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Critiques de Émilie Querbalec (247)
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Les chants de Nüying

J’ai enfin lu Les chants de Nüying d’Emilie Querbalec. J’avais beaucoup aimé les romans précédents de l’autrice. Bien que perfectibles, ces derniers offraient un coup d’œil sur des univers d’une grande sensibilité et d’une grande délicatesse. Cette publication est dans la lignée, mais elle offre de belles surprise dans le fond comme dans la forme.



Le roman d’Emilie Querbalec nous entraîne dans un futur où les humains voyagent dans l’espace. Mais l’originalité est qu’elle nous propose une société qui a évolué tout en restant similaire à la nôtre. Le roman tient donc plus du cyberpunk spatial que du space opera à proprement parler. Des modifications synthétiques permettent d’explorer les pensées d’autres personnes. Jonathan Wei se prépare à devenir immortel en passant ses souvenirs dans d’autres corps. La cryostase permet de se mettre pendant des années en pause avant de se réveiller désorienté, mais toujours au même âge. Tous ces éléments ne sont pas originaux mais c’est surtout la façon dont l’autrice les imbrique et construit son message autour qui a de l’importance. Nous suivons avant tout des humains. L’écriture de l’autrice, particulièrement poétique et travaillée, permet de porter totalement cet esprit.



Emilie Querbalec met en avant un monde dans lequel spiritualité et science sont intriqués. Cela s’explique notamment par le fait que Les chants de Nüying s’inscrit également dans une mouvance uchronique. Dans cet univers, c’est la Chine qui domine culturellement et économiquement le monde. Le premier homme ayant marché sur la Lune était chinois. la plupart des grandes entreprises sont chinoises. Comme celle de Jonathan Wei, à la tête du projet. Il y a donc des notions très importante autour de la réincarnation. Une réincarnation rendue possible par la technologie. Que se passe-t-il dans un monde dans lequel les croyances deviennent réalité ? D’autant plus dans un microcosme comme un vaisseau. Le roman semble nous mettre en garde face aux croyances que l’on croit supérieur. Même un plus beau rêve né de la science peut aboutir au drame.



Le récit se divise entre plusieurs personnages qui apportent une pierre à l’édifice. Brume est jeune femme franco-vietnamienne qui a participé à un programme durant lequel elle a partagé la conscience d’un dauphin. Ce qui est intéressant, c’est qu’elle est présente lors de la préparation au voyage et à la fin, comme si elle était un chaînon manquant. Brume est capable d’une grande forme d’empathie. Jonathan Wei, que j’ai déjà évoqué, est un riche homme d’affaires sino-américain qui est très proche des pensées bouddhistes. William, un scientifique québécois, apporte de l’équilibre. Enfin, Dana est une chercheuse rationnelle et rigoureuse. Elle entre cependant en conflit avec sa fille, qui a des croyances bien différentes. Tous ont leur propre passé et histoire. Chaque point de vue permet de saisir une partie des événements pour comprendre l’ampleur de ce qu’il se passe, comme de multiples pièces à assembler. Et, souvent, ils mettent en lumière la place de l’individu face à la grande Histoire.



La narration est également éclatée au niveau temporel. Le roman est divisé en trois parties qui retracent les étapes importante du voyage vers Nüying : départ, voyage, arrivée. Entre chaque, il y a des ellipses importantes qui pourront déboussoler certains lecteurs. Mais le plus étrange, c’est que le procédé permet de bien faire sentir le poids du temps qui passe sur les personnages, mais aussi sur le vaisseau. Au fil des années, on a l’impression qu’un grain de sable est venu gripper une horloge bien réglée, emportant dans la tourmente le groupe de personnages, les mettant face à leurs limites et à leur rêve. Mon bémol vient d’une fin un peu précipité, en décalage avec le soin qu’a mis l’autrice dans la définition de ses personnages.



Une belle œuvre ! Les chants de Nüying n’est pas un roman de premier contact à proprement parler, mais un roman aux thèmes amples qui parle de l’humain. Nous suivons un groupe partant à la découverte d’une planète lointaine, en trois actes. Préparation, voyage et arrivée. Mais rien ne se passe comme prévu, car le mélange entre spiritualité et technologie est détonnant. Le roman présente une vision du futur qui mêle voyage spatial et transhumanisme. Mais ce qui caractérise la plume et le déroulé de l’autrice, c’est sa délicatesse. Le récit est écrit avec poésie et finesse, de la psychologie des personnages jusqu’aux événements. Le bémol vient cependant de la narration, parfois trop elliptique et qui met en scène un final trop rapide. Mais c’est un très beau roman de science-fiction, sensible et délicat.
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Les chants de Nüying

L'exoplanète Nüying ressemble un peu à la Terre. Une sonde y détecte des chants, qu'on dirait proches de celui des baleines. Brume est une spécialiste en bioacoustique et se prépare au long voyage pour explorer la planète...

Emilie Querbalec livre un récit passionnant, qui prend son temps. J'ai aimé celui qu'elle accorde aux préparatifs de ce voyage extraordinaire, ou à dépeindre les personnages.

C'est juste, c'est sensible, mais c'est aussi très prenant. Bien plus que son précédent roman, je trouve. Une lecture agréable et stimulante de bout en bout, et des images pleins la tête, c'est tout ce qu'on demande à la science-fiction.



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Les chants de Nüying

Il y a deux ans Emilie Querbalec faisait son entrée au catalogue d’Albin Michel Imaginaire avec Quitter les Monts d’Automne, un space opera à l’ambiance japonisante très originale, tout en sensibilité. Même si je n’avais pas totalement adhéré au chemin pris par l’autrice dans la seconde partie du récit, j’étais resté sur une très bonne impression avec l’envie de découvrir ses autres textes. Chose faite avec Les Chants de Nüying son deuxième roman à être publié chez le même éditeur.



