ACID CRASH
Je sais
Parfois
Certaines
Formules
Au bord
De soi
Tant occulter
Le nid
Emporte
La confidence
Ainsi
De mes visions
Affronte
Des visages
Sans
Echo
Tente
L’empathie
Consacre
Le rituel
Quand
Le jour
Indicible
Puise
A même
L’origine
Sur tous
Les quais
Sur tous
Les ponts
Imprégné
Sans
Tabou
Je dépose
Un baiser
Au pied
De tes
Nuits
Je ne crains
Pas
L’avarie
Mais
L’absence
De
Naufrage
ENCORE LA NUIT
C'est minuit
on ne sait pas
J'écris
la nuit au-dessus du Canal
Encore la nuit
de St Maurice
Il y a les jours
de Maisons-Alfort
Dans les comptes du temps
qu'on raye ou qu'on conserve
Une part d'oubli
au-dessus de la boucle de la Marne
Encore la nuit
et des mots comme des cataplasmes
COMME L'HIVER
Comme
le temps oublié
S'approche
l'hiver se souvient
Les mots
de ses passants perdus
Dont on prend le meilleur
et qu'on cherche
C'est un peu de
dans les papiers brûlés
Nous en somme
et les vêtements éparpillés
Qu'on tente de retrouver
HIVER
Le destin nous guide
nos pas se perdent
L'hiver est opaque
des mots dont tu n'as plus besoin
Manège des nuits
quand le vœu est exaucé
Tourments de l'âme
poésie surannée
Travaux sur la voie
il y a nous
Nous
et ces mains qui se cherchent
Évitons les clichés
et les croix sur le calendrier
Qu'on en finisse avec l'hiver
et l'improbable du temps
Les bruits du dehors
la confusion des paroles
Ici
ECHO
Au milieu de quoi
humeur passagère
Quel écho
à perte de vue
Mais le temps avance ses pions
nous sommes ses soldats désemparés
L'eau coule dans le bain
la main avance vers l'autre main
Qui m'appelle
j'entends comme des applaudissements
Rien
non l'illusion de vivre
Appeler cela la vie
appeler
Tu dormais dans le déjà
les yeux perdus dans le silence
Tu chantais juste ta chanson
la gloire polissait les mots
C'était hier
Aujourd'hui le vent a tout pris
le temps de comprendre
C'est un air entendu un simulacre
la gloire a les épaules roides
Tu marches absent
dans un mouvement de défaite
Il te faudra rêver encore
abandonner le paraître
Fixer l'étoile
Les mots sont les mains
de l'autre
Ses cicatrices
Ils consolident le temps
essaient
Chaque vocable suspendu
aux lèvres du silence
Quand prendre forme
et décliner le prolonge
Saura peut-être
mettre en hauteur
Le signe
L'aimantation du poème
y songer ?
Toutes ses failles
qui semblent courir
Le long d'une existence
qu'on aimerait désinvolte
Mettre un mot
un langage
Une langue à tout cela
Donner de la voix
du ressort
L'universalité
Tous ces trous qui attirent
le dire
Il y a dans l'introspection
l'œil du désordre
L'oeil des dérives
Des continents qui se séparent
des abîmes qui se touchent
Le regard aimanté par le sentiment
de la fin proche
Une sorte de mort
Mais aussi un rebond
la vie qui reprend ses droits
de constructeur
Il y a dans l'analyse
des trous des pleins et un peu d'écume
La marge
Des bordures lumineuses
Et ce quelque chose
qui ne s'invente pas
Mais se contient s'isole
Le sourire amer du quotidien
aux dents pugnaces
Le rien dans le tout
dans sa puissance démiurgique
Un dieu qui revient de loin
DANSE
Danse
Ecumant
Des ourlets
Fins
Des bouches
Des danseuses
A l’aura
Blanche
Danse
Des bras
Des mains
Des jambes
Et des visages
Dans le halo
Du spectacle
CHANTIER
Chantier
Soldats du travail
Epousailles
Du verre et de l’acier
Chantier
Chansons et murailles
Le jour bâille
Hébété dans le béton
Chantier
Vérins et cloisons
Saisons
Givre et mousson
Chantier
Soldats du travail
Epousailles
Du verre et de l’acier
Chantier
Un jour la nuit l’emportera
nous sommes le récit de l’autre
son alibi
il faut être un équilibriste du silence
un maître de l’écho
et planter des couteaux dans le sable
Il pleut de cette pluie d’écorce
trempée qui annonce la fin de l’été
Quand le silence est redoutable
et qu’il n’usurpe pas les fous
Je broie du sensible en mastiquant le temps
Ma parole est une balle en plein coeur
qui cible l’aorte
Joinville le pont litanie
tremper ses pieds dans l’eau bruissante
d’une rivière monotone
Je suis une particule Alpha dans l’Oméga des choses
lumière qui recouvre la surface des choses muettes
L’impassibilité d’un visage est photographique
La parole retient le sable
soleil cicatrice d’ombre mâchée par des insectes
le rire omniprésent
Sosie de soi dans le quant à soi fleurit les fleuves et les sentiers
Les chants sont des oui attentifs et des non vigilants
Chercher dans les mots
le substrat du langage et le ferment des jours
Le mot est le soleil du langage
Son épicentre sa structure son ordonnée
Idem pour la course du monde elle tisse ses filets par-delà les visages
et empourpre les sourires
quand le silence opère
à l'intérieur
Le jour s'efface
Entre les tours
Mais c'est toujours comme ça
la saison
On cherche les poèmes dans les poches
semble durer encore
Comme un éclat
d'amertume
Qui sied bien
à cette manière d'égarement
Il pleut
Le jour s'efface
Entre les tours
Faux suicide
Mais quel est le bruit
qui résonne étrangement
Ces petites choses
l'automne va encore
Que tu veux appeler
divaguer
Chausser tes Nike
écris plutôt que de vouloir
Être célèbre
c'est si fragile de dire
Que vaut la gloire
quand on est mort?
