Je sais que je n’ai plus droit à l’erreur, que, après ce massacre dont je suis responsable, je dois tout te livrer de mes sentiments et de mes pensées pour que tu comprennes mes mauvais choix et les pardonne.
Accorde-moi quelques secondes pour trouver mon rythme, abandonner toute maîtrise. Ce n’est pas si facile que ça de verser un cœur dans des mots.
Je ne sais pas par où commencer, laisse-moi remonter le fil de notre histoire.
Citation de Saint-Exupéry : « Faites que le rêve dévore votre vie, afin que la vie ne dévore pas votre rêve. »
— Du fromage lors d’un dîner en tête à tête ? Tu as le goût de l’aventure.
Je récite mentalement mes tables de multiplication pour empêcher le rouge de me monter aux joues et lève des sourcils innocents.
— Pourquoi ?
Son regard s’assombrit et il se penche vers moi.
— Parce que je compte bien t’embrasser dès que nous sortirons de ce restaurant, Ève.
Le temps était devenu une valeur abstraite pour elle. Il n'existait plus quand il se tenait près d'elle, et s'étirait avec une lenteur douloureuse quand il disparaissait.
- Et si je n'ai rien à dire ?
- Alors j'écouterai tes silences.
Samuel était assis sur le bord du lit et la regardait dormir. Il se sentait déchiré. Il ne pouvait pas vivre sans elle, mais il ne pensait pas non plus pouvoir vivre ici. Cette journée de négociations avait sapé ses dernières forces. Il voulait rentrer chez lui, retrouver ses arbres, sa terre, sa chaleur. Il en avait besoin. Il expira longuement et tendit une main tremblante pour caresser sa joue. Le combat s’annonçait rude.
- On peut aller derrière ces grands rochers. Il y a des dunes de sable doux à l’abri du vent. J’enlèverai tes habits un par un et je réchaufferai chaque parcelle de ta peau avec ma bouche et mes mains. On pourra passer l’après-midi à faire l’amour dans le sable, dans la chaleur du soleil, en oubliant tout ce qui ne sera pas notre odeur, nos baisers, nos caresses et nos gémissements de plaisir