Nüying, une planète située à une vingtaine d’années-lumière de la Terre, se révèle être une exoplanète susceptible d’abriter des formes de vies. En effet, elle est constituée majoritairement d’eau à l’état liquide, un volcanisme important s’y développe et une atmosphère dense (non respirable pour l'Homme) protège sa surface. En ce XXVIème siècle, la sonde Mariner est envoyée à la rencontre de Nüying. Avant de perdre le contact avec la Terre, elle a pu retransmettre un fichier sonore des lieux. Celui-ci évoque le chant des baleines et ouvre le champ à toutes les spéculations. Il n’en faut pas moins pour monter une expédition vers ce possible nouvel Eden. Ce voyage au long cours a pu être organisé grâce au financement de Jonathan Wei, un richissime et très influent homme d’affaires. Personnage au charisme ravageur mais controversé pour sa proximité avec la secte de la Terre d’Eveil et pour ses travaux sur l'immortalité grâce à la technologie RNA (transfert numérisé de la conscience vers un clone). Un voyage sans retour...



Emilie Querbalec nous narre les préparatifs de l’expédition, le voyage et l’arrivée dans le système de Nüying après vingt-sept longues années de stase pour certains et de vie cloitrée au sein du vaisseau pour d’autres. Elle nous présente un univers riche, crédible, cohérent scientifiquement où les avancées technologiques sont légion. Elle prend son temps pour nous présenter ses nombreux personnages, nous laissant découvrir petit à petit son univers et ses technologies afférentes. Elle en profite pour aborder de nombreux thèmes : de l'écologie à la spiritualité, de la numérisation des consciences à la vie extraterrestre en gardant l'humanité au cœur du récit. La narration participe également à cette intense immersion, passant successivement d'un personnage à l'autre pour multiplier les points de vue et confronter les idées. On rit, on souffre, on pleure et on espère avec Brume, Dana, Will et les autres.



Les Chants de Nüying est d’une merveilleuse sensibilité, grâce à la plume délicate de l’autrice et à l’atmosphère enivrante qui se dégage de son phrasé. Mais c'est aussi une épopée scientifique et poétique, une exploration au-delà des limites de l'âme humaine, un émouvant hymne à la survie et à la beauté des mondes.




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Quitter les monts d'automne

Kaori est une jeune femme issue d'une famille de "conteurs" c'est à dire de personnes donnant corps au "Flux" à travers des histoires. Mais Kaori a grandi et elle n'est jamais devenue conteuse. Elle rêve et nous allons suivre son incroyable aventure.



Ce roman est une très belle histoire de Science fiction qui fleurte avec le roman initiatique avec des touches "à la Asimov".



Les personnages vivent et agissent. Ils ne sont pas que les vecteurs d'un message de l'autrice ou d'une fonction. C'est très agréable à lire et prenant.



La trame est peut-être un peu rapide mais c'est que j'aurais aimé ne pas laissé Kaori ^^



Un bémol assez paradoxal pour moi : moi qui ne suis pas fan de hard science, il y a un moment qui m'a fait un peu sourire, rien de grave mais bon (une histoire de 600ans).



Bref, un très bon roman de SF, passionnant que je recommande chaudement, en particulier à ceux qui veulent découvrir de la SF en douceur et poésie.
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Les Sentiers de Recouvrance

Après le superbe voyage spatial effectué avec les Chants de Nüying, l’autrice propose ici un roman très différent voire même déroutant.

Le texte est court, tout comme les chapitres qui alternent les points de vu entre deux adolescents : Nas et Ayden.

Mieux vaut en savoir le moins possible sur l’histoire afin d’avoir le plaisir de découvrir leur voyage.



La première partie est très plaisante à lire, on tente de cerner ces deux personnages au gré de leurs pérégrinations.

La seconde, renforce ce sentiment de flou et développe certains thèmes très intéressants.



J’imaginais que le côté SF serait plus présent et/ou développé mais au final ce n’est pas le thème du roman.



Les Sentiers de Recouvrance va évoquer avec beaucoup de sensibilité la dépression, le chemin vers la guérison mais aussi le handicap, la seconde chance et l’amitié. Véritable ode à la nature sous la magnifique et poétique plume de l’autrice (même si les nombreuses descriptions dans la seconde partie avaient tendance à délier le rythme).

Le parallèle entre l’adolescence et la Terre aux prises avec les bouleversements climatiques est juste et puissant.



𝐄𝐧 𝐁𝐫𝐞𝐟 :



Texte introspectif et onirique dans lequel la nature tient une place centrale. La plume poétique de l’autrice arrive à nous immerger dans les différents lieux traversés.

Roman thérapeutique pour qui cherche l’espoir dans un futur incertain.
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Les Sentiers de Recouvrance

Les sentiers de Recouvrance est le troisième roman d’Émilie Querbalec publié par Albin Michel Imaginaire après Quitter les monts d’automne et Les chants de Nüying . Il est assez différent de ses précédents ouvrages, la part d’imaginaire étant plus restreinte, et le livre s’apparente plus à de l’anticipation.



Nous sommes en Europe dans quelques années, une dizaine pour être précise. Le réchauffement climatique continue de marquer son empreinte sur notre planète. Les incendies sont de plus en plus nombreux, la montée des eaux un phénomène bien réel, des territoires entiers se désertifient. Le monde n’est pas un lieu d’espoir, encore moins pour des jeunes gens qui se cherchent. Comme Anastasia qui a grandi dans une région d’Espagne très affaiblie par les conséquences du réchauffement climatique, ou encore Ayden, adolescent en souffrance familiale. Chacun décide de partir, de quitter l’endroit où il vit pour aller vers l’île de la Recouvrance en Bretagne.



Le roman est divisé en deux parties bien distinctes. La première ressemble à un road-movie retraçant les parcours de Anastasia et Ayden pour se rendre en Bretagne. Les descriptions de la nature sont nombreuses, l’autrice montrant les transformations des paysages sous l’effet du réchauffement. Une nature toujours belle, mais aussi cause de beaucoup de stress, de désarroi, où l’eau douce devient une denrée très rare. Émilie Querbalec arrive à immerger son lecteur dans ce monde si proche de nous. On suit le parcours de ces deux être en quête d’avenir avec intérêt et sensibilité.



Puis, au bout d’une centaine de pages, le récit bascule et prend une autre tournure de manière assez inattendue. Les deux personnages principaux sont toujours au centre de l’histoire, mais le récit gagne une petite touche plus science-fictive. Le twist donne une manière différente de voir les événements du début du roman ainsi que les personnages. L’histoire aborde de nombreuses thématiques, comme l’écologie, la psychothérapie, les choix de vie dans un monde en plein bouleversement.



