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Citations de Émilienne Malfatto (240)


J'avais oublié la misère crasse de la capitale, sa noirceur de pollution et de pauvreté, ses estropiés qui dorment dans la rue, ses déplacés, rebuts du conflit qui s'entassent dans des bidonvilles accrochés aux montagnes, sa violence.
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Quatre balles dans le ventre, à plat ventre sur les pentes de la Sierra Nevada de Santa Marta, ces montagnes qui plongent dans la mer Caraïbe, là où vient les Indiens et nichent les aigles, où poussent les plantes sacrées et celles qui rendent les hommes fous.
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Il y a souvent des surprises dans ce qui précède le dépouillement ultime.
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Le colonel a oublié le moment exact où il a cessé de dormir. Après quel mort, quel interrogatoire, quelle bataille, quel corps qui n’en était plus un. C’est venu peu à peu lui semble-t-il.
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Aussi le général, qui n'arrive pas à se concentrer sur l'échiquier, se demande-t-il si tout ça n'est pas la faute du colonel. Si le colonel ne porterait pas un peu (la poisse?) avec sa silhouette trop vague, trop silencieuse, quelque chose de morbide, comme une brume froide qui glisserait sous la porte. Si le colonel ne serait pas au fond le vrai responsable de l'engluement de la Reconquête, de sa propre humeur maussade, du mauvais temps, et même de ce stupide cavalier noir qui menace son fou blanc - ce qui est d'autant plus agaçant qu'il joue contre lui-même.
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Les lampadaires, par exemple, qui se contentent d'éclairer en temps de paix, font d'excellents gibets. Et comme en général ils n'éclairent plus rien (n'ont plus rien à éclairer), cette nouvelle fonction se révèle très pratique. Même si, le colonel le sait d'expérience, on peut aussi très bien pendre un homme à un lampadaire en fonctionnement.
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Il frappe le sol du talon droit et porte sa main à son béret, ainsi que l'exige le garde-à-vous, et le général repose à contrecœur ses ciseaux argentés pour dévisager le visiteur. Le colonel lui paraît grisé, comme manquant de substance, comme si ses contours étaient floutés. Ce genre d'observation est peu orthodoxe pour un militaire, surtout un général en charge des troupes du nord et de la Reconquête, aussi l'écarte-t-il avec un reniflement qui fait remonter dans sa narine de petits poils coupés.
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mais au fond la réalité qu'est-ce que c'est sinon la façon de voir la plus partagée
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La guerre n'est pas noble ni grandiose ni courageuse la guerre ce sont des hommes effrayés couchés dans la fange et la merde qui prient Dieu pour ne pas mourir. C'est un luxe de pouvoir rester en paix.
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Nous sommes un pays de mutilés, d'ensanglantés, un pays d'ombre et de fantômes.
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Le général est si profondément enfoui dans ses réflexions et sa peur et l’attente du marbre qu’il n’a pas remarqué le silence qui règne sur la Ville depuis plusieurs jours. Les bombardements ont pratiquement cessé, comme si les soldats n’avaient plus le cœur à se battre. Personne n’en a informé le général, pas même son subalterne de moins en moins zélé. Seul persiste, bruissement de fond, le murmure de la pluie qui tombe sans discontinuer et semble dissoudre les hommes et les armes dans un brouillard sans forme et sans volonté.
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Une faible clarté descend des hautes fenêtres. C’est l’heure moutarde l’heure mandarine l’heure ocre – mais l’ocre, comme les autres couleurs, a été absorbé dans la monochromie si bien que le Palais est baigné de cette même lumière grise, à peine teintée d’orange, pistil de safran tout de suite avalé par la cendre.
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Et le colonel coupe, taille, sectionne des heures durant et en face de lui le regard apaisé de l’homme ne faiblit pas, même quand il ferme les yeux sous la douleur ou à travers le ruissellement rouge du sang toujours le regard revient comme aimanté et toujours sans haine et à mesure que les heures passent augmentent l’effroi et la colère du colonel, et à chaque minute le lynx de velours enfonce un peu plus ses griffes de métal dans la poitrine du colonel qui coupe, taille, sectionne.
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le doute est l’ennemi du soldat
haute trahison
voyons soldat
il faut bien que quelqu’un tue pour éviter
d’être tués
pour sauvegarder la Nation
que quelqu’un se tape le sale boulot
mette les mains
dans
le cambouis dans la sang les entrailles
dans la merde
et vous voudriez après
vous voudriez
qu’on se remette en question
impossible soldat
impossible
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Le colonel arrive un matin froid et ce jour-là il commence à pleuvoir. C’est cette époque de l’année où l’univers se fond en monochrome. Gris le ciel bas, gris les hommes, grise la Ville et les ruines, gris le grand fleuve à la course lente. Le colonel arrive un matin et semble émerger de la brume, il est lui-même si gris qu’on croirait un amas de particules décolorées, de cendres, comme s’il avait été enfanté par ce monde privé de soleil. On dirait un fantôme, pense le planton de garde en le voyant descendre de la jeep. Et l’ordonnance se met au garde-à-vous et se dit que le colonel ressemble à ces hommes qui n’ont plus de lumière au fond des yeux et qu’il croise parfois depuis qu’il est à la guerre. Seul son béret rouge rappelle que les couleurs n’ont pas disparu.
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Incipit :
Ô vous tous
puisqu’il faut que je m’adresse à vous
que je ne peux plus vous ignorer
puisque vous êtes devenus les sombres seigneurs
de mes nuits
puisque vos ombre et vos cris
résonnent dans mes ténèbres
puisque les Homme-poissons
ont pris possession de mes rêves
vous tous je m’adresse à vous
mes victimes mes bourreaux
je vous ai tués tous
chacun de vous il y a dix ans ou

dix jours

ou ce matin

et depuis je suis condamné à continuer
de vous tuer
chaque fois à chaque nouveau mort
j’augmente ma peine ma

condamnation sans appel
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mon esprit est embrouillé ces jours-ci
je ne distingue plus bien l'ombre
de la réalité
mais au fond la réalité qu'est-ce que c'est
sinon la façon de voir la plus partagée
les hommes ont oublié qu'il y a mille façons de voir
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C’est l’heure moutarde l’heure mandarine l’heure ocre-mais l’ocre, comme les autres couleurs, a été absorbé dans la monochromie si bien que le Palais est baigné de cette même lumière grise, à peine teintée d’orange, pistil de safran tout de suite avalé par la cendre.
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je regarde l'homme dans le cercle du lumière
dans cette lumière trop crue qui me brûle les yeux
à moi qui n'ai plus le droit à
la lumière
je regarde cet homme cette nouvelle recrue
cet homme qui va devenir mon ombre
qui va alourdir mon ombre sur les pas
c'est fou ce que c'est lourd une ombre
on ne le croirait pas
avez-vous déjà remarqué
quand le soleil tombe à l'horizon
cette ombre longue et lourde le long des murs
accrochée à vos pas
ce qu'elle est lourde à traîner
et quand vous vous retournez
vous ne la reconnaissez pas
c'est qu'elle vous montre la part que vous ne voulez
pas voir

la part d'ombre
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Je redoute la nuit comme la proie le chasseur
chaque soir je me tourne vers le soleil
dans l'espoir que ce soir-là il ne tombe pas

à l'horizon
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