La conscience de Catherine ne lui laissait guère de paix depuis ces huit années. Jamais elle n'avait confessé ce péché, qu'elle jugeait trop minime ou trop grave selon les jours. Évidemment, elle avait agi pour le mieux, mais quel était le résultat ?
Son bonheur actuel était le justification de ses souffrances, et celles-ci la mystérieuse raison d''être d'Andy?
Rodney la regardait en silence, les mâchoires serrées. Soudain, il mit un genou à terre et la prit dans ses bras. Il enfouit son visage dans ses cheveux, tandis qu'elle s'accrochait désespérément à lui en pleurant à chaudes larmes.
Appuyée à la table de la cuisine, stupéfaite, Sarah écouta les mots tendres qu'il lui murmurait. A la vue de sa fille qui s'abandonnait ainsi, elle pria en se tordant les mains avec angoisse : "Pourvu qu'elle ne cède pas... Oh, Sainte Vierge, mère de Dieu, pourvu qu'elle ne cède pas."
Son père préférait les demeures de modestes proportions, de craintes de se voir éconduire par un domestique. Les faits avaient prouvé qu’il ne se trompait pas. Le perron s’était avéré le lieu le plus favorable aux transactions, car la maîtresse de maison pouvait à la fois se défaire de ses anciens effets tout en montrant aux voisines qu’elle avait les moyens de les remplacer.
- On ne fait jamais la vaisselle dans cette baraque, tu ne le savais pas ? On souffle juste sur les assiettes.
Un large sourire illumina les traits de Millie.
- Oh, Ben, tu me taquines encore, n’est-ce pas ?
- Eh bien, tu sembles bien t’y connaître en plaisanteries, jeune madame. Bon, tu n’as qu’à aller mettre ton assiette dans l’évier. Seigneur, j’allais oublier : ta fourchette aussi. Et ton couteau, naturellement.
L'unique moyen de surmonter la peur était la puissance, et le seul moyen d'acquérir la puissance, c'était la propriété.
Cela ne fait aucune différence, les gens sont les mêmes. Quelques-uns gagnent vingt livres ou plus par semaine mais ils n’ont pas évolué ; ils ont la même tête de voleurs, la même mentalité vulgaire, et se comportent comme par le passé.
Il y a des insultes, des traits cruels qui vous marquent au fer rouge pour la vie, vous brûlent la mémoire et si, avec les années, la plaie se referme, vous n’en ressentez pas moins la cicatrice.
- Tu as deux visages Aggie. Le premier est injuste, amer comme le fiel.
- Parle-moi plutôt du second.
- Je commence à me demander s’il existe vraiment.
Dommage qu’elle ne se soit pas mariée, sa vie aurait été transformée du tout au tout. Pourtant, à quelque chose malheur est bon...