Les sentiers de Recouvrance est ainsi un roman à contre-courant, qui fait le choix de dépeindre un avenir proche sombre et réaliste tout en insufflant un message positif et optimiste. A ce titre, c’est un roman rare, à lire par le plus grand nombre pour essayer de garder un peu d’espoir.
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Les Sentiers de Recouvrance

Un nouveau Emilie Querbalec, la question ne se posait pas, il me fallait absolument le découvrir. Après deux autres textes que j’avais trouvé merveilleux et où sa plume et son imaginaire m’avaient emportée, je ne pouvais pas résister à ce nouveau roman de la collection Imaginaire d’Albin Michel. Et puis regardez-moi cette couverture signée Aurélien Police ❤



Émilie Querbalec, c’est une sensibilité qui me parle depuis son premier roman chez AMI : Quitter les monts d’automne, et une sensibilité que j’aime retrouver dans chacun de ses romans pourtant très différents. D’ailleurs après deux voyages dans l’espace, elle repose les pieds sur Terre avec Les sentiers de recouvrance et offre un récit de SF radicalement différent où le décor futuriste bien que présent a une importance assez mince au final face aux enjeux plus intimes et psychologiques qu’elle développe. J’ai encore été charmée.



Dès les premières pages, j’ai aimé retrouver sa plume douce et poétique, tellement belle et riche, malgré des phrases et chapitres forts courts. Elle est l’exemple parfait que la beauté n’est pas que dans les phrases à rallonge et qu’il existe une grande puissance dans les styles courts et incisifs qui ont leur propre musique. Je venais de sortir de la lecture un peu passe partout de Qui après nous vivrez d’Hervé Le Corre où on retrouve tout comme chez elle une Terre qui va mal et des personnages dont on suit les cheminements sur les routes, mais la différence de style m’a frappée. Là où Hervé Le Corre joue sur un contenu très attendu de post-apo violent et oppressant, Emilie Querbalec propose un titre bien plus fin, plus surprenant, plus profond et intime qui happe et marque.



Comme à chaque fois avec elle, c’est un récit plein de surprises qu’elle nous conte, des surprises que je ne compte pas vous dévoiler tant ils font partie de l’expérience. Je resterai donc le plus vague possible pour ne pas trop en dévoiler… Avertissement pris, allons-y.



Les sentiers de recouvrance porte merveilleusement bien son nom. Ce roman nous entraîne dans le sillage de deux adolescents qui ne vont pas bien et qui fuient un peu leurs problèmes en partant sur les routes. Dans une ambiance assez étrange pleine d’éco-anxiété, nous suivons en parallèle les cheminements de Nas (Anastasia) qui part de l’Espace et fuit sa mère qui sombre après la mort accidentelle de son père ; et Ayden qui lui ne résiste plus à la pression et a des tendances de pyromanes à soigner. Chacun fait une drôle de rencontre en chemin, qui va l’émerveiller et le pousser à avancer mais aussi l’intriguer et le lecteur ne se demande qu’une chose : quand est-ce que leur chemin va se croiser et sous quelle forme ?



Je dois avouer que je me suis totalement laissée prendre au jeu du récit. J’ai été touchée par les deux héros, leurs parcours, leurs peurs et anxiétés. J’ai beaucoup aimé le fin travail psychologique de l’autrice sur les enjeux qui les habitent et j’y ai trouvé une grande sincérité. J’ai surtout aimé qu’elle ne tombe pas dans le cliché de ces héros qui se sauvent l’un l’autre mais qu’elle ait une autre démarche plus profonde, plus intime, pour évoquer leurs angoisses et souvent les nôtres. Le décor de science-fiction ne fut donc pas pour moi l’élément majeur de cette lecture mais plutôt un accompagnement pour planter le décor et développer ensuite ces nouvelles angoisses liées quand même un peu beaucoup au contexte de l’évolution de notre planète. C’était assez nouveau pour moi de ressentir à ce point les inquiétudes des jeunes vis-à-vis de l’évolution de la planète, de voir une autrice mettre des mots et des images sur la peur qui les gagnent de voir les paysages drastiquement changer et l’angoisse que cela peut susciter qui devient une créature mythique effrayante à leurs yeux. Chapeau !



Cette matérialité des peurs et angoisses, je l’ai retrouvée également dans son pendant : le soin, car Emilie Querbalec ne fait pas les choses à moitié. Sa plume est aussi évocatrice pour parler des peurs de ses personnages que pour évoquer leurs longs chemins vers la recouvrance. Avec beaucoup d’humanité, de doigté et de finesse, elle évoque la peur du handicap, la peur du regard des autres, la peur d’un nouvel échec, la peur d’une société non adaptée, etc. Elle n’hésite pas à mettre des mots et des images à nouveaux sur ces situations très intimes à l’aide de situations simples mais fort évocatrices qui parleront à tous et surtout à ceux qui ont côtoyé même de loin le handicap sous quelque forme que ce soit. Ce fut donc bouleversant de lire les parcours de vie de Nas et Ayden, et si j’ai eu une petite préférence pour ce dernier dans un premier temps, Nas l’a totalement rattrapé ensuite grâce à un superbe focus sur elle. Le choix de l’autrice d’évoquer à travers leurs soins leur choix de futur et leur recherche d’un futur, simplement, fut éclairant. Je suis totalement tombée sous le charme de leur parcours à chacun, de cette façon de décrire les rencontres d’une vie, les croisements, les embranchements et les carrefours. C’était lumineux comme la lumière au bout du chemin de nos héros en couverture.



Quand j’ai plongé dans l’aventure de ce nouveau roman signé Emilie Querbalec, je savais que la plume allait me plaire. Je ne m’attendais cependant pas à vivre un tel voyage dans l’intime et à ressentir de telles émotions autour des questions du soin et de la recouvrance. L’autrice m’a à nouveau surprise, charmée et bouleversée en prime, grâce à une plume belle, riche, poétique, mais surtout humaine et juste. C’est fou tout ce que l’imaginaire permet et que je n’aurais pas osé découvrir sans lui.
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Les oubliés d'Ushtâr

David contre Goliath, qui va gagner ?



Emilie Querbalec sort, en automne comme il se doit, son dernier roman chez Albin Michel Imaginaire, avec un joli titre "Quitter les Monts d’Automne", une belle couverture et un pitch faisant allusion aux écrits d'Ursula Le Guin. Assez pour m'intriguer et aller fouiner du côté de son premier roman.



