hui Lviv depuis l’indépendance ukrainienne.



J’ai lu ici de nombreuses critiques assez négatives et, quoique je sois parfois taxé de sévère dans mes évaluations, je fais une exception pour ce roman qui m’a plu !

Mes liens avec l’Europe de l’Est - mon épouse est Polonaise, une de mes plus grandes amies est Ukrainienne; j’étudie la langue russe - et mon intérêt pour l’Histoire expliquent certainement cela.



Le roman débute par un événement tragique, Marianna, la mère de la narratrice est tuée par un sniper alors qu’elle manifestait contre le régime soviétique. D’emblée nous voici plongés dans l’histoire de l’Ukraine, se glissent furtivement ci et là des personnages ayant marqué cette histoire tél que Vlatcheslav Tchornovil. La narratrice a onze ans lors de cet épisode. Nous suivrons son évolution humaine, artistique, politique et sexuelle.



Un seul homme dans ce récit, Mikolaj ex-amant de Marianna et qui deviendra celui de sa fille !

Sinon tout est centré sur d’une part, les quatre femmes de ce foyer et d’autre part la ville de Lviv.



Quatre femmes : l’arrière grand-mère, Mémé Stasia, dont le mari fut enlevé par les Bolchéviques, qui a fui Léningrad pour Lviv, la grand-mère, Aba, la mère, Marianna et la narratrice dont nous ne connaîtront pas le nom. Mélange de personnalités fortes, s’affrontant l’une à l’autre, ayant des difficultés à partager leurs sentiments, ayant toutes une fibre artistique, la plus accomplie en ce domaine étant Marianna, mezzo-soprano à l’opéra de Lviv, dont la réputation est grande. Marianna sera confrontée à un dilemme : l’art ou l’engagement politique.

La multiculturalité de la ville se retrouve dans le cercle familial {Stasia a vécu en Russie; Aba se sent polonaise et Marianna abandonne l’usage de la langue russe pour l’ukrainien).



Parallèlement à leur parcours, nous suivons celui de la ville de Lviv, à travers des turbulances de l’Histoire, la narratrice nous détaille le nom des rues, son architecture, l’état des bâtiments, les églises, l’opéra, les sous-terrains, le déboulonnement de la statue de Lénine. Lviv est un véritable personnage.

Importance aussi du vitrail qui orne leur demeure - le titre original du livre en polonais est « Dom z witrażem » (la maison au vitrail), vitrail ancien, de toute beauté. Mikolaj le fera admirer par la narratrice et voudra le sauver.

NB: intéressant de noter qu’en allemand, le titre devient «Das Licht der Frauen« (La lumière des femmes). Chaque titre me semble justifié !



J’ai lu les critiques faites quant au caractère décousu du livre ; il est vrai que l’on saute d’un chapitre à l’autre sans souci de chronologie, nous suivons plutõt le fil des pensées et des souvenirs de la natratrice, (et de plus, à ces souvenirs s’ajoutent les moments passés avec Mikolaj) mais cela n’a pas gâché mon plaisir de lecture.



C’est un livre sur l’identité, l’éveil sentimental et politique, une belle saga familiale, un portrait de femmes idépendantes et une ode à Lviv.

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Une ville à coeur ouvert

La ville à cœur ouvert dont il est question dans ce roman c’est Lviv, que la narratrice arpente dans la conscience simultanée de ses multiples dominations au cours des siècles, la ville ayant fait partie de l’Empire austro-hongrois, de la Pologne, puis de l’URSS, avant de devenir ukrainienne. La narratrice, dont nous ne connaîtrons pas le nom, s’inscrit dans une lignée, celle des femmes de sa famille vivant sous le même toit, des femmes ayant vécu de près l’Histoire, et qui, à l’instar de Lviv, en portent les blessures et les traumatismes : mémé Stasia, qui a perdu son mari dans les purges staliniennes, Ada sa grand-mère, au destin de peintre contrarié, et Marianna sa mère, mezzo-soprano à l’Opéra de Lviv, morte par balle en juillet 1988 lors d’une manifestation contre le pouvoir soviétique alors qu’elle était petite. Le style narratif m’a déconcerté de prime abord – on avance sans trop de repères temporels, au gré des digressions de la narratrice -, mais j’ai fini par m’y faire, y trouvant un sens dans le processus d’émancipation d’une toute jeune femme. L’auteure réussit à faire ressortir toute la complexité géopolitique de ce pays qu’est l’Ukraine, de même que les multiples traumatismes d’une population qu’on martyrise encore.
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Une ville à coeur ouvert

Quatre femmes vivent sous un même toit, mémé Stasia l’arrière-grand-mère,

Aba, la grand-mère, Marianna la mère et la narratrice.



