Comment devient-on soi-même ? C'est la question que pose Geneviève Jurgensen dans "Avant l'avenir" où elle se regarde évoluer petite fille puis adolescente dans ce moment de suspens avant de vivre vraiment.
Photo : © Francesca Mantovani
Il nous faut combattre le malheur, c'est-à-dire ce qui nous fait du mal, comme un adversaire. (p. 22)
« Pour toujours j’étais une déplacée. Prolétaires, immigrés, autodidactes, handicapés, chômeurs et parents en deuil sont plus proches les uns des autres qu’on ne le croit. Ils ont au moins un point commun : tenir une conversation normale, banale et sautillante leur demande un effort herculéen. »
Le tableau est inachevé. On dirait que tout est inachevé. Personne n'est vraiment à sa place, ni les morts qui n'auraient pas dû mourir, ni les vivants qui sans la guerre n'auraient pas eu la vie qu'ils ont. (p. 47)
Il importe en effet de considérer le malheur comme un adversaire et non comme quelque chose de sacré qu'il faudrait garder, honorer et conforter. ( Introduction-p.19)
Geneviève Jurgensen
Ce qui est surtout troublant, c'est d'accepter le plaisir. On a aussi peur d'aimer à nouveau la vie que de souffrir pour l'éternité. Les premiers moments, très fugitifs, très pénibles à identifier, où on aime à nouveau quelque chose, où on y est positivement sensible, font peur. C'est plus de la peur que de la culpabilité. (p.41)
Je n’ai
qu’un souhait :
que le pays ne vote
jamais des lois
qui me semblent
si folles qu’elles
me conduisent
à m’éloigner
moralement de lui.
Notre quatuor se disloque, chacun se lance dans une carrière solo. Nous nous retrouvons tous les jours, mais désaccordés.