Cela commence assez violemment par un abordage de vaisseaux, mais l'écriture et le style laisse présager autre chose que le Space op des années 70. Et j'ai été particulièrement étonné de cette plume pour une autrice inconnue avec seulement quelques nouvelles à son actif.



Mais au delà de cet aspect purement littéraire, est ce que l'histoire nous emporte avec elle? Assez classique sur le fond, c'est le worldbuilding et l'ambiance générale qui m'ont surtout agréablement étonné. Deux planètes, trois cultures différentes qui vont s’affronter. Alors que j'avais peut d'un roman initiatique, on découvre peu a peu ces deux sociétés qui se font la guerre et dessine par moment de manière assez juste les gens de la haute et le peuple, leurs manières différentes de voir la vie. Et d'un objet assez banal, une gemme qui orne le front de certains membres du peuple, l'altérité se fait jour.



Loin d'être sans défauts - des erreurs de jeunesse ? - avec une intrigue un peu fluctuante, une fin plus que brouillonne, et des ruptures de style entre un texte descriptif mais poétique et des scènes d'action, bien faites, mais dont l'écriture est trop différente. L'impression aussi que l'autrice ne savait pas trop dans quel direction faire aller son texte, qui est à la lisière du space/planet opera, et du récit initiatique.

Mais les sujets abordés, domination masculine, libre arbitre, religion, pouvoir et société égalitaire étaient assez forts pour faire oublier ces faiblesses.



A voir si Emilie Querbalec transforme l'essai avec son prochain roman.
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Les Sentiers de Recouvrance

Le roman est très différent des précédents de l’autrice. La première partie est une sorte de roadmovie à l’écrit. On suit deux jeunes personnages qui quittent leur vie actuelle et prennent la route. Ils espèrent rejoindre une destination plus ou moins fantasmée, pas très nette dans leur esprit. L’important est de partir. L’une est en Espagne, l’autre en France. Mais où qu’ils soient, le soleil cogne et la chaleur est écrasante. Notre futur immédiat est dans ces pages.



Malgré la sécheresse qui râpe, la prose est d’une fluidité incroyable. Elle rend le texte et ce monde légèrement anticipé très aériens. Comme pour évoquer quelque chose qui n’existe déjà plus. Un monde d’hier, fini. L’alternance des chapitres (eux aussi très courts) et des deux personnages apporte la dynamique propre à la marche. Un pied devant l’autre. J’aime énormément les descriptions, en quelques mots, des lieux. Ce sont surtout des sensations. Des brindilles qui craquent, un silence de plomb, des impressions… qui confrontent le passé et le présent de ces bourgades traversées. Cela rend le texte assez vivant, contrairement aux personnages. Ceux-ci sont hantés par la perte et ces endroits parcourus, vides. Comme déjà abandonnés.



Et évidemment, l’autrice nous offre, au milieu du roman, une rupture comme elle en a l’habitude. Je m’y attendais, mais je suis restée surprise malgré tout. Parce que je ne m’attendais pas à cela. Non seulement c’est une rupture de rythme et de vision, mais en plus l’autrice brouille les pistes. Qu’est-on en train de lire ? Un rêve ? Une autre réalité ? Est-on côté SF ou plutôt fantastique ? La suite vous le dira. Cette 2e partie s’engage davantage dans quelque chose de philosophique, tout en faisant la part belle à la nature, la botanique, des savoirs ancestraux. J’aurais aimé davantage de développements sur les techniques mentionnées. Mais ce n’est pas l’angle choisi ici, et c’est cohérent avec le récit et la trajectoire des personnages. On est davantage dans un texte contemplatif, réflexif, lent et tourné vers soi, le rapport que l’on a avec les autres et notre environnement le plus direct.



Récit de vie, de deux cheminements dans un monde qui change brutalement. Y sont évoquées la solastalgie (un terme qui m’était inconnu encore récemment, que j’ai découvert grâce à l’un de vous) et la manière dont bâtir quelque chose de stable, qui a du sens, dans ce monde en voie de destruction. J’ai surtout apprécié le ton, optimiste sans être bisounours ni idéaliste. Pour les personnes qui redoutent les textes d’anticipation et sont sujets à l’éco-anxiété, je pense que c’est un texte qui pourrait convenir, justement par l’angle choisi et le discours du roman.
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Quitter les monts d'automne

Pourquoi lire ce bouquin ?

Parce qu’Émilie Querbalec possède une talent de conteuse incontestable.

On pourra trouver que ce récit est parfois lent voire trop long, pour autant, le style est poétique, fluide et agréable.

Sous couvert de suivre le périple d’une jeune danseuse, histoire qui débute sur une planète inconnue (mais manifestement d'origine Terrienne), dans un modeste village de style japonais d’époque Edo et qui se retrouve assez rapidement dans l’espace, il s’agit de parler de la mémoire , de la transmission, de l’oubli.

Mémoire humaine ou artificielle, faillible, incertaine, manipulée et manipulable, transmise, supprimée ou perdue, et de transmission orale ou écrite.

Kaori, la jeune danseuse, vit dans un monde où la transmission n’est qu’orale, l'écrit étant tabou, et qui possède bien malgré elle quelque chose qui la rend unique et attise par là même la convoitise.

Son histoire n’est pas forcément des plus intéressantes mais on se laisse facilement emporter dans le monde décrit habilement par l'autrice, notamment l'univers japonisant du début.

De bonnes idées également côté SF et cela reste un récit réellement abordable et accessible à tous.

...et pour finir, une belle illustration de Manchu en couverture.
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Les chants de Nüying

Les quelques avis lus sur ce livre avaient titillé ma curiosité.

Bio-acousticienne marine, Brume rêve d'étoiles, de chants océaniques et bien entendu, des chants de Nüying, ces sons enregistrés par une sonde spatiale.

Elle a dont postulé pour faire partie du voyage financé par un milliardaire excentrique vers cette planète à vingt-sept années-lumière qui semble propice à la vie.

De toutes façons, rien ne la retient sur terre.

Ce voyage, elle va le faire endormie et à son réveil, elle aura à peine vieilli.

Ce n'est pas le cas de Will avec qui elle a noué récemment une relation et qui, lui, fera vraiment le voyage sans être mis en sommeil.

J'ai aimé ce livre. L'histoire est convaincante, les personnalités bien campées et le suspense bien dosé.