Le roman s’ouvre sur la mort de Marianna, tuée par un snipper lors d’une manifestation de patriotes ukrainiens contre le pouvoir soviétique.

Marianna est le pivot de cette histoire, le roman s’articule avant et après sa mort.

Nous découvrons peu à peu le destin contrarié de ces femmes qui à l’instar de la ville de Lviv où se situe l’action, se trouvent ballotées par des évènements qu’elles n’ont pas choisis. Je pense particulièrement à Aba qui se rêvait artiste peintre et a dû se contenter d’entreprendre des études de médecine.



J’étais très impatiente de découvrir ce livre reçu dans le cadre du « Club des explorateurs » organisé par lecteur.com. d’autant plus que j’y voyais une excellente occasion de découvrir la littérature polonaise qui m’est totalement inconnue.

Seulement voilà, rien n’a fonctionné. Est-ce dû au manque de fluidité de la narration où à mon ignorance totale de l’histoire Ukrainienne ?

Je ne sais pas vraiment. Je pense qu’un repère temporel au début de chaque chapitre m’aurait aidée à la compréhension de ce texte.

Je me suis rapidement perdue dans cette lecture au point de la terminer « en diagonale ».

De plus, mis à part quelques belles descriptions dans la première partie du livre, je n’ai pas été sensibilisé par l’écriture que j’ai trouvé assez sèche, peut-être un problème de traduction.

Des rendez-vous ratés, il en existe dans ma vie de lectrice, il n’en reste pas moins que j’en éprouve à chaque fois un léger sentiment de culpabilité et de regret face au travail d’un auteur et d’un traducteur que je n’ai pas su aimer.



Il n’est pas dans mon caractère de rester sur un échec, aussi est-ce avec curiosité que je poursuivrai ma découverte de la littérature polonaise, qui j’en suis convaincue recèle certainement des pépites malheureusement méconnues en France.



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Une ville à coeur ouvert

Ce roman écrit par une journaliste polonaise est avant tout une histoire de famille, avec 4 femmes vivant sous le même toit : Mémé Stasia l'arrière-grand-mère, Aba la grand-mère, Marianna la mère, et enfin la narratrice.

Le titre est pourtant trompeur puisqu'il insiste sur la ville, qui est l'autre héroïne du roman. L'histoire se déroule en effet à Lvov ou Lviv, une ville ballotée entre différents pays au fil de l'histoire.

Je pensais que le livre traiterait plus de ce sujet, et j'ai été un peu déçue à ce niveau-là, à part dans l'introduction qui est plutôt bien faite. Je pensais que l'aspect géopolitique serait plus présent, alors qu'en fait le livre est plus poétique que politique.

Je n'ai malheureusement pas été très sensible à cette poésie, ni au style de l'auteur. Il y a quelques jolies scènes, mais l'ensemble m'a semblé trop décousu. Je n'ai pas vraiment réussi à rentrer dans l'histoire et à suivre le fil des pensées de la narratrice dans ce roman qu'on pourrait qualifier dans une certaine mesure de roman d'apprentissage. J'ai surtout été dérangée par l'absence de repère chronologique au début de chaque chapitre, on ne sait jamais trop à quelle période on se retrouve et le livre aurait gagné en clarté et en fluidité si l'auteur avait précisé des dates par exemple.

Globalement, cette lecture m'a laissé un goût d'inachevé et de confusion, et j'ai l'impression d'être passée à côté de quelque chose alors que j'étais impatiente de le lire et de découvrir l'histoire de cette ville frontière.

Je remercie néanmoins Babelio et les éditions Delcourt pour leur envoi dans le cadre de la dernière opération Masse critique, et je conseillerais plutôt ce livre à des personnes qui rechercheraient de beaux portraits de femmes au lieu de chercher à comprendre l'histoire de l'Ukraine.
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Une ville à coeur ouvert

L’idée de départ est très séduisante : faire d’une ville l’un des personnages centraux, voire le personnage central d’un livre. Mais, en refermant ce livre, force est de constater que cette histoire m’a laissé sur le bord du chemin. La ville, même lorsque c’est Mikolaj, artiste passionné qui sait lire les traces de l’histoire dans les murs et les façades, me laisse la sensation d’une ville abîmée, salie, dégradée.



