Citations de Éric Chevillard (1144)
Ayant appris la vie dans les livres, je n’ai pu que constater ensuite combien la réalité était bourrée d’erreurs grossières.
Plus nous grandissons, plus le monde rétrécit, c'est une loi physique : il va falloir vivre ici et maintenant.
Nous sommes tous d’excellents comédiens. Ce sont les bons rôles qui manquent.
Le sédentaire finit par tant fatiguer sa pantoufle qu’au bout d’un moment elle bâille.
En cas de mort naturelle, nous apprécierions que Dieu laisse une lettre auprès du corps pour expliquer son geste.
J’ai beau être fataliste, les choses n’arrivent quand même pas.
Ce vieillard a atteint un âge si avancé que les paléontologues le menacent de leur pioche.
On n’a qu’une vie, j’ai bien compris, mais elle commence quand ?
J’apprends le suédois, car j’ai été bien élevé et je veux pouvoir refuser poliment le Nobel.
Un bonheur n’arrive jamais seul, puisque nous savons que le malheur est là aussi.
La littérature est une planète habitable.
Je suis trop vieux pour toi, sans doute, mais est-ce ma faute si tu as tant tardé ?
Pour moi, je choisis la crémation ; mais pour mes livres, je préférerais qu’on les enterre.
C’est le seul moyen de fuir la société tout en faisant bonne impression, aussi je ne la laisse à personne : la vaisselle.
La fameuse ingéniosité de l’homme restera pour moi douteuse tant qu’il ne pondra pas l’œuf de son petit-déjeuner.
L’écrivain tourne le dos pour faire face.
Le mercredi, à la bibliothèque, des dames d’un certain âge viennent lire des histoires aux enfants. C’est d’autant plus aimable de leur part qu’elles sont bénévoles. Les enfants aussi.
Cet écrivain méconnu a enfin été découvert. Pendu dans son salon.
J’ai une astuce pour supporter les conversations les plus ternes. J’imagine que ce moment est un souvenir, que mes interlocuteurs sont morts et alors aussitôt l’émotion point ; les plates considérations de ces raseurs subitement changés en chers disparus se chargent de sens et de profondeur.
Les peintres sont bien sots de rétribuer des modèles pour leurs Déjeuners sur l’herbe alors qu’il y a des vaches partout dans les prairies.