Au stade où nous en sommes sur Terre, cela pourrait être un scénario de demain.

Les sauts dans le temps sont un peu déconcertants car on devine qu'il y a eu des nouveaux évènements mais c'est souvent plus tard dans le livre qu'on obtient des explications.

Certains passages me semblent encore un peu flous mais c'est, je crois, ce qui contribue également à créer l'atmosphère particulière de ce livre que je recommande vivement.

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Les chants de Nüying

Les Chants de Nüying est un roman de SF qui propose au lecteur un voyage à travers le système solaire pour aller explorer et peut-être coloniser la planète Nüying sur laquelle des « chants » auraient été entendus. S’agit-il d’une planète viable pour l’homme? Ces chants appartiennent-ils à une entité extraterrestre? Jonathan Wei, Brume et William s’embarquent à bord du vaisseau…



Avant toute chose, il convient de rappeler que ce roman n’est pas un space opera. Emilie Querbalec a choisi de raconter son intrigue en trois actes. D’abord la préparation avant l’embarquement sur le vaisseau. Ensuite, le voyage en lui-même alors que les personnages sont placés en stase. Enfin le débarquement sur cette fameuse planète. De mon côté, je m’attendais à ce que la découverte de la planète soit plus exploitée et quelques chapitres de plus ne m’auraient pas dérangée!



Néanmoins, j’ai été totalement embarquée dans cette histoire dès les premières pages. Brume, bioacousticienne, rêve d’entrer en contact avec une nouvelle entité comme elle le fait avec les dauphins ou les baleines. Jonathan Wei est le milliardaire à l’origine du voyage, en quête d’une forme d’immortalité. Ce sont les principaux personnages du roman. Ils auront bien des destins différents. Cependant, d’autres protagonistes vont émerger au fil de ce voyage long de vingt-sept ans puisque tous n’ont pas été placés en stase!



Le roman fait aussi la part belle à l’uchronie car ce ne sont pas les États-Unis qui dominent le champ spatial mais bien les Chinois. L’autrice aborde des thématiques très diverses dans ce roman comme le rapport à la mort, le bouddhisme et j’avoue avoir été parfois un peu décontenancée par des intermèdes bien trop lointains vis-à-vis de l’intrigue de base. Je dois reconnaître cependant qu’elle possède un sens du rythme très intéressant et un style poétique à bien des égards.



Alors oui, j’ai été un peu frustrée par cette fin car j’aurais aimé en apprendre davantage. Mais Emilie Querbalec a choisi ici de respecter l’adage qui dit que l’important n’est pas l’arrivée mais bien le voyage!



Les Chants de Nüying laisse apparaître Emilie Querbalec comme une autrice de SF accomplie! A suivre donc…
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Les chants de Nüying

Quand on associe Emilie Querbalec (dont j'ai beaucoup aimé le premier roman), la superbe couverture signée Manchu nous plongeant en pleines abîmes sous-marines et un résumé qui parle d'aller à la rencontre d'une civilisation extraterrestre, on me vend du rêve. Rêve j'ai bien eu mais pas celui que j'attendais et la surprise fut totale sur bien des points.



Emilie Querbalec, je l'ai rencontrée en 2020 avec le poétique Quitter les monts d'automne où l'autrice m'avait séduite avec un style simple mais évocateur, et surprise avec une aventure qui m'avait emmenée vers des recoins insoupçonnés, le tout dans une ambiance japonisante qui ne pouvait que me séduire. En 2022, elle revient avec un nouveau roman bourré de surprises où l'on retrouve à nouveau son intérêt pour les thèmes de la mémoire et de l'immortalité.



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En découpant son récit à nouveau en plusieurs parties, l'autrice nous entraîne dans un sacré voyage. La 4e de couverture évoque un rencontre avec une civilisation extraterrestre lointaine et un voyage financé par un magnat, l'histoire se révèle bien plus riche et complexe, et surtout la rencontre intervient bien tardivement. Le message est donc tout autre.



Avec un rythme assez lent et saccadé, même, l'autrice nous berce d'un lieu à l'autre. La première partie de son histoire se concentre sur la préparation de ce voyage et les problèmes que pose la cryostase envisagée pour certains vis-à-vis de leur mémoire (tiens, un thème cher à l'autrice). C'est très bien écrit mais étrange car on se retrouve avec une histoire faites de plein de petits riens, de petits moments anecdotiques qui au final vont nous brosser peu à peu le portrait des membres clés de l'expédition sans que l'on s'en rende compte. L'autrice est forte pour nous prendre par la main pour embarquer dans son voyage.



Je me suis ainsi plu à découvrir l'univers uchronique qu'elle avait imaginé qui avait de forts relents de For All Mankind, pour ceux qui connaissent la série tv uchronique où Américains, Russes et Chinois se tirent la bourre pour être les premiers sur la Lune puis sur Mars (Les autres, filez la regarder !). Ce monde futuriste dont elle nous décrit quelques uns des aspects à travers le quotidien de ses héros m'a fascinée, notamment dans l'évolution géopolitique qu'elle a imaginée avec cette Chine conquérante, ou à travers les possibilités philosophiques offertes par la science dans nos contacts avec les animaux.



Mais cette partie est avant tout l'occasion de découvrir ceux que nous allons suivre et ils seront un certain nombre, tous plus fascinants mais humains les uns que les autres, de Jonathan, le propriétaire du vaisseau spatial en quête d'une forme d'immortalité dans ses réincarnations grâce à une mémoire numérique, en passant par William son premier assistant, cybernéticien et amant de Brume qui peine à trouver sa place, ou encore cette dernière qui est spécialisée dans les chants de la mer, qui aime tant les animaux, est fascinée par la rencontre qui va avoir lieu, mais peut se couper aussi brutalement des autres. Ils seront épaulés entre autre par Dana, une psychologue (?) en couple avec Meriem avec qui elle forme une jolie famille avec leur fille sélène Anouk, ce qui aura une dramatique importance.



Tout ce petit monde va embarquer à bord du cargo-monde Yutu Meng, ce que l'autrice nous fait découvrir dans une deuxième partie tout aussi déstabilisante que la première, car elle va nous faire vivre la vie à bord de ce vaisseau et celle-ci sera riche en surprises. Alors que je croyais qu'ils allaient tous, ou presque, faire le voyage endormis, j'ai été surprise de débarquer alors qu'une grande partie avait fait le voyage éveillés depuis des années, ce qui va changer pas mal de choses.