Est-ce parce que je ne comprends pas totalement pourquoi ce même Mikolaj, amant de Marianna, devient finalement l’amant de sa fille ?



En fait, tous ces personnages m’ont parus tristes, blasés et peu intéressants. À aucun moment je n’ai réussi à me laisser porter par la poésie de ce texte, qui n’en manque pourtant pas. Et je le regrette, parce que ces villes d’Europe centrale, riche d’une histoire complexe – le synopsis en donne une idée, même si c’est encore très survolé – ont un côté fascinant.



Je n’ai vu que les trous dans les façades, que le crépi qui tombe, que l’usure du temps. Et, chez les personnes, que les sentiments médiocres, la jalousie, l’envie, le renoncement. Je n’ai pas su les voir transfigurés par l’amour ou la volonté de résister. Même le personnage de Marianna, tuée par une balle lors d’une manifestation antisoviétique au tout début du livre, n’échappe pas à cette impression d’inéluctable. Elle, la chanteuse d’opéra, aurait pu être une héroïne, mais elle nous est surtout présentée comme une mère absente, peu investie, assez égoïste, et qui se laisse porter par les événements. Bref, ce livre n’était pas pour moi…
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Une ville à coeur ouvert

Lviv est une ville de l'ouest de l'Ukraine, a 70 kilomètres de la frontière polonaise, inscrite au patrimoine mondial de l'Humanité. Son histoire, mouvementée, a été marquée par différentes "occupations" : polonaise, autrichienne, soviétique, avant l'indépendance de l'Ukraine. Son nom, lui-même, a fluctué au fil du temps : Lemberg, Lwow, Lvov. Rien qu'au vingtième siècle, la cité pourrait être une symbole des convulsions de l'histoire. C'est en tous cas l'ambition de Zanna Slovionowska dans son roman Une ville à coeur ouvert, récit imbriqué de la vie de 4 générations de femmes vivant dans le même appartement. Malheureusement, l'auteure passe sans transition d'une époque à une autre, créant une sorte de confusion narrative dans cet incessant va et vient dans le siècle passé. Il n'existe aucune progression de l'intrigue dans le livre sachant que l'événement le plus important, la mort de la mère de la narratrice, intervient dès les premières lignes. Les portraits des 4 femmes et notamment leur relation plus ou moins contrariée à l'art ne sont pourtant pas inintéressants mais trop diffus et guère fluidifiés par un style un peu froid. Dommage, Une ville à coeur ouvert possède un vrai potentiel gâché par une construction trop disparate.
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Une ville à coeur ouvert

Une ville à cœur ouvert" de Zanna Sloniowska est un livre que j'avais acheté il y a quelques mois, avant les derniers événements de l'actualité. J'avais envie de le sortir de ma PAL afin de mieux comprendre l'histoire de l'Ukraine.



La note de la traductrice en guise d'introduction m'a intéressée, elle donne des repères historiques sur l'histoire de Lviv : "Une ville qui s'est trouvée tour à tour polonaise, autrichienne, russe, et enfin définitivement ukrainienne. Elle se situe à l'ouest de l'Ukraine, à soixante-dix kilomètres de la frontière polonaise et s'appelle aujourd'hui Lviv." Quant à la quatrième de couverture, elle promettait l'histoire de quatre femmes, quatre générations qui traversent l'histoire du pays.



Malheureusement je referme ce livre assez déçue et rejoins le ressenti qui émerge de certaines critiques de lecteurs. Je ne suis pas parvenue à m'attacher aux personnages.

Il y a Mémé Stasia, l'arrière -grand-mère;

Aba, la grand-mère, arrivée à Lviv en 1944, médecin qui voulait être peintre;

Marianna, la mère, cantatrice, atteinte mortellement d'une balle lors d'une manifestation pour l'indépendance de l'Ukraine en 1988;

Et la fille, narratrice de ce récit, née en 1978, étudiante qui entame une liaison avec Mikolaj, l'amant de sa mère...