Une explication
trop tard
Pas assez
dans les étoiles
A quoi ça servirait
c'est ainsi
Comment
quand la ville dort entre les tours
La bouche sèche de tant de mots
que la nuit est tiède des jours alanguis
Dans le printemps récalcitrant
prononce des mots sans suite
A l'aune des vies difficiles
et cherche à comprendre
Tu vis tant d'années
le soleil te fait face
Dans cette tour
la nuit te ressemble un peu
Que c'est devenu une habitude
les jours ont la marque de tes pas
De regarder par la fenêtre
tu as l'esprit en escalier
Et d'aimer ce que tu vois par-dessus tout
le cœur comme un ascenseur entre deux étages
STEREO
Et ton amour hume les cendres des planètes conquises x d’ dans l’orage en lisière de l’infini stéréo dans les oreilles pas un parasite ni vrombissement industriel au rond-point et au barrage tu regardes les guincheurs sous les saules pleureurs et le soprano sexe sax d’un coup sec secoue les synapses postés en vigies vigiles des oiseaux écoutent la fin programmée des planètes conquises
LE MONOLITHE ( extrait )
Voici que la nuit ascendante tétanise les volontés.
L’homme qui écrit cela dort. Soudain, il ouvre un œil furtif. Il se dit que c’est une tentative de dépassement de soi. La pièce est jaune. L’homme qui a dormi dans cette pièce se dit que c’est une tentative de dépassement de soi d’ouvrir un œil furtif puis l’autre.
Sur la table de chevet, l’Idiot de Dostoïevski.
Quelques photos.
L’homme qui vient de dormir dans la chambre jaune se dit que c’est une tentative de dépassement de soi d’ouvrir un œil furtif puis l’autre sur l’Idiot de Dostoïevski et sur les quelques photos d’anniversaire.
Il a trente six ans.
L’homme s’aperçoit que sous son caleçon il a une légère érection.
L’homme qui vient de dormir et qui s’aperçoit qu’il a une légère érection se dit que c’est une tentative de dépassement de soi d’ouvrir un œil furtif puis l’autre sur l’Idiot de Dostoïevski et sur les photos de ses trente-six ans et sur sa légère érection.
Il sait qu’il est au milieu de la nuit et que le réveille-matin ne sonnera pas. Il sait qu’il ne travaillera pas.
L’homme qui a dormi dans la chambre jaune se dit que c’est une tentative de dépassement de soi d’ouvrir un œil furtif puis l’autre sur l’Idiot de Dostoïevski, sur quelques photos, sur sa légère érection et sur le réveille-matin qui ne sonnera pas l’heure du travail.
Alors, l’homme qui a dormi dans la chambre jaune et qui s’est dit que c’était une tentative de dépassement de soi d’ouvrir un œil furtif puis l’autre sur l’Idiot de Dostoïevski, sur les photos de son anniversaire, sur sa légère érection et sur le milieu de la nuit, décide de se coucher à nouveau après avoir longtemps pensé qu’il avait dormi et qu’il s’était dit que c’était une tentative de dépassement de soi d’ouvrir un œil furtif puis l’autre sur sa légère érection.
L’homme qui a dormi dans la chambre jaune a tenté d’écrire un journal. Mais il s’est lassé de consigner des remarques sans intérêt autour de son existence, de sa place dans la société, de ses vaines relations avec les femmes et de sa psychothérapie dite « analytique ».
L’homme qui a dormi dans la chambre jaune et qui a tenté d’écrire son journal intime, l’été 2002, abandonne provisoirement ce genre de littérature égotiste. Ce n’est pas qu’il ait mieux à faire ou à dire. Peut-être en a-t-il assez dit depuis plus de quinze ans qu’il envisage sérieusement d’écrire ?
L’homme qui a dormi dans la chambre jaune et qui a ouvert un œil furtif puis l’autre sur sa légère érection, après avoir consigné journellement des remarques sans doute ineptes sur ses vaines relations avec les femmes, dans un journal intime sans lendemain, s’est dit qu’il avait finalement tout dit. L’homme qui s’est dit qu’il avait finalement tout dit. L’homme qui s’est dit qu’il avait finalement tout dit n’a pas évoqué ses liaisons chaotiques avec Béatrice, ses orages sensuels avec une certaine Nathalie, caissière dans une boulangerie et son borderline mystique avec une secrétaire de type « stressée » avec enfants en bas âge, prénommée Marie quelque chose sans compter ses vieilles habitudes illicites avec des prostituées…
L’homme qui s’était dit qu’il avait tout dit, n’a pas tout dit. L’homme qui n’a pas tout dit, ouvre à nouveau un œil furtif puis l’autre sur sa légère érection.