Interview de Roschdy Zem, pour son film "Omar m'a tuer" (2011), d'après le fait divers et le livre de Jacques Vergès.
Je ne suis pas l’avocat de la terreur, mais l’avocat des terroristes. Hippocrate disait : "Je ne soigne pas la maladie, je soigne le malade". C’est pour vous dire que je ne défends pas le crime mais la personne qui l’a commis
Un soir de mars, ma porte s’est ouverte et le vent m’a soufflé : Pars ! , et je suis parti pour des aventures qui ont duré neuf ans. J’étais un peu partout. Parti vivre de grandes aventures qui se sont soldées en désastre. Nombre de mes amis sont morts, et, pour les survivants, un pacte de silence me lie à eux.
Mais l'ordre public n'est pas intemporel. Il exprime à un moment donné l'intérêt d'une couche de la société, l'aristocratie de sang hier, celle de l'argent aujourd'hui. C'est dans l'intérêt des riches que la justice s'active, pas dans celui des pauvres, des marginaux.
Si les tueurs en série nous fascinent, c’est précisément parce que en dépit de leurs crimes atroces, ils restent à notre image.
Serais-je prêt à défendre Hitler ? Bien sûr ! Et même George W. Bush. Je suis prêt à défendre tout le monde à condition qu’ils plaident coupables.
Aimer les Echecs, c'est aimer le combat, la lutte, le jeu et la loyauté.
Le cœur humain est pareil à la terre : théâtre d’ombre et de lumière, il y fait jour et nuit en même temps.
Défendre n’est pas excuser ; défendre, fondamentalement, c’est comprendre ; remonter la chaîne des causes et des effets qui a conduit un homme, en tous points semblable à nous, à perpétrer un acte que nous avocats sommes (dans la plupart des cas) les premiers à réprouver.
Rien de plus pathétique, en effet, que ces hommes et ces femmes abandonnés, se battant dans l’indifférence pour sauver ce qui leur reste d’honneur et de dignité. Rien, ni l’amour, ni la guerre, ne nous met en demeure avec autant de force de dire qui nous sommes.
Qui que nous soyons, nous portons tous un masque, celui du personnage que nous aspirons à être.
L'amour ne figure dans aucun code, mais il a sa place réservée sur le banc des accusés. Il est au palais de justice comme la corde dans la maison du pendu. Tout le monde le voit, personne n'ose en parler. Il fait peur.