Le résumé me laissait attendre autre chose. Je n'ai pas été convaincue par l'écriture, les nombreuses descriptions se font au détriment d'une profondeur des personnages (de mon point de vue), je n'ai pas ressenti d'émotions, je ne suis pas entrée dans les personnages. Quant à l'absence de chronologie, elle m'a donné l'impression d'un récit décousu. Le début m'a plu mais j'ai rapidement décroché.
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Une ville à coeur ouvert

La ville de Lviv a été polonaise, autrichienne, russe et est maintenant ukrainienne. Elle a subi guerres et révolutions et vu sa population souffrir et espérer. Un roman bâti autour de quatre générations de femmes fortes et passionnées qui brasse histoire, drame intime et moments poétiques mais n’est pas toujours aisé à suivre pour qui n’est pas très au fait du contexte.

Un livre reçu dans le cadre de Masse critique Babelio.
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Une ville à coeur ouvert

C'est l'histoire de femmes d'une même famille appartenant à plusieurs générations mais aussi une évocation d'une ville qui fut polonaise jusqu'en 1772 puis autrichienne de cette dernière date à 1918. Disputée au lendemain de la Première Guerre mondiale, elle est polonaise dans l'Entre-deux-guerres, rattachée à une Ukraine quasiment vassale des dirigeants communistes de l'URSS, puis ville d'une Ukraine indépendante.



Capitale de la Galicie, elle comptait un tiers de juifs dans sa population en 1939 ; Lviv est son nom actuel. Elle est la seule agglomération du pays à être inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO en raison de la richesse de son patrimoine religieux de caractère chrétien. L'intérêt de l'ouvrage tient pour beaucoup dans l'évocation de ses bâtiments.

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Une ville à coeur ouvert

Une ville à cœur ouvert est un peu à la fois l’histoire d’une famille, l’histoire d’un immeuble, l’histoire d’une ville… La famille est composée uniquement de femmes, la narratrice, sa mère Marianna, soprano à l’opéra, sa grand-mère Aba qui est médecin, et son arrière-grand-mère. Les hommes sont venus, repartis, on n’en parle guère. L’appartement où elles cohabitent fait partie d’un immeuble, remarquable pour le haut vitrail art-nouveau qui court tout au long de la cage d’escalier. Il aura un rôle symbolique très fort tout au long du roman. La ville enfin, Lwow, Lvov ou Lviv selon les périodes, selon que la ville était polonaise, russe ou ukrainienne.

Le roman commence avec la mort de Marianna, tuée d’une balle lors d’une manifestation de partisans ukrainiens en 1988. Ces manifestations anti-communistes ont réellement eu lieu, et l’auteure a imaginé le retentissement qu’elles auraient pu avoir s’il y avait eu une victime, les conséquences sur le cercle familial, professionnel, amical et amoureux de la charismatique chanteuse de l’Opéra.

[...]

Alors, ai-je aimé ce roman ? J’ai trouvé au début le style lyrique un peu déroutant et j’ai eu à m’accrocher un peu pour suivre la narration fragmentée. Ce n’est pas tant les différentes époques dans lesquelles finalement on se repère bien, mais plutôt les faits qui sont décrits, parfois un peu anecdotiques et décousus, font qu’il est assez difficile de s’attacher aux personnages. Le plus passionnant est finalement l’histoire de la ville qui se dévoile par bribes mais finit par former un ensemble cohérent. Le style de la jeune auteure est intéressant, orné de figures lyriques, il est accentué parfois par la propension à chercher le côté douteux, voire morbide, des situations et des gens. Le choix de l’événement central du roman placé dès le premier chapitre, alors qu’il aurait été possible de faire culminer le texte autour de ce drame, peut aussi être perturbant.

Tout cela ne vous donne peut-être pas envie de vous précipiter sur le roman, mais je le conseillerais surtout à ceux que l’histoire de cette région intrigue.




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Une ville à coeur ouvert

Connaissez-vous Lviv (prononcez Liviv) ? Ou peut-être Lvov (Lvof) vous est-il davantage familier ? A moins que vous n’ayez entendu parler de Lwow (Lvouf) ? Il faut dire que, compte tenu de sa situation géographique, la ville aujourd’hui ukrainienne dont il est question dans ce roman a connu une histoire plutôt mouvementée, passant tour à tour sous domination autrichienne, polonaise et russe - sans compter un épisode d’occupation allemande sous la Seconde Guerre mondiale. C’est dire si cette ville et sa population ont subi de profonds traumatismes.