Sur Terre, il y avait déjà des tensions de par la situation géopolitique inédite et les aspirations de ceux vivant déjà sur la Lune ou dans l'espace, celles-ci sont encore accentuées à bord du cargo-monde. L'autrice nous livre alors un très beau et intéressant développement autour de la religion-philosophie quand on est en vase clôt et que différents groupes n'ont pas les mêmes aspirations et n'arrivent pas à communiquer. Elle a choisi pour cela, chose que j'ai rarement croisé dans mes lectures, d'utiliser le Bouddhisme ou plutôt une variante de celui-ci dans une intrigue assez riche autour des questions de réincarnation, vie éternelle, voyage spatial et des tensions entre jeunes et anciennes générations, entre ceux qui ont connu la Terre et ceux qui n'ont connu que l'espace.



Avec toujours le même rythme lent et un peu saccadé, du fait de plusieurs micro-bonds dans le temps et d'ellipses, elle nous décrit ainsi comment cela peu mal tourner au cours d'un tel périple. J'avoue avoir été fascinée comme on l'est parfois devant un train qu'on voit sur le point de dérailler. J'ai senti venir le drame mais je n'ai pu m'empêcher d'attendre cela en trépignant tant j'étais fascinée à l'idée des conséquences que cela aurait et des mécanismes qui étaient en jeu. Ce fut pour moi le point culminant du titre avec un drame digne d'une tragédie grecque.



En revanche, arrivée à la troisième et dernière partie, la frustration d'avoir surtout parlé de la préparation du voyage puis de la vie à bord, des questions de réincarnation, d'expériences mystiques et d'incarnation de la mémoire et de l'être, a fait que j'étais un peu agacée de n'avoir toujours pas eu ce premier contact tant attendu. L'autrice, en ajoutant en plus de nouvelles ellipses, m'a un peu perdue parfois et j'ai eu le sentiment de décrocher, tout comme les personnages décrochaient eux-mêmes de cette aventure face à la lassitude de tout ce qu'ils avaient vécu. On était synchro eux et moi ^^!



Pourtant surprises et aventures sont bien là jusqu'au bout. L'autrice ne nous épargne aucun retournement de situation, aucune tragédie et nous fait bien sentir qu'avec ce type de voyage rien ne se passe jamais comme prévu. Elle nous montre aussi combien cela met à mal nos certitudes et nos interactions avec les autres, ce que j'ai beaucoup aimé. Mais j'ai trouvé la narration un peu brusque et vraiment j'attendais désespérément ce premier contact et je commençais à me moquer un peu du reste de leurs ennuis une fois arrivés.



Cependant je dois reconnaître que jusqu'au bout, l'autrice livre un travail puissant sur notre connexion aux autres et à nous-même, sur notre envie de découvrir l'autre peu importe sa forme, et qu'il y a des pages juste splendides sur le sujet, s'inspirant apparemment du travail fait avec les créatures marines terrestres telles que le dauphin. Cela m'a fascinée.



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Pour résumer cette longue chronique, Emilie Querbalec a composé ici un voyage sans retour des plus fascinants où l'étrange côtoie des évolutions dramatiques mais logiques de notre humanité. J'ai beaucoup aimé la puissance de sa plume, le choix de ses thèmes et les surprises, nombreuses, qu'elle nous a offerts. Cependant, j'ai aussi trouvé sa narration parfois maladroite, avec trop d'ellipses et des changements de rythme pas toujours judicieux, comme cette fin expédiée bien trop rapidement et sèchement à mon goût. Ça ne m'a pas dérangée de ne pas avoir l'histoire de premier contact que j'attendais et de vivre plutôt une aventure spatiale et philosophique mais j'aurais aimé que le fil tendu autour des questions d'identité, de mémoire et de philosophie de vie, se tienne encore plus. Il y a plein de belles idées, mais j'ai eu l'impression parfois d'avoir seulement une juxtaposition de nouvelles dans un même univers avec un manque de liant, et d'avoir des relations familiales ou de couples incomplètes. Après, c'est aussi le reflet de la vie mais dans la fiction j'aimerais ne pas ressentir la même frustration que dans la réalité ^^



Une découverte encore une fois poétique, dépaysante et surprenante qui nous conduit à un final attendu par des voies bien détournées.
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Les chants de Nüying

La collection Albin Michel Imaginaire a choisi de mettre les autrices au programme de la fin d’année 2022 avec 3 parutions exclusivement féminines fin aout et septembre. La première de ces autrices est Émilie Querbalec, romancière et nouvelliste française dont Les Chants de Nüying est le troisième roman. Son précédent livre, Quitter les monts d’Automne, également publié par Albin Michel Imaginaire, a reçu le prix Rosny Aîné et a été nominé au Grand Prix de l’Imaginaire et au prix Utopiales. Les Chants de Nüying est un roman décrivant une exploration spatiale avec une pointe d’uchronie.



Au XXVI ème siècle, l’humanité a colonisé une partie du système solaire. Les sélènes vivent parfaitement sur la lune sans avoir besoin de mettre le pied sur Terre. Les premiers à poser le pied sur la lune ont d’ailleurs été les chinois, et le pays a gardé une certaine domination sur le secteur depuis. Toutefois, l’exploration spatiale est loin d’être au point mort et des sondes sont envoyées dans l’espace. La sonde Mariner a ainsi été envoyée en direction de la planète Nüying, située à une vingtaine d’années-lumière de la Terre. Nüying est une exoplanète constituée majoritairement d’eau à l’état liquide et donc susceptible d’abriter des formes de vies. Elle possède également un fort volcanisme et une atmosphère dense, malheureusement celle-ci n’est pas compatible avec l’être humain. Autre fait de grande importance : avant de perdre le contact avec la Terre, la sonde a capté des sons évoquant le chant des baleines. Depuis, de nombreuses spéculations ont vu le jour concernant ces chants et leur origine.



Une expédition pour étudier la planète est montée. Le voyage sera long et nécessite des technologies novatrices. Tout cela est possible grâce au financement offert par Jonathan Wei, richissime homme d’affaire. Celui-ci fera bien entendu partie du voyage qui lui permettra de tester sa technologie de transfert numérisé de la conscience vers un clone destinée à obtenir l’immortalité. Mais Jonathan Wei est un homme de pouvoir, proche de la secte de la Terre d’Éveil. Le voyage se fait à bord du cargo-monde Yùtù avec environ 500 passagers, dont une grande partie sera en stase et durera vingt-sept années pour atteindre Nüying.



