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3.97/5 (sur 18 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : New-York , le 03/03/1928
Biographie :

Ramsay MacMullen est professeur émérite d'histoire à l'Université Yale où, de 1967 jusqu'à sa retraite en 1993, il a enseigné comme Dunham Professor d'Histoire et d'Antiquité classique.

Il est diplômé de la Phillips Exeter Academy et diplômé summa cum laude de l'Université Harvard. Ses recherches portent spécialement sur l'histoire sociale de Rome et le remplacement du paganisme par le christianisme.

En 2001, lors de la réunion annuelle de l'American Historical Association, il reçoit un prix pour couronner sa carrière universitaire et sa vie de recherche. Il est désigné comme étant "le plus grand historien de l'empire romain encore vivant".

En 2006 et 2009, il a encore publié des livres nouveaux et importants et, parmi ceux qui étudient le monde romain, il reste un auteur de référence.
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Source : Wikipedia
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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
Les croyances essentielles de la communauté chrétienne dans les deux premiers siècles de son existence ne furent pas affectées par l’arrivée de nouveaux membres après Constantin. L’organisation de l’Église non plus. Mais avec les idées et les rites dont je viens de parler, des croyances et des besoins nouveaux apparurent. Augustin disait que tout le paganisme importé parmi ses ouailles était leur « mère », tandis que ce qu’il leur enseignait était « le père ». Ses ouailles devaient choisir ; c’est du moins ce qu’il espérait. Mais il ne pouvait pas les y forcer. Il concéda qu’il fallait leur laisser quelque latitude dans leur pratique. Au même moment, ou peu s’en faut, vers le début du Ve siècle, Jérôme fit la même constatation : mieux valait le culte des saints à la manière païenne que pas de culte. Il parlait des festivités dans le culte de saints ; mais à d’autres moments de l’année, les banquets dans les églises attiraient même les évêques. Ce dont les convertis avaient l’habitude et dont ils ne pouvaient pas se passer, c’était la religion vécue comme un moment de réjouissance collective et de sociabilité en compagnie du divin.

C’est le même besoin qui dicta l’invention de beaucoup de célébrations durant l’année, puisque le clergé ne parvenait pas à contrôler la présence des chrétiens à des fêtes comme les calendes autrement que par la concurrence (et ces fêtes restèrent d’ailleurs très vivaces jusqu’au XVIe siècle et après, en Occident comme en Orient). Un évêque syrien du XVIIe siècle explique : « La raison qui a poussé les pères de l’Église à déplacer la célébration [de l’Épiphanie] du 6 janvier au 25 décembre est la suivante, d’après eux : les païens avaient coutume de célébrer en ce même 25 décembre l’anniversaire du Soleil, ils allumaient des cierges en l’honneur de ce jour et ils invitaient volontiers les chrétiens à participer à ces rites. Lorsque les maîtres de l’Église virent que les chrétiens prisaient cette coutume, ils mirent au point une stratégie : ils fixèrent la célébration du vrai lever de soleil en ce jour, et ordonnèrent de célébrer l’Épiphanie le 6 janvier : cet usage s’est maintenu jusqu’à nos jours avec l’allumage des lumières. »

Grâce à des inventions similaires, d’autres célébrations païennes populaires furent battues en brèche par le christianisme. On a mentionné la Saint-Jean ainsi que la fête de la chaire de saint Pierre ; on pourrait mentionner aussi les Robigalia du 25 avril, pour protéger les récoltes contre la rouille, qui continuèrent dans le même but et à la même date sous le nom de Laetania Maior. Il existe bien d’autres exemples du procédé. (pp. 211-212)
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(Ephèse) Deux rangées de trônes pouvaient être disposées le long de chaque côté pour les évêques, tandis que le bas clergé restait debout derrière eux et qu'un espace à l'extrémité était réservé aux dignitaires et aux témoins. Il aurait été difficile ou impossible pour ceux du fond d'entendre tout ce que les protagonistes disaient ou lisaient à haute voix, mais les paroles d'un orateur habitué à la chaire auraient pu arriver jusqu'à ces oreilles.
(...)
Il n'est pas possible d'imaginer une participation intelligente d'un millier de personnes dans un débat, c'est-à-dire la capacité d'entendre ce qui était dit de manière suffisamment claire pour suivre et réagir, soit par des acclamations appropriées soit par un acquiescement interne ; et une si grande masse de gens ne pouvait qu'intimider quiconque se levait pour prendre la parole.

pp. 114-115
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La vieille religion convenait très bien à la plupart des gens, ils l'aimaient, lui faisaient confiance, ils s'y épanouissaient, et donc ils résistaient au changement, qu'il leur fût imposé par la parole ou par la violence. Livrés à eux-mêmes par le recul de l'autorité impériale et ecclésiastique, ils s'éloignèrent de l'Eglise en Angleterre ainsi qu'en Espagne. (...) Au cours des années 580, dans une région de Provence pourtant évangélisée depuis longtemps et couverte d'églises, un homme qui s'embarquait pour l'Italie pouvait trouver "une grande foule de païens qui s'embarquaient avec moi, et parmi tous ces campagnards j'étais le seul chrétien." (Grégoire de Tours) L'incident est très révélateur, ne serait-ce que pour le ton banal du récit. (p. 111).
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Or, les paysans subissaient un fléau pire que les sauterelles, pire que la sécheresse : l'homme de la ville, venu chez eux pour collecter les impôts ou percevoir les loyers. (p.39)
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... L'essor soudain du culte des martyrs commença une génération avant Julien, c'est-à-dire dans les dernières années du règne de Constantin, au moment même où le nombre de convertis augmentait considérablement. C'était plus qu'une coïncidence. Il y avait une relation de cause à effet. Les convertis avaient évidemment besoin de ce qu'ils avaient abandonné ou de quelque chose qui y ressemblait de très près.

En effet, par leur propre faute, ils se retrouvaient sans dieux...

p. 187
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Le deuxième point à remarquer dans ce chapitre concerne les difficultés auxquelles se heurtèrent les forces ecclésiastiques et laïques conjointes pour achever le processus de conversion. Ces difficultés ne peuvent être que symptomatiques d’un vide, appelons-le comme ça, ou de carences, dans le christianisme lui-même. Par conséquent, quiconque trouvait ailleurs une meilleure réponse à ses besoins particuliers et ne répondait pas aux incitations sociales et économiques offertes par l’ « Empire chrétien », ni aux arguments et aux démonstrations prouvant la justesse du christianisme, devait être persuadé par d’autres moyens. L’impératif ressenti par l’Église apparaît de manière très significative dans l’idéal que les récits des entreprises missionnaires proposent à l’imitation : des héros capables d’enfermer à vie un vieillard dans quelque prison privée, ou de faire brûler vif un prêtre païen. Le gouvernement aussi, poussé par les évêques, brandissait la menace et plus : amendes, confiscations, exil, emprisonnement, fouet, torture, décapitation et crucifixion. Qu’imaginer de plus ? Rien. On faisait pression de toutes les manières possibles et imaginables, même les plus extrêmes. C’est ainsi que l’on se fit obéir au bout de plusieurs siècles et que l’Empire fut véritablement rendu chrétien. (p. 105)
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En l'espace de trois siècles, il (le christianisme) parvint à capter un dixième peut-être de la population : dans les trois générations suivantes, plusieurs fois ce nombre. Ce contraste indique le rôle joué par l'appui séculier, qui lui permit de revendiquer la moitié ou presque de la population au début du V°s.

p. 116
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