A travers les destinées de quatre générations de femmes vivant sous le même toit, c’est cette histoire qu’il nous est donné de découvrir et c’est l’arrière-petite-fille d’une famille d’où les hommes sont totalement absents qui nous la raconte.

Pour la narratrice, le premier des traumatismes, intervenu alors qu’elle n’était âgée que de 7 ou 8 ans, fut la mort de sa mère, assassinée par le régime soviétique, alors que celle-ci avait pris la tête d’un mouvement d’opposition. En partant de cet événement, la jeune femme déroule le fil de ses souvenirs et de ses interrogations, traçant le portrait de sa mère et de ses deux aïeules.



Ce roman ne se laisse pas facilement appréhender. Car il faut bien dire que le choix narratif adopté par la romancière ne facilite pas toujours l’orientation du lecteur. Elle laisse en effet les errances psychologiques et les digressions de son héroïne conduire le récit, qui n’est donc en rien chronologique. Un dispositif fragmenté pouvant se révéler tout à fait justifié, mais déstabilisant pour qui ne connaît pas parfaitement l’histoire elle-même chaotique de la ville dans laquelle s'inscrivent les personnages. Heureusement, la traductrice a pris le soin de rédiger une note liminaire présentant les principaux tournants historiques, précieux sésame pour se repérer dans cette histoire chaotique.



Si j’avoue m’être trouvée un peu désorientée par ce récit, j’ai néanmoins apprécié les portraits qui en constituent également la trame. Quatre femmes, quatre personnalités dont les parcours permettent aussi de saisir ces fractures historiques. De Stasia, l’arrière-grand-mère dont le mari fut arrêté chez lui, à Leningrad, au beau milieu d’une nuit de 1937 et qui en garda sa vie durant une terreur viscérale, redoutant le moindre coup de sonnette nocturne, d’Aba, la grand-mère dont le mari officier de l’Armée rouge sombra dans la dépression avant de mourir d’une cirrhose du foie, à Marianna, talentueuse chanteuse lyrique qui sacrifia sa carrière à son engagement politique en faveur du mouvement nationaliste ukrainien, et enfin à la fille de celle-ci, née de sa brève liaison avec un jeune architecte épris comme elle de poésie, l’auteure évoque de manière sensible et intimiste l’histoire de l’Ukraine.



A la manière d’un tableau impressionniste, c’est par petites touches, à travers les réflexions des personnages et leurs dialogues, que Zanna Sloniowska restitue sa vision de ce pays : au terme de la lecture, l’empreinte laissée par le régime soviétique, les souffrances endurées par la population et la difficulté à s’inscrire dans une histoire souvent brutale s’y laissent finalement nettement percevoir.


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Une ville à coeur ouvert

Le résumé laisse penser qu’on va être emportée par le souffle de la « grande » Histoire, mais en fait on est plus dans des tranches de vies qui se superposent pour former un tableau de la vie d’une famille de femmes. Les chapitres ne racontent pas une histoire chronologique, mais égrènent des souvenirs et des bribes d’évènements par le petit bout de la lorgnette, du point de vue de la narratrice, qui n’est qu’une petite fille au début du livre.



Ce kaléidoscope de petites histoires dans l’histoire dans l’Histoire peut déstabiliser, mais j’ai trouvé que ça collait bien au récit. C’est comme si la narratrice laissait ses pensées vagabonder et nous racontait les éléments marquants de sa vie, mais aussi de celles de sa mère, de sa grand-mère et de son arrière-grand-mère. Les deux points forts du livre résident dans le focus qui est fait sur ces femmes, les personnages masculins n’étant qu’invités plus ou moins provisoirement dans leur monde (certaines relations étaient un peu dérangeantes…), et dans le contexte historique agité dans lequel se déroulent les évènements: nous sommes en Ukraine pendant le 20e siècle, alors que le pays est déchiré entre la Pologne, l’Allemagne et l’Union Soviétique.