Le thème de ce roman fait rêver. La conquête spatiale, la découverte de nouvelles planètes abritant potentiellement la vie, les voyages au long cour pour découvrir ces mondes, autant de sujets qui prêtent à l’imagination, qui donnent le vertige. Pourtant, il y a assez peu de romans en France sur ce thème. Émilie Querbalec a choisi de raconter en 3 grandes parties les préparatifs de cette expédition, puis le voyage et enfin l’arrivée sur la planète porteuse de nombreux espoirs. Elle développe un univers crédible où les avancées technologiques sont nombreuses mais tout à fait cohérentes.



La partie sur le voyage a une grande importance afin de comprendre comme se déroule celui-ci avec une partie des personnes plongées en stase, et une autre partie cloîtrée à bord du vaisseau pendant une très longue période. Cet élément aura de forts impacts sur la vie à bord et sur le voyage en lui-même. L’autrice choisit une narration chorale et plusieurs personnages sont au cœur du récit. Brume est une spécialiste dans le domaine de la bioacoustique marine, Will et Dana des scientifiques travaillant avec Jonathan Wei, qui n’est pas sans rappeler certains milliardaires de notre époque. Avec cette narration, elle multiplie les points de vue et confronte les idées des différents protagonistes. Ces personnages sont véritablement au centre de l’histoire, ils sont humains, crédibles et attachants.



Le roman est très dense. Émilie Querbalec choisit de faire des ellipses en racontant cette épopée qui se déroule sur plusieurs années. Certains éléments sont sous-entendus, laissés à la libre interprétation du lecteur. L’histoire et les liens entre les personnages sont construits progressivement et parfois il faut faire la jonction entre les différents éléments. Cela surprend un peu mais permet également au roman de ne pas devenir un gros pavé et de rester dynamique. De nombreux thèmes sont abordés dans ce futur uchronique avec beaucoup d’humanité et de pertinence : les technologies permettant l’immortalité, la spiritualité, les choix de vie, l’écologie.



Avec Les Chants de Nüying, Émilie Querbalec raconte une grande aventure spatiale, une véritable odyssée qui nous entraîne aux confins de l’espace. Le roman est d’une grande richesse autant par ses personnages que par les thèmes abordés mais aussi plein de sensibilité. Alors n’hésitez pas à suivre ces chants d’une rare beauté, à rêver d’espace, d’un voyage au travers les étoiles dans votre imaginaire.
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Quitter les monts d'automne

Tout d'abord récit à tendance japonaise, dans des décors à couper le souffle et non sans m'avoir rappelé "Geisha" d'Arthur Golden, nous plongeons dans une atmosphère de traditions, d'arts, de danse, de conteuses (ou diseuses), le tout sous l'autorité de religieux prêts à tout pour que l'écriture soit et reste un tabou absolu passible de peine de mort.



Le lecteur se voit finalement embarqué dans un périple hors de ce monde, une quête identitaire à travers les étoiles, auprès de personnages originaux et consistants, une technologie sobre mais efficace et surtout une tournure de plus en plus intéressante au fur et à mesure de notre avancée dans le roman pour finir sur une révélation très surprenante et belle.



J'ai particulièrement apprécié la construction du roman, les personnages et le développement général en plus de la beauté de la première partie.



À conseiller à tous les amoureux de SF.
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Les Sentiers de Recouvrance

Extrait de ma chronique :



"Emilie Querbalec s'inspire ici de la notion de recouvrance mise en avant par le philosophe Augustin Berque : selon ce dernier, le geste fondateur de la pensée occidentale (déjà critiqué par Spinoza à l'époque, soit dit en passant) est celui qu'accomplit Descartes en faisant (non sans hubris) de l'homme un être pensant entièrement indépendant de son milieu, une conception qui culminera avec la figure mooderne du cyborg ; le problème est que nous sommes en fait en étroite interdépendance avec notre environnement, et que sans recouvrance, sans réparation de "nos liens à la Terre" (page 131), nous courons droit à l'extinction.





On notera au passage que cette problématique du lien homme-nature est identique à celle posée par Alain Damasio dans Les Furtifs (ouvrage auquel je comparais déjà Les Chants de Nüying) : simplement, là où le romancier volté convoquait, comme médiateur entre les deux termes du problème, une espèce fictive, au fond analogue aux anges, comme je l'expliquais à propos de L'Etoffe dont sont tissés les vents, Emilie Querbalec n'utilise pas ses Anges (réels ou imaginés) comme vecteurs de sa recouvrance, le processus se faisant par interaction directe"
Lien : https://weirdaholic.blogspot..
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Les Sentiers de Recouvrance

J’ai passé mes dernières heures de l’année 2023 et les premières de 2024, sur Les sentiers de Recouvrance. 



Europe, 2034.



Anastasia quitte avec son carnet de poème, une Espagne affaiblie par les conséquences du réchauffement climatique



Ayden part du Sud de la France, avec une flamme, il est attiré par les schémas de destruction, par le feu, les cendres.



Tous les deux sont issus de familles qui ont explosé en plein vol.



Ce sont deux adolescents en souffrance, qui doivent apprendre à aligner le cœur et la tête, ils ont connu des traumatismes importants.



Ils décident chacun de partir, d’avancer pour se construire ou se déconstruire, achever quelque chose pour peut-être faire naître en eux quelque chose de nouveau ?



Dans leur quête, leur marche, ils font des rencontres et communient avec la nature. Ils avancent chacun de leur côté vers l’île de la Recouvrance en Bretagne.



Puis le récit bascule, devient tout autre, se métamorphose et le lecteur découvre les personnages et les lieux sous le prisme de la SF, du fantastique, mêlé à la croyance, à la psychologie, l’herbe de dragon et ses effets thérapeutiques.



L’imagination d'Émilie Querbalec est encore une fois débordante, elles emmènent ses personnages dans une réalité alternative, qui leur fait revivre de manières différentes à chaque fois leurs expériences traumatiques qui font partie du processus de guérison. C’est une histoire singulière, de part sa narration, le basculement entre la réalité, la fiction, cette si mince frontière si délicate entre les deux qu’à formée Emilie. 