J’ai beaucoup apprécié ma lecture (ma première incursion dans la littérature ukrainienne), mais le format décousu de l’intrigue peut être rédhibitoire pour certain-e-s lecteur-ice-s.
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Une ville à coeur ouvert

J'ai aimé être dans cette ville "à coeur ouvert" et au corps indiscernable : une ville d'Ukraine proche de la Pologne qui changea de nom plusieurs fois au fil des occupants, traversée de guerres, d'interdits et de non- dits entre Pologne, Autriche-Allemagne, URSS, modifiant tour à tour les lieux (bâtiments, statues...) et compliquant toute notion d'identité. L'histoire est racontée sans repères temporels comme l'est la vie de la famille qu'on découvre : 4 générations de femmes imbriquées comme des poupées russes dans un silence poisseux dans lequel se débat - mollement, difficilement - l'arrière petite-fille. C'est flou, on ne saisit pas tout, mais moi j'ai trouvé passionnant d'ouvrir ces pages sur cet endroit si particulier.
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Une ville à coeur ouvert

Je suis passée à côté de ce roman.

Certes, il y a quelques belles descriptions, des moments forts et le roman est instructif par bien des abords.

Cependant, je n'ai pas été embarquée par les digressions oniriques de la narratrice. Les changements d'époque que rien n'annonce rendent l'ensemble confus et je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages.
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Une ville à coeur ouvert

Il n’est pas courant pour moi de lire des ouvrages de littérature étrangère. Żanna SŁONIOWSKA est la première romancière polonaise que je viens de découvrir à travers son roman "Une ville à cœur ouvert" traduit par Caroline RASZKA-DEWEZ, dans le cadre du Club des explorateurs de Lecteurs.com. J’en suis ravie.



Il s’agit de l’histoire de quatre femmes : Mémé Stasia, la grand-mère, Aba la mère, Marianna la fille et la narratrice qui est la petite-fille. Elles ont toutes une histoire hors normes, des destinées contrariées, mais surtout, le désir commun chevillé au corps d’une Ukraine émancipée de l’URSS. Car, l’Ukraine est bien le cinquième personnage et plus encore la ville de Lwów, initialement (en polonais), puis Lvov (en russe) et Lviv désormais (en ukrainien) qui représente l’évolution de cette région soumise à de nombreuses tensions : "Il aurait fallu deux villes en parallèle, avec deux noms différents, Lwów et Lviv. Est-ce qu’on y a seulement pensé à l’époque ? …. Mais il n’y en avait qu’une, c’est pourquoi la guerre a éclaté, séparant la ville en deux finalement."



Si j’ai lu ce roman sans m’ennuyer et parfois même avec plaisir, j’avoue que mon avis est malgré tout mitigé. J’ai aimé ces quatre femmes volontaires, engagées, fières, féministes, attachantes. J’ai aimé leurs destins tourmentés : Aba qui rêvait d’être artiste-peintre obligée par sa mère d’abandonner ce rêve pour des études de médecine, Marianna, chanteuse arrêtée en plein vol dans son rêve d’indépendance pour son pays "Le jour de sa mort… sa mort était une couleur. Des hommes ont rapporté son corps à la maison, enveloppé dans un immense drapeau bleu ciel et jaune… à un endroit une tache sombre, sanglante, transparaissait." J’ai également apprécié les détails relatifs à l’histoire politique de l’Ukraine, ses temps difficiles, ses avancées et ses reculs, ses peines et ses chagrins.



J’ai déploré en revanche un manque de fluidité entre les chapitres et j’ai eu parfois l’impression que des "coqs à l’âne" cassaient le rythme du récit. J’ai, par ailleurs, été déroutée par une écriture qui m’a paru pesante, lourde, sans grande délicatesse. Je l’aurais souhaitée plus aérienne, plus simple peut-être.



Pour autant, "Une ville à cœur ouvert" reste une saga familiale et historico-politique agréable à lire.

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Une ville à coeur ouvert

Pour commencer merci à Babelio et aux éditions Points qui m'ont permis de découvrir cette jeune auteure !



Quatre générations de femmes se côtoient dans ce roman traduit du polonais avec pour unité de lieu la ville de Lviv dans l'actuelle Ukraine ayant été tout à tour polonaise, russe et ukrainienne. Elles vivent toutes les quatre sous le même toit jusqu'à la mort de Marianna, la mère de la narratrice, lors d'une manifestation anti-soviétique en 1988. Miko, ancien amant de Marianna devient l'amant de la fille de cette dernière. Il lui fera découvrir la ville et son histoire avec pour point de rencontre initial la restauration d'un vitrail grandiose dans le bâtiment où elle vit avec sa grand-mère et son arrière grand-mère.



Les chapitres sont courts, l'auteure alterne différentes périodes sans précision que celle venant au fil des phrases lues, ce qui rend la lecture particulièrement difficile et complexe et le plaisir en est donc amoindri voire inexistant.

Les personnages ne sont pas spécialement attachants ni intéressants et les descriptions de la ville sont rébarbatives et plutôt lassantes.



Ce livre se lit rapidement mais avec une hâte d'en finir et de pouvoir commencer une lecture plus réjouissante.
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Une ville à coeur ouvert

Je m'y suis reprise en plusieurs fois pour aller au bout de cette ville et de cette saga féminine, aussi bousculée que la ville qui les abrite(?)

L'Ukraine est un pays- une nation- malmenée depuis des siècles et l'histoire de ces générations de femmes est imbriquée complètement aux secousses que subit Lwow, ou Lvov, ou Lviv...

Cette jeune auteur construit - ou déconstruit- cette ville à cœur ouvert de telle sorte qu'on en ressent un certain inconfort, et c'est là où j'ai trouvé tout l'intérêt de ce roman. On ne peut être plus prêt de la réalité passée mais toujours actuelle de cette ville et des populations qui y vivent ( survivent ?)
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Une ville à coeur ouvert

Si le titre en français du roman est Une ville à cœur ouvert, l’original polonais porte celui, également beau et évocateur, de « Maison au vitrail ». On pourrait y rajouter un troisième titre, qui mettrait en avant les quatre femmes dont l’histoire ressort petit à petit des pages du livre et qui sont l’expression vivante de l’histoire de la ville et (différemment) de la maison.



Les quatre femmes, ce sont respectivement la narratrice, sa mère Marianna, sa grand-mère Aba et son arrière-grand-mère Mémé Stasia. Toutes quatre vivent dans un appartement de cette « maison au vitrail » en plein centre de Lviv. Ce serait facile de compléter la phrase que je viens d’écrire en ajoutant que Lviv est une ville d’Ukraine proche de la frontière polonaise, afin de mieux situer le contexte du roman pour ceux et celles qui ne connaissent pas cette ville. Mais le roman esquisse justement par le biais de ces quatre générations de femmes l’histoire de la ville – une histoire où le remplacement du nom polonais par un nom russe puis par un nom ukrainien symbolise bien la complexité de son passé – et une histoire en tout cas étroitement imbriquée avec celle des gens qui y vivent.
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Une ville à coeur ouvert

Ce livre ne m'a pas paru assez mordant, pourtant il y a de quoi l'être, et trop anecdotique sans que jamais hélas cette histoire de famille, qui m'a paru d'ailleurs malsaine sur certains aspects, ne devienne une histoire de l'Ukraine d'ailleurs fort mal connue des Français. Un travail d'éditeur ou de traducteur concernant certains mots et certains aspects de l'histoire de l'Ukraine aurait été apprécié.
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Une ville à coeur ouvert

Lorsque je navigue sur mon ordinateur sur le site Babelio et flâne sur de nouvelles lectures possibles, celles de 2018, comme un acte fondateur sur la littérature moderne en prise à un sursaut d’une écriture et d’une histoire en harmonie contractuelle émotionnant mon esprit et fissurant un peu mon âme prisonnière d’un passé riche et fécond de lettres sublimes, enterre le modernisme gangréné par une surenchère nauséabonde de mansuétude de consanguin critique littéraire, comme un trophée de pouvoir écrire un papier favorable pour des amis d’éditions, pour un markéting publicitaire au détriment de la belle écriture, alors ma foi vacille à lire ces critiques médiatiques sans valeurs, j’ai craqué sur un roman Une ville à cœur ouvert de Żanna Sloniowska, plébiscité, certes par beaucoup de médias, mais ma passion de découvrir par cette quatrième de couverture fût pesante et enrichissante surtout, certes aiguillé par ceux-ci.

Żanna Sloniowska est d’origine polonaise, langue de ce roman traduit par Caroline Raszka-Dewes, narre une ville, qui sera sous l’emprise de trois nations, selon l’époque, Russe, Polonaise et Ukrainienne, cette trinité historique inscrit trois noms, pour trois nations, Lwów pour les polonais, Lvov les russes et Lviv pour les ukrainiens. Au fil des générations utérines de la narratrice, quatre générations narrent le cœur de celle ville au fil de l’histoire des pays de l’est et son ami-ennemi la Russie, un déferlement d’évènement historique se diffuse dans cette trame familiale.