Son écriture ne m’a pas laissée de marbre une fois de plus, elle est poétique et l’apport de quelques précisions techniques ne l'alourdit pas. On ressort différent après avoir lu ce texte.



Le message est positif, nous avons le choix, le choix de la liberté, le choix de changer le cours des choses, certes il y a des obstacles.



L’histoire s’arrête en 2046 sur une note pleine d’optimisme. 



Je vous laisse avec cet extrait qui m’a donné des frissons, le passage où Ayden contemple la pluie :



“Isolé dans son coin au fond de la classe, Ayden consacrait désormais des heures à contempler la pluie. Quand il s'ennuyait trop, il s'occupait en comptant une à une les gouttes d'eau, ou en extrapolant leur nombre global à partir d'une surface réduite de la vitre. Il pouvait s'enfoncer sans fin dans leur observation : chaque goutte contenait un univers en soi, tel un prisme miniature qui aurait condensé la totalité du monde dans son cœur limpide. Mais ce n'était qu'une illusion. Les gouttes se ressemblaient toutes, et elles n'avaient rien, absolument rien à raconter. Toutes finissaient par grossir jusqu'à leur point de rupture, variable selon leur taille et la force ou l'angle avec lesquels elles frappaient la surface de la vitre.”





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Les chants de Nüying

Un beau roman de science fiction écrit par une auteure de langue française, Emilie Querbalec.



Les chants de Nüying, ce sont de mystérieux sons repérés par des sondes dans les profondeurs marines d'une planète lointaine qui pourrait bien abriter la vie. Ces fameux chants vont nous tenir en haleine jusqu'à la fin du roman, car ce n'est que dans les dernières pages que nous aurons un début d'explication sur ce qu'ils pourraient être.



En fait (le résumé du livre ne le dit pas du tout) la majeure partie du récit se concentre sur le voyage de plusieurs dizaines d'années à bord d'un cargo-monde pour rejoindre la planète Nüying: l'organisation de la vie à bord, les différentes factions qui vont se former autour des visions divergentes sur le sens du voyage que ces quelques centaines d'humains ont entrepris, avec en toile de fond la thématique omniprésente de la renaissance et de l'immortalité.



L'auteure mêle habilement science et spiritualité, avec le bouddhisme tibétain qui prend une grande place dans le récit. On est pas dans du "hard sf" (même si tout reste assez crédible scientifiquement) car l'histoire se concentre plutôt sur les personnages, leurs ressentis et leurs relations, et fait la part belle à des visions virtuelles/oniriques, apportant même une conclusion très spirituelle au roman.



Pour moi, ça n'a pas entièrement fonctionné, même si j'ai aimé l'écriture et ai dévoré le livre, tenue en haleine par le mystère de cette planète à découvrir. J'ai passé un bon moment de lecture, mais je ne me suis pas sentie aussi dépaysée que ce que j'aurais souhaité l'être, parce qu'il m'a semblé être restée dans des problématiques très "terriennes" et contemporaines tout le long.

Pour un récit censé se passer dans 500 ans, les personnages restent attachés à des traditions et façons de voir les choses du vingtième siècle terrien, ce qui m'a par moments empêchée d'y croire totalement, dommage.



J'ai apprécié cependant la qualité de la construction du roman, qui tient très bien la route pour une histoire se déroulant sur plusieurs décennies, et les belles visions d'une planète inconnue et mystérieuse.
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Les chants de Nüying

Une belle déception pour l'essentiel.



Eh bien voilà, je suis déçu de cette lecture qui pour moi ne tient pas ses promesses. Tout avait pourtant bien commencé, les quatre ou cinq premiers chapitres s'enchaînant sans accroc, une mise en place propre, avec un personnage qui semble intéressant et complexe. Et puis la lecture continue et très progressivement le malaise et l'ennui s'installent. Il va être difficile d'argumenter sans trop dévoiler l'intrigue, mais je vais essayer.



Tout d'abord, l'ensemble m'a paru confus et mal maîtrisé. Les différentes idées (la fusion, la RNA, l'Éveil etc.) se développent dans des arcs narratifs qui naturellement s'entrecroisent, mais parfois de façon un peu gratuite ou artificielle, et ce n'est pas la coda qui me fera changer d'avis, bien au contraire. de plus j'ai trouvé les parties plus "techniques" souvent obscures. La décision de la plus ou moins grande vraisemblance scientifique appartient certainement à l'autrice, mais si elle opte pour l'explication, il me paraît légitime d'attendre que celle-ci soit convaincante, et je suis souvent resté sur ma faim.



Ce qui m'amène à ma troisième source de frustration : on retrouve (ce qui n'est pas rédhibitoire en soi) de nombreux tropes de la SF, du vaisseau astéroïde à la confrontation de ceux qui ont voyagé en stase et de ceux qui ont vieilli de trente ans, en passant par la planète glaciaire et grandiose à l'autre bout de l'univers. Malheureusement, j'ai systématiquement eu le sentiment que tout cela avait été mieux traité ailleurs, par exemple chez Kim Stanley Robinson avec Aurora (qui n'est pourtant pas un chef d'oeuvre) ou chez Alastair Reynolds avec Les Enfants de Poséidon.



Voilà. Que dire de plus ? C'est ma deuxième déception de l'année chez AMI -- mais bon, au moins celui-ci je l'ai terminé, alors que j'avais abandonné il y a quelques mois Les Flibustiers de la mer chimique (Marguerite Imbert) aux 3/5e environ. Serais-je affecté d'une incompatibilité temporaire avec les choix éditoriaux de Gilles Dumay, alors que par ailleurs sa prose me réjouit régulièrement ? L'avenir nous le dira peut-être.

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Le deuxième sang

Y a comme un petit goût de reviens-y...C'est beaucoup trop court, en fait.



J'ai bien aimé le style d'Emily Querbalec, l'histoire de cette adolescente qui doit choisir entre la voie de la guerre ou celle de la maternité, l'atmosphère de monastère légèrement teintée de fantastique, de superstition.

Honnêtement, ça m'a donné envie de continuer à découvrir l'œuvre de l'autrice avec "Quitter les monts d'automne" ou "Les chants de Nüying".



Ebook gratuit. Faites vous plaisir.



Challenge Mauvais Genres 2023 (5e édition)
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