Żanna Sloniowska est une femme de l’est, polonaise, native de cette ville Lviv en 1978, elle fera des études de journalistes pour travailler pour chaine ukrainienne, ensuite retourne en Pologne pour poursuivre des études de psychologie et y vivre après son mariage à Cracovie. Puis épouse les mots, pour de la poésie puis la littérature avec ce premier roman en 2014, obtenant plusieurs prix, traduit en français en 2018 pour notre plus grand plaisir de découverte.

Lorsque un roman explore au cours d’un siècle les tribulations d’un peuple, d’une ville, d’un pays, d’une famille, des femmes dans une étreinte passionnelle d’une Ukraine, amoureuse de liberté, de douceur artistique slave, la saga familiale tisse sa dramaturge dans ce climat lointain de l’emprise et la chute du communisme russe, ses goulags, cette emprise dictatoriale de l’enclave des pays de l’est, asservissant ces peuples à une doctrine manipulatrice sociale, ce roman caresse la genre historique comme un décor primordial à cette sage familiale.

Le roman a pour préambule un petit précis historique sur cette ville, présentant des faits marquants de cette métropole au vestige trinitaire de la Pologne, de l’Ukraine et de la Russie. Żanna Sloniowska, pour une mise en bouche identitaire de son roman cite James Joyce de son Ulysse et son Irlande qui appartient à son Héros, comme cette ville au triple noms, appartenant à la narratrice et de sa famille qu’elle retrace avec beaucoup de tendresse et de légèreté, un témoin de vie de cette famille poly-identitaire.

En premier lieu, pouvoir être au cœur de cette ville salve à la culture étrangère, inerte à celle française, est comme un voyage de l’esprit vers cette civilisation de l’est au vestige Russe communisme et autres inconnus comme le poète Roman Kupczynski, la cantatrice Solomiya Krushelnytska, le sculpteur Sergey Merkurov, l’architecte Zygmunt Gorgolewski…. Petit à petit s’offre au lecteur une onde cartographique de la ville, de ces rues, ces places, ces monuments ornant le passé tumultueux de cette cité, notre héroïne jalonne de ces pas, les pavés, les avenus, les immeubles, les bâtisses aux fantômes trinitaire de ces trois pays cultivant avec art cette métropole en effervescence. La narratrice raconte les quatre générations de sa famille de la Russie, Kazan, Leningrad, de l’Ukraine et la Pologne avec Lviv et Lwów, cette ville à la triple nationalité. Nous voguons dans cette atmosphère de résistance, cette de la chute du communisme, de la guerre Polono-Ukrainienne, de l’émancipation des femmes et aussi l’art comme la musique, la sculpture, l’architecture et la littérature.

La narratrice, orpheline d’un père inconnu et d’une cantatrice révolutionnaire Ukrainienne Marianna, tuée d’une balle lors d’une manifestation, habite avec sa grand-mère Aba et son arrière-grand-mère Stasia, cette fratrie féminine vit comme des poupées russes ;

« Nous sommes comme des poupées russes, l’une installée dans le ventre de l’autre, sans que l’on sache vraiment qui est à l’intérieur de qui, on sait seulement lesquelles sont encore vivantes…. »

la jeune femme fait revivre sa famille comme une histoire transpirant de ses pores, coulant sur sa chair avec une suavité débordante, chaque scène est un miroir de la vie de ses aïeuls où elle est actrice de ces moments, le passé, le présent s’embrassent dans le mouvement errant de cette narratrice découvrant ces premiers émois et la filiation pesante de ces femmes prisonnières de leur vies.

Ce roman traverse comme un long fleuve tranquille, le destin de quatre femmes à travers leur ville, leur amour, leur choix, leur destin. Cette danse familiale rythmée par les souvenirs culturels de Żanna Sloniowska comme le film Nostalghia d’Andreï Tarkovski, la chanson Gainsbourg Je t’aime moi non plus, Pouchkine, avec son poème Rouslan et Ludmila…

Un roman riche, avec une écriture simple pour une lecture facile, Une ville à cœur ouvert de Żanna Sloniowska est un livre sans surprise, exposant des faits historiques entremêlés d’une histoire de famille, me semble fade avec un manque de vigueur mais celui-ci reste plaisant, je suis déçu tout de même.

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